La façon de qualifier les activités atypiques ou méconnues que l’Ufolep propose à ses différents publics fait débat.
Quand à partir des années 1980 des activités « autres » sont venues étoffer les pratiques sportives de l’Ufolep, elles furent appelées « innovantes » en raison de leur nouveauté et surtout de la façon dont elles se distinguaient des disciplines traditionnelles ou s’affranchissaient de leurs codes. Dans le réseau Ufolep, ce vocable renvoie ainsi à des activités identifiées en tant que telles.
« Il apparaît toutefois plus pertinent aujourd’hui de qualifier ces activités d’"alternatives" en ce qu’elles s’attachent à offrir une option différente et souvent plus accessible aux sports classique, avec une dimension éducative et inclusive, suggère Pierre Landry Mercier, chargé de mission multisport à l’Ufolep. Ceci pour les distinguer de disciplines qui visent à créer du neuf grâce à des technologies modernes, comme le eSport ou les courses de drones". »,
« Une innovation constitue un changement profond du cadre de pratique, tandis qu’une nouveauté relève davantage d’une réforme ou d’une adaptation, observe par ailleurs Adil El Ouadehe, en charge du pôle sport société. Lorsqu’un nouveau sport apparaît, il s’inscrit souvent davantage dans le domaine de la diversité, sans modifier le rapport au sport, à l’espace ou au temps. »
Le DTN adjoint de l’Ufolep considère ainsi qu’en dépit de leur image vieillotte et de leur appellation même, « les jeux traditionnels offrent en réalité un terrain idéal pour conjuguer innovation et nouveauté, deux notions particulièrement recherchées par les acteurs de l’animation, du sport et du socio-sport ». Ceux-ci ne permettent-ils pas de « repenser nos cadres de pratique », d’offrir « une nouvelle expérience de la confrontation et du challenge » tout en « favorisant une approche ludique » ?
En attendant que l’académie tranche, on peut aussi identifier les disciplines à caractère éducatif, mixte, inclusif – et relativement confidentielles – qui font l’objet d’un code activité à l’Ufolep : baskin (18 associations déclarant la pratique en activité principale ou secondaire), boomerang (11), double dutch (15), flag (15), floorball (30), kinball (50), korfbal (13), pickleball (7), bike-polo (5), speedball (12), street hockey (7), tchoukball (61), walking football (4).
Tchoukball, kin-ball, floorball, et plus récemment goobak, chase tag, pickleball… L’Ufolep propose une grande variété d’activités dites « innovantes » qui bénéficient d’un code activité dédié ou enrichissent sa palette multisport. Mais quelle place occupent-elles réellement sur le terrain ? Et est-il possible d’asseoir sur celles-ci une pratique de club régulière ?
Quand on l’interroge sur les activités « innovantes », Simon Choisne cite spontanément le kin-ball, sport d’origine canadienne joué avec un ballon énorme et opposant trois équipes, ce qui induit des options tactiques sortant de la sempiternelle opposition binaire. « Le kin-ball permet de travailler la coopération et la communication entre partenaires et de mettre en jeu des personnes d’âge et de profil différents », ajoute le délégué Ufolep de la Sarthe.
Impulsion départementale en Sarthe
En 2009, sa prise de poste a justement coïncidé avec la volonté du comité de développer des « activités innovantes » qui, au fil des ans, le sont devenues un peu moins. « Oui, elles commencent à être connues dans notre réseau, mais restent nouvelles pour celles et ceux qui ne les ont jamais pratiquées et, en l’absence de toute médiatisation, nos publics n’en ont pas la moindre représentation. Ce sont aussi des activités qui ont du sens. Souvent imaginées par des pédagogues ou des enseignants, elles facilitent l’accès à la pratique des personnes qui ne faisaient pas ou plus de sport. »
En Sarthe, une dizaine de structures affiliées proposent ce type d’activités à un public enfant ou adulte. « Il s’agit de cycles de 6 à 7 séances ou d’interventions pendant les vacances scolaires auprès d’associations, de collectivités et de centres sociaux. Parallèlement, nous mettons à disposition du matériel auprès de structures qui animent leurs créneaux de façon autonome avec des éducateurs formés, comme le SOM Multisport du Mans, la Jeunesse sportive d’Allonnes, la communauté de communes Loué-Brûlon-Noyen, un foyer de jeunes travailleurs ou le Centre éducatif de jour Montjoie au Mans », détaille Simon Choisne.
