Dans le Gers, Simon Duran est le délégué départemental commun aux deux fédérations.
« La synergie avec l’Usep se traduit notamment par des réponses communes à des appels à projets, que ceux-ci portent sur le sport-santé, le Savoir Rouler à Vélo, ou s’inscrivent dans le cadre de la politique de la Ville », explique Simon Duran. Le sport-santé est ainsi travaillé avec les communautés de communes Gascogne toulousaine et Grand Auch Cœur de Gascogne, avec une continuité pédagogique temps scolaire-temps périscolaire. Même logique pour les cycles d’apprentissage du Savoir Rouler à Vélo, prolongés après la cloche ait sonné. Les animations multisports dans le QPV d’Auch débordent même sur l’extra-scolaire, avec les interventions du samedi matin de l’association Ufosport 32, émanation du comité.
Minibus. Cette synergie s’incarne aussi dans le minibus chargé de matériel multisport qui visite les écoles sous une double bannière. « Généralement, nous couplons une intervention Usep en début d’après-midi et une animation Ufolep après 16 heures, sur des cycles de 6 séances correspondant à une période scolaire », explique Simon Duran. Ceci avec le même éducateur, souvent épaulé d’un jeune volontaire en service civique, comme pour l’apprentissage du Savoir Rouler par les classes engagées dans P’tit Tour Usep.
Vélo. Le vélo est l’activité où le lien est le plus facile à tisser entre l’école et les associations Ufolep locales. « Lorsqu’un club cycliste Ufolep est présent sur le territoire, nous le sollicitons pour renforcer l'encadrement des sorties sur route », précise Simon Duran. Autre exemple, la journée Kid bike Ufolep organisée fin juin à Montégut était ouverte aux licenciés Usep. « Une dizaine d’enfants des villages alentour, accompagnés de leurs parents, ont participé aux ateliers : une façon de mettre en valeur la vitalité de nos écoles VTT et de donner envie de les rejoindre ! Et, toujours pour favoriser la dynamique école-club, nos formations d’animateurs école de vélo-VTT comportent un module délivrant l’agrément Éducation nationale, indispensable pour accompagner les classes sur la route. » Ph.B.
Avant de présider l’Ufolep, Arnaud Jean fut un jeune professeur des écoles vite embauché par l’Usep Loiret. Aussi est-il bien placé pour évoquer la fibre éducative de la fédération.
Arnaud Jean, les trois derniers présidents de l’Ufolep, Marc Derive (1995-2000), Philippe Machu (2000-2018) et vous-mêmes, êtes « instituteurs » de formation. Est-ce une coïncidence ?
Certainement pas. L’Ufolep conserve un lien fort avec l’éducation, même s’il s’agit davantage de l’éducation populaire, non formelle. L’aspiration éducative de notre projet s’est également longtemps incarnée en des personnes qui baignent dans le champ de l’éducation. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’Ufolep est réservée aux enseignants !
Qu’est-ce qui demeure aujourd’hui, dans la culture Ufolep, de la proximité historique de ses dirigeants avec l’école ?
Peut-être la place des sports collectifs, qu’il s’agisse des disciplines traditionnelles comme le football ou le volley ou de celles, plus innovantes, proposées dans le cadre du multisport. Mais cela est aussi vrai pour les fédérations délégataires, où l’on retrouve souvent des dirigeants issus de l’Éducation nationale. Il y a aussi notre volonté de prolonger les acquis de l’EPS, notamment dans les amicales laïques et les cercles périscolaires. C’est enfin notre très fort engagement dans le domaine de la formation, avec pour caractéristique d’échapper au cadre de l’Éducation nationale pour s’adresser à un public de décrocheurs dans nos parcours coordonnés, et l’engagement dans le dispositif Sésame. Nous sommes aussi partenaires des Écoles de la deuxième chance (E2C). D’une certaine façon, l’Ufolep est d’ailleurs elle-même, dans le champ du sport, une sorte d’école de la deuxième chance !
Cette proximité se retrouve-t-elle parmi les militants bénévoles ?
Oui, nombre de dirigeants de terrain sont des enseignants, en fonction ou retraités. Pour prendre l’exemple du Loiret, environ un tiers du comité directeur Ufolep est issu de l’Éducation nationale.
La nouvelle loi sur le sport a ouvert aux associations sportives la possibilité d’intervenir dans les écoles : est-ce un enjeu pour l’Ufolep ?
