Comment les trois grands monothéismes abordent-ils le sport ? Loin des polémiques relatives aux signes et prières des compétiteurs à l’occasion des matchs, le philosophe François L’Yvonnet questionner trois spécialistes de la religion juive, du christianisme et de l’Islam, avec pour entrée principale le rapport au corps. Le découpage en mini-chapitres réunissant une, deux ou trois questions facilite la lecture et permet de cibler une notion ou un thème précis. Dommage toutefois que si les références théologiques abondent, il ne soit quasiment jamais fait mention de faits sportifs pour éclairer la question. Ph.B.
Fidèle à leur vocation d’« éclairer le débat public », à l’occasion de Paris 2024 Les Cahiers français interrogent la place qu’occupe « le sport dans la société ». Comme toujours avec La revue de la Documentation française, les synthèses sont très carrées et signées d’auteurs faisant autorité en leur domaine : la directrice des sports du ministère Fabienne Bourdais brosse un tableau général de « La politique du sport et son organisation » ; le sociologue Gilles Vieille Marchiset ausculte « le sport, objet de santé publique » en pointant « des inégalités sociales persistantes » ; Jean-François Bourg traite de « l’économie du sport », Yvan Gastaud de « sport et intégration » et Béatrice Barbusse de « la place des femmes » dans celui-ci. Pas de fioritures non plus dans l’entretien au cordeau accordé avec Étienne Thobois, directeur général du Cojop de Paris 2024, qui déroule un discours forcément plus institutionnel en réponse à la question centrale : « Qu’attendre des Jeux olympiques ? » Mais le cœur du dossier est le « grand entretien » avec Georges Vigarello, directeur de recherche émérite à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui analyse avec une perspective historique « le sport comme miroir de notre société ». De quoi observer l’évolution des pratiques et le spectacle du sport avec la bonne distance, à commencer par les prochains Jeux olympiques.
Né en 1978 à Épinal (Vosges), Nicolas Mathieu a obtenu le Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux. Il a signé depuis Connemara, dont le personnage principal est un ancien hockeyeur, et Le ciel ouvert (Actes Sud, 2024), récit amoureux nourri de textes initialement postés sur Instagram.
J’ai un souvenir précis du jour de la mort d’Ayrton Senna sur le circuit d’Imola. Nous étions en vacances en Sicile avec le comité d’entreprise de mon père et quelqu’un est arrivé au bord de la piscine en répétant : « Senna s’est tué, Senna s’est tué. »
Auparavant, je me souviens d’interminables dimanches passés à regarder des bolides tourner en rond à la télé, parce que la F1 était l’une des passions sportives de mon père. C’était d’un ennui considérable. Paradoxalement, aujourd’hui je suis ému par les sports mécaniques, depuis que j’ai vu les images du tour parfait réalisé en 1989 par Senna au grand prix de Monaco, dans un état de semi-conscience racontait-il. Cela m’a donné le frisson et a radicalement changé ma façon de voir le sport automobile.
Je me souviens de la finale du Mondial 1986 et ma joie de voir l’Argentine battre l’Allemagne et venger ainsi l’équipe de France, éliminée par ces mêmes allemands. Je sens encore la rumeur qui monte de la rue.
Je me souviens que mon père racontait que j’étais né le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde 1978 et qu’il discutait avec l’obstétricien de la rencontre que je l’avais empêché de voir.
Je me souviens qu’à l’école j’étais nul en sport et que l’endurance était un cauchemar. En revanche je m’étais inscrit au tennis parce que c’était la mode et qu’il y avait des cours près de chez moi. Mais ça me soûlait et j’aurais préféré regarder les fictions à la demande de « Samedi est à vous » sur TF1.
Plus petit, j’ai fait aussi de la gymnastique, embringué par mon père qui, comme mes oncles avait un passé de gymnaste. L’entraîneur était un vieil ivrogne en survêt’, c’est tout juste s’il n’avait pas la clope au bec… De la même façon, ma mère m’avait convaincu d’essayer le scoutisme, mais ça n’était pas non plus pour moi.
