« J’ai le souvenir très net d’une soirée d’automne en 2017 où, accoudée au bar d’un restaurant tex-mex en banlieue de Kansas City, je balayais du regard les écrans qui diffusaient bruyamment diverses rencontres sportives au-dessus du comptoir (…). Ce soir-là, (…), tapissés de pixels scintillants, les murs autour de moi me renvoient des images d’hommes qui jouent avec balles et bâtons, leurs prouesses n’étant interrompues que par d’autres hommes, ceux-ci en complet-cravate, qui commentent leurs exploits et lancent des prédictions sur les défis qui se profilent devant eux. Parfois, des femmes troublent cette enfilade ; elles dansent sur le pourtour des terrains ou brandissent des pancartes annonçant la prochaine ronde. Elles ne portent pas de complet, et encore moins d’armure pour protéger leur corps exposé. Elles n’ont pas la parole. Elles ne sont pas de la partie. »
D’une plume aussi acérée que son regard, la spécialiste québécoise d’art contemporain Florence-Agathe Dubé-Moreau signe ici une « chronique culturelle et féministe sur l’industrie du sport professionnel » qui n’aurait certainement pas vu le jour si elle n’avait été la compagne d’un joueur vedette de football américain – aujourd’hui retraité. « Je scrute les écrans qui m’entourent en cherchant à comprendre pourquoi cette vision unidimensionnelle du sport est à ce point acceptée socialement (…). Si, à tout moment, chaque écran qui diffuse du sport à travers l’Amérique du Nord ne montre presque exclusivement que des hommes le pratiquant ou le commentant, quelles sont les conséquences de cette omniprésence ? » se demande-t-elle plus loin, nous invitant par ricochet à nous demander ce qu’il en est de ce côté-ci de l’Atlantique. Ph.B.
Jusqu’alors photographe des rues de son New York natal, en 1978 Joel Sternfeld met à profit une bourse Guggenheim pour s’offrir un combi Volkswagen et partir à la découverte des États-Unis. Il en tirera la matière d’American Prospects (1987), aujourd’hui réédité.
On y trouve ce panorama désertique intitulé « Near Lake Powell », du nom d’une immense retenue d’eau artificielle sur le Colorado. Sans doute se trouve-t-il hors champs quelque masure expliquant la présence de ce panneau de basket isolé, fragile empreinte humaine dans ce décor de western où pourrait débarquer à tout instant un charriot de pionnier. Entre Stephen Shore, Robert Frank et David Lynch, ces « perspectives américaines » naviguent entre désespérance et ironie et résonnent avec l’Amérique d’aujourd’hui. Ph.B
Née en 1973, Emmanuelle Pouydebat est directrice de recherche au CNRS et au Muséum national d’histoire naturelle, spécialisée dans l’évolution des comportements animaliers. Mais c’est le tennis qui fut la première passion de l’auteure de Mes plus belles rencontres animales (23,90 €, Odile Jacob, 2023).
Je me souviens du jour où j’ai enfin gagné le tournoi du TC Vernou-sur-Brenne, en Touraine, près de la maison de mes grands-parents, chez qui je passais mes vacances à observer les animaux dans le jardin et jouer au tennis. Ce petit tournoi me faisait autant rêver que Roland-Garros. J’ai mis des années à y arriver, l’emportant à l’approche de la trentaine sur une fille classée -2/6 en finale.
J’ai rêvé d’être Bjorn Borg, puis Steffi Graff, et avec mon copain du 7e étage de notre HLM de Gentilly, nous jouions durant des heures à la main sur le palier, un fil tiré entre deux portes en guise de filet, avec une balle en mousse car sinon ça résonnait dans tout l’immeuble. Celui-ci dominait les cours du Paris Université Club, de l’autre côté du périph, où j’aurais bien passé toutes mes journées.
Je me souviens des duels Borg-McEnroe que ma mère m’enregistrait sur des K7 que je revisionnais inlassablement. Ce qui me passionne au tennis, c’est que jusqu’au dernier moment on peut renverser la tendance. Toujours conserver l’espoir de vaincre : et ça marchait, parfois aussi dans l’autre sens.