Non. J’aurais d’ailleurs préféré que l’Usep, avec qui l’Ufolep constitue le secteur sportif de la Ligue de l’enseignement, demeure l’interface et le filtre entre le « sport civil » et l’école. Aujourd’hui, l’Ufolep se développe sans chercher à mettre le pied dans la porte de l’école, à la différence de fédérations qui pourraient y voir un vivier de futurs licenciés.
Justement, quelle est aujourd’hui l’articulation avec l’Usep ?
Elle est très inégale d’un territoire à l’autre. Il existe des collaborations fructueuses, où les associations ou les éducateurs de l’Ufolep participent à l’encadrement du public scolaire, ainsi que des moments partagés entre associations Ufolep et Usep. Mais tout dépend du contexte local, et relève d’un souhait partagé. Même si, bien évidemment, nos deux fédérations partagent de nombreux enjeux de société et de combats citoyens, et que la synergie nationale est forte.
J’ajouterai qu’autrefois les mouvements périscolaires et d’éducation populaire étaient naturellement sollicités pour participer à la formation initiale des enseignants. Ce n’est plus le cas. Au-delà des évolutions de la société, le progressif éloignement de notre fédération avec l’Éducation nationale trouve aussi son origine dans la disparition de ces temps d’échange et d’accompagnement des futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Propos recueillis par Ph.B.
Il y a trois ans, le département Gironde figurait encore en queue du peloton du Savoir Rouler. Afin de remonter au classement, la direction départementale de Jeunesse et Sports a réuni les acteurs du vélo et l’Ufolep a proposé de s’engager pleinement si un poste d’éducateur était financé. L’Ufolep a alors pris l’Usep dans sa roue et, grâce à des aides à l’emploi accordées conjointement par le Conseil départemental et Jeunesse et Sports, ce sont deux postes qui ont été créés ! « En concertation avec nos financeurs, nous avons ciblé les CM1-CM2 et les écoles de la grande ruralité, explique Loïc Blanchet, directeur de l’Ufolep Gironde. Nous nous sommes ensuite rapprochés de l’inspection académique, qui a invité les écoles à candidater sur le site internet dédié. Et nous avons reçu des centaines de demandes ! » L’éducateur Ufolep intervient sur 6 à 8 séances, à raison d’une par semaine, pour un total de 10 heures. Il se partageant les écoles et les territoires avec son collègue de l’Usep, avec comme critères les contacts déjà noués avec certaines collectivités et la présence éventuelle d’une association cyclo susceptible d’apporter son concours, puis de prolonger la pratique du vélo au-delà de cet apprentissage.
« Nous touchons chaque année environ 40 classes dans une vingtaine d’écoles où notre éducateur arrive au volant d’un camion renfermant 20 vélos. En tout, nous délivrons un millier d’attestation par an », précise Loïc Blanchet. De son côté, l’Usep a fait le choix d’intervenir aussi auprès des CP-CE1-CE2 dans l’idée d’impliquer davantage les enseignants afin qu’ils deviennent autonomes. « Mais la démarche est bien la même », insiste Loïc Blanchet.
Au début la prestation était entièrement gratuite, mais désormais il est demandé aux écoles de prendre en charge les frais de déplacement, et celles qui souhaitent le renouvellement de l’intervention la paient intégralement, tout en bénéficiant de la prise en charge de la moitié de la facture par Génération Vélo. « Ce dispositif d’aide qui devait s’arrêter cet été a été renouvelé pour un an », se félicite Loïc Blanchet. De même, le financement des deux postes de formateurs au Savoir Rouler doit s’interrompre l’an prochain. À moins qu’au regard de la mission de service public qu’ils remplissent, cette aide à l’emploi ne soit reconduite elle aussi ! Ph.B.
Activités périscolaires, Cités éducatives, Savoir Rouler à Vélo, Premiers secours, Deux heures de sport au collège… Né en 1928 au sein de la Ligue de l’enseignement, la fédération reste un partenaire proche de l’Éducation nationale.
« Notre but est de répandre à l’école la pratique de l’éducation physique. (…) Nous voulons voir à l’école des enfants sains de corps et d’esprit. (…) Nous voulons amener les écoliers à la pratique régulière de la culture physique [et qu’ils] puissent, le jeudi et le dimanche, emplir leurs poumons d’air pur. » C’est en ces termes que le commissaire général de l’Ufolep, Léon Douarche, résumait en 1931 dans l’Auto, ancêtre de l’Équipe, la vocation de l’Union française des œuvres laïques de l’éducation physique, fondée trois ans plus tôt au sein de la Ligue de l’enseignement.