D’autres activités se sont progressivement ajoutées aux deux activités initiales, le kin-ball et le tchoukball, autre jeu de ballon identifiable à son trampoline incliné en guise de but. Pour les animer, le délégué et les éducateurs qui épaulent désormais Simon – quatre équivalents temps plein – s’appuient sur les fiches pédagogiques éditées au niveau national. On y retrouve des sports collectifs (flag-rugby, ultimate, goubak…) et individuels (spikeball, indiaca…) ayant en commun leur caractère accessible et ludique.
« Ne pas être familier d’un sport et de ses règles place chacun au même niveau au départ. Selon le public, nous choisissons aussi une activité selon le thème et l’attitude qu’elle permet de travailler : le kin-ball, où chaque équipe doit faire corps pour porter le ballon, est particulièrement intéressant avec des décrocheurs scolaires ou au sein d’un établissement spécialisé », souligne Simon Choisne. Le comité en possède cinq kits, et autant de tchoukball. Ils sont mutualisés avec l’Usep, les deux activités faisant également partie de la panoplie éducative du sport scolaire.
Enrichir les cycles multisports en Loire-Atlantique
Plus à l’ouest, en Loire-Atlantique, « les activités innovantesenrichissent le programme multisport enfant proposé dans nos associations et nos écoles de sport, et aussi auprès des adultes, notamment au sein des amicales laïques : des créneaux multisports qui concernent 2 800 licenciés, dont 2 000 enfants », précise la directrice départementale de l’Ufolep, Élodie Gouriou. Parmi ces activités figurent le floorball (un dérivé du hockey), le pickleball (déclinaison douce du tennis), le kronum (mi-foot mi-hand) ou le poull ball (jeu de ballon sans contact). Certains des 40 éducateurs et éducatrices départementaux proposent aussi l’intercrosse, ou « crosses québécoises », une discipline introduite à l’Ufolep dès les années 1970-80 et retenue, sous l’appellation « crosse », au programme des Jeux olympiques 2028 à Los Angeles…
« Nos calendriers s’organisent en cycles de 4 séances. Nous nous efforçons de répondre aux souhaits des adhérents, mais nos éducateurs et éducatrices sont aussi force de proposition, en particulier pour les disciplines peu connues », explique Élodie Gouriou. Ces activités sont évidemment adaptées au public. « À titre d’exemple, nous ne proposerons pas du spikeball aux plus petits, qui ont tendance à sauter sur le petit filet où rebondit la balle comme s’il s’agissait d’un trampoline de gymnaste ! En revanche, ce jeu est parfait pour une animation grand public ou un plateau multisport réunissant plusieurs ateliers. »
Côté inclusion des personnes en situation de handicap, le comité de Loire-Atlantique utilise le baskin, émanation handi-valide du basket dont il accompagne le développement depuis plusieurs années (lire p.12). Et dans ses deux Maisons sport santé (Ufo3S), les ateliers équilibre sont volontiers complétés par du pickleball, jeu de raquette adapté aux seniors. Mais cela peut aussi être du floorball, « pas sur un format de match mais d’ateliers de conduite de palet, jusqu’au tir, afin de travailler conjointement la motricité, la maîtrise et l’adresse. » Ces activités sont aussi utilisées pour les animations de proximité dans les quartiers ou les créneaux animés pour les jeunes suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse.
