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Comment j’ai rencontré l’Ufolep

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Pourquoi rejoint-on l’Ufolep plutôt qu’une autre fédération : pour ses pratiques sportives, ses valeurs, ou le coût de sa licence ? Et quels sont les ressorts de l’engagement dans des responsabilités associatives et dirigeantes ? Analyse de parcours d’engagement.

On ne nait plus Ufolépien, on le devient. Aujourd’hui, le sentiment d’appartenance à l’Ufolep, fédération « affinitaire » née au sein de la Ligue de l’enseignement autour de la défense de la laïcité et de l’école publique, n’est plus donné d’avance et de moins en moins souvent un héritage familial : il se construit à travers des parcours personnels qui, de sportifs, deviennent aussi associatifs et dirigeants.

Certes, le réseau des amicales laïques demeure actif dans les Pays-de-la-Loire, en Bretagne ou en Auvergne-Rhône-Alpes. En 2018, recevant une médaille d’honneur de la fédération, Francis Ardouin replaçait également son engagement à l’Ufolep dans le cadre du « vieux fond de solidarité laïque » de son « Périgord natal » et les « actions d’élévation de la population dans les domaines civique, culturel et sportif » réunies au sein des amicales. Il n’empêche, la majorité des licenciés le sont désormais dans des associations qui ne portent pas forcément les valeurs laïques en étendard.

De l’école à l’association

Les liens se sont également distendus avec l’école, et cela dès avant que l’Ufolep-Usep ne dissocie officiellement en 2004 en deux entités distinctes. Un parcours comme celui de l’ancien président Philippe Machu, promu, au début des années 1960, responsable de l’amicale des anciens élèves d’un village de l’Oise en même temps qu’il y prenait son premier poste d’instituteur, est aujourd’hui difficilement imaginable.

Nombre de titulaires d’une médaille d’honneur numérotée de l’Ufolep appartiennent d’ailleurs à cette féconde filière enseignante. L’engagement de Paulette Ronsin, médaille n°141, charismatique responsable de la commission protocole et récompenses, s’est forgé en accompagnant dans son département de l’Aisne des équipes de basket où évoluaient des collégiennes dont elle était aussi la professeure d’EPS. Et si Michel Coeugniet, médaille n°158, est entré à l’Ufolep par la moto, avoir animé auparavant le sport scolaire Usep dans son école du Pas-de-Calais a facilité son acculturation. Quant à Isabelle Jacquet, médaille n°160, si elle a signé sa première licence d’athlétisme à l’Ufolep dès l’âge de 11 ans, c’est en jeune prof d’EPS souhaitant développer la GRS dans son lycée d’Haubourdin (Nord) qu’elle est revenue frapper à sa porte. Un schéma qui vaut aussi pour Geo Lavy, médaille n°116, qui s’est investi à l’Ufolep en Savoie, « dans le prolongement de l’EPS avec des élèves internes ».

Le goût de la transmission qui irrigue les vocations enseignantes trouve toujours à s’exprimer au sein de l’Ufolep. Pierre-Yves Delamarre, prof de maths en collège et président du comité de Loire-Atlantique, en témoigne. Henri Quatrefages, vice-président de l’Ufolep en charge du secteur « sport société », fut pour sa part instituteur dans l’Hérault. Et l’actuel président, Arnaud Jean, a fréquenté les bancs de l’Institut universitaire de formation des maîtres et débuté sa carrière comme délégué Usep du Loiret : un déterminisme venu s’ajouter au fait d’avoir eu des parents animateurs bénévoles au Cercle Jules-Ferry de Fleury-les-Aubrais... Pour autant, ces trajectoires sont aujourd’hui moins fréquentes.

L’activité, pour débuter

La majorité des licenciés, responsables d’associations et cadres départementaux actuels expliquent qu’ils sont arrivés à l’Ufolep par l’activité, et souvent par hasard. Voyez Véronique Jourdan, 40 ans, entraîneure au Landerneau GR (Finistère), après y avoir débuté à 7 ans : « Je cherchais une nouvelle activité sportive après une année de danse classique, et ma mère connaissait une dame qui recrutait des filles pour un nouveau club de gymnastique rythmique. Je suis allée voir un entraînement, et hop c’était parti ! » Idem pour Jean-Louis Chaumette, responsable de la commission tennis du Loiret : « J’ai déménagé dans un village où l’on pratiquait en Ufolep » ; ou pour Vincent Darbeau, 46 ans, journaliste et responsable de l’équipe de foot à 7 du Journal du Centre, à Nevers : « J’ai créé une équipe avec des collègues et des amis, afin de participer au championnat départemental. »

Parfois, l’Ufolep profite d’une situation de monopole, comme en sourit Gaëlle Simon, 42 ans, présidente du Nevers Volley Ball dès sa deuxième année dans un club où elle était arrivée « via des amis déjà inscrits » : « Dans la Nièvre, aucune autre fédération n’est présente pour encadrer et développer l’activité. C’est donc un peu par défaut, au départ en tout cas, que le club est adhérent de la fédération… »

Mais cela n’a rien de nouveau. Personnel de santé engagée auprès des Forces françaises en Allemagne, Mauricette Le Maître est rapatriée en 1991 à Fleury-les-Aubrais, où elle s’inscrit illico dans l’association d’activités de la forme la plus proche de son domicile : « Je l’avoue, je ne savais même pas ce qu’était une fédération affinitaire. » Cela ne l’a pas empêchée d’effectuer un remarquable parcours de formatrice dans sa famille d’activités.

