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Scénarios pour le sport d’après

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Patrick Bayeux s’est essayé pour sa revue Acteurs du sport à un exercice de prospective post-confinement qu’a ensuite complété Colin Miège, président du comité scientifique de Sport et citoyenneté. Extraits.

Un, « cette période peut être profitable aux acteurs du sport ou, au contraire, signer une implosion du modèle ». Deux, « un consensus se dégage sur le fait que l’après confinement sera marqué par deux périodes : avant et après le traitement ou le vaccin ». Partant de là, Patrick Bayeux s’essaie à un exercice de prospective à court et moyen terme.

Distanciation. En attendant le traitement ou le vaccin, la pratique sera limitée et devra se faire en tenant compte des mesures de distanciation physique. Même si l’épidémie est contrôlée, l’incertitude va dominer : « Pour les pratiques sportives de salle et de contacts interdites pour le moment, peut-on imaginer une reprise conditionnée par des tests ? Les adhérents vont-ils retourner dans les clubs ? Ces pratiques sont-elles viables en respectant les mesures de distanciation physique ? Les parents seront-ils suffisamment en confiance pour laisser leurs enfants pratiquer ? Quid des encadrants et des bénévoles, qui sont souvent des séniors ? » En outre, en plus de la distanciation, l’incertitude demeure concernant l’organisation des transports, du travail et de l’accueil scolaire. Quant au spectacle sportif, il est peu probable qu’il puisse se dérouler en jauge maximum.

Générations. Quel que soit le scénario (implosion/explosion ou triomphe de la raison et de l’intelligence collective), on assistera à une accélération de tendances lourdes déjà à l’œuvre : transformation de la structure familiale et des parcours d’activité et évolution des comportements, avec l’arrivée des nouvelles générations, nées avec internet et rivées à leur smartphone. « Toutes les études sur la motivation pour la pratique sportive et physique mettent en avant la santé, la lutte contre les stress, le partage et la convivialité avec les autres. La compétition n’est plus une motivation, encore moins pour les jeunes générations. Dans un contexte d’incertitudes fortes, l’individualisme et le fonctionnement en tribu vont ils s’accélérer ? Peut-on craindre un abandon de toutes pratiques collectives organisées ? Comment les nouvelles générations vont-elles s’organiser pour pratiquer une activité physique et sportive ? »

Télétravail. Le développement du télétravail va modifier le rapport à l’espace et au temps : « Quelle utilité d’habiter à une heure de transport de mon travail si je peux le faire depuis n’importe où ? » Le modèle domicile-travail-services-loisirs est remis en cause.

Proximité. Lutte contre le changement climatique, recherche de la proximité, retour à la nature… « Le retour au local dans le domaine sportif signifie-t-il une pratique de proximité, une limitation du temps de transport, une pratique à forte valeur environnementale ? »

Bien-être. Le souci de la santé et la recherche du bien-être se traduisent par un développement de pratiques faisant appel à la relaxation, la méditation. « Seront-elles demain une alternative ou un complément à une pratique plus traditionnelle ? Les pratiquants vont-ils retourner vers les clubs, prendre des licences ou privilégier une forme de pratique plus informelle, moins cadrée ? »

Numérique. La révolution numérique offre de nouvelles formes d’organisation de la pratique sportive qui obligent les acteurs historiques à définir des stratégies digitales. Le développement du coaching individuel va s’amplifier et les « tutos » vont circuler sur les réseaux sociaux.

Désacralisation. Patrick Bayeux constate enfin la crise des institutions politiques et des corps intermédiaires et observe qu’une autre crise impacte la confiance : les violences sexuelles, qui ont conduit la ministre des Sports à mettre en place un contrôle de l’honorabilité des bénévoles et des encadrants. « L’incertitude liée à la crise du Covid-19, doublée d’une crise de confiance des institutions, va-t-elle impacter l’engagement des bénévoles dans le domaine du sport ? »

De son côté, Colin Miège met l’accent sur trois tendances sociétales : le vieillissement de la population, les enjeux climatiques et l’individualisation des pratiques.

Vieillissement. La poursuite du vieillissement de la population va orienter davantage encore la demande d’activités physiques et sportives vers le sport-santé et le bien-être physique, la pratique endurante non compétitive et le plein air, avec une recherche de convivialité. Ce type de demande s’adressera principalement aux clubs non compétitifs ou multisports affinitaires.

Climat. Le changement climatique devrait peser de plus en plus lourd sur nos pratiques à venir, et remettre en cause les activités les moins soutenables quant aux émissions de gaz à effet de serre, comme les déplacements lointains pour participer ou assister à une compétition. Dans ce contexte, la pratique du vélo de loisir ou utilitaire devrait s’amplifier notablement, surtout si elle est accompagnée de mesures incitatives des pouvoirs publics (itinéraires dédiés, aides diverses).

Individualisation. L’individualisation des pratiques devrait s’accentuer, avec une adaptation aux possibilités physiques qui peuvent décliner avec l’âge, ce qui n’empêche pas la recherche de la performance ou de l’exploit personnel. Le coaching personnel ou plus simplement les applications permettant d’élaborer programme et suivi individuels devrait encore se développer.


Retrouvez l’intégralité des réflexions de Patrick Bayeux et Colin Miège (ici très résumées) sur www.acteursdusport.fr
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