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Je me souviens du sport : Gilles Bertrand

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Gilles Bertrand, 69 ans, crée en 1995 le Festival des Templiers (Aveyron) avec son épouse Odile Baudrier, actuelle directrice d’un évènement identifié à son ultra-trail. Journaliste et photographe, il lance avec elle d’autres épreuves et des magazines consacrés à la course à pied sous toutes ses formes. Parmi ses livres photos, on citera Kenya les coureurs du siècle (1999), Jamaïca, l’art du sprint (2003) ou Sport en Chine, ombres et lumières (2008).

 

Je me souviens du jour où, avec des copains de 6e du collège de Mehun-sur-Yèvre, nous avons pris le bus pour participer à Bourges à une sélection pour le championnat départemental d’athlétisme au stade Séraucourt. Je participe au 56 m haies, au relais 4 x 60 m et au saut en hauteur, où je suis largement battu par José Marajo, futur finaliste du 800 et du 1 500 m des Jeux de Moscou. José que je retrouverai régulièrement tout au long de mon parcours de journaliste.

Je me souviens que mon père achetait le Miroir de l’athlétisme et que cette revue a nourri ma vocation de journaliste et de photographe. J’étais particulièrement fan du sauteur en hauteur russe Valery Brummel auquel je m’identifiais et du sauteur en longueur Igor Ter-Ovanessian.

L’athlétisme au collège s’arrête vite, faute de prof pour l’animer, mais à 16 ans je participe au raid nocturne Bourges-Sancerre. Je finis dans la douleur, 55 km en dix heures, mais c’est le début de ma passion pour les longues distances en endurance. L’année suivante, je suis beaucoup mieux préparé, après m’être licencié dans un club de marche athlétique, discipline que je pratique plusieurs années avec le rêve – jamais réalisé – de participer à Paris-Strasbourg.

Je me souviens de mon premier reportage photo, réalisé sans accréditation depuis le pied des tribunes, lors d’un match France-Finlande organisé à Blois au retour des Jeux olympiques 1976. J’étrenne alors mon premier Reflex acheté après avoir travaillé en usine tout l’été et je fais mes premières armes en prenant Colette Besson, Jacky Boxberger et Guy Drut, tout auréolé de son titre olympique. Pour l’anecdote, Drut abandonne à la troisième ou quatrième haie et se montre ensuite si odieux avec les juges que j’écris à Raymond Pointu, la grande plume de l’athlétisme, pour lui faire part de ce comportement choquant.

Mon premier reportage rémunéré, ce sera en 1981 dans l’Éthiopie du général Mengistu. Je rencontre Mamo Wolde, vainqueur du marathon des Jeux de Mexico, et ce reportage sur les coureurs éthiopiens fait la couverture du magazine Spiridon. Cela me met le pied à l’étrier et je pige pour d’autres revues. Mais comme cela ne suffit pas pour vivre, je m’occupe aussi d’enquêtes statistiques de terrain. Entre temps, je publie en 1979 avec mon collègue Jean-Pierre Rech le Carnet du bipède, premier guide annuel des courses hors stade en France. Puis je crée en 1989 avec mon épouse Odile le magazine VO2 et obtiens ma première carte de presse.

Je me souviens que c’est lors d’un reportage en duo sur les trails du Colorado que j’ai l’idée de créer les Templiers. Ce projet mettra quatre ans à devenir réalité. Je me souviens de la première édition en 1995 et de la joie inondant le visage du vainqueur Patrick Renard lorsqu’il franchit la ligne d’arrivée. Une joie qui me submerge moi aussi et me procure le sentiment d’avoir créé quelque chose qui fait sens. À cet instant, je sais que c’est le début d’une grande histoire.



À Brest, le catch laïque fait le show

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Depuis 18 ans, la section catch du Patronage laïque de Recouvrance accueille les amateurs débutants et organise des galas très populaires.

 

« Quoi, du catch à la Ligue de l’enseignement et à l’Ufolep1 ? » Passé l’étonnement, la nouvelle directrice du Patronage laïque de Recouvrance, à Brest, a vite compris que cette section atypique ne dénotait pas dans la maison. « Les 16 licenciés, dont 3 femmes, sont bénévoles et toujours prêts à donner un coup de main. Deux d’entre eux siègent au conseil d’administration et le catch participe à la vie du patronage comme à l’animation locale avec des galas qui réunissent plus de 200 personnes dans notre grande salle, où pour l’occasion on déplace le ring en installant des chaises autour », résume Géraldine Capelle, qui dirigeait auparavant le centre d’animation Ravel et le Théâtre Douze, à Paris.

La section catch du PL Recouvrance, quartier historique de l’arsenal militaire, a été créée il y a 18 ans par ses deux premiers hommes forts, Vincent Balcon et John Bardin, lequel était allé se former un an au Japon. Les entraînements se déroulaient sur des tapis, puis des planches posées sur des pneus récupérés à la casse en guise d’amortisseurs, avant de se faire envoyer d’Angleterre un ring d’entraînement d’occasion convoyé ensuite depuis le port du Havre. « Il était déjà là à mon arrivée il y a 15 ans », se souvient Alexandre Dekhis, 38 ans, actuel responsable de la section.