Près d’un siècle plus tard, les formulations ont vieilli. Les publics et les domaines d’intervention de l’Ufolep se sont également considérablement diversifiés et l’Usep, Union sportive de l’enseignement du premier degré, créée en 1939 comme commission scolaire de l’Ufolep, a pris sa pleine autonomie. Il est désormais loin le temps où l’Ufolep-Usep formait un tout et était identifiée comme « la fédération sportive des instituteurs ».
Si les liens de l’Ufolep et l’Éducation nationale se sont inévitablement distendus, ils n’ont toutefois jamais été rompus. D’abord parce qu’un nombre non négligeable de responsables nationaux ou départementaux de la fédération ont été, ou restent des enseignants du premier ou du second degré. Ensuite parce que son identité de mouvement d’éducation populaire s’incarne dans des actions de promotion de l’activité physique et de formation qui continuent d’en faire un partenaire naturel du milieu scolaire.
Savoir rouler. Pas étonnant donc à ce que l’Ufolep participe à l’apprentissage du Savoir Rouler à Vélo auprès des élèves de primaire, et tout particulièrement les CM1-CM2, en complémentarité avec l’Usep selon le contexte local et les moyens humains disponibles. « Depuis 2019, plus de 22 500 enfants ont bénéficié de ces interventions, les deux tiers en temps scolaire et le reste en périscolaire et extrascolaire. Et près de 13 000 attestations ont été délivrées à l’issue de la sortie sur route qui valide le 3e et dernier bloc de cet apprentissage », précise Vincent Bouchet, référent vélo de l’Ufolep. L’Aisne, les Côtes-d’Armor, les Pyrénées-Atlantiques, la Haute-Vienne ou la Gironde (lire page 12) figurent parmi les comités les plus engagés dans le dispositif.
Premiers secours. La fédération est également en première ligne pour l’initiation au secourisme des collégiens, qu’il s’agisse des Premiers secours civiques (PSC1, 7 heures, 10 stagiaires maximum) ou des Gestes qui sauvent (GSQ, 2 heures, 15 stagiaires). « L’Ufolep vient de conventionner avec la Prévention Maif pour former ses éducateurs, afin qu’ils puissent ensuite intervenir en doublette avec un formateur Ufolep auprès des cohortes d’élèves de 4e-3e » explique Stéphane Lalanne, responsable pédagogique national secourisme1.
Pour les écoliers de moins de 10 ans, trop jeunes suivre pour ces formations, l’Ufolep propose la sensibilisation Cap’taine Rescousse, où les enfants apprennent les numéros d’urgence et les gestes qu’ils sont en mesure d’effectuer sur eux-mêmes s’ils se blessent. « À l’appui de celle-ci, nous disposons de nos propres outils pédagogiques – mots-fléchés, jeux des 10 erreurs, jeu sur l’anatomie – que l’enseignant peut utiliser ensuite », complète Stéphane Lalanne.
Cités éducatives. Il y a cinq ans, l’État a également sollicité l’Ufolep pour animer le « groupe pilote sport » des Cités éducatives2. Créées « à la croisée des politiques de la Ville et d’éducation prioritaire », celles-ci visent à renforcer la coopération de tous les acteurs – établissements scolaires, structures sociales, associations culturelles, clubs sportifs – au bénéfice des 0-25 ans dans les quartiers relevant de la politique de la Ville.
« L’Ufolep et l’Usep ont chacune été investies de l’animation sportive de dix des vingt premières Cités éducatives. Certaines n’utilisent pas le sport et priorisent d’autres thématiques3, par manque d’acteurs ressources ou parce qu’elles préfèrent actionner d’autres leviers. À l’inverse, d’autres vont "surmobiliser" celui-ci », analyse Adil El Ouadehe, directeur technique national adjoint, en charge du pôle sport société.
D’une rentrée scolaire à l’autre, le réseau des Cités éducatives s’est développé jusqu’à en fédérer plus de 300, et l’an passé les pouvoirs publics ont estimé que les « groupes pilotes » n'étaient plus adaptés à cette nouvelle configuration. En outre, sur le terrain, de nombreux projets vivent à présent par eux-mêmes. « Elles sollicitent directement les acteurs locaux, dont les comités Ufolep [ou Usep]. Toutefois, à leur demande, nous continuons d’accompagner nationalement une trentaine de Cités éducatives », précise Houné Doucouré, chargé de mission sport société.