Comme à l’Ufolep Sarthe, les fiches pédagogiques éditées au niveau national sont mises à profit. Elles sont utilisées en formation et diffusées auprès des éducateurs départementaux ainsi que des stagiaires préparant le BP Jeps1. « J’aimerais d’ailleurs qu’il y en ait plein d’autres ! », lance la directrice départementale. Chaque mois, les éducateurs et éducatrices départementaux sont également conviés à un temps de formation spécifique sur un cycle d’activité : « Nous faisons appel pour cela aux collègues expérimentés ou aux membres de clubs affiliés. Cela est ou a pu être le cas pour le kin-ball, le baskin, le pickleball ou le floorball. »
Des activités compétitives ?
En effet, si les « activités innovantes » sont principalement mobilisées de façon ponctuelle parmi le panel multisport de l’Ufolep, elles n’ont pas forcément vocation à rester cantonnées à la découverte. Des passionnés en font aussi une pratique régulière en club. Mais, très vite, se pose alors la question de la confrontation à d’autres équipes, indispensable pour entretenir la motivation et, au-delà, favoriser la pérennité de l’association…
Or, si ces clubs trouvent à l’Ufolep l’appui d’un réseau associatif, une offre assurantielle et les divers avantages de l’appartenance à une fédération agréée – un sésame qui facilite l’obtention de créneaux ou de subventions –, ils n’y rencontrent pas toujours des homologues auxquels se confronter. Affilié depuis une vingtaine d’années et fort d’une centaine de licenciés, le Nantes Floorball est ainsi parallèlement membre de l’association nationale qui organise le championnat où ses équipes sont engagées. « Leurs dirigeants ont voulu élargir la pratique au nord de l’agglomération afin de susciter la création d’autres associations, mais se sont heurtés au manque de créneaux en gymnase : les communes n’en libèrent pas facilement pour des activités confidentielles, d’autant plus que l’offre de sports collectifs traditionnels (hand, basket, volley) est conséquente », explique Élodie Gouriou. Il est d’ailleurs révélateur qu’à Nantes les activités « alternatives » – floorball, kinball, tchoukball, baskin – soient regroupées sur le même gymnase de la Ripossière.
Dans la Sarthe, cet isolement a conduit Le Mans Union Kinball, créé en 2011 dans la foulée du développement de l’activité à l’Ufolep, à quitter la fédération trois ans plus tard. « Trop peu de clubs pratiquant ce type d’activité sur un même territoire, c’est le problème, reconnaît Simon Choisne. Nous essayons de répondre à cela en proposant des rencontres entre nos structures pratiquant le multisport. »
« Je suis lucide, confie de son côté Élodie Gouriou. Quand un sport difficilement cataloguable débarque, en l’absence de fédération référente l’Office municipal des sports de Nantes et les collectivités qui nous connaissent l’orientent vers l’Ufolep. Ce fut le cas du roller-derby, dont la FFRoller ne voulait pas, avant de récupérer l’activité et ses licenciés une fois la pratique plus structurée… C’est aussi ce qui s’est passé avec l’association de pickleball qui, en début de saison, ne s’est pas réaffiliée pour rejoindre la Fédération française de tennis, qui a intégré l’activité depuis janvier 2024. Mais ce n’est pas parce que nous n’organisons pas de championnat ni de tournoi que le pickleball, qui plaît beaucoup, va disparaître de notre panel multisport ! »
Néanmoins, la directrice départementale de Loire-Atlantique aimerait pouvoir proposer au Tchoukball Club Nantais, tout récemment affilié, un rendez-vous national autour de sa discipline. « Ailleurs en France, d’autres clubs de tchoukball sont affiliés à l’Ufolep2, alors pourquoi ne pas imaginer une rencontre nationale ? » Et si, in fine, la dynamique ainsi initiée faisait perdre à l’activité son qualificatif d’« innovante », personne ne s’en plaindrait vraiment. Philippe Brenot
(1) BP Jeps : Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (et son option ALS, activités de loisir sportif).