 

Apprendre à chuter

« J’étais fan de catch et j’avais lu dans le compte rendu d’un gala dans Le Télégramme qu’ils accueillaient ceux qui voulaient apprendre. J’ai essayé, j’ai aimé, je suis resté » raconte cet ex-pratiquant de judo qui lui avait brièvement tâté de la boxe anglaise avant de vite raccrocher les gants en raison de « la mentalité de l’entraîneur ». Rien à voir avec l’ambiance bienveillante du catch made in Recouvrance, éloigné de tout esprit de compétition et où, à l’image d’Éléonore, 18 ans et benjamine du groupe, les licenciés hommes et femmes sont loin de tous ressembler à des armoires à glace.

Alexandre anime avec son compère Pascal les entraînements du lundi, du mercredi et du vendredi, où les nouvelles recrues apprennent à « chuter et mettre des coups sans blesser ». « On débute par du cardio, des étirements, divers exercices pour échauffer les articulations, des roulades et des roues pour gagner en souplesse, avant d’aborder vraiment la technique catch » précise ce fan du combattant américain The Rock. Sur le ring, lui-même devient « Léon, le dentiste inca », en référence à sa tenue et sa technique du coup de genou dans la mâchoire. « Je possède aussi un personnage caché, à ne pas dévoiler ! » On dira jusque que celui-ci est « tout feu tout flamme » et entretien un certain rapport avec son métier industriel...

Le catch trouve en effet sa finalité dans sa mise en scène. « Ici, ce n’est ni pour la gloire ni pour l’argent, mais pour le plaisir d’organiser des combats selon une trame, en s’y prenant des semaines ou des mois à l’avance. C’est toujours le bon contre le méchant, et comme à Guignol le public doit prendre parti. Au besoin, les catcheurs interagissent avec lui », explique Alexandre. Pas étonnant donc que les sections catch et théâtre d’improvisation fassent parfois scène commune. « La dernière fois, pour le final à trente sur le ring, on était un peu serrés ! » Les quelques centaines d’euros généralement dégagés par la recette viennent alors abonder la caisse commune du Patronage2. Les catcheurs de Recouvrance proposent aussi des exhibitions à la fac – suscitant ainsi des vocations – et participent aux « Marinades » qui animent le quartier en été.

Et les gnons ? « On retient nos coups, tout en les exagérant. Forcément il y a des doigts retournés, et plus rarement des clavicules cassées quand une chute est mal exécutée. Mais on fait tout pour l’éviter », insiste Alexandre.

C’est la moindre des choses dans un patronage laïque qui, de surcroît, accueille une Maison sport santé… « Tous les sports autrement », et c’est peu de le dire. Philippe Brenot

 

(1) En l’absence de code activité dédié, le catch est apparenté à la lutte.

(2) Le PL Recouvrance compte 450 adhérents, dont 360 licenciés Ufolep dans ses différentes sections d’activités de la forme et breakdance, badminton, tennis de table et école de sport.



À Condom et ailleurs dans le Gers, le VTT éducatif rayonne

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L’Union cycliste condomoise et l’engagement de son président auprès des jeunes illustrent la dynamique des écoles de VTT gersoises.

 

« Adolescent, explique Sylvain Tarroux, je pratiquais le VTT, mais il ne fallait pas me parler de club ! J’ai repris le vélo à 22 ans en voyant des copains du judo s’abîmer le genou. Puis, quand j’ai eu mon premier poste de professeur de biologie au lycée de Condom, j’ai sympathisé avec des membres du club cycliste Ufolep local, que j’ai alors intégré, et que je préside en 2010 – quand les candidats ne se bousculent pas au portillon, on prend vite du grade. C’était surtout de la route, mais nous étions aussi quelques vététistes. J’ai ensuite monté des petites sorties « jeunes » puis participé à une formation d’animateur chez nos voisins du Lot-et-Garonne, engagé de longue date dans le dispositif Kid Bike aujourd’hui déployé à l’échelle nationale. »

Kid Bike. « Le VTT attire plus facilement les jeunes que la route. Le vélo est moins cher, d’usage plus quotidien, et côté sécurité les parents sont davantage rassurés. C’est aussi plus facile à animer : il suffit d’un talus pour les occuper !

Par la suite, j’ai effectué une formation Kid Bike proprement dite. Depuis, nous organisons un rassemblement tous les deux ans avec les clubs gersois, notamment le club de Beaucaire avec qui nous nous entendons très bien. Leur section jeune compte pas moins de 40 licenciés, ça motive donc d’organiser quand on sait qu’il y a de la demande. Et comme j’aime bien la cartographie, nous donnons à ces rassemblements une coloration orientation. »

Sorties. « Parmi nos 60 licenciés, il y a environ 25 cyclos dont 10 participent à des compétitions, d’autres adultes en pur loisir et 25 enfants dans la section VTT. Paradoxalement, le Covid en a "dopé" les effectifs. Nous avons en effet relancé l’activité sitôt levées les restrictions du confinement, avec un évènement qui a très bien marché. Nous avons aussi déplacé notre sortie d’entraînement du lundi soir au samedi matin. Je l’encadre avec trois autres adultes, dont un jeune retraité et mon épouse, qui s’est mise au VTT électrique, comme d’autres licenciés prenant de l’âge. En plus des jeunes – dont nos enfants Amel et Alexandrine, 14 et 10 ans –, quelques adultes participent aussi à ces sorties où nous adaptons les circuits selon l’âge et la forme de chacun. Nous avons un bois à 5 km et nous pratiquons aussi les départs délocalisés en embarquant les vélos sur nos véhicules. »

Compétition. « J’incite les jeunes à participer à des compétitions, pour "montrer le maillot". Au moins à celle que nous organisons chaque année en avril, qui l’an passé a réuni 40 adultes et 80 jeunes. Quatre ou cinq de chez nous ont une âme de compétiteurs, et les autres sont plutôt "randonneurs". Mais on espère quand même qu’ils feront l’effort de venir, ne serait-ce que pour faire plaisir aux gens qui s’occupent d’eux tous les samedis ! ».