De Maubeuge à Marseille. L’Ufolep a toutefois marqué ses projets de son empreinte, en insistant sur leur visée éducative des projets. « Les premières demandes portaient principalement sur de l’animation et du récréatif, l’activité sportive étant considérée comme un simple appât. Lors de réunions et de webinaires, nous avons amené nos interlocuteurs à aborder le sport comme un outil éducatif, en ciblant un public et en précisant l’objectif : insertion, santé, citoyenneté… »
Les deux journées multisports pour collégiens envisagées par la Cité éducative de Maubeuge (Nord) ont ainsi été prolongées par un projet à plus long terme mobilisant le protocole À Mon Rythme des Maisons sport santé Ufolep. « Fin juin j’ai aussi été sollicité par la Cité de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour travailler l’égalité filles-garçons à travers le sport » complète Houné Doucouré.
Les dispositifs Ufolep déjà existants permettent en effet de répondre à la diversité des projets et des publics. Ainsi, à Évry-Courcouronnes, l’Ufolep Essonne a proposé des séances d’éveil moteur UfoBaby pour les 0-3 ans ; à Reims, le comité de la Marne a animé un UfoStreet pour des collégiens ; à Nancy, l’Ufolep Meurthe-et-Moselle a déployé des actions Toutes Sportives de la primaire au collège ; et à Marseille, l’Ufolep Bouches-du-Rhône a fait la promotion du sport féminin auprès d’un public lycéen. Autre exemple : l’Ufolep Seine-et-Marne a animé l’an passé 45 sessions de PSC1 auprès des trois collèges associés à la Cité éducative de Meaux.
Primaire et collège. Au-delà des Cités éducatives, l’Ufolep fut l’une des premières fédérations à s’engager dans le dispositif « 2 heures de sport en plus au collège » lancé la rentrée 2022. À l’instar des Bouches-du-Rhône4 ou de la Creuse, une vingtaine, et autant d’associations, se sont ainsi investis.
Ces « 2 heures de sport au collège » visent prioritairement les adolescents les plus éloignés de l’activité physique. Généralement placées à la pause méridienne, elles font pendant aux interventions périscolaires proposées dans les écoles primaires par des comités disposant d’équipes d’éducateurs suffisamment étoffées.
Autre dispositif investi, celui des Vacances apprenantes et de ses déclinaisons. « Pour les Colos apprenantes, nous mettons à disposition des Cités éducatives les aides financières de l’Agence nationale des chèques-vacances pour leurs projets de séjour », précise Houné Doucouré. Plusieurs comités répondent également présents pour l’opération École ouverte, généralement sous la forme d’une aide en ressources humaines auprès d’éducateurs Usep. Des collaborations de terrain avec l’Usep qui sont encore plus naturelles lorsqu’un même délégué départemental partage ses missions entre les deux fédérations.
Enfin, plusieurs comités Ufolep animent des activités sportives dans le cadre des Écoles de la deuxième chance. On sort là du cadre de l’Éducation nationale, puisqu’il s’agit de jeunes « décrocheurs ». Mais la vocation éducative de l’Ufolep, qui remonte à loin, ne connaît aucune frontière administrative. Philippe Brenot
(1) Il arrive même que l’Ufolep intervienne auprès de collégiens effectuant un Service national universel (SNU) lorsqu’il s’agit de classes entières, dans le cadre du projet d’établissement. Le comité des Hautes-Pyrénées a ainsi formé en juin une centaine d’élèves lors d’un séjour en montagne.
(2) Les Cités éducatives sont un « label » initié conjointement par les ministères de l’Éducation nationale (à travers la Dgesco, Direction générale à l’enseignement solaire), de l’Intérieur (via l’Agence nationale à la cohésion des territoires) et des Sports.
(3) Une vingtaine de groupes pilotes ont été constitués dans des domaines variés : culture, environnement, santé, etc.
(4) Voir EJ n°60, mars 2024, page 25.
Hausse des clubs et des licenciés, succès du National et du Challenge des associations : le point avec Jean-Pierre Maurance, responsable de l’activité.
Jean-Pierre Maurance, en deux ans la pétanque Ufolep a gagné une vingtaine d’associations (de 420 à 438) et plus de 1 500 licenciés (de 6 200 à 7 700). Comment l’expliquer ?