Je me souviens de ces moments où c’est l’intuition, l’instinct qui parlent, et qui souvent sont ceux où l’on joue le mieux. Ce qui n’empêche pas la stratégie, l’anticipation. Les deux sont complémentaires.
Je me souviens de la fois où mon adversaire s’est pris une baffe par sa mère pour avoir perdu, après 3 h 45 de match où l’une et l’autre avions tout donné. Cela m’a choquée, et beaucoup fait réfléchir sur le sport de compétition.
Je me souviens du jour où j’ai foulé la terre battue de Roland-Garros, sur laquelle se disputaient les phases finales des championnats de Paris. Nous mettions nos pas dans ceux de nos idoles…
Le tennis fut pour moi une école de la vie : rien n’est jamais gagné ni perdu et il faut savoir se dépasser. Cela m’a servi dans mes études, et devenir chercheure est un vrai parcours du combattant. On passe par des hauts et des bas et avoir l’habitude de me bagarrer sur les courts m’a été fort utile.
Plus jeune, j’ai aussi joué au basket, toujours au PUC. J’étais d’ailleurs meilleure ballon en mains. Là, c’est la notion d’équipe qui me plaisait : la coopération et l’intelligence collective, et partager l’excitation des matchs, avec moins de pression qu’en sport individuel. Je jouais meneuse, tout comme j’ai été capitaine d’équipe au tennis pendant vingt ans et coordonne aujourd’hui des projets dans la recherche. Dynamiser, encourager, transmettre ma passion, j’adore. Au boulot, avec ma culture sportive et l’héritage du milieu populaire où j’ai grandi, j’étais d’ailleurs un peu décalée : je "drivais" mes étudiants et mes collègues comme mes copines et copains de sport. Allez, on y croit jusqu’au bout ! Et on boit un coup à la fin !
J’ai repris le tennis après la naissance de mon fils et quelques soucis de santé. Avec notre bonne équipe de vieilles de Clamart nous avons même été championnes de France, et si l’âge venant la compétition prend une autre saveur, celle-ci n’est pas moindre.
Né en 1943, l’EAC de Thin-le-Moutier (Ardennes) est un habitué des finales de tir Ufolep. À l’occasion de son anniversaire, il a retracé son histoire.
L’Espoir Athletic Club de Thin-le-Moutier est né le 13 octobre 1943, et pour fêter ses 80 ans il s’est offert un petit livre commémoratif1. On apprend toutefois dans celui-ci que l’archive la plus ancienne sont des statuts votés sept ans plus tard : il s’agissait de modifier quelques articles et d’ajouter aux activités le tir et la préparation militaire, qui pouvaient difficilement figurer dans la première déclaration en préfecture, sous l’occupation allemande…
Si la préparation militaire a disparu – au lendemain de la guerre, cela permettait aux jeunes conscrits d’échapper à l’infanterie – le tir a survécu, lui qui n’était pourtant qu’une activité venant s’ajouter à une liste fournie : football, ping-pong, natation, basketball, volleyball, cyclisme, boule, athlétisme, jeux récréatifs et théâtraux, éducation physique et sportive scolaire, groupement de jeunesse.
Éducation populaire
À ses débuts, l’Espoir Athletic Club était ainsi un savant mélange de sport et d’éducation populaire affichant sa vocation de « créer entre tous ses membres des liens d’amitié et de bonne camaraderie ». « Toute discussion politique ou religieuse est formellement interdite » était-il également précisé. Et au-delà du souci de « préparer au pays des hommes robustes », l’association est ouverte « aux jeunes filles ». Agréé en 1946 par l’Éducation nationale, l’EACT s’affilie l’année suivante à l’Ufolep et aux fédérations de football et de tennis de table.
