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Trail des gorges du Chambon : jouir de la nature tout en préservant la biodiversité

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Parce qu’il traverse une réserve naturelle, le trail organisé à Montbron (Charente) par l’association Ufolep Team 16 Club multisport se doit d’être exemplaire en matière de protection de l’environnement et respect de la biodiversité.

Huit heures, un dimanche de fin septembre. Les rues de la petite ville de Montbron sont encore tapies dans l’ombre mais l’on se presse dans la salle des fêtes, pour écouter le briefing du Trail des gorges du Chambon et du Montbronnais (TGCM). Ce « trail de petite montagne à la campagne » attire chaque année les amateurs de dénivelé –

jusqu’à 2200 mètres pour le parcours le plus long1 – aux confins de la Charente et du Périgord, sur un territoire classé Natura 20002.

Au micro, Jean-Philippe Dumont, président du Team 16 multisport, rappelle quelques règles aux concurrents qui s’apprêtent à s’élancer. Dont celle-ci : « Nous devons respecter un quota de personnes à certains passages. Aussi, lorsque des chemins sont tracés, ne vous en écartez pas. Et si vous utilisez un tube énergétique, si vous avez des papiers gras, gardez-les avec vous. Un observateur du Conservatoire des espaces naturels est présent et je devrai lui rendre des comptes. Si vous souhaitez revenir l’an prochain, respectez l’environnement dans lequel vous évoluez. »

Dans le lit de la Renaudie

L’observateur en question, c’est Sébastien Fournier, chargé de mission territorial au Conservatoire régional d’espaces naturels de Poitou-Charentes. S’il n’a rien d’un gendarme, il s’est toutefois posté à un endroit stratégique : le lit de la Renaudie. Ce modeste cours d’eau, cousin de la remuante Tardoire, dans laquelle il se jette plus loin, a donné son nom à une réserve naturelle remarquable pour sa faune et sa flore : le sonneur à ventre jaune (un crapaud), le cincle plongeur (un oiseau), ou bien encore le damier de la succise (un papillon qui pond exclusivement sur cette petite fleur bleue des prairies, endémique en ces lieux).

« L’intérêt écologique du site est lié à ces prairies, elles-mêmes indissociables de l’activité agricole, l’élevage bovin principalement. Notre mission consiste à préserver ces espèces patrimoniales et à restaurer mares ou prairies abandonnées. Et, si la pratique individuelle est autorisée, sauf à pénétrer sur certaines zones, toute activité sportive ou de loisir dans le cadre d’un événement déclaré en préfecture est interdite, sauf dérogation » explique Sébastien Fournier.

Cette dérogation s’obtient sur dossier auprès d’un comité consultatif de gestion (qui réunit collectivités, scientifiques, représentants des agriculteurs, chasseurs, pêcheurs et autres usagers du site), avec avis supplémentaire du Conseil scientifique régional de protection de la nature. L’organisateur s’engage notamment à canaliser les participants aux endroits les plus fragiles. Ainsi, pour traverser la Renaudie, ceux-ci doivent expressément poser les pieds sur un gué en pierres afin de ne pas troubler le fond de la rivière, et les espèces qui y vivent. Même si, comme cela tend à devenir la règle, celle-ci est à sec en cette fin d’été. « Mais la Renaudie réagit très vite aux intempéries. Quelques jours de fortes pluies, et elle coulerait à nouveau », prévient Sébastien Fournier, qui vérifie également l’absence d’accroche directe de panneaux sur les arbres. « Je repasse ensuite deux ou trois semaines plus tard pour m’assurer que le débalisage a été effectué et qu’aucun déchet n’a été oublié sur le site », précise-t-il.

Estimer l’impact

Au-delà du premier indicateur qu’est le nombre de participants, l’impact varie selon que le passage se fait en groupe, comme au départ d’un cross, ou de manière échelonnée, comme c’est le cas ici, surtout après plusieurs heures de course. « La date joue aussi, souligne Sébastien Fournier. Fin septembre, nous sommes généralement en fin de cycle écologique. Ce n’est pas une période de reproduction non plus, donc pas de risque d’abandon de nids de pic noir par exemple. »

À la vérité, les concurrents n’accordent guère d’attention aux colchiques, pourtant en pleine période de floraison, ni aux chenilles du damier de la succise, qu’ils pourraient peut-être observer s’ils faisaient – précautionneusement – un pas de côté. À cette heure, la plupart s’efforcent avant tout de mettre un pied devant l’autre. Au moins auront-ils pleinement profité de l’alternance de paysages ouverts et de chemins encaissés, et fait le plein d’encouragements en traversant les villages.

Treize heures. Les traileurs coupent la ligne en ordre dispersé, les uns épuisés, les autres au sprint, ou en se tenant par la main entre amis d’un même club. Derrière le barnum d’arrivée, des bancs ont été disposés afin qu’ils reprennent leur souffle. Jean-Philippe Dumont, lui, récupère à présent les puces électroniques fixées aux lacets, tandis que Sandrine, son épouse et secrétaire du club, recueille les impressions de course des uns et des autres. Au micro du speaker, une concurrente, la cinquantaine rayonnante, remercie pour « ce parcours formidable, dans une nature que l’on ne soupçonne pas, et où on ne s’ennuie jamais, parce que ça ne fait que monter et descendre ».

Souhaitons-lui de pouvoir revenir l’an prochain !

(1) Les parcours proposés étaient de 80, 42, 28 et 14 km, plus un canitrail de 11 km et des marches de 14 km.

(2) Les sites Natura 2000 visent une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité dans les activités humaines.


www.team16clubmulisports.com
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