Je me souviens que je ne me suis guère épanouit dans le sport enfant et adolescent, peut-être parce que c’était un enjeu entre mon père très sportif et ma mère qui ne l’était pas du tout. Cela dit j’ai toujours été tourné vers l’eau et j’adorais nager.
Je me souviens qu’à Épinal plusieurs copains de lycée pratiquaient le hockey à assez haut niveau. Mais c’est tout dernièrement que j’ai commencé à aller voir des matchs. Ce sport est fascinant par sa vitesse et sa brutalité, et c’est tout un monde qui, de l’indigent à l’édile, cohabite dans la patinoire.
Aujourd’hui j’assiste aussi de temps en temps aux entraînements et aux matchs de handball de mon fils de dix ans. Je ne le pousse pas à la compétition, mais c’est assez extraordinaire de voir son petit garçon vivre cette aventure et ces émotions sur un terrain.
Cette association Ufolep des Alpes-de-Haute-Provence décline « tous les sports autrement » sur le mode intergénérationnel, avec en prime un volet culturel.
Mireille Savornin, vous présidez l’association Nature Culture Blanche : comment celle-ci a-t-elle vu le jour ?
Elle est née en 2013 d’un désaccord avec l’orientation très compétition du club de VTT où nous étions licenciés avec quelques amis. J’étais investie à l’Usep depuis notre arrivée en 1980 à Seyne-les-Alpes, en provenance de Marignane (Bouches-du-Rhône) : je connaissais donc l’Ufolep et son approche loisir et multisport, qui correspondait à notre projet1. Nous y avons ajouté un volet culturel avec des sorties au concert, au théâtre et au musée. Six au départ, nous sommes aujourd’hui 40, enfants et adultes compris, tous en phase avec une approche familiale des activités sportives. Des gens qui, par exemple, ne se retrouveraient pas dans les parcours très exigeants du club de randonnée local.
Quel est l’éventail des activités ?
De janvier à mars, ce sont des sorties ski de fond et raquettes, et le reste de l’année du vélo-VTT et beaucoup de randonnée. Plus du trail, de la course d’orientation… Nous avons rendez-vous tous les mercredis, et le samedi de façon moins régulière. Plus le créneau handball du mardi soir : c’est un sport que j’ai découvert à l’Usep et pratiqué en club, tout comme la collègue qui anime les séances avec moi. Nous envisageons aussi d’ajouter un créneau yoga.
Est-ce toujours facile de faire cohabiter enfants et adultes ?
C’est notre marque de fabrique : la pratique est intergénérationnelle et nous accueillons les enfants dès 6 ans. Bien sûr, au hand c’est parfois compliqué, mais ça fonctionne et chacun se fait plaisir. Idem pour les sorties vélo : en composant plusieurs groupes, on y arrive très bien. Les adultes se font un plaisir de pédaler avec la jeune génération, et par ici les enfants sont plutôt dégourdis. Comme Aponi2, 5 ans, notre benjamine ! Parfois aussi les activités Usep et Ufolep se confondent, comme pour la sortie ski en famille de fin de saison.
Dans votre calendrier figure la participation au challenge Francis Auzet…
Francis était une figure locale, ex-rugbyman, journaliste sportif et conseiller pédagogique de circonscription investi à l’Usep et à l’Ufolep, où il avait commencé le rugby. En hommage à son action, nous avons créé un challenge à son nom. Il se déroule en octobre à Digne, dans le quartier politique de la Ville de la cité du Pigeonnier, avec la participation de clubs Ufolep de tout le département.
Et cela vous intéresserait-il de décliner à Seyne l’évènement « Le sport au cœur des villages », dans le cadre de la Grande Cause nationale ?
Bien sûr ! Peut-être en le couplant avec une animation déjà existante, pour mieux motiver ou remotiver les troupes !
Propos recueillis par Ph.B.
