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Le sport, psychologie d’une passion

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« Le sport est un miroir qui, de façon démultipliée, reflète les joies et les risques de notre société moderne. » C’est le postulat à partir duquel Jean-Christophe Seznec, médecin psychiatre, médecin du sport et ex-rugbyman amateur, nous invite à plonger dans la « psychologie d’une passion ». Car le sport n’est pas seulement une activité physique, mais aussi un révélateur de nos pulsions, de nos désirs d’accomplissement et de nos dérives collectives. De même, la pratique sportive peut autant engendrer une euphorie grisante qu’une détresse psychique, entre quête de performance obsessionnelle, sentiment d’échec, burn-out sportif et isolement. D’où l’intérêt de comprendre comment notre santé psychique, notre vécu émotionnel et les sollicitations intenses du corps s’articulent dans et autour de la pratique sportive, avec parfois de profondes répercussions sur notre bien-être individuel et notre vivre-ensemble.

L’auteur s’appuie pour cela sur des cas concrets, des observations de terrain et une grille d’analyse centrée sur l’équilibre émotionnel. Il examine ainsi la compulsion à l’entraînement de certains sportifs amateurs ou le rapport ambivalent à la compétition des adolescents, entre besoin de reconnaissance et peur de l’échec.

Cette démarche prend tout son sens au regard du parcours de Jean-Christophe Seznec. Médecin psychiatre, médecin du sport et enseignant à l’université Paris-V-Descartes, Seznec travaille notamment avec la Fédération française de cyclisme et celle de rugby, où il est actuellement responsable de la lutte contre le dopage et les addictions. Il sait rendre accessibles des concepts complexes, et pose les bonnes questions : « Pourquoi court-on : pour fuir ou pour se trouver ? » ; « Et quelle place accorder à la performance sans sacrifier le bien-être ? »

Ce questionnement éclaire les enjeux de santé mentale – déclarée Grande Cause nationale 2025 –, l’engouement actuel pour l’ultra-performance, ou bien encore l'instrumentalisation politique du sport, la psychologie sportive devient une clé de lecture pour comprendre notre époque. En conclusion, Jean-Christophe Seznec appelle à « retrouver le jeu, le plaisir, l’instant présent. À se libérer de la tyrannie des chiffres, des chronos, des comparaisons. Car le plus grand défi du sportif n’est pas de gagner… mais de durer. » Une philosophie du « mouvement durable », tournée vers l’équilibre plutôt que l’exploit. Heidi Hammer


Le sport, psychologie d’une passion, Jean-Christophe Seznec, 232 pages, Odile Jacob 22,90 €.

La revue En Jeu Ufolep de juillet 2025 est disponible : faire événement, plus qu’un slogan !

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Le nouveau numéro de la revue En Jeu de l’Ufolep est arrivé ! Ce mois-ci, cap sur les évènements qui font battre le cœur de la fédération et rythment la vie associative tout au long de l’année.

À travers un dossier central consacré aux temps forts de l’Ufolep, la revue interroge les multiples formes que peut prendre l’engagement fédéral dans l’espace public.  Playa Tour, Festival du sport autrement, Quinzaine sport et petite enfance… Autant d’initiatives qui témoignent d’un engagement à la croisée de la visibilité, des valeurs humanistes et de l’ancrage territorial. Sont-elles de simples vitrines ou bien des leviers de transformation durable ? Ce numéro explore les rôles que jouent ces évènements dans la diffusion des messages portés par l’Ufolep et leur impact sur les territoires.

Marie Barsacq : « L’héritage des Jeux doit être vivant »

Invitée de ce numéro, Marie Barsacq, ministre des Sports de la Jeunesse et de la Vie associative et ancienne responsable de l’Héritage au sein du Cojop Paris 2024, livre une interview exclusive. Elle y revient sur le sens concret de « l’héritage olympique », entre ambitions nationales et défis locaux. Un regard précieux à l’heure de faire vivre les valeurs de Paris 2024 au-delà de l’événement.                       

Le terrain en action : 100 % de comités engagés

Coup de projecteur dans la rubrique terrain de la revue avec l’ambition d’un déploiement généralisé du Projet Sportif Fédéral 2024-2028 qui a été réaffirmée lors de l’Assemblée Générale du Creusot. Objectif : que chaque comité, départemental ou régional, porte ce projet au quotidien. Une dynamique collective déjà bien enclenchée sur le terrain.

Focus : le retour en grâce de l’intercrosse

Dans le nouveau numéro de la revue, un zoom a été réalisé sur l’intercrosse. Discipline éducative et inclusive par excellence, elle fait un retour remarqué dans les clubs Ufolep. Importée à la fin des années 1980, elle retrouve aujourd’hui un second souffle, alors que Lacrosse s’invite aux Jeux de Los Angeles 2028. L’occasion de réfléchir à l’avenir de cette variante sans contact, mixte et accessible à toutes et tous.