Savoir Rouler. « En 2021, j’ai participé à une formation d’animateur Savoir Rouler à Vélo à Limoges. Je me suis ensuite fait la main dans l’école – privée – ou enseigne mon épouse. Depuis deux ans, à la demande de la mairie de Condom et en lien avec le comité Ufolep, j’interviens avec deux autres membres du club auprès des CM1-CM2 des écoles Jules-Ferry et Pierre-Mendès-France. Cela représente 40 enfants dans chaque école. Profitant que les abords sont tranquilles, nous les emmenons assez vite faire le tour du pâté de maisons, sans attendre la sortie finale permettant de délivrer l’attestation. Sinon, il m’est aussi arrivé d’encadrer des étapes du P’tit Tour Usep, quand la correction des copies du baccalauréat m’en laissait le loisir ! » Ph.B.

 

Une grande fête de fin d’année. « Les éducateurs des clubs de Condom, Beaucaire, Cologne et Auch participent en fin d’année à une grande fête départementale du VTT éducatif. Celle-ci réunit aussi des jeunes d’autres associations et des enfants non licenciés, pour lesquels nous prenons une assurance à la journée afin de leur faire découvrir la dynamique club, explique Simon Duran, délégué Ufolep et Usep du Gers. Nous essayons également de favoriser les passerelles avec les associations Usep d’école lorsque la proximité d’un club le permet, notamment à l’occasion d’une étape du P’tit Tour. Il y en aura six ou sept cette année, dont deux à Auch, qui cette année est ville-départ de la 17e étape du Tour de France. »



Double dutch sur la Canebière

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Créée en 2021, l’association Marseille Jump Rope développe la variante sportive du saut à la corde avec l’Ufolep des Bouches-du-Rhône.

 

Un jeu de cour d’école : ainsi considère-t-on encore le double dutch en France, quand aux États-Unis cette version codifiée du saut à la corde est un sport à part entière. Mais dans les Bouches-du-Rhône cela pourrait changer sous l’impulsion de Yann Espigulé, 46 ans, fondateur en 2021 de Marseille Jump Rope. Il veut « en développer et en structurer la pratique » avec l’appui du comité Ufolep, dont il est désormais élu. Et il y croit d’autant plus que « le double dutch vient d’être reconnu sport de haut niveau par le ministère des Sports ».

C’est après avoir croisé l’américaine Bree Maraux, animatrice d’un club près de Toulouse, que Yann Espigulé, qui lui-même travaille dans le domaine du sport, a eu la révélation. Et c’est dans les cours d’écoles marseillaises que tout a débuté, en lien avec l’amicale laïque du quartier de La Blancarde, qui depuis a créé sa propre section. Aujourd’hui, 60 jeunes marseillais sautent à la corde chaque semaine dès l’âge de 4 ans1. Dont la quinzaine de membres de l’équipe compétition, licenciés à la fois à l’Ufolep et à la fédération de double dutch2.

 

Démonstrations tous publics

« Nous animons l’activité dans une dizaine d’écoles : dans les cours, sous les préaux et en gymnase quand c’est possible. Plus ponctuellement, nous faisons aussi découvrir le double dutch dans les écoles et centres aérés de communes voisines comme Meyreuil, Gardanne, Saint-Victoret, Istres ou Miramas » précise Yann Espigulé, par ailleurs peu avare de démonstrations auprès du grand public. Marseille Jump Rope a ainsi sauté pour un concert de Soprano au stade-vélodrome et le programme Provence terre de sport associé à Paris 2024, et participé dernièrement à la braderie puis au carnaval de Marseille en mars et en avril, en attendant Ufostreet en mai, les Talents marseillais en juin (7 000 personnes attendus au Dôme) et l’émission télé « La France a un incroyable talent », en juillet sur M6.

« Les atouts du double dutch sont sa facilité d’accès, son caractère mixte et son côté très ludique, résume Yann Espigulé. Les plus jeunes participent à une séance hebdomadaire de 50 minutes tandis que les adolescents qui sont motivés par la compétition ont la possibilité de s’entraîner chaque jour, notamment pour perfectionner l’aspect technique du tournage et du lancer de corde. » Le double dutch est en effet un sport collectif où la cohésion entre partenaires est aussi importante que la technique individuelle. Les passages se font en musique et l’activité, particulièrement populaire parmi les afro-américains – Michelle Obama s’est elle-même prêtée à des démonstrations – est proche de la culture hip hop.

