X
Accueil  /  Actualités

Actualités

Sport rural : en Creuse, le sillon de la multiactivité

Dossier_p15_Creuse_escrime_école_sport.jpg

Sur un territoire où la densité de population est de 21 h/km2, l’Ufolep développe son maillage en jouant la carte multisport, explique la directrice départementale, Véronique Michnowsky.

« Dans notre département très rural, la vie associative est d’autant plus développée que les villages sont isolés. Des comités des fêtes aux associations de parents, une myriade d'associations sont impliquées dans le sport et la culture. Il y a vingt ou trente ans, cette vie associative s'appuyait principalement sur les amicales laïques. Les complexités de gestion propres à leur statut ont entraîné leur déclin – il n'en reste que trois ou quatre –, mais au sein de l'Ufolep ce tissu associatif s'est maintenu sous la forme d’une multiactivité tout public. »

Volontarisme. « Nos bassins de population sont peu nombreux et modestes : Guéret, La Souterraine, Aubusson, et dans une moindre mesure Boussac, Bourganeuf et Auzances. Le reste, ce sont des villages de 200 à 500 habitants, et beaucoup d’autres qui atteignent à peine les 50. Mais les élus sont très actifs et le conseil départemental lutte contre cet isolement, en favorisant par exemple la pratique "petite enfance" ou en s’appuyant sur des clubs d'échecs ou de tricot pour proposer au public senior de l'activité physique adaptée tournée vers l’équilibre et la mémoire. »

Tous publics. « Autrefois essentiellement monodisciplinaires, tournées vers la compétition et très genrées – vélo pour les hommes, gym pour les femmes – nos associations ont élargi leur offre et leurs publics. Aujourd'hui, les clubs cyclistes sur route n'accueillent pas seulement des compétitrices : ils proposent aussi du VTT, créent des écoles de vélo, interviennent dans les écoles et les instituts médico-éducatifs (IME), ou bien encore s’ouvrent à la randonnée pédestre. »

Animateurs départementaux. « Il y a vingt ans, je fus la première salariée à temps plein de l'Ufolep, avec une double mission d’éducatrice sportive et d’agent de développement, mission qui s’est d’abord focalisée sur les regroupements d’assistantes maternelles (RAM) et les centres de loisirs. Aujourd'hui, je suis épaulée par une secrétaire et 7 éducateurs sportifs. Ils et elles interviennent auprès de 45 RAM, crèches et centres de loisirs, 9 écoles de sport, 2 associations multisports adultes, 10 structures accueillant des personnes en situation handicap, 2 collèges (à Guéret) et une maison sport santé. »

Professionnels et bénévoles. « À partir de l’activité auprès de laquelle il intervient – par exemple de la zumba pour une asso de gymnastique –, notre éducateur sportif va aussi faire découvrir le step, le swiss ball ou le pound (lire page 22). Il proposera ensuite de sortir prendre l’air pour essayer la marche nordique, et peut-être aussi le tir à l’arc… Cette "extension du domaine sportif" pourra déboucher sur une pratique enfant ou plus masculine, en cassant les codes genrés de l'activité. L’idée est de former ensuite des bénévoles qui puissent prendre le relais, sachant que nous apportons parallèlement une aide au suivi statutaire, à la gestion et à la formalisation des demandes de subventions. Là aussi, nous les amenons vers des formations : rôle du dirigeant, gestion de fonds... Nos éducateurs donnent aussi un coup de main pour les petits évènementiels qui permettent à l’association de se faire connaître. Le schéma où le professionnel reste animer un cours ou un entraînement et où des bénévoles se chargent des autres vaut autant pour les activités de la forme que le tennis de table, le cyclisme ou la moto. »

Maillage territorial. « Nous réunissons environ 5500 pratiquants parmi 140 associations : précisément 2500 licenciés et 3000 titulaires d’Ufopass pour le public des structures qui n'ont pas le statut de club sportif. Parmi elles figurent beaucoup de collectivités, comme lorsqu’une association de parents d'élèves est à l’origine d’une école de sport où intervient un éducateur départemental : nous conventionnons alors avec la mairie. Ces statistiques sont la traduction d’un maillage territorial resserré, sans "zones blanches". On peut également citer ces deux autres chiffres très parlants : nos 7 éducateurs sportifs effectuent plus de 150 000 km par an pour dispenser 7 000 heures d’encadrement. » Ph.B.