(2) Parmi les 61 associations déclarant l’activité, 6 s’en réclament dans leur nom : Tchoukball Club Comtois (Doubs), Tchoukball du bout du monde (Finistère), Tchoukball Nantais (Loire-Atlantique), Unis Vers Tchouk (Haute-Vienne), Palmi Tchoukball et Tchouk’Leu (La Réunion).
L’association créé il y a huit ans par Cyril et David Cabanac fédère cyclistes, vététistes, coureurs, triathlètes et jeunes pousses multisports.
Le maillot est à dominante bleu nuit, avec des bandes jaune et ciel entourant quatre lettres capitales : RSSN. RS pour Roquefort et Sarbazan, villages limitrophes situés à 20 km au nord de Mont-de-Marsan ; et SN pour les différents Sports Nature dans lesquels se répartissent les 115 licenciés, du cyclosport au running en passant par le VTT et le triathlon. Plus une école multisport accueillie dans un « cross-park » conçu sur mesure pour l’apprentissage des plus jeunes !
D’une discipline à l’autre. Désormais bien identifié dans les Landes et au-delà, cet élégant maillot est le fruit d’une dynamique initiée à l’origine par deux jumeaux : Cyril et David Cabanac, 47 ans, tous deux artisans peintres en bâtiment à Roquefort.
Dans leur jeunesse, ils ont pratiqué ensemble le vélo de route en compétition avant de bifurquer vers le football « pour le côté sport d’équipe ». La quarantaine approchant, ils se sont ensuite retrouvés sous les couleurs du club d’un village voisin où l’un pratiquait le vélo et l’autre le running. « Mais nous souhaitions élargir encore la palette et favoriser la porosité entre disciplines. Nous avons alors pensé que le mieux était de créer une association à notre idée », expliquent les deux frères.
Cette association, ils la créent en 2017 avec deux Sarbazanais, Renaud et Coline Lendani, père et fille. Et comme promis, les licenciés sont encouragés à passer d’une activité à l’autre, s’ils le souhaitent. « Moi-même, témoigne David, je fais du running et du cyclosport, un peu de VTT, et je participe aussi à des duathlons et à des triathlons en équipe. » Roquefort Sarbazan Sports Nature est aussi un club organisateur e proposera en 2025 « deux courses cyclistes sur route, un cyclo-cross et un trail ».
Encadrement bénévole. L’association est dirigée par un comité directeur de 6 membres et les différents créneaux sont animés de façon bénévole. Le mardi soir, David encadre ainsi les entraînements de course à pied avec Bruno, l’un des 40 pratiquants de l’activité, et le jeudi c’est Ingrid qui prend la relève.
Le jeudi également, d’autres préfèrent le VTT ou la séance de renforcement musculaire, prise en charge par Filipe, expert en préparation physique. Le week-end, place ensuite aux sorties vélo d’entraînement ou aux compétitions, où le groupe de 26 cyclosportifs s’est taillé une belle petite réputation à l’échelle de la région. Quant au groupe de 16 triathlètes, il progresse sous la férule d’Ingrid, avec rendez-vous à la piscine de Mont-de-Marsan pour la natation.
Un cross-park pour l’école multisport. Par ailleurs, le mercredi Cyril et David Cabanac ferment boutique un peu plus tôt que d’habitude : ce jour-là, de 16 h 30 à 18 h, ils animent une école multisport qui, pour sa deuxième année, réunit 42 enfants de 7 à 14 ans répartis en trois groupes de niveau. « Certains souhaiteraient que nous prenions des enfants plus jeunes mais, même sur cette tranche d’âge, nous n’avons pas les moyens de répondre à toutes les demandes », se désolent-ils.
Les installations ont de quoi faire envie : un vrai complexe sportif de pleine nature implanté dans un espace forestier de 1,7 ha, avec structure d’accueil. Le cross-park occupe un terrain cédé par la commune de Roquefort et a été réalisé avec les 100 000 € de l’appel à projet départemental dont l’association a été lauréate en 2019. Les enfants s’initient ainsi en toute sécurité au VTT, à la course à pied, à l’orientation, et expérimentent les disciplines combinées avec le tir à l’arc et au pistolet à billes. « À nous de trouver le bon dosage pour qu’ils souhaitent revenir et, plus âgés, poursuivent dans leurs pratiques. » Et contribuent ainsi à pérenniser le club ! Ph.B.
