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Le sport et les associations Ufolep à la rescousse des grandes causes

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Octobre rose, Téléthon, Course du cœur… Chaque année, des associations Ufolep participent à des collectes nationales et à des courses destinées à lever des fonds contre la maladie ou sensibiliser à une cause. Elles-mêmes sont parfois à l’origine d’initiatives solidaires. Quel est le ressort de cet engagement ? En quoi cette solidarité fait-elle écho à l’esprit associatif des clubs ? Et comment ne pas s’interroger sur la multiplication de ces opérations « caritatives » ?

Dans les années 1990 et 2000, la solidarité du monde du sport à l’égard des grandes causes était souvent incarnée par de grands champions : David Douillet et les « pièces jaunes » reversées à la Fondation des hôpitaux de France, Yannick Noah et « Les Enfants de la Terre », ou Zinedine Zidane, toujours parrain d’honneur de l’Association européenne contre les leucodystrophies (ELA). Mais, aujourd’hui, c’est une foule d’anonymes qui mouillent leur t-shirt, chaussent leurs baskets ou grimpent sur leur vélo pour soutenir une cause.

Il y a désormais tant d’événements sportifs dits « caritatifs » que l’on finirait parfois par s’y perdre. La 27e campagne d’Octobre rose (courir ou marcher pour lutter contre le cancer du sein) venait à peine de se terminer que s’annonçait déjà Movember, qui invite les hommes à se laisser pousser la moustache et relever des défis physiques pour sensibiliser à la santé masculine. En décembre, cela devrait – aurait dû – être le 33e Téléthon de l’Association française contre les myopathies, avec ses centaines d’initiatives sportives destinées à relayer cette grande collecte télévisée. Devraient se succéder ensuite Mars bleu (contre le cancer colorectal), les Virades de l’espoir et la Rando Muco (contre la mucoviscidose).

Certains événements s’adaptent même au confinement : le 15 novembre, les Yogis du cœur, rassemblement de yoga solidaire au profit de Mécénat Chirurgie Cardiaque, ont ansi proposé une édition on line depuis les serres du parc végétal Terra Botanica d’Angers.

Questions de société

La liste s’allonge chaque année et, à côté de la lutte contre la maladie ou la précarité, de nouvelles causes font courir les gens : l’exclusion, l’homophobie, les violences faites aux femmes, la défense de l’environnement, etc. Aucune grande question de société n’est oubliée. Sport et solidarité font ainsi de plus en plus souvent cause commune, parmi un charity business qui pèse entre 7,5 à 8 milliards d’euros1 et auquel contribuent 5,2 millions de Français.

Dans le sport, cette solidarité peut prendre diverses formes. Généralement, l’association qui organise un événement sportif caritatif reverse les fonds récoltés à la cause qu’elle soutient. D’autres fois, il faut auparavant réunir soi-même des fonds pour obtenir le droit de participer : c’est le principe de la Nuit des relais (contre les violences faites aux femmes), à laquelle l’Ufolep a longtemps apporté son concours, et dont le ticket d’entrée par équipe est à 1 000 €. D’autres fois, les dons sont en nature : denrées alimentaires, baskets et matériel sportif, livres pour enfants ou jouets, comme le proposent à l’approche de Noël les Motards solidaires de Guéret (Creuse).

Des associations le cœur sur la main

Est-ce en raison de sa fibre humaniste et de son appartenance à une fédération qui se revendique aussi mouvement d’éducation populaire ? Le tissu associatif Ufolep présente une grande variété d’initiatives solidaires, avec des actions qui débordent souvent du « caritatif » stricto sensu.

C’est le cas de l’association amiénoise Sarb’Arc’Am, qui mène diverses actions en marge de sa pratique du tir à l’arc et de la sarbacane. « En mai 2019, explique son président Sébastien Guitton, nous avons dédié notre premier concours extérieur à la lutte contre l'homophobie, avec une collecte pour Le Refuge, une structure qui accueille les jeunes expulsés de leur domicile par leurs parents à cause de leur homosexualité. Nous avons réuni 100 €. Et, cette année, pendant le confinement, nous avons organisé un concours solidaire virtuel de sarbacane gratuit. Le club versait un euro par participation aux soignants mobilisés sur la crise sanitaire : 185 € ont été reversés à l'hôpital d'Amiens. » 

Les sommes sont modestes, mais la démarche représentative d’une attention aux autres qui attire les sollicitations. Le club participe ainsi aux Scolympiades, journées de sensibilisation à la scoliose, après avoir été approché par la Fondation Yves Cottrel-Fondation de France. Et, la saison dernière, ses membres ont encadré bénévolement des animations sarbacane pour des enfants accueillis en centre de rééducation à Berck et Villeneuve d’Ascq après une opération de la colonne vertébrale.