Les événementiels impriment la marque Ufolep

« Nos éducateurs sportifs consacrent une partie de leur temps à des évènementiels montés avec les collectivités pour attirer de nouveaux publics : par exemple une animation UfoStreet, avec un enjeu d’insertion et l’objectif sous-jacent de rapprocher ce public non fédéré de nos associations ; ou bien une action menée avec l’une d’elles. Nous avons aussi pour principe d’accueillir chaque année un évènement national, vitrine de notre identité multisport : le Playa Tour en 2019, le National de pétanque l'an passé, le Super Trophée de France de motocross cette année, et un UfoNature en avril prochain à Guéret, avec l’ambition de réunir 2000 à 3000 personnes. Cela permet de faire connaître les différentes facettes de l’Ufolep à ceux qui, en interne comme en externe, nous connaissent à travers l’activité qui les concerne, et de mobiliser les bénévoles au-delà de leur sport de prédilection. »



« Le sport rural, c’est du vivre ensemble »

Dossier_portrait_Roch_Chéraud_maire_St_Viaud_44.jpg

Élu de Saint-Viaud (Loire-Atlantique), Roch Chéraud co-anime le groupe « sport » de l’Association des maires ruraux de France.

 

Roch Chéraud, votre commune de Saint-Viaud est située à 17 km de Saint-Nazaire et 40 km de Nantes et compte 2800 habitants. En quoi est-elle représentative du sport en milieu rural ?

Nous ne sommes probablement pas l’exemple le plus représentatif. Après l’implantation dans les années 1980 d’une filiale de Framatome, la taxe professionnelle nous a permis de financer des équipements sportifs à faire pâlir une ville de 10 000 habitants : patinodrome, city-stades, piste de skate, gymnase, deux salles municipales, un terrain en herbe avec tribunes… Je prendrai donc l’exemple de nos voisins de Corsept, seulement dotés d’une salle polyvalente accueillant indifféremment activités sportives et réjouissances locales, et du terrain de foot que, dans l’Ouest, toute commune digne de ce nom se devait de posséder… La "salle po" incarne un sport rural synonyme de vivre ensemble et de lien social. S’y ajoute par ici l’héritage des patronages, avec des dirigeants qui, en raison de leur engagement, ont été invités à intégrer les conseils municipaux, où ils ont ensuite fait émerger les dossiers pour que des équipements sportifs puissent être financés par la collectivité.

Y-a-t-il toutefois une problématique propre aux communes enclavées et à la population âgée ?

Oui : le sport-santé ! Conserver les aînés en bonne santé est un enjeu crucial, renforcé par la désertification médicale. L’activité physique est la meilleure prévention, et nul besoin de beaucoup d’argent ni d’équipements coûteux : on peut créer un parcours santé en faisant appel aux bricoleurs ! Il suffit aussi de se retrouver à deux ou trois pour marcher, pédaler ou courir ensemble.

L’essoufflement de certains clubs peut toutefois pénaliser la pratique…

Il arrive en effet que des clubs disparaissent après le désengagement des dirigeants. Les responsabilités associatives effraient aussi certains. À Saint-Viaud, un groupe de copains voulait faire de la course à pied sans se lancer dans la création d’une association. Ils ont finalement créé une section au sein d’une association Ufolep atypique, dédiée à l’organisation de manifestations caritatives en mémoire d’un champion cycliste prématurément décédé1 : ce genre d’arrangement n’est pas rare. La fusion offre une autre solution, comme pour notre club de basket avec celui de la commune voisine. D’ex-citadins viennent aussi frapper à ma porte en exprimant le souhait de pratiquer telle ou telle discipline. Ce à quoi je réponds : prenez-vous en main, la mairie vous aidera en fonction de ses moyens !

À partir de quelle taille une commune rurale a-t-elle les moyens d’une politique sportive ? Et qu’est-ce qui est du ressort de l’intercommunalité ?

Il n’y a pas de limite, même s’il sera difficile à une commune de 50 habitants d’encourager un sport collectif. D’où l’intérêt de l’intercommunalité. La nôtre réunit 6 communes et 30 000 habitants, avec pour ville phare Saint Brévin-les-pins. Nous avons lancé un projet sportif de territoire pour optimiser nos moyens et rationnaliser les créneaux sportifs. Si nos cinq clubs de foot s’essoufflent, ne faut-il pas envisager des fusions, comme ce fut le cas avec succès pour les clubs d’athlétisme de Paimboeuf et Saint-Brévin ? Les petites communes ont tout intérêt à se rapprocher de leur intercommunalité pour rédiger des projets sportifs de territoire qui, de surcroît, pourront être aidés financièrement par le département.

Les collectivités doivent-elles aussi parfois se substituer aux associations pour développer le sport-santé ?

En ce qui nous concerne, une association rayonne sur tout le pays de Retz à partir d’une maison sport santé agréée : le Poulp’, c’est son nom, intervient aussi en Ehpad et favorise le maintien à domicile. Et, à Saint-Viaud, l’association Vital Gym contribue à conserver en activité physique les personnes d’un certain âge. J’ajouterai que les quelques professionnels de santé présents sur nos territoires sont très attentifs à la prévention et à la mise en place de ce genre de dynamiques locales.

