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Je me souviens du sport : Marion Rousse

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Après une carrière cycliste précoce auréolée du titre de championne de France 2012, Marion Rousse se reconvertit à l’âge de 24 ans comme consultante pour la télévision après une première expérience sur la Vuelta 2013. En 2017, elle passe d’Eurosport à France Télévisions et devient un visage familier – et très apprécié – du commentaire vélo. Puis elle est nommée par ASO directrice de Tour de France Femmes, dont la première édition se déroule du 24 au 31 juillet. 

Je me souviens avoir vécu comme une grande fête la finale de la Coupe du monde 1998, regardée avec mes parents et des centaines d’autres personnes sur un écran géant, à Hyères où nous étions en vacances.

Je me souviens de ma première compétition, un cyclo-cross. J’ai 6 ans, je fais le départ à fond, en tête devant les garçons, mais j’ai si peu l’habitude que dans la première descente je ne pense pas à freiner. Je fais un tout droit, évidemment je tombe, et vois tout le monde me dépasser.

Je ne m’en souviens pas, mais ma mère raconte que petite je ne tenais pas en place, quand ma sœur jouait sagement à la poupée. Je courrais sans m’arrêter autour de la table du salon et plaçais des chaises en guise d’obstacles : une fois je passais au-dessus, l’autre fois en dessous. Je disais que je faisais « mon entraînement ».

Je me souviens que j’étais aussi très bonne en course à pied. J’ai remporté le cross du collège et fini 2e du cross départemental.

Je me souviens que lors des sorties à vélo à deux où mon père jouait le rôle d’entraîneur, il m’a appris à jouer avec le vent et à « frotter ». Roulant côte à côte, on se touchait l’épaule, la tête, ce qui me permettait ensuite d’être à l’aise dans un peloton où il faut savoir jouer des coudes pour se faire sa place.

Je me souviens de mon titre de championne de France sur route, dans le Nord, pas loin de chez moi. La famille avait fait le déplacement et j’ai eu droit à deux Marseillaise pour le prix d’une, car à 20 ans j’avais remporté les catégories Élite et Espoir.

Je me souviens de ma chute lors d’une course toute plate près de Shanghaï, et surtout de cette ambulance où les infirmiers ne parlaient que chinois. Ce fut plus étrange encore à l’hôpital, où les gens n’avaient jamais vu une blonde, en tenue cycliste de surcroît, et faisaient la queue pour essayer mon casque. Je n’avais rien de cassé, mais perdue à l’autre bout du monde je priais pour que mon équipe vienne vite me chercher.

Je me souviens de mon premier Tour de France comme consultante pour France télévisions, et de la poussée d’adrénaline ressentie au moment de prononcer mes premiers mots devant des millions de téléspectateurs. C’est un autre stress que celui de la compétition, où même si l’on a un « jour sans » on s’est préparé comme il faut. Là, il y avait le jugement des gens, et un sentiment de devoir.

Je me souviens d’une autre chute, à l’âge de 10 ans, en sprintant avec mon père comme nous le faisions toujours en arrivant à la maison. J’ai eu un problème mécanique et suis passée par-dessus le vélo. J’ai atterri dans le fossé, un peu sonnée, et ma mère qui m’avait vu tomber est accourue. Je me relève sans trop de dommages mais croise alors le regard horrifié de mes parents. Je ne le savais pas, mais je m’étais complètement râpé la face. Plus que la chute elle-même, c’est le visage pétrifié d’inquiétude de mes parents qui m’est resté en mémoire.


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