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Bonne pratique : le Mouv’Truck fait bouger les Vosges

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Un véhicule chargé de matériel qui va au-devant des publics les plus éloignés de la pratique : le délégué Ufolep des Vosges tire un premier bilan de l’action dont il est l’initiateur.

 

Victor Demange, d’où vient l’idée du Mouv’Truck ?

Elle est née d’une précédente expérience au sein d’une association d’Épinal consacrée au sport-insertion, mais c’est comme délégué Ufolep que j’ai pu mener à bien un projet qui correspond à la fois à notre vocation et à notre rayonnement départemental. Un minibus chargé de matériel, sorte de salle de sport ambulante, est un moyen d’aller au-devant des publics les plus fragiles, notamment en zone rurale, où l’absence d’infrastructures s’ajoute aux autres freins à la pratique que sont les problèmes de santé, la désocialisation ou le coût dissuasif d’une licence. Les premiers partenaires sollicités, la communauté d’agglomération d’Épinal et la délégation départementale Jeunesse et Sports, ont aussitôt embrayé. Outre une aide à l’ingénierie de projet, la préfecture a contribué au projet et à l’achat du camion à hauteur de 45 000 €, dans le cadre du plan France Relance.

 

Qui anime les séances ?

L’Ufolep des Vosges, maître d’œuvre, a recruté une animatrice à plein temps. Amandine est titulaire d’une licence Staps, option activité physique adaptée, et d’un master de conduite de projet. De mon côté, j’assure avec mon adjoint Guillaume le pilotage du projet.

 

Le comité avait déjà une expérience du sport-santé ?

Non, c’est notre première incursion dans ce domaine, à part une unique expérimentation, interrompue par le Covid, du programme À Mon Rythme.

 

Quel est le public ?

En lien avec les bailleurs sociaux, le conseil départemental, les missions locales et les centres sociaux, qui jouent un rôle de prescripteurs, nous avons ciblé les 18-65 ans désocialisés, et plus précisément les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA). L’amélioration de la santé et du bien-être des personnes est pensée comme une première étape vers l’insertion socio-professionnelle. Mais le minibus a très vite attiré des curieux, que nous avons également accueillis : comme nous intervenons en journée, ce sont forcément des personnes sans emploi. Le minibus se déplace sur le territoire des intercommunalités d’Épinal, Saint-Dié et Remiremont, dans les quartiers politique de la ville (QPV) et en zone rurale, où les bailleurs sociaux sont aussi implantés. Nous avons touché jusqu’à présent une centaine de personnes, dont 80 % de femmes1. Est-ce le côté fitness qui les attire ? Sans doute est-il aussi difficile pour un homme seul de s’agréger à un groupe très, voire parfois exclusivement féminin.

 

Quelle est la temporalité des séances ?

Il s’agit de sessions de 10 séances hebdomadaires, soit environ deux mois et demi, pour des groupes de 10 maximum. La troisième s’est terminée fin décembre. Amandine anime généralement trois créneaux quotidiens, un le matin et deux l’après-midi, 4 jours de semaine, le mercredi étant consacré à l’administratif. Une séance dure de 40 à 45 minutes mais l’animatrice est présente au moins une demi-heure avant et une demi-heure après. Ces temps d’échange sont indissociables de l’activité physique elle-même et beaucoup de bénéficiaires sont avant tout motivés par la pratique en groupe.

 

Sont-elles collectives ou à la carte ?

Les exercices sont adaptés à chacun, à partir d’un entretien préalable pour connaître la forme physique et les habitudes de vie de la personne, ses éventuelles pathologies et les raisons pour lesquelles elle n’a pas d’activité sportive. Selon l’âge, les aptitudes et les motivations, Amandine proposera à l’une d’effectuer des exercices de renforcement musculaire et un travail sur l’équilibre, et à une autre plus portée sur la dépense physique de faire des squats et d’utiliser le rameur ou un vélo elliptique. Il y a aussi des haltères, un swiss ball, des medecine balls, des bandes élastiques… Tout ce matériel est à disposition, avec pour plus-value la compétence sportive et sociale de l’animatrice.

 

Où se déroulent-elles ?

En plein air lorsque c’est possible, le plus souvent en pied d’immeuble, et à l’abri d’un toit, salle polyvalente ou autre, en cas d’intempéries ou en hiver.

 

Les personnes sont-elles volontaires ?

Personne n’est forcé à venir, ce serait contre-productif. Néanmoins, le taux de présence très inégal d’un secteur à l’autre : il peut y avoir 3 ou 8 personnes, voire aucune comme sur l’un des sites lors de la première session. Cela dépend du contexte local, de la dynamique de groupe et surtout de la communication et de la qualité du suivi de la part de nos partenaires. Pour sa part, notre animatrice envoie la veille un SMS de rappel. Par endroit, le groupe est dynamique avec une mixité hommes-femmes et générationnelle, et ailleurs il est très difficile de mobiliser les gens. Nous intervenons dans 17 communes qui sont 17 cas différents.

 

Le but est-il d’amener vers une pratique autonome ou associative ?

C’est l’idéal vers lequel on tend. Si après 10 séances la personne continue de s’entretenir, garde l’habitude de sortir de chez elle pour aller marcher, c’est une réussite. Et si elle se rapproche d’une association, c’est encore mieux. En ce qui concerne l’Ufolep, notre réseau étant surtout constitué d’associations de vélo, de moto et de running mais pas de fitness, il est peu adapté aux personnes restées longtemps sédentaires. Mais nous travaillons avec le Comité départemental olympique et sportif (Cdos) sur ce maillon entre le Mouv’Truck et la pratique en club.

 

Qu’est-il ressorti du bilan de mi-étape dressé fin novembre avec vos partenaires2 ?

Nous avons identifié les « points noirs » où la participation est insuffisante. Nous continuons sur ce fonctionnement jusqu’en juin. En juillet-août nous proposerons des animations ponctuelles, avant de repartir en septembre, probablement sur un rythme de deux séances hebdomadaires car nous avons noté un décrochage à partir de la 6e semaine. Une seule séance par semaine, c’est un peu trop espacé, ont estimé la moitié des bénéficiaires lors de notre enquête de satisfaction. Nous demanderons aussi une participation financière des communes et solliciterons aussi un appui financier des entreprises locales, avec l’idée de proposer parallèlement à celles qui ont des emplois à pourvoir de rencontrer les pratiquants à la fin des 10 séances. Notre ambition de faire de la remise en forme un tremplin pour l’insertion socio-professionnelle serait alors pleinement réalisée. Propos recueillis par Philippe Brenot

 

(1) Sur les 49 inscrits de la deuxième session, 38 étaient des femmes, avec 8 % de 18-25 ans, 49 % de 25-50 ans et 44 % de plus de 50 ans.

(2) À savoir les représentants du Cdos, du préfet, de la Drajes (Direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et au sport), du conseil départemental, du bailleur social Vosgelis et les élus des 3 EPCI (établissements publics de coordination intercommunale) concernés. En janvier, la résurgence de l’épidémie a beaucoup perturbé les interventions.


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