Et comment regarde-t-on les Jeux de Paris 2024 depuis les communes rurales ?

Personnellement, je vois cela comme une grande opportunité d’encourager localement la pratique. C’est pourquoi j’ai motivé mes collègues afin que les 6 communes de notre intercommunalité soient labélisées Terre de Jeux. En juin, nous organisons la Journée olympique avec les enfants des écoles, et nous avons édité un livre sur le sport en sud-estuaire de la Loire. Recueilli par PhB.

(1) L’association F.A.B.R.I.C.E, émanation du fan club de Fabrice Salanson, mort d’un infarctus en 2003.



Sport rural : synergie avec l’Usep dans le Gers

Dossier_minibus_Gers.jpg

« Disciplines phares du sport gersois, rugby, football, basket et pétanque sont majoritairement pratiquées en "fédération", explique le délégué Ufolep-Usep, Simon Duran. Nos éducateurs départementaux sont en revanche très présents dans les centres de loisirs et les écoles, voire les collèges, pour y faire découvrir d’autres disciplines, avec cette année une forte coloration olympique et paralympique : escrime, tir à l’arc, badminton, basket-fauteuil, boccia... Ce choix reflète une synergie Ufolep-Usep favorisée par le partage de mon temps entre de nos deux fédérations. Nos trois apprentis BP Jeps1 ont aussi des missions partagées, ainsi que les deux éducateurs départementaux, qui toutefois restent principalement Ufolep. Par exemple, une intervention en temps scolaire avec l’Usep pourra se prolonger après la sonnerie en Ufolep.

Cette synergie se retrouve dans la promotion du Savoir Rouler à Vélo. Nous utilisons un matériel commun dans les écoles et les centres de loisirs et nous sollicitons toujours l’appui des éducateurs de nos clubs cyclistes, comme tout récemment à Condom. Pour ces interventions, nous utilisons un minibus que nous mettons également à disposition de nos associations, rurales ou non, pour leur déplacement sur des rassemblements régionaux ou nationaux. » Ph.B.



Sport rural : voies cyclables, l’autre fracture ville-campagne

Dossier_p14_encadré_vélo.jpg

« J’irai bien à vélo, mais les voitures ne font pas attention » : sous ce titre-citation, Le Monde du 19 août pointait le manque de voies cyclables à la campagne, où le vélo a longtemps été davantage considéré comme un loisir que comme un moyen de se déplacer au quotidien. Si voies protégées et véloroutes fléchées de vert ont fleuri ces dernières années, elles se prêtent surtout à la découverte touristique. Pour se rendre à la gare ou à son lieu de travail, c’est une autre histoire !

« C’est un vrai problème, reconnaît Roch Chéraud, élu de l’Association des maires ruraux de France, qui en plus de son mandat de maire de Saint-Viaud Loire-Atlantique) assume la compétence mobilité au sein de sa communauté de communes. Nous discutons justement de la création d’une voie verte. Mais c’est compliqué : si, il y a 50 ans, le vélo était très utilisé par les ruraux pour se déplacer, la voiture a désormais pris une telle place ! Nos concitoyens ont beau demander des parcours sécurisés, on ne peut pas faire des chaussées douces partout, ni des pistes cyclables, qui par ailleurs reviennent cher du mètre linéaire et seront demain plus difficiles à implanter avec le principe de zéro artificialisation nette. Il faudrait un grand plan de pistes cyclables financé à l’échelle nationale ! » Ph.B.



Sport rural : l’Ufolep, enracinée dans les territoires

Dossier_p13_UfoNature_SJ_Estissac_2019.jpg

Au regard de la domiciliation de ses 320 000 licenciés et adhérents, l’Ufolep est présente dans deux communes sur trois.

Bien que la force de son implantation soit diverse d’une région ou d’un département à l’autre, l’Ufolep est l’une des fédérations les mieux représentées dans les villages, les bourgs et les petites villes : l’héritage d’un réseau tissé sous la IIIe République, en lien avec l’engagement citoyen et laïque de la Ligue de l’enseignement. Sa double vocation loisir et santé explique également l’enracinement de ses 7 120 associations sur des territoires parfois trop peu densément peuplés pour accueillir des clubs tournés vers l’excellence et la compétition. À travers ses 320 000 licenciés et adhérents, elle est ainsi présente dans environ les deux tiers des 34 945 communes françaises recensées au 1er janvier 2023.

Au-devant des publics. L’Ufolep a également fait preuve de sa capacité à aller au-devant des publics à travers des évènementiels qui visitent villes et campagnes : le Playa Tour, qui fait volontiers étape sur les plans d’eau ruraux, ou le dispositif UfoStreet, qui ne se cantonne pas aux quartiers « politique de la ville » (QPV) mais s’adresse aussi aux jeunes des « zones de revitalisation rurale » (ZRR), comme en Eure-et-Loir. Déployé l’an passé à Autun (Saône-et-Loire) et Guérigny (Nièvre), l’UfoNature est pour sa part résolument champêtre et associe le temps d’un week-end cross-country et activités de plein air : randonnée pédestre, VTT, etc.