 

Objectif formation

Marseille Jump Rope est aujourd’hui dépassé par son succès et Yann Espigulé ne pourra pas continuer à se démultiplier pour animer tous ces créneaux ! « Il y a notamment une demande adulte à laquelle nous ne sommes pas en mesure de répondre. Localement nous aurions besoin d’au moins 40 éducateurs et formateurs ! » Aussi a-t-il mis en place avec le comité Ufolep des stages de formation qui s’appuient sur les ressources pédagogiques de la Fédération française de double dutch.

En attendant, Marseille Jump Rope continue de promouvoir l’activité avec un enthousiasme intact. Par exemple dans le cadre du dispositif départemental « Sport pour elles » destiné aux femmes éloignées de la pratique physique. Ou comment les faire entrer dans la danse avec une activité qui est d’abord un jeu et qui peut réveiller des souvenirs de cour d’école. Antoine Richet

 

(1) Baby jumper (4-6 ans), Kids (6-8 ans), Juniors (8-11 ans), adolescents et jeunes adultes.

(2) « Nous avons trois Champions de France 2024, catégorie vitesse – Andrew en U10 garçon, Elyzia en U10 fille et Marouane en U12 garçon – et notre équipe U10 a terminé 3ème en double dutch freestyle : des titres remis en jeu en mai à Paris. En 2022 et 2023, Marouane et Andrew ont également été champions en jump rope freestyle. »

 

Une corde dans chaque main. Le double dutch1 est la version en équipe d’une discipline qui se pratique à trois ou quatre athlètes, dont deux « tourneurs » maniant dans chaque main deux cordes qui forment des ellipses opposées et alternées où leurs camarades rivalisent d’acrobaties chorégraphiées. La durée des performances est de 30 à 40 secondes, parfois plus selon les formules et le niveau. Il existe aussi des épreuves de vitesse où les concurrents sautent à pieds joints ou d’un pied sur l’autre à une cadence folle, et une version individuelle appelée single rope. A.R.

(1) Ainsi nommé en référence au « charabia » des enfants d’immigrés hollandais qui sautaient à la corde il y a plus de 300 ans dans les rues de New York.



Vélo en s’elles poursuit sa route

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Lancé en 2017 par l’association en partenariat avec Lille Sud Insertion et soutenu par la Ville, le projet Vélo en s’elles propose chaque année à 25 femmes un apprentissage de la bicyclette. Celui-ci est concrétisé par le passage d’un brevet sur route et finalisé par un voyage de 100 à 150 km. Ce projet, pour lequel Alessandra s’est inspirée de la vélo-école pour adultes de Montreuil, près de Paris, a depuis été modélisé avec Santé publique France. On y retrouve l’ADN de Passer’Elles – autonomie et « empowerment » des femmes, sport santé et bien-être… – doublé d’un souci d’inclusion et d’insertion sociale.



À Lille, Passer’Elles fait rimer gymnastique et sororité

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L’association assume la non-mixité choisie pour fédérer 450 femmes de tous horizons au nom de l’appropriation de leur corps.

 

Passer’Elles a beau être un collectif et une aventure partagée, l’association trouve son origine dans le parcours de vie d’Alessandra Machado, 52 ans, qui l’a fondée en 2010 et continue de l’incarner. « Ce parcours, résume-t-elle, est celui d’une immigrée sans papiers qui a fui la misère de son village de l’État de Rio, au Brésil. J’ai grandi sans père et celui de mes trois enfants était aux abonnés absents. J’ai alors rencontré le cuisinier du restaurant français où j’étais serveuse, qui me promettait monts et merveilles… Et c’est vrai qu’en travaillant trois mois ici j’ai pu faire vivre ma famille pendant un an ! »

En France, Alessandra donne naissance à son quatrième enfant mais connaît « dix ans de violences conjugales », dont elle s’extirpe grâce au soutien d’associations d’aide aux femmes victimes de violence. « C’est là qu’est né le projet de Passer’Elles. À 37 ans, sans salaire ni métier mais forte de mon goût jamais démenti pour le mouvement et la danse, j’ai entamé une formation zumba et commencé à créer un réseau de femmes dans les quartiers de Lille, avec la volonté de créer une communauté. »

 

Zumba et mixité sociale

Alessandra Machado passe ses diplômes – dont un BP Jeps – et prend le statut d’auto-entrepreneuse pour démarrer son activité. « J’animais des cours dans les quartiers populaires comme dans les beaux quartiers et j’ai voulu réunir ces publics. D’où le nom de l’association, Passer’Elles, née avec l’appui de deux amies, l’une sociologue et l’autre responsable d’un projet sur l’accessibilité des personnes handicapées : une question qui me concerne d’autant plus que l’une de mes filles est autiste. »

Passer’Elles s’affilie en 2014 à la fédération de gymnastique volontaire1, dont Alessandra intègre en parallèle le comité régional de Hauts-de-France, où elle œuvre au développement associatif. « Même si notre principe de non-mixité choisie et notre engagement dans les quartiers avait reçu la validation fédérale, nous restions un peu disruptives, dissonantes, analyse-t-elle. Aussi, en 2019 nous avons décidé en bureau de basculer vers l’Ufolep, qui correspondait mieux à notre projet d’éducation populaire très engagé. »

Les 450 licenciées de Passer’Elles – un chiffre en progression chaque année – ont aujourd’hui le choix entre 21 cours différents, orientés cardio ou gymnastique douce1 et proposés du lundi au samedi en sept lieux différents. « Les mères peuvent venir avec leurs enfants dès 4 ans et nos pratiquantes les plus âgées vont sur leurs 90 ans », précise Alessandra Machado.