Le tir sportif se structure au début des années 1960, qui sont probablement aussi celles où la section football prend son indépendance, avant de fusionner plus récemment avec un club voisin. Les autres activités ont disparu, même si l’offre associative locale fait mention d’une association de pétanque à côté d’un club de judo et d’une section du Cercle d’escrime de Charleville-Mézières. « Quand j’ai intégré le club en 1983 pour y suivre un copain du collège de Signy-l’Abbaye, il y avait encore une salle de ping-pong, se souvient Christophe Lesieur, président depuis 2016. Mais c’était avant tout un point de rencontre, sans pratique organisée ni championnat. »
La chasse aux jeunes
Qui prononce le mot Ardennes y associe volontiers ceux de « sanglier » et de « chasseur ». Chasseurs, l’emblématique président-fondateur, Jacques Gillet, qui passa la main en 2009 à l’âge de 84 ans, et son fidèle secrétaire Jean Quinart – qui en sa qualité de correspondant de L’Ardennais assurait une certaine visibilité au club – l’étaient tous deux. Mais la tradition s’est perdue et associer battues au gros gibier et tir sportif serait aujourd’hui pur cliché. « Sur nos 66 licenciés, deux sont peut-être chasseurs, c’est infime. »
Quant Christophe Lesieur est entré à l’EACT, celui-ci filait un mauvais coton. Exode des jeunes actifs ou attrait des clubs urbains, au début des années 1980 l’EACT voit son nombre d’adhérents dangereusement diminuer, au point de ne plus pouvoir présenter d’équipes adultes en concours.
Depuis, le club a redressé la tête, tout comme la population locale, qui après être descendue à 500 habitants se rapproche à présent des 700 âmes. Il l’a fait en poursuivant une féminisation amorcée dès les années 1970. Aujourd’hui, l’une des plus fines gâchettes est ainsi Méryn Quimper, pratiquante depuis l’école élémentaire et qui, à 21 ans, a déjà décroché 13 médailles nationales Ufolep…
Déjà, les années 2000 avaient un sérieux rajeunissement des équipes. En 2002, l’âge moyen des sociétaires était de vingt ans à peine ! Cela permet à l’Ardennais de présenter en 2011 l’école de tir Ufolep de Thin-le-Moutier comme « la plus grosse du département ». En 2015, l’EACT a également noué un partenariat avec le collège de Signy et, depuis, intervient régulièrement en milieu scolaire.
Il y a une dizaine d’années, le talent et le goût de la compétition de cette jeunesse ont décidé le club à s’affilier parallèlement à la FF Tir. De quoi ajouter de nouvelles coupes et médailles dans des armoires et sur des étagères qui débordent déjà. Et surtout une fontaine de jouvence pour un club qui porte beau ses 80 ans. Ph.B
(1) Dont cet article tire l’essentiel de sa matière.
Championnat de tir d’hiver les 9 et 10 mars à Sedan
Outre un championnat départemental réunissant huit équipes adultes qui se rencontrent le vendredi soir en matchs aller-retour et un championnat jeunes où les 7 équipes s’affrontent en distanciel, l’EAC Thin-le-Moutier répond toujours présent sur les finales départementales, régionales et nationales Ufolep. Ses licenciés, garçons et filles, y sont engagés en carabine et pistolet à 10 m, en arbalète field à 10 m, en carabine à 50 m et en « poudre noire », catégorie qui réunit les amateurs de copies de pistolets anciens et associée aux « disciplines nouvelles » qui font l’objet d’une compétition dédiée. En attendant le National d’été, le National d’hiver se déroulera les 9 et 10 mars à Sedan (Ardennes). Autant dire que les Moustériens tireront quasiment à domicile, avec pour objectif de faire carton plein.
Depuis octobre, un éducateur départemental propose des cycles multisports à quarante élèves, de la 6ème à la 3ème, explique le délégué des Bouches-du-Rhône, Érick Espel.