Sport-santé. Le bien-être et la santé sont aujourd’hui un autre axe de cette présence forte de l’Ufolep en milieu rural. Historiquement identifiées comme activités physiques d’entretiens, celles dites aujourd’hui « de la forme » ont depuis rajeuni leur image et se sont diversifiées. Dans le même temps, les équipes départementales se sont étoffées d’éducateurs et d’éducatrices formés aux activités physiques adaptées. Les Maisons sport santé (Ufo3S) ont également vocation à se développer en milieu rural, en s’appuyant sur l’expérience de celle de Marcigny, en Saône-et-Loire. Autre initiative : le « Moove Truck » des Vosges qui va au-devant des publics les plus éloignés de la pratique, culturellement et géographiquement.

Équipements mobiles. Enfin, dans le cadre du plan gouvernemental des « 5000 équipements » sportifs de proximité, l’Ufolep a proposé le déploiement d’équipements mobiles que plusieurs comités ont acquis en bénéficiant de subventions de l’Agence nationale du sport. Ils les utilisent pour créer l’évènement en zone rurale, comme l’été dernier en Tarn-et-Garonne. Ph.B.



Le sport rural, un enjeu social

Dossier_p9_ouverture_Creuse_gymnastique_sardentaise.jpg

Comment faire rayonner Paris 2024 jusque dans la France des villages ? L’an prochain, l’Ufolep coordonnera des centaines d’évènements pour entraîner dans la dynamique olympique des territoires ruraux qui se sentent parfois délaissés. Et rappeler au passage l’enjeu social qu’y revêt l’activité sportive.

Même dans les campagnes les plus reculées, nul ne saurait ignorer que Paris accueillera l’été prochain les Jeux olympiques et paralympiques. Chacun sait également qu’en plus des joyaux du sport français que sont le Stade de France, l’aréna de Bercy ou le central de Roland-Garros, des lieux emblématiques de la capitale serviront d’écrin aux épreuves : la tour Eiffel, la place de la Concorde, les berges de la Seine, l’esplanade de l’Hôtel de Ville*… Quel décor ! Quel spectacle pour les milliards de téléspectateurs et les centaines de milliers de touristes accourus du monde entier !

Mais comment la France des villages envisage-t-elle ces festivités ? Derrière leur récepteur, les téléspectateurs ruraux se sentiront-ils partie prenante de l’évènement ? Ou bien ces projecteurs braqués une fois de plus sur Paris ne feront-ils que renforcer le malaise des campagnes ? Un malaise né d’un sentiment d’éloignement, voire d’abandon, nourri par le repli des services publics, la fermeture d’écoles, le dépérissement des commerces de proximité, la progression des déserts médicaux et la déshérence de certains terrains de sport...

Tour de France des villages

Voilà pourquoi, d’avril à octobre, 300 à 500 évènements sportifs devraient être organisés en milieu rural, en écho aux Jeux olympiques et paralympiques et avec pour points d’appui les communes de moins de 1500 habitants. Tel est le souhait du ministère des Sports qui, dans le cadre de la désignation du sport et de l’activité physique comme « grande cause nationale 2024 », a proposé à l’Ufolep de coordonner ce projet. Encore en gestation, ce « Tour de France des villages » réunira dans son comité de pilotage d’autres fédérations multisports, des mouvements associatifs, des élus locaux, des acteurs économiques et des personnalités à forte notoriété1. L’idée est que ces animations, inspirées à la fois du dispositif UfoStreet, des caravanes multisports des comités départementaux et des évènements UfoNature associant cross, randonnée, marche nordique et VTT, puissent aussi avoir un impact à long terme sur la pratique sportive dans les campagnes. Ceci en misant, kits de matériel à l’appui, sur des offres ciblées sur les enfants (écoles de sport), les adultes (associations multisports) et les seniors (pratique adaptée), mais aussi la pratique intergénérationnelle. Au-delà de la qualité et du succès public de ces évènements, l’enjeu est en effet de dynamiser ou redynamiser la vie sportive et associative en milieu rural.

Inégalités et différences

Selon le Portrait social de la France2, millésime 2022, les ruraux pratiquent en effet sensiblement moins que les urbains : 60% contre 67%. Cette inégalité (qui se retrouve aussi, et de manière plus aigüe, dans les autres pratiques culturelles dites « extérieures » comme la fréquentation des bibliothèques, des musées et des cinémas) met en évidence la question de l’accès aux équipements et les problèmes de mobilité, encore renforcés par le renchérissement du coût de l’essence.