Vidéo : à la découverte du cross-park
Directeur de l’Ufolep Finistère, Olivier Rabin détaille les trois grands axes du partenariat entre son comité et la Ville de Brest : santé, animation locale et cohésion sociale.
« L’Ufolep Finistère est d’abord partenaire de la Ville de Brest à travers sa Maison sport santé et ses bientôt 5 antennes : en clinique, dans une maison de quartier et dans des patronages laïques municipaux, où le programme À Mon Rythme est déployé auprès de personnes en vulnérabilité sociale. Nous finalisons aussi une convention avec les services Promotion santé et Sport pour toucher plus largement ce public.
Parallèlement, l’Ufolep est associée au Festival des sports urbains, dit Urban Zone, dont la 4e édition s’est déroulée du 12 au 16 février aux Ateliers des Capucins, un ancien site de construction navale. L’Ufolep co-organise cet évènement d’ampleur (40 000 personnes l’an passé) qui intègre un UfoStreet.
Enfin, une Caravane des Sports et de la Citoyenneté sera lancée en avril.Ce projet relevant de la politique de la Ville a permis de financer une camionnette, du matériel et deux emplois à l’Ufolep. Il a émergé au lendemain des émeutes de juin 2023, lors desquelles les locaux de l’Ufolep Finistère ont été incendiés. Cette caravane visitera des villes comme Morlaix, Quimper ou Concarneau, ainsi que des villages ruraux, mais aussi et surtout les quartiers de Brest, en collaboration avec le service Sport et Quartiers, afin de mutualiser les moyens humains, matériels et de communication. La Ligue de l’enseignement interviendra parallèlement sur la vulgarisation numérique, les problématiques de harcèlement et la prévention des conduites violentes. »
À la tête de l’Association nationale des élus du sport, Patrick Appéré, adjoint au maire de Brest, a initié la campagne « entretenons la flamme de Paris 2024 » face à la réduction annoncée du budget de l’État. Il évoque également le partenariat entre la Ville de Brest et l’Ufolep Finistère.
Patrick Appéré, le Stade Brestois brille en Champions League et les handballeuses jouent les premiers rôles en France et en Europe. Quel impact cela a-t-il sur la politique sportive municipale ?
C’est de l’ordre du rayonnement pour la ville, et une fierté pour nos concitoyens. Cela donne aussi envie de faire du sport, d’autant plus que ces clubs incarnent l’esprit brestois : jouer collectif et « mouiller le maillot ». Mais le fait qu’ils disputent la Coupe d’Europe n’a rien changé au montant des subventions municipales. Concernant le Brest Bretagne Handball, j’insisterai plutôt sur l’importance qu’a eu la construction d’une Arena de 4 500 places qui permet d’aller chercher des partenaires privés.
Quelles sont les grandes lignes de votre politique sportive ?
Nommé adjoint au sport en 2008, ma première initiative a été demander à l’UFR Staps de Brest une étude afin d’identifier les attentes des publics et les freins à la pratique. Nous avons défini un premier axe autour de la cohésion sociale et du vivre-ensemble, et créé un service Sports dans les quartiers. Celui-ci mène des actions d’éducation par le sport et d’animation de l’espace public, avec un objectif d’inclusion et de mixité sociale et un travail sur l’accessibilité mené avec les clubs.
Un deuxième axe porte sur la santé et le rôle essentiel de l’activité physique dans les thérapies et en prévention primaire. À cette occasion nous avons notamment découvert que le service oncologie du CHU possédait une salle de sport pour les patients atteints de cancer. Nous avons réuni tout le monde et élaboré une convention Mairie-CHU-Métropole-fac de médecine et Staps pour coordonner nos actions et lancé un programme Bouger pour Guérir, qui se poursuit en partenariat avec l’Ufolep et les actions de sa Maison sport santé vers le grand public.