Quartier. « L’été dernier, le comité des Bouches-du-Rhône a contacté plusieurs établissements en leur présentant le dispositif des "deux heures de sport", mais le collège Edgar-Quinet de Marseille, situé dans un quartier prioritaire (QPV), près de la gare Saint-Charles, est le seul à avoir répondu. Nous avons ensuite rencontré le directeur, le CPE, le professeur de d’EPS référent et certains de ses collègues pour établir, en piochant dans le catalogue Ufolep, un programme qui n’entre pas en concurrence avec les activités physiques et sportives qu’ils proposent eux-mêmes. »
Garçons-filles. « Notre éducateur et coordinateur sport société, Saïd Djamani, intervient durant une heure, le midi après la cantine : le mardi auprès de 20 élèves de 6ème-5ème, et le jeudi auprès d’un même nombre de 4èmes et de 3èmes, où le groupe est parfaitement mixte, alors que les garçons sont majoritaires chez les plus jeunes. »
Activités. « Saïd a proposé des activités dites innovantes comme du floorball (hockey) ou du tchoukball, et des sports d’opposition tels que la boxe, lors de deux temps de présentation ouverts à tous les élèves. Il a commencé dès la semaine suivante avec les 6èmes, avec une priorité donnée aux élèves en décrochage scolaire ou éloignés de la pratique sportive. Ces activités sont choisies en collaboration avec les services de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et des Sports. Nous préparons les séances en amont, en changeant d’activité toutes les cinq semaines environ. »
Bilan. « Le bilan est très positif, à commencer par l’assiduité des enfants, quasiment tous présents à chaque séance. Nous avons également noté une nette progression dans leur appropriation et leur maîtrise des activités. Ils prennent au fur et à mesure davantage d’assurance et certains envisagent d’intégrer un club. Trois d’entre eux ont ainsi déjà rejoint le centre sportif Ufolep tout proche pour y pratiquer la boxe. Nous souhaitons prolonger l’expérience l’an prochain, en l’étendant si possible à d’autres établissements. La très bonne collaboration avec Jeunesse et sport pourra y aider1. »
Propos recueillis par Benjamin Cadek
(1) À noter : trois inspecteurs généraux de l’Éducation nationale ont assisté le 7 novembre à une séance, en présence d’un responsable départemental de la Jeunesse et des Sports. Outre son animation, ils ont particulièrement apprécié l’orientation proposée aux jeunes vers les clubs sportifs ou le centre Ufolep de proximité.
700 établissements dans toute la France
Le dispositif « 2 h de sport au collège » propose en complément des cours d’EPS des activités physiques gratuites à caractère ludique ciblant en priorité les élèves n’ayant pas de pratique régulière. À la rentrée scolaire 2023, l’objectif affiché était de le déployer dans 700 collèges dans toute la France et d’atteindre 10 % des collèges par département (ou au moins un établissement par département). Les activités sont proposées par « les clubs et les structures de loisirs sportifs de proximité, ne nécessitant pas un déplacement long ou coûteux ». Au moins 20 associations et 20 comités Ufolep y sont aujourd’hui engagés, dont celui des Bouches-du-Rhône. « Les élèves sont motivés et attentifs lors des séances, et pas seulement parce que leur participation est mentionnée sur leur bulletin de notes », précise Saïd Djamani, qui est épaulé lors de ses interventions par les deux jeunes volontaires en service civique accueillis par l’Ufolep 13 depuis la rentrée dernière.
Outre les slaloms de ski alpin, snowboard et snowscoot samedi 9 mars, la station de La Pierre-Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques) accueillera différentes activités en lien avec le milieu montagnard.
Faire évoluer le rassemblement national en l’étirant dès 2024 sur un week-end, avec des activités de découverte venant s’ajouter au slalom chronométré de ski alpin : c’était la feuille de route de la CNS sports de neige, assortie du souhait de rayonner sur d’autres massifs que les Alpes du Nord.
A-t-elle été respectée ? Oui, et même largement dépassée ! D’une part, les festivités débuteront dès le lundi pour s’achever le dimanche. D’autre part, pour la toute première fois une station pyrénéenne accueille l’évènement : celle de La Pierre-Saint-Martin, altitude 1650 m, sise sur la commune d’Arette, dans les Pyrénées-Atlantiques (où près de 10 % des 5 500 licenciés Ufolep pratiquent le ski alpin). Petit aperçu des réjouissances.
Lundi-vendredi : bienvenue aux scolaires
Des centaines d’enfants de l’Usep sont attendus au Centre Nelson Paillou d’Arette (ancien président du CNOSF et natif de la commune) pour une découverte du milieu montagnard : orientation, pastoralisme et préparation d’une randonnée axée sur le matériel et les comportements de prudence.
Mercredi : sortie jeune public en raquette
Le Réveil Sauvagnonnais, association de ski Ufolep fréquentant habituellement les pistes de Gourette, station d’une vallée voisine, organise pour 50 enfants du club une sortie raquette couplée à une épreuve combinée, façon biathlon.