Cette offre variée, avec des activités « tendance » comme le « cardio fight girl » où l’on mime les gestes de la boxe, est la première raison du succès rencontré. À l’image d’un site internet qui donne envie de la rejoindre, l’association bénéficie également d’une communication très pro qui vient s’ajouter au bouche-à-oreille. « Et puis il y a tout ce que l’on trouve chez nous et pas ailleurs, insiste Alessandra Machado : un réseau communautaire, une solidarité entre femmes et un engagement militant qui se retrouve dans des tarifs indexés sur le quotient familial et l’accompagnement des publics vulnérables comme les réfugiées et les demandeuses d’asile. Ce qui ne nous empêche pas de nous autofinancer à 80 %. »

 

Une équipe

Alessandra a également su fédérer autour d’elle toute une équipe, à commencer par les cinq autres membres du bureau. Souvent adhérentes de longue date, celles-ci font profiter l’association de leurs compétences professionnelles : Aurélie, la présidente, travaille dans la communication ; Juliette est psychiatre ; Soued est consultante et professeure en management ; enfin, Fatima et Kheira maîtrisent tout ce qui relève des finances et de l’administratif. L’association réfléchit néanmoins à la façon de financer un poste de direction dans l’idée de renforcer le soutien des collectivités ou d’autres acteurs sensibles à son projet.

Côté animation sportive, elles sont quatre à seconder Alessandra : un quatuor dans lequel on retrouve à nouveau Aurélie, la présidente, qui au début était simple adhérente. « Je repère vite celles qui peuvent être des relais, explique Alessandra. J’ai ainsi dû former une trentaine de personnes depuis les débuts de l’association. Je regrette d’ailleurs que nous n’ayons pas encore de formation à proposer au sein de l’Ufolep. Mais un Certificat de qualification professionnelle d’animateur ou animatrice de loisir sportif (CQP ALS) doit se mettre en place la saison prochaine dans les Hauts-de-France, avec une attention particulière portée à la pédagogie inclusive et différenciée. »

 

Engagements

Au-delà du brassage des publics, l’identité de l’association réside dans l’affichage de ses engagements et l’invitation aux adhérentes à participer, si elles le souhaitent, à des temps qui dépassent le cadre de l’activité physique. « Ce sont des groupes de paroles comme récemment sur la procréation maternelle assistée (PMA), des voyages à vélo, des rendez-vous bénévoles où l’on parle stratégie et action, la participation à des manifestations… En novembre, nous avons ainsi animé une course contre les violences sexuelles et sexistes qui a réuni 10 000 personnes à la citadelle de Lille. Et pour la Journée internationale des droits de femmes du 8 mars, nous avons pris la parole pour exprimer notre engagement féministe et défilé sous notre banderole. »

Alessandra n’hésite pas à parler d’un projet « révolutionnaire », au sens où « le corps des femmes est politique ». « Se réapproprier son corps à travers le mouvement est aussi un engagement militant. Que l’on porte la mini-jupe ou le voile, l’habiter pleinement permet de choisir librement ce qui est bon ou non pour soi. Et puis il y a tout la joie de se retrouver : cela aussi, c’est pour moi un projet révolutionnaire. » Philippe Brenot

 

(1) FFEPGV : Fédération française de l’éducation physique et de la gymnastique volontaire.

(2) Les activités dynamiques sont identifiées « Girl Cardio » (Zumba, Zumba step, HIIT, cardio fight girl et AFROVIBETM) et celles plus douces « Zen Girl » (Pilates, FitBall, Circl Mobility, Marche nordique et de méditation & breathwork).

 

Non-mixité, un choix assumé. « La non-mixité choisie permet d’offrir un espace sécurisé où les femmes ne se sentent ni regardées, ni jugées, explique Alessandra Machado. Cela rejoint pour moi l’attention spécifique portée aux personnes vulnérables. Cela nous permet d’échanger sur nos propres histoires et de construire quelque chose en commun. Le mouvement sportif a longtemps été réfractaire à la non-mixité. La mairie de Lille n’était pas non plus à l’aise sur le sujet, en raison notamment du parallèle établi par certains avec les demandes de créneaux exclusivement féminins en piscine. Je le comprends d’ailleurs tout à fait. Mais ces critiques s’atténuent car nous sommes l’antithèse de l’entre-soi : nous favorisons au contraire la diversité et le dialogue. Les femmes se découvrent et se rapprochent, loin des a priori nourris par certaines prises de position politiques. Et nous disposons aujourd’hui de suffisamment de vécu pour désamorcer toute forme de peur ou de crainte à l’égard de cette non-mixité assumée. »



Le bike polo, pédale et maillet

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Cette discipline inventée par des coursiers américains réunit en France 250 adeptes et est pratiquée dans deux associations Ufolep. Présentation avec Léa Ruffat, présidente du Toulouse Bike Polo.

 

Dans les années 2000, un étudiant toulousain ramène d’un séjour universitaire en Angleterre la pratique du hardcourt bike polo, née à l’aube du XXIe siècle sur les parkings de Seattle dans la communauté des coursiers à vélo : une façon ludique pour ceux-ci de prouver leur dextérité au guidon de leurs fixies à pignon fixe. Et attention à ne pas confondre ce sport très nerveux avec le polo-vélo, introduit en France dans les années 1920 et qui se pratiquait sur herbe1, à l’instar de son modèle aristocratique à cheval.