(1) À la fois membre des comités départementaux Ufolep et Usep, Mireille Savornin, 68 ans, préside aussi l’association Thalweg 04, affiliée à la Fédération française de course d’orientation (FFCO) et s’occupe à Seyne d’un dépôt-vente associatif affilié à la Ligue de l’enseignement.
(2) Prénom féminin amérindien qui signifie « papillon ».
L’éducatrice sportive du comité Ufolep va au-devant des publics éloignés de la pratique pour préparer le terrain à des créneaux pérennes.
C’était la grande innovation de la rentrée 2021 à l’Ufolep Vosges : un camion rempli de matériel, piloté par une éducatrice en activités adaptées allant animer des séances dans les quartiers et les villages des intercommunalités d’Épinal, Saint-Dié et Remiremont. L’objectif : aller à la rencontre des personnes les plus fragilisées socialement et les plus éloignées de la pratique sportive. Outre les trois EPCI concernés, l’initiative était soutenue par le conseil départemental, les services de la Jeunesse et des Sports et les bailleurs sociaux.
Trois ans plus tard, l’action se déploie sur 9 des 11 EPCI du département et dans 15 à 20 communes différentes.
Sections pérennes
Mais l’ambition était aussi de préparer le terrain à des créneaux pérennes, après l’impulsion donnée par les 10 séances hebdomadaires proposées sur deux mois et demi. Une section multisport a ainsi vu le jour en septembre 2022 à Fraize, suivie à la rentrée dernière par celle d’Éloyes. Animées toutes deux par Amandine, l’éducatrice départementale déjà au volant du Mouv’Truck, elles comptent respectivement une vingtaine et une douzaine de licenciés : principalement des femmes de plus de 60 ans, même si à Fraize les hommes représentent un tiers de l’effectif.
Une nouvelle section pourrait aussi être créée à la rentrée à Xertigny, où les séances proposées de février à avril ont réuni une bonne vingtaine de personnes. Soit deux villages situés en zone rurale et une commune – Éloyes – située à la limite de la zone urbaine de Remiremont.
La tentative d’installer un créneau du mardi soir à Épinal, la préfecture, s’est en revanche soldée par un échec. « Il n’y avait personne : cet horaire tardif était peu adapté et l’environnement du gymnase a pu achever de dissuader notre public cible, explique Victor Demange, délégué départemental Ufolep et initiateur du projet1. Des offres concurrentes existent également en milieu urbain, ce qui n’est pas le cas en zone rurale. » Début 2022, un créneau a toutefois été créé dans un quartier prioritaire de Remiremont. Il l’a été au sein d’une association de la Fédération française Sport pour tous déjà implantée localement. « Si l’objectif est de susciter la création de sections Ufolep, le but n’est pas de se concurrencer entre acteurs partageant le même objectif », précise Victor Demange.
Les deux sections de Fraize et Éloyes sont rattachées au comité, avec l’espoir qu’elles se transforment en jour en association autonomes. Difficile également d’élargir le public de celles-ci au-delà des retraités, même si le souhait était aussi de toucher les adultes plus jeunes. « L’expérience a montré que les 25-60 ans que nous touchons avec le Mouv’Truck s’inscrivent moins dans la durée. Peut-être en raison du coût de la licence, même s’il est fort raisonnable – 101 € pour une quarantaine de séances à l’année –, mais pas seulement », observe le délégué.
Une piste de réflexion pour ce laboratoire du sport pour tous qu’est, à sa façon, le comité Ufolep des Vosges. Ph.B.
(1) Voir En Jeu n°50, mars 2022.
Les traileurs de Morvan Oxygène communiquent avec un humour grinçant pour que les chemins cessent d’être des dépotoirs.
Profiter de sa pratique de la course à pied pour ramasser les déchets éparpillés sur les chemins n’est pas une initiative révolutionnaire. Depuis 2016, il existe même un terme pour cela : le « plogging », contraction du verbe suédois signifiant « ramasser » (plocka upp) et du très international « jogging ». Cette écocitoyenneté du quotidien peut aussi se prolonger à travers des actions collectives qui donnent de la visibilité à la démarche.