Là où nous sommes implantés, des clubs souvent précédemment affiliés à la fédération délégataire nous rejoignent pour participer à des concours plus conviviaux. Chez nous, pas d’enjeu d’argent ni de recherche du résultat à tout prix.
Et en ce qui concerne votre département, la Dordogne…
Nous sommes le premier comité Ufolep avec 1 570 licences, et nous faisons jeu égal avec la FF pétanque. Il y a deux ans, nous avons contacté toutes les amicales laïques ne possédant pas de section pour en créer une, et à présent les gens se tournent naturellement vers nous. Nous arrivons même à saturation : organiser un calendrier avec 50 clubs, dont 12 sections d’amicale, devient compliqué !
Quel est le profil de ces licenciés : des hommes de plus de 50 ans ?
En Dordogne, nous avons beaucoup de retraités récemment revenus au pays, mais aussi 320 féminines. Au niveau national, celles-ci sont près de 2 000.
Y a-t-il beaucoup de clubs à double affiliation ?
C’est variable : dans l’Aube, tous les clubs sont à simple appartenance, quand en Pas-de-Calais la double appartenance est la règle. En ce qui concerne mon club des Albarians, créé dans les années 1980 à Saint-Martial-d’Albarède, près d’Excideuil, nous n’avons fait qu’un bref passage en FFPJP1.
Justement, comment êtes-vous venu à la pétanque ?
J’ai commencé dans les années 1970-80, avec mon prof de maths du collège, et tenu mes premiers « graphiques » dans les concours bien avant d’être majeur ! Le délégué Ufolep, qui m’avait repéré, venait me chercher pour officier sur les championnats. Nous avons ensuite créé notre club avec une bande d’amis. J’ai commencé trésorier, avec le maire de la commune pour tuteur adulte. Puis j’ai été président de mon association, responsable du secteur, de la formation départementale, de l’arbitrage…
Où la pratique Ufolep est-elle la plus dense ?
Outre la Dordogne, où nous accueillons deux clubs limitrophes de la Gironde, on peut citer l’Indre, la Creuse, la Haute-Vienne, la Corrèze, la région Auvergne-Rhône-Alpes (Loire et Puy-de-Dôme), le Grand Est (Aube, Haute-Marne) et les Hauts-de-France (Nord, Pas-de-Calais).
Pourquoi avoir créé un Challenge des associations réservé de préférence à celles et ceux ne participant pas au National ?
Ce challenge, qui se veut plus « décontracté », a été créé dans les années 2010. Mais la dynamique était retombée. Le Puy-de-Dôme l’a relancée il y a trois ans et, à l’avenir, l’idée est d’en organiser un au nord et un au sud, pour éviter les déplacements longs et coûteux. Même si cette année il n’y en a eu qu’un, fin août dans l’Aube, qui a réuni 248 participants représentant 28 équipes. La formule est plus souple : on joue en tête à tête, avec une doublette et une triplette mixte, et la possibilité de remplacer une féminine par un jeune. Un système de poules successives permet de jouer jusqu’au classement final du dimanche. Alors que sur le National, qui en juillet a réuni 1 200 participants sur 200 terrains à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), il y a 6 catégories : triplette Ufolep, triplette double appartenance, triplette vétérans, doublette mixte, doublette féminine et doublette jeune. Le plus difficile, c’est de recruter les jeunes : en Dordogne nous en avons 84, dont 20 féminines, mais nous arrivons à peine à réunir dix doublettes pour les qualifications.
Et comment se déroule la pratique à l’année ?
Ce sont généralement des concours, comme en Dordogne, où plus de 200 figurent au calendrier, avec une organisation en quatre secteurs. La participation au National dépend ensuite de qualifications, sur une journée ou plusieurs selon les départements. Il y a peu de départements où la présence de boulodromes couverts permet d’organiser un championnat à l’année qui décide des qualifiés. Propos recueillis par Ph.B.
(1) FFPJP : Fédération française de pétanque et jeu provençal.
À la veille des élections législatives de juin, Le Mouvement associatif, qu’elle préside, alertait contre la menace représentée par l’extrême droite pour « l’action associative et citoyenne ».
Claire Thoury, pourquoi Le Mouvement associatif a-t-il pris l’initiative, en juin dernier, d’une tribune alertant sur la menace représentée par l’extrême droite ?
