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Sport en prison : intervenir au quartier des mineurs

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Ludivine Verrier et Angelo Abalano animent des séances sportives auprès des détenus de 14 à 18 ans pour leurs comités Ufolep, l’une à Nanterre, l’autre à Brest. Expériences comparées.

 

À la maison d’arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine), les rôles sont répartis entre le Comité départemental olympique et sportif, qui intervient auprès des adultes, et l’Ufolep, qui est chargée des mineurs sur des financements de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ou venant – entre autres – du Fonds interministériel de prévention de la délinquance. Éducatrice départementale, Ludivine Verrier anime ces séances depuis un an et demi : une première pour elle. « Il y a une douzaine de place au quartier des mineurs et les quatre séances hebdomadaires animées pour l’Ufolep1 en réunissent jusqu’à quatre, selon les affinités et les inimitiés. Et parfois seulement deux, voire un seul, selon les rendez-vous médicaux ou liés à leur jugement, ou en raison de sanctions disciplinaires » explique-t-elle.

Certains jeunes ont été pratiquants, notamment de boxe ou de football, et d’autres ne sont pas sportifs du tout, avec un état physique que ces séances peuvent aider à améliorer. De même, certains montrent un grand enthousiasme quand d’autres sont beaucoup moins motivés. « En raison de la taille réduite des salles, nous proposons essentiellement de la musculation sur les engins qui y sont installés. Les détenus veulent avant tout faire du renforcement du haut du corps. Mais tout en répondant à leurs souhaits, je propose aussi des exercices pour les membres inférieurs et du cardio. »

Le but est de « casser les sédentarités », sachant que ces jeunes n’ont droit qu’à une heure de promenade par jour : le reste du temps, ils le passent en cellule. Il est donc vital qu’ils puissent bouger et se dépenser, non seulement pour le physique, mais aussi pour le moral, le social et le rapport au cadre contraint qui est le leur. « Respecter des structures de séance et s’exercer physiquement, dans le respect réciproque, est important, car ce temps est l’une des rares occasions de se retrouver avec d’autres personnes. Sans pouvoir en mesurer l’impact, il est clair que ça leur fait du bien. Ça les aide à se canaliser » observe l’éducatrice.

« Pour ma licence Développement social et Médiation par le sport, j’ai effectué mon alternance en foyer de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Cela m’a permis d’appréhender les spécificités de ce public, même s’il m’a fallu plusieurs séances pour trouver la bonne posture à adopter avec ces détenus mineurs. Il faut poser le cadre, fixer des limites, sans non plus se montrer raide. Sinon, ce sont des jeunes tout à fait "normaux" : c’est l’environnement qui est particulier », estime Ludivine, qui est aussi une jeune femme intervenant dans un univers masculin et clos. « Mes collègues hommes remarquent qu’avec moi les détenus essaient davantage de négocier. Peut-être me faut-il alors en faire un peu plus qu’eux pour m’imposer. Mais le fait de pratiquer avec eux permet de dépasser les réticences ou les stéréotypes que certains peuvent avoir. »

 

Bouffée d’oxygène

À Brest aussi l’éducateur Ufolep intervient dans le quartier des mineurs sur des fonds de la PJJ, généralement auprès de deux jeunes à la fois et avec un grand turn-over. « Ça tourne beaucoup, comme la roue d’un moulin : de nouveaux arrivent tandis que d’autres partent », résume Angelo Abalano, qui anime à l’année quatre heures hebdomadaires réparties sur deux jours, lundi et jeudi. Ici aussi, le renforcement musculaire est incontournable. « Mais s’il y a une table disponible, je lance volontiers : Allez les gars, ping-pong !" »

Comme à Nanterre, il s’agit avant tout d’apporter un mieux-être physique et mental. « On leur apporte une bouffée d’oxygène, sans trop s’immiscer dans leurs vies, explique Angelo. C’est un contact social, hors de leur cellule pour eux qui le reste du temps parlent aux murs. Certain débutent la séance en "oubliant" de fournir des efforts, puis gagnent en détermination au fur et à mesure, et souvent nous remercient après ces deux heures passées ensemble. La PJJ nous dit que les jeunes apprécient beaucoup ces moments et sont très demandeurs. »

Fraîchement diplômé d’un CQP ALS2 après un service civique à l’Ufolep Finistère, Angelo découvre depuis septembre l’univers carcéral après avoir participé à une journée de formation pour l’y préparer. « Ma ligne de conduite avec les détenus est simple : être le plus naturel possible. Évidemment, il y a des limites à poser, mais on se donne physiquement ensemble, puis on souffle. On passe un bon moment et c’est tout. La principale différence avec une séance en milieu ouvert, c’est le peu de matériel et le nombre réduit de participants. À ce sujet d’ailleurs, j’ai obtenu l’autorisation d’apporter des élastiques pour varier les étirements et les exercices de gymnastique. Sinon, à la seule exception d’un jeune qui n’était ni sportif ni volontaire, tous les détenus me disent être heureux de pratiquer en groupe et non pas en solitaire. » Balthazar Tramond

 

(1) Ludivine assure trois séances, un collègue la quatrième.

(2) Certificat de qualification professionnelle animateur de loisirs sportifs.


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