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UfoBaby, l’aventure motrice des tout-petits

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L’Ufolep se positionne sur l’éveil corporel des 0-4 ans en privilégiant la « motricité libre » et la participation des parents. Un dispositif à décliner par les associations comme par les comités.

Fanny Sarrail-Brassens, pourquoi l’Ufolep lance-t-elle aujourd’hui un nouveau dispositif baptisé UfoBaby ?

Pour accompagner et structurer au niveau fédéral les initiatives menées depuis plusieurs années par des associations et des comités. La commission nationale gymnastique s’intéressait aussi à l’éveil moteur des moins de 4 ans. Mais le groupe de travail réuni autour de Florence Dufraise, élue nationale et ex-responsable de la CNS gymnastique, a souhaité ne pas limiter cette approche à cette seule discipline et plutôt créer une « porte d’entrée » du parcours multisport Ufolep, qui se prolonge ensuite avec les écoles de sport, le Kid Bike ou le multisport de nature.

Que faut-il entendre par « éveil » et « UfoBaby » ?

Cela varie selon les représentations de chacun. Nous associons pour notre part la notion d’éveil et le dispositif UfoBaby à la tranche d’âge des 0-4 ans, dans le cadre d’une pratique accompagnée par l’adulte. Après, on bascule vers les écoles multisports, sans la présence des parents, même si ce levier demeure intéressant au-delà de cet âge. Des écoles multisports Ufolep accueillent les enfants dès 3 ans, mais nous posons ce cadre. Quant au nom UfoBaby, il a été choisi après moult débats pour identifier d’emblée la fédération et la classe d’âge à laquelle on s’adresse.

Des pratiques de terrain vous ont-elles inspiré ?

Le comité de la Creuse fait figure de pionnier, avec une offre très structurée, prioritairement à travers l’intervention d’éducateurs auprès des crèches et des regroupements d’assistantes maternelles (Ram). Citons également les « bougeothèques » de l’Essonne, dont nous avons retenu la parentalité et le concept de « motricité libre » forgé par la pédiatre hongroise Emmi Pikler.

« Motricité libre » signifie qu’on laisse l’enfant libre de ses évolutions…

C’est l’idée. Il ne s’agit pas d’opposer ce concept à nos pratiques actuelles mais de faire prendre conscience aux éducateurs que « l’exercice guidé » y occupe jusqu’à présent une place prépondérante. C’est sur ce principe qu’on apprend aux éducateurs à construire leurs séances. La motricité libre est culturellement très différente de ce que nous avons tous appris à faire en ce qu’elle propose à la place un espace d’expérimentation aux enfants. On installe des exercices pédagogiques qu’ils vont s’approprier et sur lesquels ils vont se mouvoir selon l’avancement de leurs capacités motrices et leur maîtrise de l’espace. L’expertise des éducateurs s’exprime alors dans l’ordonnancement des équipements et la façon dont – avec le concours des parents – ils vont encourager l’enfant à expérimenter et se mouvoir, sans la contrainte d’un exercice à réaliser et sans le porter, le tenir par la main ou le placer à tel ou tel endroit d’un parcours moteur.

Le parent devient une sorte de « co-éducateur sportif »…

Oui, dès lors qu’il prend conscience de son rôle d’insuffler par sa présence une sécurité affective et émotionnelle à son enfant. Pour les éducateurs, c’est une petite révolution ! Généralement, ils s’attachent plutôt à ce que les parents n’interfèrent pas dans la séance. Dans le milieu sportif le parent est souvent jugé absent et démissionnaire, ou au contraire omniprésent et étouffant. Avec UfoBaby, il est l’auxiliaire de l’éducateur sportif.

Il n’est pas aisé non plus pour un parent de se retenir de « guider » son enfant…

C’est plus facile en l’absence de consignes données à l’enfant, et donc sans notion de réussite ou d’échec dans la réalisation d’un exercice. Nous avons rédigé à l’intention des animateurs une fiche d’accompagnement à la parentalité, pour qu’ils aident justement les parents à être partie prenante de la séance. Ceci avec un objectif commun : que les enfants acquièrent les habiletés motrices nécessaires pour se sentir bien dans leur corps afin d’aborder dans les meilleures conditions les étapes futures de leur développement.

L’éducateur délivre-t-il pour cela des consignes aux parents ?