Les motivations des pratiquants sont également sensiblement différentes : quand les urbains citent d’abord l’entretien et l’apparence physique, les ruraux mettent en avant « le contact avec la nature » et « la rencontre avec les autres ».

D’après l’étude Sport dans la ville publiée en 20213, les ruraux sont également moins satisfaits (42%) de la politique sportive de leur commune que les urbains (59%) et d’équipements qu’ils jugent également à 60% « vieillissants, très vieillissants ou dépassés » (contre 53% pour l’ensemble des Français). Et, parmi les installations dont ils ne disposent pas et souhaiteraient profiter, ils citent les piscines, les sentiers de randonnée et les pistes cyclables.

Faut-il pour autant parler de sous-équipement des campagnes ? En 2017, le Journal des Maires relevait dans un dossier « sport » que les territoires ruraux possédaient malgré tout 27% de l’ensemble des installations, tous types confondus, et que leur présence était corrélée à l’importance de la population : 85% des communes de moins de 100 habitants et 58% de celles de moins de 250 habitants ne disposaient ainsi d’aucun équipement. Tout aussi logiquement, lorsque ceux-ci existent, « ils affichent un taux d’utilisation plus faible qu’en milieu urbain et périurbain ». En outre, si le manque d’installations couvertes freine la pratique pluri-saisonnière, la pratique d’intérieur non compétitive n’exige pas d’infrastructures spécifiques et peut être accueillie dans la salle polyvalente, voire sous le préau de l’école communale.

Nouveaux publics

Le même Journal des Maires s’intéressait également aux « nouveaux publics » en constatant que « les politiques sportives des territoires ruraux sont souvent tournées vers les scolaires et moins vers la population plus âgée », alors que les seniors « sont de plus en plus nombreux à pratiquer une activité physique et sportive » et que « leurs besoins peuvent aisément être pris en compte ». Enfin, « de leur côté, les néoruraux restent souvent en attente d’une qualité d’offre sportive comparable à celle présente en milieu urbain ». Mais comme ces observations datent déjà de six ans, il est permis de penser que les choses ont évolué depuis.

C’est le sentiment de Clément Prévitali, directeur de l’Asept Franche-Comté-Bourgogne, une association de santé publique liée à la Mutuelle sociale agricole4 qui utilise l’activité physique et sportive à des fins de prévention auprès des retraités. Auteur en 2014 d’un ouvrage sur Le sport à la campagne5, Clément Prévitali y observait alors que, faute du renouvellement des dirigeants ou d’un nombre suffisant de licenciés, des clubs étaient amenés à disparaitre ou à fusionner, avec « des conséquences en termes de sociabilité et d’identification à un territoire ». « Ces regroupements n’ont pas toujours fonctionné et l’on assiste aujourd’hui à l’éclosion de nouvelles associations sportives, relève l’ancien étudiant en Staps. Leur but n’est pas de viser l’excellence et de former des champions mais avant tout de permettre aux gens de se retrouver autour d’une activité sportive, avec la volonté de redynamiser un village, comme ces nouveaux bistrots-épiceries qui remplacent des établissements fermés depuis des années, sinon des décennies6. »

Pays d’Othe Multisport

Au sein de l’Ufolep, l’association Pays d’Othe Multisport, créée en 2004 autour du gymnase de Cerisiers (Yonne), 972 habitants, offre un bon exemple de cette nouvelle vitalité rurale. Le POM affiche aujourd’hui 272 adhérents et tout un catalogue d’activités : des activités de la forme (du fitness au yoga), du badminton, de la marche nordique et du multisport adulte autour de pratiques dites « innovantes » ; s’y ajoutent, côté enfants, un atelier motricité UfoBaby, une école de sports et la déclinaison du dispositif Kid Bike pour cyclistes et vététistes en herbe. En parallèle, les activités proposées par l’association sous l’égide de l’Usep réunissent 350 jeunes licenciés des écoles environnantes.

Clément Prévitali cite pour sa part l’Association sportive de Saint-Aubin, près de Dole (Jura), relancée en 2022 autour d’une équipe de football : « Le plaisir de se retrouver pour les matchs du dimanche après-midi sur un stade à qui l’on redonnait vie a débouché à la rentrée dernière sur l’élargissement des d’activités au foot-golf, à la randonnée pédestre et à la course à pied. Ceci grâce au soutien des élus locaux et à l’engagement de bénévoles portés par ce nouvel enthousiasme. »

Nouvelle gouvernance

L’avenir du sport rural passe-t-il donc par des clubs et associations qui, structurés ou non autour d’une activité principale à dimension compétitive, fédèrent autour d’eux des pratiques loisir ? Aux yeux de Clément Prévitali, ce nouveau modèle multisport s’accompagne généralement d’un renouvellement des dirigeants et d’une nouvelle façon d’envisager la gouvernance. « Le modèle ancien d’un président omniprésent, sur lequel tout repose, est à bout de souffle et montre ses limites en matière de compétence et de développement, de projet. Aujourd’hui, un club ne peut se limiter à un projet sportif, surtout dans des territoires ruraux vulnérables. Il doit aussi développer un projet d’animation et d’éducation par le sport », insiste Clément Prévitali. Celui-ci ajoute par ailleurs n’avoir encore constaté sur son territoire « aucune dynamique enclenchée par les Jeux de Paris 2024 ». Mais c’est peut-être pour bientôt.