Enfin, au quotidien, nous menons des actions en direction des publics cibles que sont les jeunes, les familles ou les seniors.
L’Ufolep est présente à Brest à travers les sections sportives des patronages laïques. Plus largement, en quoi est-elle un partenaire pour la Ville ?
Elle l’est justement en matière de santé et de sport sur ordonnance. Forte de ses programmes nationaux, l’Ufolep a joué un rôle de trait d’union entre les personnels de santé et les clubs quand nous n’arrivions pas à trouver comment faire ensemble. Les médecins ont naturellement orienté leurs patients vers l’Ufolep, qui sait accueillir les personnes éloignées de la pratique sportive.
Quelle est la vocation de l’Association nationale des élus du sport, que vous présidez depuis 2021 ?
L’ANDES est un lieu de débat, de partage d’expériences et d’échange de bonnes pratiques entre élus du sport, et une interlocutrice pour les fédérations sportives. Notre vocation est de trouver les « complicités » entre le mouvement sportif et les acteurs qui financent le sport, en notamment sur les équipements structurants et l’emploi dans le sport. C’est ce qui nous préoccupe aujourd’hui.
Pourquoi ?
Les équipements structurants reposent sur des financements croisés : ville, conseil départemental et région, et éventuellement l’État. Le report de la dette de celui-ci sur les collectivités va inévitablement peser sur la construction et la rénovation de ces équipements. L’autre sujet de préoccupation concerne les emplois aidés, devenus indispensables pour encadrer les activités et initier des actions. Trop souvent, les clubs doivent se séparer de ces jeunes quand cessent ces subventions. Tout s’arrête brusquement, alors qu’on présente le sport comme la solution à tous les problèmes : santé, obésité, cohésion dans les quartiers, insertion sociale… Les emplois jeunes, d’une durée de cinq ans, donnaient davantage de temps pour trouver des solutions. On a aussi vu les difficultés des clubs au lendemain des Jeux olympiques et paralympiques : outre le manque de créneaux, ils n’avaient pas les moyens humains de répondre à la demande et des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes sont restés à la porte. Un cauchemar, alors qu’un euro investi dans le sport en fait économiser treize aux finances publiques !
Au Salon des maires, l’ANDES a défendu le principe de 1 % du budget national consacré au sport. Puis elle a lancé en janvier la campagne « Ensemble, entretenons la flamme de Paris 2024 », auquel a fait écho le « Carton rouge à Bercy » du Mouvement sportif…
La part du budget consacrée au sport est aujourd’hui de 0,18 % et ce chiffre de 1 % est un totem indexé sur la part accordée à nos amis de la Culture. Il est assorti de la date de 2030, avec l’idée d’un cheminement. Il s’agissait d’alerter sur la réalité du financement du sport par l’État. Ce n’est pas nous qui creusons la dette ! Les maires et les parlementaires présents au Salon ont très bien reçu notre interpellation et beaucoup d’élus ont accroché le badge revendicatif au revers de leur veste. Ensuite, quand Bercy a joué ce coup fourré avec un amendement gouvernemental de dernière minute au Sénat, introduisant une restriction supplémentaire de 34 millions, nous avons publié notre tribune. Elle a contribué à une mobilisation qui a réuni l’ensemble du Mouvement sportif, des centaines de champions, les collectivités territoriales et le monde économique. On verra comment tout cela se terminera1, mais au moins avons-nous jeté les bases d’une prise de conscience.
Si la réduction du financement du sport par l’État est confirmée au niveau annoncé, quel impact cela aura-t-il sur votre politique sportive municipale ?
