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Féminiser le peloton, une priorité

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Pour féminiser le peloton des licenciés cyclistes, la commission nationale Ufolep réfléchit à des rassemblements dédiés.

Si les femmes représentent aujourd’hui plus de la moitié des licenciés Ufolep, dans le vélo la parité n’est pas encore à l’ordre du jour. En 2019-2020, les féminines ne représentaient en effet que 5,5 % des licences en cyclosport, 8,2 % en cyclotourisme, 6,8 % en compétition VTT et 10,5 % en randonnée VTT. L’Ufolep ne fait pas mieux que les autres fédérations, voire moins bien.

Pourquoi les femmes sont-elles si peu nombreuses en club et en course ? Afin de le savoir, la commission nationale activités cyclistes (qui compte à présent dans ses rangs une responsable du cyclisme féminin en la personne de Karine Devert, 48 ans) a lancé l’été dernier une enquête internet. Petite originalité, elle était ouverte à la fois aux licenciées Ufolep, à celles d’autres fédérations et aux non-licenciées : sur les 205 pratiquantes âgées de 11 à plus de 60 ans ayant répondu, les trois quarts appartenaient toutefois à une fédération affinitaire, principalement l’Ufolep.

Un rassemblement réservé. S’il est difficile d’en tirer des enseignements précis, on relèvera néanmoins que 31 % de celles qui ont répondu à la question ouverte « pourquoi avoir choisi les activités cyclistes comme sport ? » mettent en avant « la découverte de la nature », « les paysages », « l’évasion », « la décompression », « la sensation de liberté » et la pratique « en extérieur ». Et près de 24 % confient appartenir à une famille de cyclistes, soit depuis leur enfance ou via leur conjoint ou leurs enfants.

Celles qui sont le plus attachées à la compétition regrettent que des effectifs féminins trop faibles conduisent à fusionner les catégories d’âge. Et, pour elles, la réponse ne réside en aucun cas dans l’harmonisation des catégories entre femmes et hommes. Leur préférence va plutôt à des épreuves dédiées.

« C’est pourquoi j’ai suggéré d’organiser dans mon département des Landes, à titre expérimental, un grand rassemblement des activités cyclistes réservé aux femmes, explique Karine Devert. Il y aurait des courses, des randonnées sur route et VTT, du bike-trial et aussi du multisport. Les femmes regrettent de ne pas être assez nombreuses et ce serait une réponse au besoin de faire nombre et de se retrouver entre elles, de faire nombre, même si dans l’absolu l’idéal de l’Ufolep est davantage celui d’une pratique mixte. »

En raison de la crise sanitaire, le projet a été reporté à l’été 2022. Mais peut-être faut-il en effet en passer par là, à la manière des courses à pied 100 % féminines comme La Parisienne ou La Toulousaine. Dans le même esprit, des groupes militants relaient leurs initiatives sur les réseaux sociaux, comme Girls on wheels ou l’association Femme & Cycliste, qui est aussi une équipe de 15 coureuses et un club affilié à la FFC. La révolution sera peut-être aussi esthétique : c’est le concept de la marque Liv Cycling, qui adapte cuissards et maillots au corps des femmes.

Car qu’on le veuille ou non, « d’un point de vue culturel, le cyclisme est un sport masculin », constate Femme & Cycliste. Et à rester dans l’entre-soi, certains prennent parfois de mauvaises habitudes, se laissent aller à un certain machisme. Sans remonter à la misogynie affichée par l’inventeur du Tour de France, Henri Desgrange, qui n’avait rien à envier à celle de son contemporain Pierre de Coubertin, on se souvient des propos insultants tenus par Marc Madiot à Jeannie Longo au soir d’une étape du Tour 1987, à une époque où la Grande Boucle de doublait d’une édition féminine. Le double vainqueur de Paris-Roubaix, actuel manager de l’équipe Groupama-FDJ, affirmerait-il encore aujourd’hui devant les caméras de télévision qu’« une femme sur un vélo, c’est moche ! » ?

Probablement pas, ne serait-ce que par prudence. Pour autant, les mentalités doivent encore évoluer. « Les quelques amies qui font de la compétition, sur route et en cyclo-cross, m’ont fait part de la misogynie poisseuse de certains concurrents, relève le journaliste Alain Puiseux. Et quand on dit vélo, l’image qui s’impose, c’est celle d’Eddy Merckx, d’un surmâle les mains crispées sur son guidon, tendu vers la performance. »

Que faire alors pour la changer ? Le fondateur de la revue 200 cite en modèle la Transcontinentale, course au long cours qui réserve toujours un quota de places aux femmes : « un principe de discrimination positive que j’essaie moi-même d’appliquer dans les pages de mon magazine. »

La discrimination positive, c’est un peu l’idée. Ph.B.


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