Jeudi : sécurité en montagne
Lire la neige, préparer une rando, manier un détecteur de victimes d’avalanche, participer à un exercice pratique avec des perches : 60 à 80 pratiquants et animateurs montagne des clubs Ufolep participeront à l’initiative de Jeunesse et Sports à une journée dédiée à la sécurité. Avec la participation du peloton de gendarmerie de Haute-Montagne et des cadres de la Fédération française de montagne et escalade.
Vendredi : journée féminine
Vendredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, 50 bénéficiaires d’activités physiques encadrées à l’année par l’Ufolep (dont des personnes victimes de violences ou issues de l’immigration) découvriront la neige à l’occasion d’une sortie en raquette avec les animateurs de la station.
Samedi : slaloms chronométrés
La journée phare du rassemblement se déclinera en trois épreuves chronométrées : le traditionnel slalom de ski alpin ; ceux de snowboard et snowscoot, ces deux disciplines étant présentes pour la première fois sous forme compétitive ; et enfin le tout nouveau challenge Geo Lavy1 réservé aux moins de 11 ans, qui associe un slalom de ski, un atelier olympique animé par le Cdos et un atelier sur la biodiversité et la connaissance du milieu montagnard. On attend 240 engagés, équitablement répartis sur les trois épreuves. Des démonstrations de judo, tir à l’arc et escalade seront également proposées par des clubs locaux dans le cadre de cette journée labélisée Terre de Jeux par le comité départemental olympique et sportif.
Dimanche : arc’athlon et handi-ski
Le dimanche matin, le club Ufolep des Archers d’Audenge (Gironde) organisera un arc’athlon associant raquettes et tir sur cible. L’association Handi-ski sensibilisera de son côté à la pratique des personnes en situation de handicap : comment accueillir ce public, et avec quel matériel ? En parallèle, le club Ufolep Lescar-ski témoignera auprès d’animateurs des Pyrénées-Atlantiques et des comités voisins du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées-Atlantiques de la démarche inclusive qu’il a engagée il y a déjà plusieurs années. Ph.B.
L’Ufolep est associée à ce projet de grande collecte nationale, labélisé « olympiade culturelle ».
Parce que le sport est une culture qui, au-delà des grands évènements médiatisés, a besoin d’archives pour être racontée, une Grande collecte des archives du monde du sport1 a été lancée l’an passé dans le cadre de l’ « olympiade culturelle » et se poursuivra jusqu’à fin 2024.
Tout type de document est concerné :
- documents administratifs (statuts, procès-verbaux de réunions, liste d’adhérents…) ;
- affiches, dépliants et autres supports de communication liés à un évènement ;
- publications locales ;
- photographies argentiques ou numériques (en priorité celles pouvant être identifiées, avec nom des personnes et dates) ;
- films et vidéos. En revanche, pas d’objet, ni maillot ni coupe ni breloque !
La Grande collecte s’adresse au « monde du sport » au sens large, à commencer par les fédérations sportives et leurs délégations départementales. Chercheurs et documentalistes investis du projet sont ainsi venus scanner des documents parmi les archives photos de l’Ufolep et les documents statutaires disponibles à notre siège parisien, tandis que les comités d’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et des Deux-Sèvres sont en lien avec leurs archives départementales pour collecter des documents à l’occasion d’un évènement sportif (National de gymnastique, tournoi de tennis) ou de leur assemblée générale. Par ailleurs, les archives départementales du Nord seront présentes en avril sur le village des partenaires de l’AG Ufolep de Lille.
Cette démarche s’accompagne de la réalisation de « grands entretiens » avec les acteurs du mouvement sportif menés par le CNRS. Après le président de l’Ufolep, Arnaud Jean, d’autres militants pourraient être sollicités. L’Ufolep met également à disposition des archives départementales sa plateforme creation.asso pour leur permettre de personnaliser leurs outils de communication aux couleurs de leur territoire, en lien avec le comité Ufolep local. Clubs et associations sportives sont également concernés, ainsi que les entreprises, équipementiers et magasins spécialisés dans le sport. Plus largement, chacun est invité à se pencher sur les archives qu’il est susceptible de posséder en tant que pratiquant amateur, bénévoles, supporter, photographe.