Philippe Brenot

*Avec, comme sites secondaires hors Île-de-France : Lille (handball), Châteauroux (tir), Marseille (voile) et Teahupo’o à Tahiti (surf).

(1) Sont notamment évoqués pour en faire partie : le groupe SOS, l’Association des maires ruraux de France (AMRF), différents acteurs mutualistes…

(2) Les chiffres cités dans cette étude annuelle de l’Insee et de l’Institut national pour la jeunesse et l’éducation populaire (Injep) concernent précisément les habitants de « l’urbain de densité intermédiaire » et ceux des « territoires ruraux les plus isolés ».

(3) Publiée par le Conseil national des villes actives et sportives et citée par Jean Damien Lesay sur Localtis.fr

(4) Asept : Association Santé Éducation et Prévention sur les Territoires. Il existe 19 structures de ce type dans l’Hexagone.

(5) Titre de l’ouvrage édité chez L’Harmattan venant prolonger sa thèse de sociologie centrée sur « la sociabilité des associations sportives rurales ».

(6) Dans le même esprit, l’opération « 1000 cafés » initiée par le groupe SOS vise à favoriser le vivre ensemble dans les communes de moins de 3500 habitants.



Assemblée générale 2024 : associations Ufolep, au vote !

Juridique_vote_carton_Brive_2022_c_Philippe_Brenot.jpg

Dès avril prochain, les associations participeront à l’élection du comité directeur national et du président de l’Ufolep, selon une procédure digitalisée.

 

La loi sur la démocratisation du sport en France promulguée en mars 2022 comportait trois volets : le développement de la pratique, le modèle économique et sur la gouvernance des fédérations sportives. Celle-ci impose notamment une parité progressive intégrale dans les instances dirigeantes et renforce les obligations de transparence. Le nombre de mandats des présidents de fédérations est par ailleurs désormais limité à trois pour favoriser le renouvellement.

 

Élections. Une autre évolution concernant cette gouvernance a trait à la désignation des représentants nationaux et concerne directement les associations. Jusqu’à présent, les représentants et représentantes nationaux (les 30 membres du comité directeur en ce qui concerne l’Ufolep) étaient élus tous les quatre ans en assemblée générale par les représentants des comités départementaux. Les comités disposaient pour cela d’un nombre de « mandats » proportionnel à l’ensemble des licenciés et licenciées qu’ils fédèrent.

Si ce principe demeure, les représentants des comités départementaux ne représentent plus que la moitié du collège électoral : désormais, l’autre moitié est constituée par les représentants des associations. Effective au 1er janvier, cette modification sera prise en compte pour la prochaine assemblée générale élective nationale de l’Ufolep qui se déroulera à Lille (Nord) les 13 et 14 avril 2024.

 

Distanciel. Comme il est difficile d’imaginer de demander aux mandataires des 7200 associations Ufolep de faire le voyage, ce vote se fera en distanciel, selon une procédure digitalisée, comme le permet la loi. Pour mener à bien ces opérations de vote, il nous faut impérativement disposer d’une base de données à jour, et plus précisément des coordonnées e-mail et téléphoniques des deux personnes par association qui seront mandatées (un représentant titulaire et un suppléant) pour exprimer leur vote : les associations devront se montrer attentives pour bien renseigner ces données lorsqu’elles leur seront prochainement demandées. Il restera encore à fixer précisément les procédures de vote : celles-ci seront communiquées via la Lettre des associations, mais les mandatés disposerons d’une plage de temps suffisamment large pour participer à cette nouvelle extension de la vie démocratique de l’Ufolep. Pierre Chevallier, directeur technique national de l’Ufolep

 

Pour un projet sportif pleinement partagé

 

Quand on est l’Ufolep, fédération affinitaire qui place au cœur de son projet la démocratie, la transparence et le lien fédéral, comment ne pas juger importante cette nouvelle disposition législative qui impose la participation des associations locales dans les élections nationales ? Toutes les fédérations sportives sont concernées, et pour certaines c’est une révolution culturelle quand, par le passé, une dizaine de présidents ou présidentes de ligues régionales y faisaient ou défaisaient la vie fédérale et régissaient sa gouvernance.