Cirque associatif : l’expérience Cirk’us Studio

Direction la Dordogne, à Marsac-sur-l’Isle, pour la rubrique réseau de la revue, avec l’école Cirk’us Studio qui mêle sport, art et inclusion. Ses spectacles de fin d’année attirent de plus en plus de curieux.ses. Un bel exemple d’alliance entre performance, bien-être et culture associative.

Tifany Huot-Marchand : se relever, coûte que coûte

Dans la rubrique « Je me souviens », la parole est donnée à Tifany Huot-Marchand, ancienne championne de short-track devenue paracycliste. Tétraplégique depuis une chute en 2022, elle retrace dans son livre Avec toute mon âme un parcours de résilience, de douleur, mais aussi d’espoir. Son nouveau défi : viser les Jeux paralympiques de Los Angeles 2028.

La revue En Jeu de juillet 2025 est à découvrir dès maintenant, en version papier dans les comités Ufolep ou en ligne sur le site officiel de la fédération. À lire, à partager, à faire vivre !  

 



Festival du Sport Autrement Ufolep, une 3ème édition qui a tenu toutes ses promesses !

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Le Festival du Sport Autrement, a été le point d’orgue de la saison socio sportive 2024-2025 Ufolep avec quatre évènements nationaux multisports et citoyens, organisés au Five de Marville - La Courneuve et à destination des publics engagés tout au long de l’année dans les dispositifs socio sportifs.

Du 12 juin au 22 juin 2025, la planète Ufolep a ainsi vécu au rythme du Festival du Sport Autrement. Après les 1ere édition et 2e édition de 2023 et 2024 qui ont réuni plus de 2 500 personnes à Paris au Five du 18ème, place à cette troisième édition qui s’inscrivait dans l’Héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Un engagement et une mobilisation au rendez-vous avec près de 1 250 personnes : 200 primo arrivant.e.s et réfugié.e.s du dispositif Primo-Sport, 350 femmes et enfants issus du dispositif Toutes Sportives, 100 jeunes engagé.es dans les programmes volontaires au sein de la fédération et 700 adolescentes et adolescents de territoires prioritaires urbains comme ruraux qui ont pris part à la finale Ufostreet.

Cette nouvelle édition du Festival du Sport Autrement a marqué une nouvelle fois l’engagement et la mobilisation de toutes les instances UFOLEP pour plus d’égalité, plus d’accès aux droits, plus d’émancipation et constitue un vrai plaidoyer en acte pour le Vivre ensemble. A noter à cet effet les présences des élu.e.s nationaux Ufolep comme avec Arnaud Jean, Président national Ufolep, Patrick Jany, Vice-président Sport société Ufolep et Elisabeth Delamoye, Secrétaire générale Ufolep.

A cette occasion, un programme riche et varié alternait des séquences d’olympiades sportives et culturelles sans oublier la course d’orientation grandeur nature dans Paris avec des temps d’échange, d’inspiration et de bonnes pratiques avec les intervenant.e.s tels :

  • Rayehane Mama Djedje, du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR-UN) France ;
  • Hayatte Maazouza, Directrice du programme Beauty for a Better Life à la Fondation L'Oréal ;
  • Bolewa Sabourin, Danseur et chorégraphede l’association LOBA ;
  • Paul Odonnat et Bakary Sakho, deux entrepreneurs sociaux originaires du 19e arrondissement de Paris qui travaillent sur des projets sportifs, culturels et associatifs depuis une quinzaine d'années, autour notamment du basketball avec l’évènement "All Parisian games", de la littérature et de la production audiovisuelle comme avec les films :  La Cité Rose, qui est sorti en 2012, ou Mon Frère, sorti en 2019 ;
  • Zeyneb Sahri, Chargée de développement à l’Institut de l’engagement.

Une expérience enrichissante sous le signe de l’inspiration, de l'inclusion et de la bonne humeur ! Pour une accessibilité de tous les publics, que personne ne soit laissé de côté face aux enjeux d’inclusion, d’insertion, de bien-être et de lutte contre la sédentarité, mise en lumière des dispositifs qui ont été concernés par ce festival :

- les 12 et 13 juin 2025 : « Engagé.e », c’est le sourcing, l’accompagnement et la mise en situation de jeunes en service civique à fort potentiel d'engagement associatif.