(1) Pilotée par le Service interministériel des Archives de France (ministère de la Culture) en partenariat avec l’Académie nationale olympique française (ANOF) et le CNOSF. Elle a pour ambassadeur et ambassadrice l’animateur radio Emmanuel Laurentin (Le Temps du débat sur France Culture), et Marie-Françoise Potereau, ex-cycliste de haut niveau actuellement vice-présidente du Comité national olympique et sportif français.
Le projet de sciences participatives développé par le Muséum national d’histoire naturelle avec l’Ufolep s’adresse à tous les « citoyens sportifs », explique directrice du département Homme et environnement.
Frédérique Chlous, comment est né le projet « Histoires de sports et de nature » ?
Ce programme s’insère dans un projet plus général de sciences participatives, intitulé « Histoires de nature » et débuté en 2021. L’idée était de faire appel aux citoyens pour documenter les changements environnementaux, sur un registre personnel, en complément des travaux scientifiques menés par ailleurs1.
L’objectif est-il de provoquer une prise de conscience des évolutions ou des bouleversements liés au changement climatique ?
En partie. L’un des objectifs est en effet de rendre ces changements plus perceptibles à un large public. Mais le corpus de données, récits et documents ainsi constitué va également permettre aux chercheurs de travailler sur la relation à l’environnement et les représentations à l’égard des changements qui le menacent. Nous avons profité de la caisse de résonnance d’une année olympique pour lancer ce programme en sollicitant celles et ceux qui ont une relation à la nature à travers leur pratique sportive.
Pourquoi s’être associé à l’Ufolep ?
Parce que c’est une fédération sportive ancrée dans les territoires et que l’intime, le familier ont toute leur place dans ses pratiques. Outre son maillage territorial, nous avons sollicité l’Ufolep pour sa dimension sport-loisir, la nature de ses actions, la diversité de ses publics et ses valeurs humanistes.
Comment participer au projet ?
En déposant ses contributions sur la plateforme numérique dédiée. Après avoir ouvert un compte personnel, chacun peut poster un document numérique – photo de paysage ou d’objet, coupure de journal… – à partir duquel il est invité à développer un récit qui peut tenir en quelques lignes ou en plusieurs paragraphes. Par exemple : « Voici l’endroit où j’avais l’habitude de courir, naviguer, pagayer, marcher sur glacier lors d’une course en montagne, mais depuis telle année l’environnement a changé et ce n’est plus possible… » Ou, au contraire, de façon plus positive : « Depuis l’arrêt de toute activité industrielle, ce coin est devenu une réserve naturelle où l’on rencontre de plus en plus d’oiseaux, en particulier telle espèce que j’aime beaucoup… » Il s’agit d’un récit personnel à partir d’un document situé dans le temps et l’espace.
Les gens éprouvent parfois des difficultés à comprendre que ces « petits riens » ont de l’intérêt pour d’autres, a fortiori des chercheurs…
Pour nous, tout est intéressant, qu’il s’agisse d’une photo privée récente ou d’une archives retraçant un évènement lointain. Cet intérêt réside dans le lien entre le document et le discours, non pas général mais de l’ordre du journal intime.
Un peu comme un post Instagram…
Oui, la dimension participative et scientifique en plus !
Ce programme a-t-il vocation à perdurer ?
Il se poursuivra au-delà de 2024. C’est une collection, au même titre que les collections naturalistes qu’abrite le Muséum d’histoire naturelle du Jardin des plantes.
J’insiste, mais très concrètement, à qui cela va-t-il vraiment servir ?
Aux chercheurs de notre conseil scientifiques qui se questionnent sur ce que symbolise le mieux, pour les individus, les changements environnementaux : quels sentiments et émotions éprouvent-ils, et en quels termes les expriment-ils ? Or aujourd’hui les activités sportives, en particulier celles de plein air, nous mettent en relation avec l’environnement. J’ai dans mon cercle de connaissances beaucoup de personnes qui pratiquent le trail, et pour elles il ne s’agit pas seulement de performance. C’est une façon d’être au monde, au cœur de paysages et d’une faune, avec les différentes émotions qui y sont liées et que nous invitons chacun à partager. Propos recueillis par Philippe Brenot
(1) Cette mission est financée par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
« Le volley a fait son entrée à l’amicale laïque de Guilherand-Granges en 1984. Jeune adulte, j’ai pratiqué une dizaine d’années, avant que mes responsabilités familiales ne m’en éloignent », se souvient Jeff Seince, 60 ans, joueur, entraîneur et responsable d’une section en plein renouveau.
