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« Le sport rural, c’est du vivre ensemble »

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Élu de Saint-Viaud (Loire-Atlantique), Roch Chéraud co-anime le groupe « sport » de l’Association des maires ruraux de France.

 

Roch Chéraud, votre commune de Saint-Viaud est située à 17 km de Saint-Nazaire et 40 km de Nantes et compte 2800 habitants. En quoi est-elle représentative du sport en milieu rural ?

Nous ne sommes probablement pas l’exemple le plus représentatif. Après l’implantation dans les années 1980 d’une filiale de Framatome, la taxe professionnelle nous a permis de financer des équipements sportifs à faire pâlir une ville de 10 000 habitants : patinodrome, city-stades, piste de skate, gymnase, deux salles municipales, un terrain en herbe avec tribunes… Je prendrai donc l’exemple de nos voisins de Corsept, seulement dotés d’une salle polyvalente accueillant indifféremment activités sportives et réjouissances locales, et du terrain de foot que, dans l’Ouest, toute commune digne de ce nom se devait de posséder… La "salle po" incarne un sport rural synonyme de vivre ensemble et de lien social. S’y ajoute par ici l’héritage des patronages, avec des dirigeants qui, en raison de leur engagement, ont été invités à intégrer les conseils municipaux, où ils ont ensuite fait émerger les dossiers pour que des équipements sportifs puissent être financés par la collectivité.

Y-a-t-il toutefois une problématique propre aux communes enclavées et à la population âgée ?

Oui : le sport-santé ! Conserver les aînés en bonne santé est un enjeu crucial, renforcé par la désertification médicale. L’activité physique est la meilleure prévention, et nul besoin de beaucoup d’argent ni d’équipements coûteux : on peut créer un parcours santé en faisant appel aux bricoleurs ! Il suffit aussi de se retrouver à deux ou trois pour marcher, pédaler ou courir ensemble.

L’essoufflement de certains clubs peut toutefois pénaliser la pratique…

Il arrive en effet que des clubs disparaissent après le désengagement des dirigeants. Les responsabilités associatives effraient aussi certains. À Saint-Viaud, un groupe de copains voulait faire de la course à pied sans se lancer dans la création d’une association. Ils ont finalement créé une section au sein d’une association Ufolep atypique, dédiée à l’organisation de manifestations caritatives en mémoire d’un champion cycliste prématurément décédé1 : ce genre d’arrangement n’est pas rare. La fusion offre une autre solution, comme pour notre club de basket avec celui de la commune voisine. D’ex-citadins viennent aussi frapper à ma porte en exprimant le souhait de pratiquer telle ou telle discipline. Ce à quoi je réponds : prenez-vous en main, la mairie vous aidera en fonction de ses moyens !

À partir de quelle taille une commune rurale a-t-elle les moyens d’une politique sportive ? Et qu’est-ce qui est du ressort de l’intercommunalité ?

Il n’y a pas de limite, même s’il sera difficile à une commune de 50 habitants d’encourager un sport collectif. D’où l’intérêt de l’intercommunalité. La nôtre réunit 6 communes et 30 000 habitants, avec pour ville phare Saint Brévin-les-pins. Nous avons lancé un projet sportif de territoire pour optimiser nos moyens et rationnaliser les créneaux sportifs. Si nos cinq clubs de foot s’essoufflent, ne faut-il pas envisager des fusions, comme ce fut le cas avec succès pour les clubs d’athlétisme de Paimboeuf et Saint-Brévin ? Les petites communes ont tout intérêt à se rapprocher de leur intercommunalité pour rédiger des projets sportifs de territoire qui, de surcroît, pourront être aidés financièrement par le département.

Les collectivités doivent-elles aussi parfois se substituer aux associations pour développer le sport-santé ?

En ce qui nous concerne, une association rayonne sur tout le pays de Retz à partir d’une maison sport santé agréée : le Poulp’, c’est son nom, intervient aussi en Ehpad et favorise le maintien à domicile. Et, à Saint-Viaud, l’association Vital Gym contribue à conserver en activité physique les personnes d’un certain âge. J’ajouterai que les quelques professionnels de santé présents sur nos territoires sont très attentifs à la prévention et à la mise en place de ce genre de dynamiques locales.

Et comment regarde-t-on les Jeux de Paris 2024 depuis les communes rurales ?

Personnellement, je vois cela comme une grande opportunité d’encourager localement la pratique. C’est pourquoi j’ai motivé mes collègues afin que les 6 communes de notre intercommunalité soient labélisées Terre de Jeux. En juin, nous organisons la Journée olympique avec les enfants des écoles, et nous avons édité un livre sur le sport en sud-estuaire de la Loire. Recueilli par PhB.

(1) L’association F.A.B.R.I.C.E, émanation du fan club de Fabrice Salanson, mort d’un infarctus en 2003.


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