Si pour ces fédérations c’est une révolution, pour toutes c’est un défi ! Nous avons quelques mois pour informer, former, mobiliser, afin que la participation soit maximale, les enjeux compris, et de véritables choix discutés au sein de nos 7000 clubs et associations. Jamais notre futur projet sportif, qui définira nos priorités pour quatre nouvelles années, n’aura ainsi autant été discuté, et les différents rapports et candidatures étudiés. Les comités départementaux et régionaux auront également une grande responsabilité pour réussir cette première qui doit renforcer nos liens à tous les échelons. Arnaud Jean, président de l’Ufolep



Mode et sport, d’un podium à l’autre

Actu_VuLu_Mode_et_sport_Lacoste.jpg

« Mode et sport », cela va de soi quand le sportwear fait l’uniforme chez les jeunes, et le maillot de football ou de rugby très chic à la ville chez les plus âgés. Le terme apparait d’ailleurs dès 1928 dans la presse française, nous apprend un cartel de l’exposition du musée des Arts Décoratifs qui, comme d’autres à établissements culturels n’imaginait pas faire l’impasse sur cette année olympique.

Les Arts Déco font remonter le dialogue entre mode et sport aux blasons médiévaux des joutes chevaleresques. Mais c’est au XIXe siècle que celui-ci prend sa consistance, avec la création de vêtements adaptés à la chasse, au tir à l’arc et au tennis, sport emblématique de l’exposition, entre la robe signée Jean Patou favorisant dès les années 1920 les envolées de Suzanne Lenglen, et le polo à la maille aérée inventé par René Lacoste pour être à l’aise dans ses mouvements : la marque au crocodile n’est pas partenaire principal pour rien.

On aime aussi la jupe-culotte Schiaparelli et la malle-valise Vuitton permettant de ranger deux raquettes et une petite provision de balles. Ces années-là avaient du style, comme en témoignent aussi les tenues des jeunes gymnastes du cours de culture physique de Zurcher photographiées par Lartigue. Surtout comparées aux justaucorps des émules de la gym-tonic de Véronique et Davina, aussi exubérants que la bande son de l’extrait vidéo. Et, dans le genre kitsch bariolé, qui a osé porter sur les pistes la combinaison de ski patchwork de la collection hiver 2005 de Jean-Charles de Castelbaljac ? Et qui se battrait aujourd’hui pour enfiler les ensembles jogging Kenzo et Sonia Rykiel ?

Avant d’en arriver à ces questionnements, le visiteur passe par le rayon vélo, où la jupe-culotte adaptée à la bicyclette épouse l’émancipation féminine, et par celui des maillots de bain où, comme dans d’autres espaces de l’exposition, on peut toucher la matière : à savoir un coupon du mélange nylon-élasthanne de la LZR-Racer de Speedo qui, dans les années 2000, fit tomber comme à Gravelotte les records de natation. On est toutefois en droit de préférer l’harmonieuse combinaison mixte Hermès, assortie à une splendide planche de surf de la même griffe.

La valeur ajoutée de cette plaisante exposition réside dans les documents audiovisuels qui la parsèment et bien sûr dans la proximité des étoffes et autres matières, et notamment celles des tenues officielles de cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été et d’hiver, où les nations font parfois preuve de beaucoup d’imagination pour décliner leur identité. Elle manque cependant d’un point de vue, d’une orientation, quand le catalogue propose une approche beaucoup plus fouillée. La richesse des documents vient étayer des articles qui, outre les thèmes ici évoqués, portent aussi par exemple sur la « fluophilie » des vestiaires ou la façon dont des sportifs se lancent eux-mêmes dans la mode, et pas seulement pour y jouer les mannequins. Philippe Brenot 

Mode et sport, d’un podium à l’autre, Musée des Arts décoratifs. Jusqu’au 7 avril 2024. Le catalogue : 224 pages, 49 €.


www.madparis.fr

Je me souviens du sport : Isabelle Ithurburu, nouvelle voix du rugby sur TF1

Histoires_JMS_Isabelle-Ithurburu_c_TF1.jpg

Côté médias, c’est l’un des transferts de l’été ! Présentatrice historique du Canal rugby Club et longtemps chargée des interviews en bord de terrain, Isabelle Ithurburu, 40 ans, miss Pau 2001 et ex-candidate à la Nouvelle Star sur M6 en 2007, est passée à TF1. Elle y anime le « mag » de la Coupe du monde de rugby jusqu’à la fin de la compétition et présente désormais l’hebdo people du samedi 50 minutes inside en remplacement de Nikos Aliagas.

Je me souviens du cross du collège, une vraie souffrance, et de tours sans fin sur une piste d’athlétisme. Mais là c’était plutôt le lycée, toujours à Pau.