À Brest, nous avons en projet la construction d’un stade et d’un gymnase à 15 millions. Ces équipements qui seront en partie utilisés par les scolaires exigent des financements croisés avec la région (en charge des lycées) et le département (collèges). Si demain ces collectivités sont ponctionnées par l’État, ces projets pourraient être remis en cause. Concernant ensuite les subventions accordées aux clubs et associations, en Finistère et en Bretagne les collectivités s’efforceront de maintenir les budgets sportifs. Préserver les moyens de fonctionnement, et un peu d’évènementiel.
Concernant les évènementiels, il existe un projet de convention entre l’ANDES et l’Ufolep autour du Playa Tour…
L’idée est de faciliter la mise en contact des comités Ufolep et des communes intéressées par l’accueil de cette tournée d’envergure nationale. Au-delà, une convention permet toujours de mieux se connaître et d’avancer ensemble !
Pour finir, quels rapport l’ANDES entretient-elle avec l’Associations des maires de France et celle des maires ruraux (AMRF) ?
Ces structures sont généralistes quand nous sommes spécialisés. Nous partageons nos analyses, comme je le fais au sein de l’Agence nationale du sport avec David Lazarus, co-président du groupe de travail sport de l’AMF. Avec un souci commun, développer le sport et la pratique physique.
Propos recueillis par Philippe Brenot
(1) Le coup de rabot supplémentaire de 34,3 millions d’euros que le gouvernement Bayrou voulait appliquer au sport ne figurait plus dans la loi de finances finalement adoptée par l’Assemblée nationale début février.
Après une vingtaine d’ouvrages consacrés aux héros du Tour de France, Jean-Paul Vespini s’est intéressé à un cycliste surtout connu pour sa saga des Rougon-Macquart et son fameux J’accuse. Zola à bicyclette dévoile une facette méconnue de l’auteur de Germinal. Tout en entrelaçant le récit de cette passion vélocipédique et celui des dix dernières années de la vie d’Émile Zola – qui meurt le 29 septembre 1902 à l’âge de 62 ans, asphyxié par la cheminée de sa maison de Médan (Yvelines) –, Jean-Paul Vespini restitue cette fin de siècle où les têtes couronnées, les écrivains et les artistes s’entichent d’une « petite reine » à l’industrie naissante et encore hors de prix pour les classes laborieuses. En revanche, les préoccupations sanitaires sont déjà présentes et, pour le robuste Zola, pédaler est aussi un remède contre l’embonpoint et les palpitations. Jean-Paul Vespini termine par cette information touchante : deux jours avant sa mort, la dernière prose du plus célèbre écrivain de son temps est une courte lettre où il demande qu’« à partir du numéro du lundi 30 septembre » son exemplaire quotidien du Vélo soit adressé à son domicile parisien. Ph.B.
« Aujourd’hui j’ai 81 ans, je ne marche plus, j’ai perdu l’usage de la parole, j’ai des difficultés pour avaler et ma respiration sera bientôt atteinte. La dernière vague est en approche mais je ne vais pas lâcher maintenant, je vais raconter mon histoire. » Ainsi s’ouvrent des mémoires tapés avec deux doigts et enrichis des propres articles de Charles Biétry et de témoignages de confrères qui lui doivent souvent en partie leur carrière.
Après avoir rêvé jusqu’au Bataillon de Joinville d’une carrière de gardien de but, Charles Biétry fut le jeune journaliste de l’AFP qui annonça au monde entier la mort tragique des sportifs israéliens pris en otage lors des Jeux olympiques de Munich 1972. Mais il restera surtout celui qui, à partir de 1984, révolutionna à Canal + le traitement du sport à la télé en diffusant, entre autres, la Ligue 1 de football et le basket NBA : une révolution qui résidait aussi dans l’art de la mise en scène et la qualité du commentaire. Par la suite, Charles Biétry fut PDG d’Eurosport, président du Paris-Saint-Germain, et exerça diverses responsabilités à TF1, France Télévisions, L’Équipe TV et BeIn Sport.
Sans jamais s’apitoyer sur son sort, Charles Biétry use de la métaphore de la vague pour suggérer l’inexorable avancée de la maladie et introduire les chapitres racontant les coulisses d’un demi-siècle de spectacle sportif. Un grand pro, jusqu’à la fin. Ph.B.