Visite présidentielle
Ni André Colin – qui ramasse en solitaire quand il court ou promène son chien – ni les membres de l’association Morvan Oxygène – qui l’épaulent dans des opérations planifiées – ne sont donc des pionniers en la matière. En revanche, la façon dont ils relaient leur démarche pourra peut-être en inspirer d’autres.
Tout est parti de la petite animation imaginée en octobre pour la visite rendue par le président de l’Ufolep, Arnaud Jean, à cette très dynamique association multisport basée à Château-Chinon (Nièvre). « L’été dernier, touristes et promeneurs avaient souillé comme jamais les abords du Calvaire, le belvédère depuis lequel on peut admirer la ville et ses environs. D’où l’idée d’y organiser un ramassage de déchets » explique André Colin, qui avec la vingtaine de bénévoles mobilisés ce jour-là a rempli une remorque de 50 kilos de déchets en tout genre.
Afin que l’action ne soit pas sans lendemain, les traileurs de Morvan Oxygène ont laissé une trace sous la forme d’une plaque en bois pyrogravée : une façon de sensibiliser les promeneurs qui en toute négligence abandonnent canettes, emballages divers, mouchoirs en papier et autres peaux de banane. « Souvent, les gens n’y font même pas attention. Ils se dédouanent en pensant que c’est biodégradable, sans imaginer la durée du processus de dégradation. C’est même à se demander si, jetant leur kleenex, certains n’ont pas l’impression de planter un arbre ! »
André Colin a le sens de la formule. Entrepreneur en menuiserie PVC, il s’y entend aussi en matière de communication. Ainsi, la démarche de Morvan Oxygène se décline-t-elle sous la dénomination « Run éco actif », complétée par la mention « Tous acteurs du changement ». Elle est également relayée par une page Facebook et un logo intégrant la devise explicite « Nous, on nettoie la nature ».
Le Noël champêtre de la famille Débile
André Colin sait toutefois qu’« on ne touche pas les gens en leur faisant la leçon ou la morale ». C’est pourquoi il use de l’humour dans les messages tout en dérision postés au gré de ses trouvailles, lesquelles vont de la trop classique canette de boisson énergisante au plus exotique emballage de brosse à WC. Quant au four au micro-onde abandonné au détour d’un chemin, il lui a donné matière à broder sur l’hypothétique « repas de Noël champêtre de Monsieur et Madame Débile », qui s’attendaient probablement à trouver une prise électrique au milieu de la forêt… « Il ne faut pas prendre les gens frontalement, c’est contreproductif. En revanche, si on les fait sourire de leur comportement, on peut espérer qu’ils s’interrogent un peu sur celui-ci et, la fois suivante, retiennent leur geste avant de balancer leurs déchets. »
Au printemps, la première opération de la saison s’est déroulée début avril à la base nautique de l’étang de Baye. D’autres seront organisées, en plus du « picorage » de tous les jours. La démarche vaut aussi pour les sections sœurs que sont la marche, mais aussi l’escalade, tant les abords des falaises sont souvent balisés des restes de pique-nique de pratiquants irrespectueux de sites dont ils sont pourtant les premiers utilisateurs. Et pour que chaque discipline puisse communiquer à travers sa propre identité, des panneaux personnalisés « marche » et « grimpe éco active » ont ainsi été réalisés.
Certes, il arrive que ceux-ci soient vandalisés. Mais les membres de Morvan Oxygène peuvent au moins de consoler en considérant que leur matériau biodégradable ne polluera pas les sols ou la nappe phréatique de particules microplastiques. Ph.B.
Jeune diplômé en Staps, Jérôme Rousseau a créé à Nanterre (92) l’association Novosports, qui réunit «handi» et «valides » dans des adaptations du basket, du foot et du volley. Yann Doyelle est l’un des coachs bénévoles.