Nous nous mobilisons depuis toujours contre l’extrême droite, et aujourd’hui plus clairement encore : lorsque cela s’impose, nous appelons à voter contre l’autre candidat en lice, comme lors des dernières élections législatives. Pourquoi ? Parce que ce que porte l’extrême droite est incompatible avec ce que nous sommes et défendons. J’assume ce positionnement, même s’il fait grincer des dents dans certains collectifs qui estiment que nous sortons de notre rôle. Je considère pour ma part que c’est notre rôle d’acteurs associatifs, ancrés dans les territoires, d’affirmer que tout ne se vaut pas et que l’extrême droite diffère des autres familles politiques.
Dans quelle mesure cette initiative a-t-elle pu contribuer à écarter cette menace, tout au moins momentanément ?
Je l’ignore, mais j’observe qu’entre les associations, les syndicats, les intellectuels, l’action de la société civile organisée a été forte. Ensuite, il ne faut évidemment pas se contenter de publier une tribune mais s’appuyer sur notre enracinement dans les territoires pour discuter, argumenter, pointer les contradictions et les mécanismes de stigmatisation et de rejet du projet idéologique de l’extrême droite. Il ne suffit pas de dénoncer et de s’opposer : il y a également urgence à reconstruire un récit enthousiasmant et des espaces qui donnent envie d’être ensemble. Ce que fait le mouvement associatif.
La tribune faisait référence à la façon dont les communes administrées par le Rassemblement national entravent parfois l’action associative et citait le comportement de la mairie d’Hayange (Moselle) à l’encontre du Secours populaire, jugé « politisé et pro-migrants ». Y a-t-il d’autres exemples ?
Oui : la Ligue des droits de l’homme privée de local à Hénin-Beaumont, le tri effectué parmi les associations à Mantes-la-Jolie et la subvention municipale au club de foot supprimée. Idem à Béziers, avec la fermeture d’un centre social, ou encore les subventions coupées aux centres sociaux de Fréjus par le maire David Rachline parce qu’ils faisaient de la distribution alimentaire.
La tribune mentionnait les associations sportives : occupent-elles une place spécifique au sein du Mouvement associatif ?
Oui, ne serait-ce que par leur nombre : elles sont plus de 135 000 sur les 700 000 associations que nous représentons. Et 90 % de la pratique sportive « organisée » se fait dans le cadre associatif et non au sein d’entités à but lucratif.
Les associations sportives ont-elles également un rôle particulier à jouer, au sens où, au regard d’un objet apparemment plus « neutre », elles réunissent à la fois des personnes qui y adhèrent pour des valeurs et d’autres venues avant tout pour la pratique sportive ?
Adhère-t-on à une association pour des valeurs ou d’autres motivations ? Cela n’est pas seulement vrai pour les associations sportives, même s’il est révélateur que, pendant la crise sanitaire, certains pratiquants ont demandé le remboursement de leur cotisation parce que les activités n’avaient pu se dérouler normalement. Cela trahissait une certaine méconnaissance de la réalité du monde associatif. Je répondrai qu’on se fiche un peu de la raison pour laquelle les gens adhèrent à nos associations, si c’est par militantisme ou pour consommer un service. L’important, c’est qu’ils restent et continuent de faire le choix du modèle associatif plutôt que du privé lucratif. Cela signifie qu’ils y trouvent autre chose : l’engagement bénévole, la mise en responsabilités, le pouvoir d’agir, la participation à l’animation du territoire, de l’entraide…
Une partie des 10 millions de citoyens ayant accordé leur vote au Rassemblement national sont membres de réseaux associatifs signataires de la tribune. Faut-il engager alors le débat au sein des associations, au risque d’y fracturer ce qui reste du vivre-ensemble ?
Il ne faut pas hésiter à échanger et débattre. On meurt d’un lent processus de dépolitisation. À mon sens, le dialogue, le débat, voire le conflit, n’est pas un problème dès lors qu’il est organisé. Et nous avons intérêt à débattre au sein de nos associations pour faire sortir une parole qui ne s’exprime pas de manière spontanée. Cela veut dire qu’on arrive plus à faire société et que le politique, au sens du débat concernant la vie de la cité, ne contribue plus à cela. On s’implique alors pour une cause ou dans la vie locale, mais en évacuant la question des valeurs, des inégalités, des discriminations, de la carence des services publics dans certains territoires... Débattre, c’est aussi s’efforcer de trouver ensemble des solutions qui, à défaut de tout régler, auront eu le mérite d’avoir été discutées, et donnent aux gens le sentiment d’avoir été entendus dans leur réalité vécue.