Je me souviens avoir pratiqué les danses basques de 7 à 22 ans : si ça n’est pas du sport, c’est très exigeant physiquement ! J’étais même devenue monitrice auprès des plus jeunes à l’Amicale des basques de Pau, qui possédait aussi son fronton et son tournoi de pelote et son chœur d’hommes.

Je me souviens de la demi-finale France-Nouvelle-Zélande d’octobre 1999, vécue à l’âge de 16 ans dans le salon de la maison de ma grand-mère, à Recurt, petit village des Hautes-Pyrénées. Mon père, qui suivait à la télé la Formule 1, le Tour de France et le Tournoi des Cinq nations, m’avait dit : « On va perdre, les All Blacks sont trop forts, mais ça vaut le coup d’œil. » Finalement on a gagné, et ce match inoubliable marque le début de mon engouement pour le rugby.

À partir de ce jour, j’ai commencé à fréquenter avec mes copains le stade du Hameau. Et que c’est lors d’une troisième mi-temps que j’ai rencontré mon ex-mari, Gonzalo Quesada, qui en 2005-2006 portait les couleurs de la Section Paloise. Tous ceux qui croient que je suis venue au rugby après l’avoir rencontré se trompent ! Tout en poursuivant mes études de commerce international, je l’ai ensuite suivi à Toulon puis à Paris lorsqu’il est devenu consultant pour la Coupe du monde 2007, puis adjoint de l’entraîneur de l’équipe de France, Marc Lièvremont. Ce qui est vrai, c’est que j’étais désormais pleinement immergée dans la culture rugby, et que cela m’a incitée à postuler à la présentation d’émissions sur Infosport+.

Je me souviens du match de barrage où, en 2014, le public toulousain scande mon prénom à la mi-temps alors que son équipe est menée au score. C’était sympa, cela m’a fait bien plaisir. Je me souviens aussi de la finale 2014 où je suis la première à interviewer Johnny Wilkinson au bord du terrain, lorsqu’il met fin à sa carrière à l’issue de cette ultime victoire avec Toulon. Le public du stade de France chantait God save the queen et, moi qui admirais beaucoup le joueur, j’étais aussi émue que lui.

Je me souviens aussi du basket et des matchs de l’Elan béarnais, suivis en tribune, au début des années 2000. Certains joueurs étaient des copains, comme Boris Diaw, avec qui j’ai fait un an de fac.

Je me souviens que pour moi le sport c’est la passion et la convivialité, quelque chose de joyeux, à partager ensemble. C’est peut-être ce que les téléspectateurs retrouvent à travers moi, comme s’ils étaient au stade ou autour de la table des invités.



L’Ufolep inscrit son action dans les sciences participatives d’Histoires de Sports et de Nature

banniere-reseaux-hdsn-6581658ec61c2213116344.png

Histoire de Sports et de Nature est une collection participative numérique qui raconte l'évolution de notre rapport à la nature via le sport (et vice-versa !) A partir d'extraits d'archives personnelles ou publiques (photo de vacances, carte postale, article de journal, littérature...) du passé proche ou lointain qui illustrent des pratiques de sports de nature, numérisés, datés, localisés, annotés pour une mise en collection permettant d'être explorée. Chaque document est associé à un récit du contributeur.rice qui nous raconte les changements du rapport à la nature à travers le sport, inspiré par le document lui-même.

Ce projet de sciences participatives sur les pratiques sportives et les perceptions et expériences des changements environnementaux à travers ces pratiques s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre le Muséum national d’Histoire naturelle, l’UFOLEP et s’adresse au mouvement sportif et plus largement à tous les citoyen .ne.s. Ce projet répond aux objectifs de la fédération en termes de :

  • Mobilisation et d’engagement des citoyen.ne.s sportif.ve.s concerné.e.s par les problématiques de la transition écologique ou du réchauffement climatique;
  • Témoignage des changements tant au niveau des environnements que des paysages, que de la biodiversité….
  • Conscientisation des évolutions et des changements de comportement à adopter à travers sa pratique sportive, en termes d’éducation du citoyen.ne sur les enjeux de la transition écologique, la question de l’eau, la production de matériels sportifs, la question des transports, mobilités, liée aux énergies, ….

Symboliquement, le lancement de la plateforme a été prévu 365 jours (pile) avant le début des JOP Paris 2024! L’essentiel de la participation étant attendue tout au long de l'année 2024.

Alors n’hésitez pas à contribuer, pour cela cherchez vos pépites et vos souvenirs témoins de votre relation sport de nature !

 

Pour participer, c'est ICI !


[pdf] BD Pradet - Histoires de Sport et de Nature (6,11 Mo)

Page(s):  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  16  17  18  19  20  21  22  23  24  25  26  27  28  29  30  31  32  33  34  35  36  37