Jérôme. « J’ai 27 ans et dans mon parcours de vie j’ai toujours eu une relation étroite avec le sport. Dès l’enfance j’étais fan de football, et dès l’école primaire j’ai été encouragé par mes enseignants de la Fondation Poidatz – à Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne) – à pratiquer des activités sportives adaptées, de la sarbacane au tennis de table. J’ai ensuite étudié au lycée Toulouse-Lautrec de Vaucresson (Hauts-de-Seine), qui réunit des personnes en situation de handicap avec d’autres qui ne le sont pas. Mon bac en poche, comme j’étais intéressé par l’animation – j’ai passé mon Bafa – et l’organisation d’évènements sportifs, je me suis orienté vers un DUT en animation sociale. J’ai effectué mon stage de 2e année à Montréal, dans une structure, le Centre d’intégration à la vie active, qui proposait des activités sportives et culturelles : un concept que j’ai beaucoup aimé. Puis je suis entré en licence professionnelle Staps d’éducateur socio-sportif et j’ai obtenu mon mastère management du sport il y a deux ans. Entre-temps, Novosports était née. »
Yann. « J’ai connu Novosports par deux amis qui participaient aux entraînements de l’association. Cela m’a plus, j’y suis resté. Aujourd’hui en 2ème année de master activité physique adaptée et santé (Apas) à l’université de Nanterre, j’encadre la pratique du baskin, que j’ai découverte à travers des articles avant de rencontrer l’équipe de Baskin France et de suivre une formation pour devenir entraîneur. Le fait de coacher des profils très variés oblige à trouver le challenge adapté à chacun, à tester de nouvelles choses ou de nouvelles techniques. Et en match, tout en respectant la lettre et l’esprit des règles, nous utilisons des stratégies bien particulières en fonction des joueurs et de nos adversaires ! »
Créée par des étudiants de l’Université de Nanterre (Hauts-de-Seine), l’association Novosports associe joueurs debout et en fauteuil dans des pratiques adaptées du basket, du football et du volley.
Jérôme Rousseau, qu’est-ce qui vous a conduit à créer l’association Novosport ?
J’ai fait des études en Staps à Nanterre, filière management du sport, et je suis en situation de handicap. Or à l’université il y avait du matériel sportif et d’autres étudiants porteurs d’un handicap, mais pas de pratique partagée. C’est ainsi que nous avons commencé à organiser à la fac des activités régulières pour un public mixte. Puis, pendant le Covid nous avons été accompagnés sur la dimension entrepreneuriale, ce qui m’a incité à fonder Novosport en janvier 2021. À la fin de mon mastère, je me suis attelé bénévolement à structurer l’association et trouver des financements, ce qui m’a permis de démissionner de la présidence pour en devenir il y a bientôt deux ans directeur général salarié. Aujourd’hui, Novosports ce sont 37 pratiquants licenciés et 14 membres bénévoles impliqués, dont 4 siégeant au bureau de l’association, plus 2 salariés : moi-même et un alternant chef de projet.
Quelles sont vos activités ?
Nous proposons aujourd’hui trois créneaux hebdomadaires en gymnase à Nanterre (Hauts-de-Seine), Paris 19e et Gonesse (Val-d’Oise). Nous sommes affiliés à l’Ufolep depuis la rentrée dernière, parce que nous en partageons les valeurs et que nous sommes le premier club d’Île-de-France qui propose la pratique du baskin – ou baskIN – dans un objectif de compétition. Or cette adaptation du basket permettant d’associer dans une même équipe des personnes porteuses de différents handicaps et des valides est développée à l’Ufolep, en particulier en Loire-Atlantique.
La vocation de Novosports est de faire pratiquer ensemble personnes valides, en fauteuil manuel et en fauteuil électrique : n’est-ce pas trop compliqué ?