Il y a une dizaine d’années, quand Jeff a souhaité retrouver le chemin des parquets, la section volley s’était depuis peu muée en club autonome, affilié à la FFVB afin d’évoluer à un plus haut niveau, tout en conservant des équipes loisir engagées en Ufolep. Jusqu’à ce qu’elles soient sacrifiées il y a trois ans sur l’autel du tout-compétition...
Les pratiquants éconduits ont alors retrouvé le giron de l’amicale. Ils y ont gagné un nouveau maillot conçu par Jeff lui-même, fort d’une expérience professionnelle dans le domaine de la communication : un oiseau d’or prenant son envol sur fond bleu, en écho aux couleurs de la ville et au nom du nouveau club : « Le Phénix », celui qui renaît de ses cendres ; tout un symbole.
Dix licenciés la première année, 22 aujourd’hui, dont un tiers de femmes, avec un benjamin affichant 22 ans et le doyen 65 : de quoi engager deux équipes dans les poules de niveau 5 et 7 du championnat mixte commun aux comités de la Drôme et de l’Ardèche. Les 16 matches aller-retour sont complétés par quelques tournois d’avant ou d’après-saison, disputés en soirée, à quatre équipes et en format 4x4. Sinon c’est du volley classique à six joueurs et en cinq sets.
Le Phénix a récupéré un créneau du lundi soir dans un gymnase divisé en trois tiers : le sien et ceux respectivement occupés par un club corpo Ufolep et l’équipe féminine de leur ex-club. C’est là qu’il accueille ses visiteurs. « Un terrain pour 22 joueurs, il faut parfois s’organiser en variant les exercices. Mais nous sommes rarement au complet et, au besoin, on mixte avec l’autre club Ufolep, où ils sont moins nombreux. »
Avec Jeff, d’autant plus investi que sa nouvelle activité de réparateur en vélo-cargo lui laisse une certaine latitude côté emploi du temps, le volley Ufolep a repris son envol à Guilherand-Granges. Et pour lui rendre tout son lustre, l’entraîneur-joueur-responsable aimerait renouer avec la « Nuit du volley » que la section organisait autrefois. Une vingtaine d’équipes smashant jusqu’à deux ou trois heures du matin, cela ferait aussi du Phénix un bel oiseau de nuit. Ph.B.
Le comité a brisé la spirale du déclin en renforçant son équipe pour investir les activités physiques adaptées et relancer le développement associatif.
En 2013, l’Ufolep Ardèche réunissait 47 associations et 1500 licenciés. Vieillissement du réseau, évaporation des cyclistes et motards et crise du Covid : en 2022, le comité n’en fédérait plus que 600, répartis dans 21 associations. Un déclin irréversible ? Non, puisque la saison passée ils étaient 783.
Une équipe étoffée
Ce regain traduit la dynamique engagée à la rentrée 2019 avec l’embauche d’une agente de développement, investie de missions santé, notamment dans le cadre du projet régional Atout-Prévention-Bien bouger bien manger, commun aux comités d’Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous effectuons aussi des prestations d’activités physiques adaptées (Apa) au domicile de personnes âgées, et nous travaillons avec l’association Préo, dédiée à la prévention de l’obésité des jeunes. Nous animons également des Apa en famille sur le secteur rural de Vernoux-en-Vivarais, et des séances individuelles à Privas, la préfecture, dans l’idée que ces jeunes puissent ensuite intégrer une école de sport Ufolep, explique Marielle San José, déléguée Ufolep et Usep. Et comme notre première éducatrice sportive, Chloé, mobilisée aussi par les formations aux premiers secours, n’arrivait plus à répondre aux sollicitations, nous avons recruté Margot, également diplômée Apa. Enfin, à long terme, l’un de nos souhaits serait de pouvoir créer une maison sport santé Ufo3S. »
Développement associatif
Ces prestations ne sont toutefois pas une fin en soi. « L’objectif est bien que les deux éducatrices travaillent parallèlement au développement associatif en profitant de leur présence sur le terrain », insiste Antoine Cochet, successeur il y a trois ans à Gilbert Auzias à la présidence de l’Ufolep. L’une des illustrations est la convention signée avec France Alzheimer dans le but que les interventions des éducatrices sportives puisent déboucher sur l’intégration de bénéficiaires dans les associations Ufolep locales.