« En 1967, j’avais 9 ans et j’habitais à Verdun-sur-Garonne, au cœur de l’Ovalie, le pays du rugby, ce sport merveilleusement complexe et plein d’amour », confie le scénariste de bande dessinée Jean Louis Tripp en exergue des Vents ovales, trilogie co-écrite avec sa cadette Aude Mermilliod. Le rugby n’est toutefois que l’arrière-plan d’un récit dont les deux premiers tomes ont pour trame l’émancipation de deux jeunes femmes dans une société encore corsetée par les conventions et les rapports de classe. Le troisième volume, lui, se focalisera sur l’écho rencontré par Mai 68 dans cette France rurale, symbolisé par l’occupation du stade d’un des villages rivaux au centre de cette tendre chronique. À noter : le tome 1 a obtenu le prix Bibliotèca du meilleur ouvrage de rugby.
Les volontaires des Jeux olympiques et paralympiques de Paris avaient déjà souvent une solide expérience d’engagement associatif dans le monde sportif et beaucoup étaient diplômés de l’enseignement supérieur, avec une mobilisation très forte des Franciliens. C’est ce qui ressort de l’enquête Injep publiée mi-janvier. Si la répartition par âge est assez proche de celle de la population française et la parité femmes/hommes respectée, les plus jeunes sont surreprésentés parmi les volontaires ayant participé aux seuls JO (35 % de 20-29 ans), tandis que les plus de 60 ans le sont (38 %) parmi ceux ayant cumulé Jeux olympiques et paralympiques. 97 % des volontaires se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur expérience et 70 % souhaitaient se (ré)engager dans une association sportive dans l’année.
Côté public, sept personnes de 15 ans et plus sur dix ont regardé au moins une compétition des Jeux olympiques, quel que soit le support (télé, ordinateur, tablette, smartphone), la proportion étant de six sur dix pour les Paralympiques. Les hommes, les plus diplômés, les 15-24 ans et les 70 ans et plus ont été les plus nombreux à suivre les Jeux de façon très régulière, tout comme les pratiquants d’une activité sportive ou les habitués des compétitions télévisées. Pour autant, près de trois personnes sur dix ne suivant habituellement aucun grand évènement sportif ont regardé régulièrement ou chaque jour les Jeux de Paris 2024. Ceci de manière plus intensive pour les JO, même si près de la moitié des personnes les ayant suivis très attentivement ont maintenu cette attention soutenue pour les Paralympiques : seul un « féru » des JO sur dix n’a pas du tout suivi ces derniers.
Selon une enquête flash réalisée en novembre 2024 par l’Injep auprès de 45 fédérations sportives, le nombre de licences est en hausse de 5 % sur un an : une proportion supérieure à celle enregistrée depuis Athènes 2024 au lendemain des Jeux olympiques et paralympiques. Moins directement concernée par les exploits des athlètes français l’été dernier, l’Ufolep enregistre pour sa part une progression de 6,7 %. Le tennis de table (+ 23 %) a visiblement capitalisé sur les exploits des frères Lebrun, et le badminton (+ 19 %) sur les titres de Lucas Mazur et Charles Noakes en parabadminton. La FF handisport affiche par ailleurs une hausse de 11 %, notamment chez les filles et les femmes, possiblement en lien avec les performances d’Aurélie Aubert en boccia. Alors qu’en dépit des exploits de Léon Marchand la natation affiche une quasi-stagnation – probablement en raison de la saturation des piscines – l’escrime (+ 19 %), le tir à l’arc (+ 15 %) et le taekwondo (+ 13 %) sont les autres grandes gagnantes de Paris 2024. L’enjeu pour ces fédérations sera de faire perdurer cet engouement, la FF escrime ayant en effet reperdu une grande partie de ses nouveaux licenciés dès l’année suivante lors des précédentes olympiades.
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