Une précision tout d’abord : quand on pense handicap, on pense immédiatement handicap moteur en oubliant souvent les personnes en situation de handicap sensitif ou mental, que nous prenons aussi en compte à Novosports. Ensuite, le plus compliqué est de trouver le « juste milieu », à savoir faire que l’activité plaise à chacun, en acceptant les règles et en y trouvant sa place. Cela exige de proposer du « spécifique » à chaque individu, c’est-à-dire un vrai « challenge », ni trop difficile ni trop facile. C’est justement ce qu’ont réussi les concepteurs du baskin avec une ingénierie très fine qui passe par des ballons et des paniers adaptés à chacun, un temps plus long pour shooter, etc. Chaque joueur ou joueuse peut ainsi exister dans l’équipe.
Vous pratiquez aussi des adaptations du football et du volley : c’est vous que les avez mises au point ?
C’est le fruit de toute une équipe associant des enseignants en activités physiques adaptées. Par exemple, le volley inclusif se joue avec un gros ballon de fitness qu’il ne faut pas faire passer au-dessous mais sous le filet, le point étant marqué lorsque la balle sort du terrain de jeu sans que l’équipe adverse puisse l’empêcher. Au football, où la balle est un peu plus grosse qu’un ballon réglementaire, les règles permettent de se faire des passes entre personnes valides et en fauteur manuel ou électrique, avec au bout un tir au but.
C’est important que ce soient des sports d’équipe ?
Oui, très important. Pour la dimension collective et parce que dans un sport individuel il est plus c’est plus difficile de compenser afin qu’il y ait vraiment « match ». Il faut jouer sur la distance, le nombre de points, mais nous n’avons pas encore trouvé cet équilibre… En tennis ou tennis de table, on peut imaginer une confrontation par équipes où chaque personne en rencontrerait une dans la même situation qu’elle, mais plus difficilement opposer une personne valide à une autre porteuse de handicap, même en adaptant la taille du terrain par exemple.
Qui anime les séances ?
Des enseignants en activités physiques adaptées, comme notre créneau du lundi 18h-20h à Nanterre-Université et celui de volley inclusif – le lundi soir aussi –, qui l’est par notre alternant chef de projet. Idem pour le baskin c’est à Paris 19e C’est aussi le cas à Gonesse, dans le complexe sportif de l’entreprise Manutan, où ce ne sont pas des activités partagées : nous accueillons des jeunes de trois institutions spécialisées mais qui n’ont pas forcément accès à la pratique sportive au sein de celles-ci.
Pourquoi ces sites ?
Nanterre parce que c’est notre berceau. Paris parce qu’il y a beaucoup de demande et que la mairie nous a octroyé ce créneau. Et Gonesse parce qu’une enseignante à l’université de Nanterre intéressée par notre démarche nous a trouvé cette opportunité.
Organisez-vous des matchs contre d’autres équipes ?
C’est la prochaine étape ! C’est déjà possible pour le baskin, même si nous n’avons pas encore trouvé d’adversaire en région parisienne. Pour le football et le volley, c’est encore un projet : il faudrait d’autres associations comme la nôtre à proximité… Mais nous organisons les 1er et 2 juin à Nanterre-Université la première Coupe de France de volley inclusion, avec des étudiants venus des campus de Brest, de Montpellier, etc.
Comment vous financez-vous ?
À côté des adhésions, qui représentent une faible part de notre budget, nous effectuons des prestations rémunérées visant à sensibiliser au handicap auprès d’établissements scolaires (écoles, collèges, universités) et d’entreprises. Nous menons également des projets soutenus par des fonds européens.
Vous comptez aujourd’hui 37 adhérents, répartis sur trois sites : pourriez-vous être plus nombreux ?
Oui, parce qu’il y a de la demande. Mais le public en situation de handicap est plus difficile, par manque d’information et parce qu’il lui est plus difficile de se déplacer. La mobilité est un enjeu déterminant pour pratiquer une activité sportive, et plus encore en région parisienne.
Propos recueillis par Ph.B.
(1) Novosports a accueilli le 16 mars l’assemblée générale annuelle de Baskin France, association partenaire l’Ufolep à travers une convention.