Sociologue, vous êtes spécialiste de l’engagement des jeunes. Pourquoi sont-ils nombreux à voter pour l’extrême droite alors qu’historiquement ils y étaient très majoritairement opposés ?
Ils sont surtout nombreux à ne pas voter. Ensuite, toutes les générations sont touchées par la normalisation d’une extrême droite qui a aujourd’hui investi tous les canaux de communication, en particulier les applications numériques et les réseaux sociaux. Les tensions sociales et économiques ne suffisent pas à expliquer sa progression, mais la réflexion sur ces questions relève davantage des partis politiques que du monde associatif.
Passée la mobilisation électorale, quel message porter en cette rentrée, dans un contexte de grande instabilité politique ?
Tout le monde est très fatigué, les responsables associatifs en particulier. Le pays n’était pas préparé à cette dissolution très brutale. Ce contexte tendu s’est ajouté au fardeau du monde associatif, qui s’efforce de « panser » les maux de la société en dépit d’une réduction des financements et d’entraves à la liberté associative. C’est éprouvant, il faut être résilient. Il y a le temps des politiques, qui au regard des blocs en présence à l’Assemblée nationale ne peut passer que par des compromis. Et nous, mouvement associatif, pouvons et devons contribuer à apaiser la société dans laquelle nous vivons.
Propos recueillis par Philippe Brenot
Historien du cinéma et de la marche à pied, Antoine de Baecque retrace la « naissance de la passion sportive » en France, de 1870 à 1924, et « l’avènement d’une culture de masse ». Cela peut sembler lointain et superflu, mais le devient moins sitôt lu la double dédicace : « À une jeune sportive pratiquant gymnastique, ski, escalade, cross, run and bike et laser run, que j’aimerais encourager ; et à une ancienne sportive qui n’aime pas ce que le sport est devenu, que j’aimerais consoler. » La promotion de la culture physique, la naissance de l’olympisme, la valorisation de l’endurance, la mise en récit, le sport au féminin, l’invention du supporter… Sous la plume érudite et déliée d’Antoine de Baecque, ce qui de prime abord aurait pu apparaître désuet fait remarquablement écho à ce qu’est le sport aujourd’hui. Ph.B.
Au cœur du peloton du Tour de France : c’est depuis deux saisons une série Netflix, et c’est la promesse de Cinq tulipes rouges, film de Jean Stelli tourné sur l’édition 1948 et réédité cet automne en DVD/Blu-ray en version restaurée. Et si la série joue sur les codes de la fiction pour tenir en haleine son public, à l’inverse l’intérêt de ce polar mâtiné de comédie réside dans sa valeur documentaire.
Nous voici projetés parmi la foule massée devant le siège historique de l’Équipe, rue du Faubourg-Montmartre, puis dans son arrière-cour avec les coureurs poussant leur vélo avant de récupérer leur dossard. Rassemblement au Palais-Royal, départ dans la ferveur populaire à Saint-Cloud, avant que les villes-étapes ne défilent à la façon des actualités de l’époque. Mais déjà le drame a frappé : victime du sabotage de sa voiture, le favori italien n’a pas pris le départ, avant que le maillot jaune néerlandais ne succombe inexplicablement. Puis le jeune champion français qui s’est emparé de la tunique fait un tout droit mortel dans un virage pyrénéen. Chaque fois, l’assassin signe son crime d’une tulipe rouge…
L’intrigue se déploie ensuite dans les chambres et les couloirs des hôtels où la peur s’insinue parmi les équipes, tandis que l’enquête est menée tambour pas très battant par un inspecteur de police tout à fait néophyte de la chose cycliste. Ce Maigret un peu mollasson aux faux airs de Jean-Pierre Darroussin est heureusement cornaqué par la pugnace « Colonelle », reporter de France-Soir incarnée par l’épatante Suzanne Dehelly. Dans le second rôle du mécano injustement suspecté, on retrouve aussi avec plaisir Raymond Bussières dans un registre de titi gouailleur à la André Pousse.