La version urbaine moderne se dispute sur un terrain de 20 x 40 m délimité par des bordures – comme au hockey – et oppose deux équipes de trois joueurs lors de parties de 12 mn, sans remplaçant. « C’est ainsi que nous le pratiquons au Toulouse Bike Polo, association créée en 2010 et affiliée à l’Ufolep depuis deux saisons. Nous sommes 24 licenciés, dont 4 femmes, âgés de 16 à 57 ans », précise sa présidente, Léa Ruffat, 40 ans, venue à la discipline un peu par hasard.

 

Des vélos adaptés

« Un jour, un ami m’a demandé de compléter une équipe où il manquait une féminine sur un tournoi mixte. Je circulais alors à vélo de façon utilitaire, mais c’est tout » explique celle qui, peu après, a quitté son poste administratif dans le médico-social pour intégrer une ressourcerie proposant du matériel vélo. « J’ai ensuite suivi une formation de mécanique puis travaillé cinq ans dans un atelier de réparation des deux-roues. »

C’est donc en experte que Léa conseille les nouvelles recrues. « On commence généralement avec ce qu’on a sous la main. L’idée, c’est un vélo simple, compact et rigide, sans fourche suspendue. Il n’y a qu’un seul frein, car l’autre main tient le maillet. Plus pratique, la roue libre a supplanté le pignon fixe, mais il n’y a toujours qu’une seule vitesse, avec un petit ratio : on mouline pour être réactif. »

Côté maillet, fini les temps héroïques des bâtons de ski bricolés en ajoutant des bouts de tuyau en PVC : désormais, quelques fabricants européens, fondés par des joueurs de bike-polo, se partagent ce petit marché et développent le matériel.

 

Une pratique structurée

S’il n’est pas rattaché à une fédération sportive agréée, le bike polo est néanmoins une pratique structurée en ligues régionales, avec des rendez-vous réguliers sous forme de tournois. « Nous appartenons à la Ligue du Soleil avec les clubs de Perpignan et Montpellier, qui ont déjà organisé des championnats d’Europe et du monde, avec celui de Bordeaux et celui de Salies-du-Salat, avec qui nous sommes très liés car il n’est qu’à trois quart d’heure de voiture, sur la route de Pyrénées », explique Léa.

La couverture hexagonale est complétée par une Ligue du « Crachin » (Nantes, Caen, Tours, Paris), une Ligue Alpine (Grenoble, Lyon, Genève, Annecy) et une Ligue du Nord à laquelle appartient le club de Lille, également affilié à l’Ufolep. Les clubs communiquent entre eux via Telegram et, chaque mois, l’un d’eux organise à tour de rôle un tournoi sur un week-end. Le TBP organise par exemple régulièrement des tournois de la Ligue du Soleil, plus le Tolosa Open en octobre, qui réunit des joueurs et joueuses de toute la France et d’Europe.

 

Un jeu plus fluide

Après des débuts en « mode pirate et débrouille » – un passage obligé pour quasiment toutes les associations proposant cette discipline mal identifiée –, le Toulouse Polo Bike a obtenu en 2012 de la ville de Toulouse la mise à disposition d’un terrain dédié dans un quartier prioritaire. Cerise sur le gâteau, celui-ci dispose de bordures fixes – pas besoin de tout réinstaller à chaque fois –, d’un éclairage et de locaux d’accueil. Un confort qui a aidé le club à repartir après la coupure du Covid.

Parallèlement, la qualité du jeu a progressé. « Au début, indique Léa, les règles étaient encore floues et c’était assez musclé, avec beaucoup de contacts entre joueurs. Ces règles ont évolué afin de rendre le jeu plus fluide, plus "propre", en un mot plus agréable. Côté score, cela peut donner du 3-0, du 5-2. Sinon, les postes – attaquant, défenseur et gardien – sont tournants selon les phases de jeu. Nous testons aussi de nouveaux formats, en ajoutant un remplaçant et en allongeant la durée de jeu à 20 mn. »

« En France, poursuit Léa Ruffat, les adeptes du bike polo forment une communauté assez soudée où règne l’entraide. Nous sommes 250 pratiquants et pratiquants, et dans ce sport mixte on se connaît presque toutes et tous. Les nouveaux sont également accueillis avec bienveillance. Nous les faisons débuter sur les tournois de la Ligue du Soleil, sans enjeu, en essayant de composer des équipes réunissant un joueur débutant, un autre de niveau intermédiaire et un troisième plus expérimenté. L’idée, c’est de les accompagner. Parce que s’ils progressent et prennent du plaisir à disputer ces compétitions, ils auront envie de s’impliquer et de rester au club ! »

Avec une telle mentalité, pourquoi le bike polo ne trouverait-il pas sa place à l’Ufolep ? Et s’il est probable qu’il demeure un sport de niche, le peloton des cyclistes du quotidien représente toutefois un vrai potentiel de développement. Philippe Brenot

 

(1) La Fédération sportive du travail (FST), proche du Parti communiste, organise en 1928 un premier championnat de Paris qui rassemble des clubs ouvriers de banlieue. Dans les années 1930, l’Union vélocipédique de France, « fédération bourgeoise », développe aussi le polo-vélo, dont la popularité décline à la fin des années 1950. (Wikipédia)

 

Les avantages de l’affiliation. « Le Toulouse Bike Polo s’est affilié à l’Ufolep à la demande de la Ville de Toulouse, qui depuis 2022 conditionne l’accès aux infrastructures à l’adhésion à une fédération agréée. En l’absence de fédération de bike polo, il nous était plus naturel de se tourner vers une fédération multisport comme l’Ufolep », explique Léa Ruffat.

