X
Accueil  /  Actualités  /  Je me souviens du sport : Eddy L. Harris

Je me souviens du sport : Eddy L. Harris

Histoires_JMS_c_Philippe_MATSAS_Leextra_Editions_Liana_Lévi.jpg

Né en 1956, Eddy L. Harris, enfant de Saint-Louis (Missouri), a accédé au rang d’écrivain après la parution en 1988 de Mississippi Solo, récit de sa descente en canoë du fleuve mythique qui traverse les États-Unis du nord au sud. Trente ans après, il a remis cela avec Le Mississippi dans la peau. Une façon de se tester physiquement et d’aller à la rencontre d’une Amérique dont il s’était éloigné. Eddy L. Harris vit aujourd’hui à Pranzac, en Charente.

Je me souviens avoir grandi à l’époque où le base-ball était le sport roi aux Etats-Unis. J’ai joué dès l’âge de 7 ou 8 ans : l’été, nous avions un match chaque semaine face à une autre école ou une autre classe. J’étais 3rd base ou shortstop, « arrêt court » en français, mais je ne suis pas sûr que ça vous dise grand-chose… Je jouais aussi avec mon frère aîné Thomas, qui rêvait de devenir professionnel. Je le suivais toujours quand il était avec ses amis.

Je me souviens, la première fois où je me suis retrouvé à la batte, j’ai frappé la balle si fort que j’aurais pu réussir un home run en effectuant un tour complet. Mais en courant j’ai perdu ma casquette et, en bon garçon, je me suis arrêté pour la ramasser. Finalement, j’ai dû me réfugier à la 1ère base.

Je me souviens que, vers 13-14 ans, je me suis tourné vers le basket, au lycée puis à l’université de Stanford. C’était le sport pour lequel j’étais le plus doué. J’ai aussi beaucoup pratiqué le tennis, que j’appréciais aussi comme spectateur. Surtout quand John McEnroe était sur le court.

Je me souviens qu’avant de me lancer dans la descente du Mississippi, je n’étais pas monté plus de deux ou trois fois dans un canoë, pour aller boire des bières dans un coin tranquille avec des amis, car dans le Missouri l’eau est partout. Cependant, le plus difficile ne fut pas d’apprendre mais de tenir la distance : 4 000 km, c’est long et très physique car comme le Mississippi est un fleuve au débit assez lent il faut beaucoup pagayer. Et se tenir longtemps assis ou à genoux est douloureux pour les grands gabarits.

En repartant trente ans après, j’avais deux motivations : me reconnecter au pays, car je vis en France depuis des dizaines d’années, et me tester physiquement. À 60 ans, serais-je capable de réaliser ce que j’avais fait à 30 ? Curieusement, c’est mentalement que ce fut le plus dur, car j’avais davantage conscience des dangers que la première fois. Et si, l’expérience aidant, je me suis mieux accommodé cette fois-ci des vagues énormes provoquées par les barges géantes, un nouveau danger s’était rajouté : les sauts de carpes. Avant, il n’y en avait pas, or une carpe de plusieurs kilos qui bondit à deux mètres de haut et vous retombe sur le coin de la figure, ça fait mal… Cela fut aussi plus difficile de replonger dans la vie ordinaire après s’en être extrait pendant quatre mois. En revanche les gens étaient plus aidants, sans doute parce que je suis davantage allé vers eux.

Je me souviens que faire du canoë, même sur une longue distance, est à la portée de quiconque est en bonne santé. Je fais beaucoup de vélo, des sorties de 100 à 200 km. Je marche aussi – trois heures en forêt hier –, et cet après-midi, à l’instant où je vous parle, je me tiens au bord de la Tardoire et je songe justement à prendre un canoë.


Le Mississippi dans la peau, Liana Levi, 256 p., 20 €.
enveloppe Partager sur : partager sur Twitter partager sur Viadeo partager sur Facebook partager sur LinkedIn partager sur Scoopeo partager sur Digg partager sur Google partager sur Yahoo!

Afficher toute la rubrique