Pour le rebondissement final, il faut attendre l’arrivée sur la piste de l’ancien Parc des Princes. Celui-ci est aussi peu crédible que le reste du scénario, pourtant cosigné avec les dialogues par le prolifique auteur de romans policiers Charles Exbrayat. Prolifique, Jean Stelli (1894-1975) le fut tout autant dans les registres variés de la comédie, du drame sentimental et du film d’espionnage. Sans doute aimait-il le vélo et possédait-il ses entrées au Tour de France puisqu’en 1939 il avait déjà mis en scène dans Pour le maillot jaune la relation amoureuse entre une journaliste et un coureur. Et si ces Cinq tulipes rouges n’ont rien d’un chef-d’œuvre, leur parfum suranné n’en est pas moins fort plaisant. Philippe Brenot
Cinq tulipes rouges, film de Jean Stelli, N&B, 93 min, DVD/Blu-ray, Pathé Cinéma, 19,99 €.
Les 12 et 13 septembre les élu.e.s du Comité directeur national Ufolep se sont retrouvé.e.s au siège national de la fédération Ufolep pour cette première réunion statutaire de la saison 2024-2025.
Un format sur deux jours pour pouvoir analyser l’actualité des dernières semaines, débattre sur les sujets relatifs à la gouvernance, le projet sportif fédéral, et que cette instance soit pleinement le lieu de la parole politique.
Les points à l’ordre du jour relevaient d’un programme très fourni lié à la rentrée sportive après un été de ferveur, de symboles d’inclusion, de fraternité, d’égalité mis en avant durant les Jeux Olympiques et Paralympiques accueillis en France.
Entres autres sujets, les élu.e.s ont travaillé sur la Vie fédérative, l’animation des territoires et le déploiement des dispositifs tels Playatour, Ufostreet, Toutes sportives, Ufo baby, Multisports….
Les autres points ont été :
A l'occasion de la nouvelle saison sportive 2024 - 2025, ouvrons grandes nos associations aux futur.e.s adhérent.e.s et utilisez à cet effet le kit de communication qui comprend des bannières pour les réseaux sociaux et une vidéo motion design disponibles sur le site https://creation.ufolep.org/
Des supports de proximité à destination du grand public pour répondre à l’engouement sportif provoqué par un été euphorique du fait des Jeux Olympiques accueillis en France à partir du 26 juillet dernier puis des Jeux Paralympiques jusqu’au 9 septembre.
L’année 2024, se poursuit sous le signe du sport via la Grande Cause Nationale où l’Ufolep est l'un des partenaires phares et pilote de l'opération Le sport au cœur des villages jusqu'au 31 octobre prochain.
Nous restent en tête les très belles images et expériences tant en termes de prises de parole sur nos enjeux de conception sportive citoyenne et altruiste que d'animation portée par notre fédération sur les fans zones du Club France à la Villette et du Château de Vincennes.
Que de belles occasions pour transmettre et faire vibrer nos valeurs communes que sont la solidarité, la citoyenneté, la mixité, l'inclusion et l'épanouissement. Des mots clés vecteurs de notre réussite au bénéfice de notre philosophie sportive axée sur le thème de l'égalité qui continueront à raisonner tout au long de la saison 2024 - 2025 à l'occasion du renouvellement de notre projet sportif fédéral !
En cette rentrée de septembre 2024, plus que jamais, notre objectif est de rendre le sport accessible à toutes et tous avec en tête l’effervescence et l'envie de pratiquer provoquée par ces Jeux Olympiques et Paralympiques qui ont galvanisé toute la France.
En 2025, projetons nous, c’est notre Assemblée générale au Creusot, moment de gouvernance où vous, dirigeant.e.s associatif.ve.s aurez tout votre rôle à jouer.
A noter, lors de la précédente à Lille, la reconnaissance institutionnelle de notre fédération inclusive via le label FIER, illustration de notre politique d’accueil en direction de tous les publics LGBTQI quel que soit leur genre ou leurs inclinations sexuelles. Positionnement remarqué et valorisé en juillet lors du lancement de la Pride House et de la restitution des travaux issus des Labs de réflexion. L'occasion également de réaffirmer la nécessité de lutter contre les violences dans le sport et de redonner les process d'alerte. Ces engagements contribuent à la mise en œuvre de notre stratégie fédérale pour lutter au quotidien contre les discriminations raciales, sexuels et orientations sectaires.
Et si la thématique des changements environnementaux fait écho à vos pratiques sportives, que vous êtes témoins, que vous observez des évolutions dans vos espaces de pratiques, n'hésitez pas à contribuer dans une démarche de sciences participatives à la collection Histoires de Sports et de Nature en partenariat avec le Muséum d'Histoire Naturelle !
Bonne rentrée sportive à toutes et tous !
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