De fils en père, et de fille en mère

On peut aussi croiser la route de l’Ufolep par l’intermédiaire de sa progéniture. « Nous avons identifié ce profil de "parent", explique Pierre-Yves Delamarre, qui a mené en Loire-Atlantique et dans les Pays-de-la-Loire une réflexion sur les leviers de l’engagement. Notre trésorier régional était par exemple père d’un licencié de tir à l’arc. Il est entré dans le bureau de son amicale pour donner un coup de main. Et, de non pratiquant, il a fini par devenir lui-même archer ! »

Et que dire d’Hubert Vincent, dont le fils faisait de la gymnastique au club de Villefranche-de-Rouergue ? « J’allais le chercher, le cours n'était pas terminé et l'entraineur des garçons malade. Seul celui des filles était présent et, à sa demande, je les ai aidés. C’est ainsi que je suis tombé dans la marmite Ufolep, lors de la saison 1988-1989. S’en sont suivi des stages d’entraineur, de juge, etc. Et aujourd’hui je suis président départemental. »

La même histoire se répète souvent, avec d’infimes variantes. « Ma première licence, je l’ai prise en 1993 à Saint-Priest dans l’association de gymnastique artistique de ma fille, où je me suis ensuite inscrite à un cours de gym adulte, raconte Danielle Roux. Puis je me suis investie comme que juge. » Elle ne s’imaginait pas alors entrer au conseil d’administration de l’association, puis devenir responsable des commissions techniques départementale et régionale, présidente du Rhône et élue nationale ! Gare : de fil en aiguille, on ne sait jamais jusqu’où le bénévolat peut mener…

Éducation populaire

Le sentiment d’appartenance se construit ainsi à travers l’acquisition de compétences et la prise progressive de responsabilités, dans une démarche d’éducation populaire. « Ce souci d’éducation par le sport se traduit différemment d’une association ou d’une discipline à l’autre, mais il est ancré et largement partagé, insiste Pierre-Yves Delamarre. Certes, les gens sont d’abord dans la pratique, mais ils sont aussi dans l’éducation populaire à travers leurs façons de faire et d’être. Ce n’est pas verbalisé, "conscientisé", mais ils expliquent qu’ils se sentent bien, utiles, et jamais jugés pour leur appartenance sociale. »

Rose Peraud, présidente de l’Union des clubs de pétanque du secteur du Vélinois, autour de Port-Sainte-Foy (Dordogne), ne dit pas autre chose : « À l’Ufolep j’ai trouvé un monde de convivialité, de partage et de respect. La sportivité, l’apprentissage, la formation des dirigeants, le soutien qui nous est apporté : c’est tout ce que je recherchais dans le bénévolat sportif. »

Elle possède plus d’un point commun avec Valérie Hérault, de Saint-Martin-d’Abbat (Loiret), arrivée sur un boulodrome en suivant un ami et propulsée deux ans plus tard présidence de la Boule Abatienne pour éviter que l’association ne disparaisse. Et quand Josette Faura, du Tai-Chi Petit Acajou des Abymes (Guadeloupe) explique : « L’Ufolep c’est une famille. C’est convivial, chaleureux, et ça c’est très important », elle se fait aussi leur porte-parole.

Formation fédérale

La formation fédérale est à cet égard un creuset où l’on acquiert des compétences techniques, tout en élargissant son horizon au-delà de sa discipline : on découvre vraiment la dimension multisport et socialement engagée de l’Ufolep, tout en prenant confiance en soi. « Personne n’arrive avec l’idée de présider son association, son comité départemental ou une commission technique, note Benoît Beaur, chargé de mission Vie du réseau. Mais, un jour, on vous propose de venir donner un coup main, puis on vous confie des responsabilités, et vous y prenez goût… »

En prenant sa première licence au Twirling Bâton de Vernaison (Rhône), Colette Almanini ne s’imaginait pas intégrer quelques années après la commission nationale en charge de l’activité. Ni la basketteuse Élisabeth Castes glisser du parquet de son club loisir de Rodez (Aveyron) aux réunions du comité régional Occitanie. Et combien sont-elles qui, comme Flora Démaret, 26 ans, licenciée en GRS, sont à la fois gymnaste, juge, entraîneure, trésorière de leur association et membre de la commission technique régionale ? « Si je me suis investie, c’est grâce à toutes les femmes qui animent l’activité dans la région. C’est un plaisir d’échanger sur nos expériences. L’Ufolep rend la pratique accessible à tous, mais crée aussi du lien grâce au sport et aide chacun à développer des compétences non seulement sportives mais également humaines et sociales. »

S’il n’était pas devenu trésorier de sa première association de football, Les Gladiateurs, José Dublin aurait-il ensuite créé en Guadeloupe celle des Flamboyants de Vieux-Habitants. De son côté, Patrick Farescourt, membre de l’association As Cœur de vélo de Baie Mahaut et arrivé par le motonautisme, avant de devenir formateur en secourisme, met en lien son « appartenance » à l’Ufolep avec la « reconnaissance de [son] travail ».

Citoyenneté

Pour sa part, c’est en créant une section randonnée pédestre qu’Armand Bongini, 82 ans, a rejoint le Patronage laïque Villette-Paul Bert de Lyon. C’était en 1977, il y a presque 43 ans. « L’Ufolep, explique-t-il, m’a donné la chance de réaliser mes projets, mes envies, et d’exercer ma citoyenneté. Je n’ai jamais attendu des choses toutes faites, j’ai essayé d’œuvrer à mon niveau. »

Faire un bout de chemin ensemble, et parfois un long : c’est ça, l’appartenance.

Philippe Brenot


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