Oui, des consignes sur leur façon d’être, mais progressivement, au fil des séances. La première c’est le regard : ne pas quitter son enfant du regard afin qu’il y puise la confiance nécessaire s’il a une hésitation, une appréhension. Et l’une des consignes parfois les plus « compliquées » à observer est de ne pas interférer avec les mouvements de l’enfants : ne pas le déplacer d’un endroit à l’autre, le placer dans une situation qu’il ne pourrait pas résoudre par lui-même, ou lui tenir la main quand il veut monter sur la poutre (si les enfants demandent systématiquement l’aide d’un parent, c’est probablement que l’exercice ne correspond pas à leur maturité motrice des enfants). Pour faire passer ce message éducatif sans se montrer « infantilisant » auprès des parents, l’animateur doit faire preuve de doigté et de subtilité. Il y a déjà beaucoup de pression, tant d’injonctions qui pèsent sur les parents…

L’un des apports d’UfoBaby est le plein air…

C’est la marque Ufolep, sur ce point et aussi sur la prise en compte de la santé. Le plein air et la promotion de la santé sont deux leviers éducatifs communs à tous nos dispositifs éducatifs. Or on a souvent tendance à surprotéger les tout-petits en les cantonnant aux espaces intérieurs, et généralement on ne se préoccupe de la santé dans l’activité physique que chez les plus grands. Or cet enjeu est présent dès les premiers jours de la vie, comme le soulignent les Maisons des 1000 premiers jours qui se mettent en place dans la foulée du rapport d’experts remis au gouvernement en septembre 2020. L’éveil moteur va de pair avec l’éveil sensoriel, social et cognitif qui concourt aussi au développement de l’enfant. Or cet éveil sensoriel prend une dimension supplémentaire en plein air : le vent, la terre, les arbres… Tous ces éléments sont vecteurs de sens et d’émotions. Il s’agit d’organiser les séances au dehors, en agrégeant à l’espace d’évolution tout ce que la nature met à disposition : des glands, des marrons et des feuilles mortes en automne, et des bouts de bois sur lesquels marcher pour remplacer les galets en matière synthétique. Cela rapproche UfoBaby de l’école en forêt et de l’éveil à la nature.

Quelle est la durée et le déroulement d’une séance ?

La durée et la construction de la séance diffèrent pour des enfants de 6 mois ou de 3 ans. Il convient de prendre en compte leur fatigabilité et leurs besoins physiologiques et chronobiologiques. Tout dépend aussi si c’est un espace partagé avec d’autres enfants, s’il y a beaucoup de bruit ou pas. Disons 30-40 minutes pour les plus petits, et jusqu’à une heure pour les grands. Quant au déroulement, les routines et les rituels de début de séance ont une grande importance pour placer les tout-petits dans les meilleures dispositions. On installe par exemple une proximité enfant-parent en formant un cercle avec de petits galets sur lesquels chacun vient s’assoir, avant de faire l’appel en énonçant tous les prénoms (enfants et parents) et en se passant une petite balle pour se mettre gentiment en mouvement. En fin de séance, un marqueur sonore ou visuel aide ensuite à quitter le plus doucement possible le lieu d’exercice et le matériel, dont il est souvent difficile de se détacher sans cri ou sans pleurs à cet âge.

Combien d’enfants un éducateur peut-il accueillir ?

Cela dépend notamment de l’âge des enfants et du fait qu’ils ont acquis la marche ou non. Mais si les crèches et les Ram ont leurs règles, il n’existe aucune réglementation particulière pour les associations. C’est une question de bon sens : un groupe réduit favorise la sécurité affective et permet à l’éducateur de créer plus facilement le lien avec les enfants et les parents et d’interagir avec eux. Et n’oublions pas que 6 enfants + 6 adultes, cela fait déjà 12 personnes. C’est un peu différent en crèche ou Ram, où souvent chaque assistante vient avec deux ou trois enfants.

Existe-t-il un kit de matériel UfoBaby ?