À Mouthe (Doubs), réputé le village le plus froid de France, depuis trente ans on peut se réchauffer à l’Association gymnique. Notamment depuis que Justine et Aurore, deux jeunes mamans arrivées de Rhône-Alpes, ont réveillé la section gym artistique, qui coexiste avec du fitness adulte et de la kinésiologie-relaxation. Hébergée le mercredi dans le gymnase du collège, elle compte 20 licenciés, dont leurs filles.
Pour permettre à Évangéline, Naomie, Edenne et leurs copines de goûter au sel de la compétition, les deux mamans-entraîneures ont engagé cette année deux équipes à l’Ufolep. « Adolescente, j’ai eu la joie de partager un titre de championne de France et je souhaitais que les filles puissent connaître cette ambiance », explique Aurore Dumas. Sauf que ça n’est pas simple en Bourgogne-Franche-Comté, avec seulement deux autres clubs Ufolep, excentrés de surcroit à l’autre bout de la région : « Nous avons donc été rattachées au championnat départemental de la Drôme, là où j’ai concouru autrefois en Ufolep. Une vraie expédition, compliquée encore par le blocage des routes par les agriculteurs en colère ! Mais c’était quand même bien qu’elles vivent ça. » Elles, et aussi Enak et Teddy, les deux garçons du club, qui par la force des choses étaient engagés en individuel. Ph.B.
Près de Thiers (Puy-de-Dôme), la Gymnastique et Trampoline Montagne Thiernoise fédère une centaine de licenciés au cœur d’un territoire très rural.
La Montférie est un modeste hameau situé entre Thiers et Noirétable, dans le Puy-de-Dôme. C’est pourtant là, derrière les murs d’une grange réhabilitée, que bat le cœur de la Gymnastique et Trampoline Montagne Thiernoise. « Le club est né d’une scission avec La Thiernoise Gym, à Thiers, quand en 2001 celle-ci a pris le virage du haut niveau, explique Anne-Marie Émaille, trésorière, responsable technique et entraîneure bénévole. Nous avons d’abord été accueillis dans la salle des fêtes de Saint-Rémy-sur-Durolle, avec pour contrainte de devoir démonter fréquemment le matériel. C’est pourquoi nous avons saisi en 2010 l’offre faite par la communauté de communes de la Montagne Thiernoise d’une salle dédiée, sur un territoire où nous sommes l’une des rares activités sportives proposées aux jeunes filles. »
Près d’un quart de la centaine de licenciés sont toutefois des garçons pratiquant le trampoline. Une dizaine de filles en sont aussi des adeptes, en seconde activité. « La plupart de nos gymnastes ont entre 6 et 14 ans car, à partir du lycée tous sont internes, que ce soit côté Puy-de-Dôme ou côté Loire. C’est pourquoi le vendredi soir est réservé aux plus âgés », précise Anne-Marie.
À Ia Montagne Thiernoise, « tout le monde fait de la compétition, dans une très bonne ambiance car sans pression du résultat ». Et comme les relations sont excellentes avec les nouveaux dirigeants de la Thiernoise Gym, devenu entre-temps un club 100 % Ufolep, Anne-Marie et ses gymnastes les plus grandes sont de temps en temps accueillies à Thiers, dans une salle incomparablement plus vaste que la leur. « C’est bien utile avant les compétitions, pour se repérer sur le praticable. »
S’il était possible de pousser les murs de l’ancienne grange de La Montférie, la Gymnastique et Trampoline Montagne Thiernoise pourrait certainement réunir davantage de licenciés. Mais Anne-Marie est déjà sur le pont trois fois par semaine, dont le mercredi après-midi jusqu’à 19h. Plus les compétitions le week-end, et ses multiples casquettes1. « Mais c’est avant tout de la passion, et du plaisir ! »
Ainsi va la gymnastique à La Montférie, petit embranchement sur la D 42, à trois kilomètres du bourg de Viscomtat. Ph.B.
(1) Formatrice d’officiels, élue départementale Ufolep, membre de la commission technique régionale Auvergne-Limousin de gymnastique et de la commission nationale, avec la responsabilité d’un secteur qui va de l’Auvergne à la Normandie et la Bretagne.
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