Il s’agit d’aller désormais au-devant du réseau. « Le comité s’est maintenu grâce à la fidélité de ses associations historiques, mais que leur apportions-nous ? », interroge Antoine Cochet. Le comité directeur se délocalise régulièrement hors de Privas, au siège d’une association, et ses travaux se prolongent par un temps d’échange avec elle : une façon de se montrer à l’écoute et de repérer les dirigeants bénévoles qui permettront de renouveler l’instance départementale.
« Nous nous rapprochons des offices municipaux des sports (OMS) afin de toucher des associations susceptibles d’être intéressées par l’approche loisir et multisport de l’Ufolep » ajoute Antoine Cochet, qui préside par ailleurs l’amicale laïque de Guilherand-Granges, commune de 11 000 habitants seulement séparée de l’agglomération de Valence par le Rhône1. L’amicale possède notamment une section volley renaissante et une section tennis de table passée en quelques années d’une dizaine de licenciés à près de 70 adhérents.
Gain de notoriété
Avec le concours de celle-ci et l’appui de la municipalité, au printemps 2022 et à l’été 2023 le comité a successivement accueilli le National de tennis de table B (réservé aux licenciés Ufolep) puis une étape du Playa Tour, expérience qu’il renouvelle cette année afin de replacer l’Ufolep dans le paysage sportif. « Nous conservons un déficit de notoriété et nous devons renforcer notre image auprès du Conseil départemental, des grosses communes et des autres acteurs institutionnels. Cela prend un peu de temps, mais cela change. » Une façon de signifier que le feuilleton de la renaissance associative ne fait que débuter : « Ardéchois cœur fidèle », et à présent tourné aussi vers l’avenir.
Philippe Brenot
(1) Après avoir été animateur Bafa, directeur de centre d’accueil, responsable des séjours éducatifs puis secrétaire général de la Ligue de l’enseignement de l’Ardèche, Antoine Cochet est à 39 ans directeur général délégué de l’Union régionale des fédérations des œuvres laïques (Urfol) Auvergne-Rhône-Alpes.
Un noyau d’amicales laïques
Les amicales laïques et autres foyers de jeunes représentent la moitié des 21 associations Ufolep et la grande majorité des licenciés. Avec ses sections ou activités de la forme, danses urbaines, UfoBaby, tennis de table, tir à l’arc, gymnastique artistique, basket-ball et arts martiaux, le FJEP Cruas pesait même à lui seul 163 licenciés sur les 783 que fédérait l’Ufolep Ardèche en 2022-2023. Le comité se caractérise également avec sa grande proximité avec son voisin de la Drôme, et des championnats communs en tennis de table (géré par l’Ardèche) et volley-ball (géré par la Drôme). Désormais les deux comités se partagent aussi les interventions hebdomadaires auprès des détenus de la centrale de Privas, que faute de ressources humaines en Ardèche les éducateurs et éducatrices de la Drôme étaient auparavant seuls à assurer.
Parmi les autres activités, la gymnastique bénéficie elle aussi d’une dynamique régionale et parmi les associations on peut citer aussi l’équipe de foot à 7 de Coucouron, engagée dans le championnat vétéran de l’Ufolep Haute-Loire, les randonneurs pédestres d’Annonnay, les badistes de Privas ou le club de trial 4x4 de Saint-Martin-de-Valamas.
La géographie de l’Ardèche est parfois un frein au développement associatif. Privas, où le comité a son siège, est la plus petite ville préfecture de France avec 8300 habitants, loin derrière Annonay (au nord, regardant vers la Loire) et Aubenas (au sud). Le territoire se divise entre, d’un côté, les petites communes rurales du plateau ardéchois et, de l’autre, celles implantées le long du Rhône (Arras, Guilherand-Granges…), qui regardent volontiers vers Valence, préfecture de la Drôme et principal bassin d’emploi. Par ailleurs, les associations ne peuvent compter sur le vivier des étudiants, qui doivent s’expatrier à Valence, Saint-Étienne, Lyon ou Aix-Marseille afin de poursuivre leurs études.
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