Pas encore, et ce n’est pas la priorité du moment, car la plupart de ceux qui se lancent sur ce public ne partent pas de rien. S’il faut donner un conseil, c’est de penser aux routines de début et de fin et surtout de privilégier un matériel pouvant aussi être utilisé à l’extérieur. L’idée est aussi de favoriser la diversité des exercices à travers 4 types de matériel : celui propice à la motricité (avec tunnels et plans inclinés) ; celui propice à l’assemblage et à la construction ; celui propice à la manipulation (arc et flèches, balles) ; et enfin celui qui favorise les jeux « sensori-moteurs », avec des faces rugueuses, des poils, et des jeux sur la lumière. Nous encourageons la création d’espaces Snoezelen1, comme en proposent parfois les crèches : des espaces apaisants favorisant la détente en faisant appel au caractère assombrissant de certains matériels : l’enfant pénètre par un tunnel dans une tente opaque où il trouve différents types de balles et objets fluorescents ou clignotants.

D’autres acteurs sportifs sont-ils déjà présents auprès des 0-4 ans. En quoi l’Ufolep se démarque-t-elle ?

Les fédérations présentes sur les tout-petits le sont généralement à travers leur discipline et à partir de 3 ans seulement. Parmi les fédérations multisports, je citerai la FSCF (Fédération sportive et culturelle de France), mais l’Ufolep se distingue en associant motricité libre, plein air et santé. Sinon, parmi les acteurs marchands, il existe de grandes salles de jeux en motricité libre, sortes de mini-club Mickey. Et il y a les espaces de jeux des restaurants McDonald…

UfoBaby a-t-il été pensé pour les associations ou les comités ?

Les deux, ce pourquoi nos formations sont ouvertes à la fois aux bénévoles et aux professionnels. La petite enfance est une tranche d’âge sur laquelle certains hésitent à se lancer en raison d’idées préconçues quant à la réglementation et l’exigence de diplômes. Il faut lever ces freins. L’équipement ne doit pas en être un non plus : sur Leboncoin, on trouve des tunnels et des tapis puzzle de seconde main qui se prêtent à un déploiement rapide de la motricité libre en attendant de futurs investissements !

Imaginez-vous plutôt une association qui se crée autour de l’activité, ou une association existante qui élargit son offre…

Nous ne privilégions aucun modèle, mais il sera très certainement plus facile à une association ayant déjà une expérience avec les enfants d’ouvrir une nouvelle section. D’ailleurs ces sections font généralement tout de suite le plein et sont plutôt bénéficiaires. Mais nous accompagnons tout le monde, y compris les associations de quartier ou les centres sociaux.

Faut-il forcément faire appel à des éducateurs sportifs professionnels ?

Encore une fois, il n’y a aucune réglementation particulière pour cette tranche d’âge, et nous sommes à l’Ufolep de fervents défenseurs de la place des bénévoles, dans l’encadrement des séances aussi. Les jeunes animateurs et aides animateurs bénévoles sont en outre souvent très intéressés par ce public des tout-petits.

Et les comités, à quelles autres structures peuvent-ils proposer une offre de séances ?

Les regroupements d’assistantes maternelles sont très friands de ces temps où les « nounous » peuvent se retrouver et échanger entre elles. Les communautés de communes le sont également pour leurs crèches, et aussi les centres sociaux. Le comité de Gironde intervient aussi dans un foyer d’accueil de femmes émigrées ou réfugiées avec des enfants en bas-âge.

Quels objectifs de déploiement d’UfoBaby l’Ufolep s’est-elle fixée ?

Nous souhaitons déjà fédérer autour du dispositif la quinzaine ou vingtaine de comités déjà engagés d’une façon ou d’une autre auprès des tout-petits, parfois via les écoles multisports2. Mais pas question de brûler les étapes. C’est pourquoi nos premières formations sont limitées pour l’instant à 15 stagiaires afin de les accompagner ensuite avec leur association ou leur comité, et que chacun s’imprègne bien du dispositif avant de le rejoindre.

Propos recueillis par Philippe Brenot

(1) Ce terme définissant ce concept développé aux Pays-Bas dans les années 1970 est la contraction de « snuffelen » (renifler, sentir) et de « doezelen » (somnoler) et associe les notions d'exploration sensorielle et de détente.

(2) Notamment l’Aisne, l’Aveyron, le Calvados, le Cher, la Corrèze, la Creuse, la Dordogne, la Gironde, les Landes, le Loir-et-Cher, l’Oise, le Rhône, les Deux-Sèvres, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, l’Essonne...


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