« À la base, nous percevions cette affiliation comme une contrainte, mais à l’expérience je me suis rendu compte que c’était un atout au regard des services que cela offre. Nous avons accès à des outils numériques pour gérer nos adhérents et à des ressources pour "manager" le club. Nous avons aussi un interlocuteur en la personne du délégué départemental, François Duché. Notre adhésion nous a aussi apporté davantage de visibilité. Elle nous a notamment permis de participer en juin dernier au Forum des associations sur la place du Capitole, où nous avons fait deux recrues. Nous espérons pouvoir y faire cette année une petite démo, comme nous le faisons par ailleurs de façon ponctuelle en différents lieux afin d’attirer de nouveaux licenciés. »



Gymnastique artistique : l’Ufolep expérimente les agrès mixtes

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Fin janvier, un garçon a participé au championnat du Puy-de-Dôme avec une équipe féminine. Une expérience que la CNS gym prolongera en marge des finales nationales, début juin à Bordeaux.

 

Florence Dufraise-Levadoux, vous êtes élue nationale et membre de la commission nationale gymnastique. Dans quel contexte Ethan Romo, 21 ans, a-t-il participé les 25 et 26 janvier à un championnat du Puy-de-Dôme de gymnastique avec une équipe de votre club de Cournon ?

Le rêve de concourir avec une équipe féminine, qu’Ethan avait exprimé dans une vidéo postée sur TikTok, rejoignait notre souhait d’expérimenter la mixité des agrès dans notre secteur géographique : le « groupe 4 », qui va de la Bretagne à l’Auvergne en passant par les Pays-de-la-Loire et la région Centre. Nous avons donc contacté Ethan. Étudiant en géographie et aménagement du territoire à Montpelier, il s’entraîne depuis des années dans un club FFG. Mais bien qu’ayant pratiqué en masculin, il préfère l’ambiance de la gymnastique féminine. Nous lui avons proposé de le licencier au club et de tourner avec notre équipe niveau 2 lors du championnat du Puy-de-Dôme, coorganisé avec l’Ufolep de la Loire à Boën-sur-Lignon. Ethan a pratiqué comme les autres les quatre agrès féminins : sol avec accompagnement musical, poutre, saut de cheval et barres asymétriques. Comme c’était une expérimentation, ses notes n’ont pas compté pour l’équipe. En revanche, il a été classé en individuel.

 

Comment cela s’est-il passé ?

Très bien ! Les filles avaient déjà vu ses vidéos et tout le monde était très à l’aise. C’était tout à fait naturel.

 

Était-ce une première ?

Oui. Mais trois semaines plus tard, un autre garçon, Nathan, a pu participer à Mozac à un championnat départemental de moindre niveau avec l’équipe féminine de niveau 7 de son club de la Gymnastique Montagne Thiernoise : le seul qui soit à proximité de son village de Viscomtat, où il s’entraîne chaque semaine sur les agrès féminins. Son équipe a terminé 10e et lui 36e en individuel. Mais l’important pour Nathan était de pouvoir se mesurer à d’autres gymnastes, de montrer ses progrès et de vivre les émotions d’une compétition officielle avec ses coéquipières. Plus généralement, on rencontre deux types de cas : celui de garçons qui rejoignent un club uniquement féminin car il n’existe pas d’équipe masculine de gymnastique près de chez eux ; et celui de garçons qui souhaitent s’essayer sur les agrès féminins.

 

Et l’inverse ?

C’est plus rare, même si des filles s’essaient aussi aux agrès garçons lors des entraînements. Mais c’est plus compliqué pour elles, surtout au cheval d’arçon et aux anneaux qui sont des agrès de force1. La gym féminine est plus dansée et valorise la souplesse, la grâce. C’est justement ce que peuvent apprécier certains garçons.

 

Sur quoi cette expérience débouchera-t-elle ?

Pas forcément sur une généralisation de la possibilité pour un garçon de tourner sur tous les agrès féminins. Mais imaginons aussi un club mixte qui peine à compléter une équipe masculine : une fille ne pourrait-elle pas renforcer celle-ci au saut de cheval ou au sol ? Plus généralement, l’idée est de permettre de mélanger les équipes dans une discipline très codifiée. Cela intéressera peut-être une minorité de gymnastes, mais tant mieux si ils ou elles s’épanouissent ainsi. Pourquoi ne pourrions-nous pas laisser à chaque gymnaste le choix libre de son ou de ses agrès, indépendamment de son genre ? Cela relève du principe d’inclusion que défend l’Ufolep. Au-delà des préjugés, l’important est d’accepter les choix de chacun et de chacune.

Propos recueillis par Ph.B.

 

(1) Les autres agrès masculins sont la barre fixe (qui comportent des similitudes avec les barres asymétriques), les barres parallèles et le sol (mais sans musique).

