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« Ne pas faire de la religion un tabou »

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Délégué Ufolep du Var, Olivier Durand forme aux valeurs de la République et à la laïcité. Il a également contribué à une fiche-action inspirée du guide de l’Ufolep.

 

Olivier Durand, à côté de vos fonctions à l’Ufolep du Var, vous formez des éducateurs à la laïcité : dans quel cadre précisément ?

En tant que délégué Ufolep, j’ai suivi une formation pour devenir formateur de formateurs sur les « Valeurs de la République et (la) laïcité ». Initiée au lendemain des attentats terroristes de novembre 2015 par les services de l’État, cette formation a été conçue par le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Compétent pour la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, j’interviens sur demande de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) auprès de cohortes de travailleurs sociaux, d’animateurs éducatifs et sportifs, de fonctionnaires… Il s’agit notamment d’apporter un éclairage juridique sur la laïcité, dans un esprit de bienveillance. En trois ans, j’ai dû dispenser une trentaine de ces formations de deux jours, pour 15 à 20 stagiaires. J’ajoute que, d’un point de vue professionnel, c’est l’occasion d’être en contact direct avec nos partenaires de la politique de la ville.

 

Utilisez-vous aussi le guide « sport et laïcité » de l’Ufolep ?

Pas dans ce contexte, car ces formations s’appuient sur un kit pédagogique prédéfini, que l’on peut d’ailleurs aussi utiliser en Ufolep. En revanche, j’ai proposé à la direction nationale de réaliser une fiche-action inspirée de ce guide. Nous l’avons testée auprès d’animateurs socio-sport Ufolep, lors d’une formation en avril à Port-Leucate.

 

Comment avez-vous abordé le sujet ?

Nous avons commencé par les interroger sur leurs représentations de la laïcité, pour déconstruire certaines idées et reconstruire ensuite avec eux, et expliquer que le principe de laïcité s’applique différemment selon l’espace dans lequel on évolue : l’espace privé personnel, l’espace privé social, l’espace public, l’espace administratif et l’espace partagé, celui de la rue ou de la plage, du vivre-ensemble au quotidien. Avec aussi des spécificités pour le milieu scolaire ou pour les administrations, dont les agents ont un devoir de neutralité qui vaut aussi pour les fédérations sportives délégataires d’une mission de service public.

 

Et celles qui ne le sont pas, comme l’Ufolep ou les autres affinitaires ?

D’un point de vue moral et éthique, le devoir de neutralité s’applique de même manière ! La différence, c’est que sur le plan juridique, en déléguant ses compétences à une fédération, l’État est en droit d’exiger cette neutralité, indispensable dans la relation éducative.

 

Comment considérez-vous le guide de l’Ufolep ?

Théoriquement, la laïcité ne devrait pas être un sujet : c’est une loi. Le guide « Sport et laïcité » de l’Ufolep rappelle avant tout le pacte républicain. Le guide donne également des conseils et propose quelques exemples porteurs de sens. Lors de la formation dispensée à Port-Leucate, nous avons ainsi abordé les aspects juridiques de manière très concrète : « j’ai le droit, je n’ai pas le droit ». Et, pour articuler théorie et pratique, les stagiaires ont travaillé sur des études de cas.

 

Quels messages voulez-vous faire passer à travers ces formations ou ces sensibilisations ?

Trois messages principaux : tout d’abord, ne pas faire de la religion un sujet tabou mais de débat, d’éducation au respect ; ensuite, ne pas placer la discussion sur le terrain du dogme mais sur celui de la connaissance et des valeurs ; enfin, ne pas invoquer la laïcité uniquement pour interdire.

 

En tant que délégué Ufolep, à quels types de situations êtes-vous confrontés ?

Les questionnements autour de la laïcité ne manquent pas, car nous travaillons dans des quartiers populaires. Tous les salariés du comité ont d’ailleurs suivi la formation d’État. Pour prendre un exemple récent, cette année le raid aventure que l’Ufolep du Var organise pour la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) tombait en période de ramadan, et des jeunes ont demandé à suivre le jeûne : sans bafouer le principe de laïcité, nous avons tenu compte de cette particularité confessionnelle dans l’organisation de ce séjour collectif. Ce qui primait à nos yeux était l’enjeu éducatif de l’accueil de ces jeunes.

 

Les associations locales se sentent-elles concernées par ces questions de laïcité ?

La plupart des associations et leurs adhérents ne le sont pas forcément, mais nous les informons de ces formations. En revanche, des animateurs et des directeurs des associations à objet principal non sportif, affiliées en mode C3S, y participent régulièrement. Ils travaillent dans des quartiers populaires et, pour eux, la laïcité est un vrai sujet, sur lequel ils ont besoin d’être outillés.

Recueilli par Ph.B.


Télécharger le guide sport et laïcité de l'Ufolep
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