Pour Sébastien Guitton, ces initiatives sont le prolongement naturel de la vie associative : il ne fait guère de distinction entre organiser une collecte et proposer une découverte gratuite pour les jeunes du quartier « sensible » où le club est implanté. « Nous sommes également présents sur les événements du sport handicap à Amiens : Journée nationale, Nuit du Handicap… Nous sommes identifiés et reconnus pour cela. » Sarb’Arc’Am s’est même vu décerner par Amiens Métropole le Trophée Saint Martin, qui récompense associations et particuliers pour leurs actions de solidarité…

Lutte contre la précarité

Un événement, en l’occurrence une catastrophe naturelle, peut aussi jouer un rôle déclencheur. Ce fut le cas en Guadeloupe pour le club de futsal FC3M de Gosier, qui jusqu’alors n’était qu’une bande de copains prenant plaisir à taper dans un ballon le dimanche. « En 2017, le cyclone Irma a dévasté l’île voisine de Saint-Martin, où nous devions justement aller disputer un match amical. Il nous a paru naturel de faire quelque chose », explique Nicolas Silvestre, le trésorier. L’association a organisé une collecte de fournitures scolaires qui a permis d’équiper 300 élèves. « De la récolte à la distribution des fournitures, nous avons tout fait nous-mêmes, et tourné une vidéo pour montrer aux donateurs où allaient leurs dons. Dans la foulée, nous avons modifié nos statuts pour y faire figurer la participation annuelle à une action solidaire. »

Une action, voire plusieurs… Le club organise ainsi avec le comité Ufolep des formations aux gestes de premier secours dans les écoles. Durant le confinement, il a aussi approvisionné en eau des quartiers mal desservis et distribué des masques. Et demain, il pourrait aussi soutenir une opération nationale. « La solidarité est à géométrie variable, ce n’est pas un domaine délimité. » Ce n’est pas non plus une chasse gardée, et FC3M se réjouit d’avoir inspiré une autre association de futsal qui, à son tour, propose gratuitement des initiations aux gestes de premier secours.

« La solidarité est dans l’ADN de notre club, affirme pour sa part Cathy Brochard, gardienne de but et trésorière des Dégommeuses, club de football parisien majoritairement composé de lesbiennes et de personnes trans. Beaucoup de nos joueuses sont dans la précarité, notamment parce qu’elles sont réfugiées. C’est pourquoi les plus démunies d’entre nous ne paient que 20 € leur cotisation, ou rien du tout. Et quand plusieurs joueuses ont perdu leur petit boulot pendant le confinement, nous avons lancé une cagnotte solidaire : 15 d’entre elles ont reçu 250 € par mois. » 

En soutien d’opérations nationales

Des associations Ufolep se font aussi le relai d’opérations nationales, parfois en lien avec leur comité départemental. En Loire-Atlantique, c’est l’accueil des femmes participant à l’opération « À la Mer à vélo » dans le cadre d’Octobre rose qui a décidé le comité directeur à organiser une marche dès l’année suivante, en partenariat avec la MGEN. « Le cancer nous concerne tous, et le sport est à la fois un moyen de se rencontrer et de se reconstruire après la maladie. C’est pourquoi nous avons lancé en parallèle un atelier d’activités physiques adaptées pour des femmes atteintes de cancer », explique la directrice départementale, Élodie Gouriou. Le 4 octobre, la 3e édition de cette marche rose a réuni 500 femmes à Saint-Herblain et permis de reverser 3 200 € à l’Institut de cancérologie de l’Ouest.

La démarche s’est étendue cette année à la Vendée, avec l’appui de l’Amicale laïque de Sallertaine. « Nous n’avons pas hésité une seconde, témoigne Alain Bourrasseau, responsable de la section volley-ball. Et si cette marche fait découvrir les joies de la marche tout en récoltant des fonds pour la lutte contre le cancer du sein, on aura gagné sur les deux tableaux ! »

Démarche personnelle et départementale se rejoignent aussi dans les Pyrénées-Atlantiques. Serge Lansalot, licencié de l’association Sports 64, émanation du comité Ufolep, organise depuis 13 ans à Pau une course de 6 km au profit des Restos du cœur. Le principe : chacun apporte des denrées alimentaires non périssables tandis que les « Restos » assurent le ravitaillement. Chaque année, une à deux tonnes sont récoltées, à quoi s’ajoutent 2 000 à 3 000 € de dons.

Une vocation

Les initiatives concernent jusqu’aux plus petites communes. À Saint-Genest-Lerpt (Loire), le Running club lerptien appuie ainsi la démarche de l’association Mon rêve mon espoir, créée par des lycéens, en organisant avec elle une course au profit des enfants cancéreux. « Sachant que le sport favorise la guérison, on a échangé avec le service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital de Saint-Etienne, pour permettre la venue d’un éducateur sportif à temps partiel. Depuis, on participe à son financement, explique Nicolas Laurenson. En 2019, nous avons eu 600 participants et récolté 5 500 € ! »

Il existe enfin en Loire-Atlantique une association Ufolep à vocation spécifiquement solidaire : l’association Fabrice, baptisée en hommage à Fabrice Salanson, cycliste professionnel décédé de mort subite en 2003. Comme il était porteur d’une pathologie cardiaque, son fan club, porté par sa famille, s’est transformé en association pour récolter des fonds au profit de la fondation Cœur et recherche. Elle organise chaque année une randonnée cycliste, une marche et un défi sportif, renouvelé d’une année sur l’autre : Paris-Nantes à vélo, ou bien un ultra duathlon où il fallait courir 200 km à vélo et 50 autres à pied. « Pour être remarqué et attirer les sponsors, il faut du spectacle », résume Laurent Salanson, son président.

Faire le spectacle, communiquer : c’est aussi la règle dans le sport solidaire. Ph.B.

(1)La philanthropie à la française, rapport remis au Premier ministre, Sarah et Haïry et Naïma Moutchou, février 2020.


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