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Réchauffement climatique : demain, deux mois de sport en moins ?

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Les Français pourraient perdre jusqu'à deux mois d’activité sportive par an dans un monde à +4°C, alerte WWF France.

Quand le communiqué est tombé début juillet, les médias parlaient depuis déjà plusieurs jours des températures de l’ordre de 50° sous lesquelles suffoquait la côte ouest du Canada, provoquant de nombreux décès et des incendies monstres, dont l’un venait de rayer de la carte le village de Lytton. Mais c’est loin le Canada. L’intérêt du rapport réalisé par le World Wildlife Fund France avec le soutien financier du ministère des Sports est de mettre en évidence les conséquences du réchauffement climatique dans notre vie quotidienne de pratiquant sportif, au-delà d’images devenues trop banales de fonte de la banquise, de sécheresses et de forêts ravagées par les flammes en différents points du globe.

Considérant que l’activité physique est déconseillée au-delà de 32°C, le réchauffement climatique pourrait en effet nous faire perdre « jusqu’à 24 jours de pratique dans un scénario à + 2° », et « jusqu’à deux mois dans un monde à + 4° », selon deux projections sur 2050 et 2090. Ce qui impacterait autant les pratiques individuelles que celles en club ou à l’école.

En l’absence de travaux de rénovation thermique, la moitié des 60 000 gymnases et des salles de sport en France sont ainsi inadaptés à la multiplication des épisodes caniculaires, qui pourraient doubler d’ici à 2050. Et en extérieur, outre les risques pour la santé, les vagues de chaleur s’accompagnent souvent d’une pollution de l’air accrue à l’ozone et aux particules fines. Dans une hypothèse de réchauffement de 2 °C, les adeptes du running pourraient être privés d’activité jusqu’à 25 jours supplémentaires par an dans le sud de la France (9 en moyenne) – et jusqu’à 66 jours si les températures augmentent de 4 °C.

S’ajoute à cela la raréfaction de la neige en montagne et l’élévation du niveau de la mer, qui serait d’un mètre ou plus dans un monde à +4°C. « L’érosion côtière et les inondations accélérées par le changement climatique mettent ainsi en péril les sites d’activités nautiques », insiste le WWF France, qui se préoccupe aussi des pelouses. Celles sur lesquelles évoluent les adeptes du football ou du rugby seraient toujours plus râpées. Et ceux qui les fréquentent savent que la chaleur est plus insoutenable encore sur synthétique, sans parler de l’échauffement de la voûte plantaire…

« Nous sommes investis dans le sport depuis dix ans et nous considérons que c’est un sujet important car ça concerne un Français sur deux, entre ceux qui le pratiquent et ceux qui le regardent, expliquait dans une interview à l’Équipe la navigatrice Isabelle Autissier, présidente d’honneur de WWF France. Le sport a un impact et des responsabilités sur l’environnement, comme tout le monde. Il va aussi payer les dérèglements climatiques. Nous voulons faire prendre conscience aux acteurs du sport qu’ils sont déjà concernés. Ils ne peuvent plus tourner la tête et dire : "On s’en fout, on continue". »

Derrière l’alerte aux pratiquants, WWF France s’adresse aux fédérations, ligues et sponsors, et milite en faveur de l’éco-conditionnement des financements. On se souvient de la demande de la maire de Paris Anne Hidalgo d’écarter Total des partenariats des Jeux de Paris 2024. Mais aujourd’hui la Ligue nationale de football va chercher comme diffuseur de la Ligue 1 le géant Amazon, à l’empreinte carbone colossale. « Lorsque je naviguais, j’avais une blacklist de sponsors, rappelle Isabelle Autissier. Ils pouvaient m’offrir tous les millions qu’ils voulaient, je refusais. (…) Un certain nombre de fédérations, de ligues ou d’évènements auraient sans doute intérêt à avoir la même démarche et à bien réfléchir si elles veulent que l’image de leur compétition soit associée à tel ou tel acteur économique. Ou est-ce qu’elles s’en fichent complètement et prennent le chèque. Je pense le public de plus en plus sensible à ces questions-là. »


WWF
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