 

Expérimenté début juin aux Nationaux. L’expérimentation menée en janvier se poursuivra lors des finales nationales des 8-9 juin à Bordeaux : 5 places seront réservées à des filles souhaitant matcher sur des agrès masculins et 5 places pour des garçons désireux d’évoluer sur des agrès féminins. Il n’y aura pas classement et les gymnastes filles et garçons déjà qualifiés en GAF et GAM1 ne seront pas admis. Les 5 premiers ou premières gymnastes à s’inscrire seront automatiquement sélectionné.e.s. Dans un second temps, une vidéo des mouvements leur sera demandée pour identifier leur niveau technique.

(1) Gymnastique artistique « fille » et « garçon ». Contact : cns.gym@ufolep.org



Témoignage : le trail, une thérapeutique ?

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« Ma pratique du trail remonte à une douzaine d’années, raconte Alain Descorsier, 61 ans, enseignant retraité et ex-délégué Usep du secteur nord-ouest de La Réunion. Je venais d’être brutalement écarté de mes fonctions de conseiller technique régional pour la canne de combat et la pratique du trail m’a aidé à me reconstruire. Courir sur les sentiers permet de faire le vide, de prendre du recul et d’oublier les choses désagréables. Le trail a été pour moi une forme de thérapeutique. Et comme c’est addictif, le trail est devenu mon activité sportive principale. Je me suis alors fixé des objectifs sportifs : gagner dans ma catégorie d’âge la Mascareignes, la course de 70 km du Grand Raid, et aussi l’Ultra trail du Cap, en Afrique du Sud. Je l’ai fait, et désormais j’envisage moins ma pratique sous l’angle compétitif. » Cela offre aussi à Alain Descorsier davantage de temps pour s’investir dans le développement du trail à La Réunion et – en visio pour l’instant – dans le groupe de travail national, qu’il a intégré.

 



À La Réunion, le trail autrement

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Depuis quinze ans, l’Ufolep permet à 400 personnes d’accompagner les concurrents de la Diagonale des fous sur leurs derniers kilomètres. Et s’apprête à lancer son propre trail.

Si la légende de la Diagonale des fous s’est propagée depuis longtemps par-delà les océans, à La Réunion tout le monde connaît le Somin Grand Raid. « C’est en 2012 que l’association organisatrice s’est affiliée à l’Ufolep Réunion, par nécessité de placer les contrôles antidopage sous l’égide d’une fédération sportive agréée, rappelle le président départemental Gilles Elma. En contrepartie, nous avons proposé d’associer une randonnée "sportive et populaire" au Grand Raid, dont la Diagonale des fous n’est que la plus longue et la plus exigeante des courses qu’il réunit1. Ni compétition ni classement, mais une façon de participer "autrement", en accompagnant et en encourageant les derniers concurrents quand ils puisent au plus profond d’eux-mêmes pour terminer. »

La proposition de l’Ufolep est accueillie avec enthousiasme et l’association Grand Raid propose d’ouvrir les 20 derniers km à un millier de marcheurs. Ce sera finalement 400, « ce qui est largement suffisant ».

Parmi les candidats au Somin Grand Raid, on trouve à la fois des randonneurs locaux et des accompagnants de concurrents, voire aussi des coureurs qui n’ont pu s’inscrire ou ont abandonné l’année précédente au contrôle de La Possession et tiennent à finir le parcours, même si c’est l’année suivante et en marchant. « Qui ils soient, il faut voir leur joie d’entrer dans le stade de La Redoute, à Saint-Denis, puis de franchir la ligne d’arrivée. Eux aussi ont fait "leur" Grand Raid. Il y a aussi les fidèles, présents tous les ans, et bien sûr les bénévoles et les salariés du comité, mobilisés dans la bonne humeur générale », décrit Gilles Elma.

À l’image de la formule du Somin – emprunt au créole réunionnais –, l’Ufolep Réunion misait jusqu’à présent sur la randonnée, avec pour manifestation phare « Faites de la Randonnée » en novembre, qui permet à 500 personnes – licenciées ou non – de s’aventurer sur les pentes désolées du volcan du piton de la Fournaise. Mais l’engouement pour les courses nature a incité le comité à organiser le 14 septembre la première édition du « Trail autrement » avec le concours de l’association Canne en fleur. Initialement consacrée à la pratique de la canne de combat, celle-ci s’est en effet ouverte à la randonnée et au trail. « Ce sera un trail différent, sérieux mais pas trop, intégrant les principes du développement durable et de l’inclusion, explique Alain Descorsier, en charge de la discipline à l’Ufolep Réunion. L’objectif est de lancer une dynamique et de susciter la création d’associations principalement dédiées à l’activité. »

La Réunion pourrait ainsi montrer le « somin » à d’autres comités, d’Outre-Mer comme de « France hexagonale ». Ph.B.

 

(1) Outre la Diagonale des fous qui traverse l’île du sud-est au nord-ouest sur 170 km, de Saint-Pierre à Saint-Denis en passant par le Piton de la Fournaise et les cirques de Cilaos et de Mafate (170 km et 10 500 m de D+), il s’agit du Zembrocal (course à quatre de 151 km), du Trail de Bourbon (100 km), de la Mascareignes (73 km) et de la Métis (50 km).



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