- 16 et 17 juin 2025 : « Toutes Sportives », c’est redonner du sens à l’effort et l’activité physique et sportive par des programmes d’activités dédiés aux femmes de milieu urbain et rural qui visent une pratique sportive avec plaisir et pédagogie positive ;

- 18 et 19 juin 2025 : « Primo-sport », ce sont trois programmes d’accompagnement sportif et d'inclusion dans une démarche d'intégration pour les primo-arrivant.e.s, avec des objectifs différents : l’accès à une pratique sportive régulière, apprendre la citoyenneté par le sport et se former aux métiers du sport et/ou au secourisme ;

- 21 et 22 juin 2025 : « Ufostreet », est un dispositif de l’UFOLEP dédié au public adolescent (de 12 à 17 ans) afin de proposer une offre de pratiques de proximité autour des cultures dites urbaines. Il s'agit du plus gros rassemblement urbain de France avec 100 équipes.

Bravo aux comités, associations et structures spécialisées UFOLEP qui préparent depuis des mois leurs délégations à ces rencontres et qui œuvrent quotidiennement à la réalisation de ces séjours inoubliables ! Un engagement indéfectible qui se met en œuvre tout au long de la saison sportive dans les comités départementaux UFOLEP ou associations affiliées.

Cet évènement d'envergure est rendu possible grâce au soutien du ministère en charge des Sports, du ministère de l’Intérieur, de l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), en partenariat avec l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII), la Fondation Alice Milliat, l'Agence nationale du Service Civique, l'Agence Nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV) et le Five.

Plus d’infos : www.ufolep.org



Passion Skate

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À la fois guide et beau-livre, cet ouvrage hybride aux superbes photos noir et blanc fait plonger dans la culture skate à l’invitation de David Couliau, vétéran skateur et auteur-réalisateur à l’initiative du Paris Surf Skatefboard Film Festival. Avec aussi les conseils pratiques du champion Vincent Milou, qui a participé aux derniers Jeux olympiques.


Skateboard, comprendre et progresser, Paulsen Jeunesse, 208 pages, 26,90 €.

Lacs des Pyrénées

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Et si, à un sommet, on préférait un lac comme but de randonnée ? François Laurens, photographe natif de Luchon (Haute-Garonne), en propose 40 de tous niveaux pour découvrir l’ouest des Pyrénées, côté français et côté espagnol. Certains lacs sont des classiques, comme le lac de Gaube, d’autres plus confidentiels. Et rien qu’à tourner les pages, tous nous apaisent.


Lacs des Pyrénées, Vol.2 Ouest, Glénat 192 pages, 26 €.

Matchs inoubliables

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J’y étais repose sur cette très bonne idée, mise en musique par Jean-Karl Lucas, musicien du duo pop Madame Monsieur : raconter « tous ces matchs que l’on n’oublie pas » par la voix de ceux qui y ont assisté. Une collection forcément subjective qui débute avec un OM-ASSE millésime 1957 (4-3) et s’achève avec la déchirante séances de penalties de la finale du Mondial 2022. De quoi revivre les épopées européennes des Verts, de Bastia, de Bordeaux, de l’OM, de Monaco, du PSG, et les grands matchs des Bleus. On pourra regretter d’ailleurs que des rencontres moins fameuses ne figurent pas au répertoire. Coup de cœur en revanche pour le récit du PSG-Real Madrid du jeudi 18 mars 1993 (4-1), celui de la tête qualificative d’Antoine Kombouaré, pour sa dramaturgie mais aussi pour la confession sincère de Joseph, 46 ans, qui ce jour-là était l’un des 46 000 spectateurs en liesse du Parc des Princes mais dont la passion s’éteignit ensuite sans qu’il n’oublie cette « précieuse » heure-et demie là.


J’y étais, ces matchs qu’on n’oublie pas, Jean-Karl Lucas, En Exergue, 228 pages, 24,90 €.

Gravel et Bikepacking

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Le gravel est un vélo de route conçu pour rouler sur piste, et le bikepacking sa pratique itinérante permettant de fréquenter les gîtes d’étape ou, mieux encore, de bivouaquer en pleine nature. Cet ouvrage pour néophytes donne tous les conseils utiles aux cyclo-randonneurs hésitant à tenter l’aventure, avec une partie technique sur le type de vélo, les vêtements et les accessoires, les réparations d’urgence et la préparation physique. L’auteur, Richard Delaume, hôte du podcast « Bistrot Gravier » et de la chaîne YouTube du même nom, propose pour terminer une sélection de huit parcours plus ou moins exigeants, en France, en Italie et en Espagne. Et tout cela est bien tentant…


Gravel & Bikepacking, Glénat, 144 pages, 26 €.

Je me souviens… Tifany Huot-Marchand

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Championne de short-track (patinage de vitesse), deux fois sélectionnée pour les Jeux olympiques, Tifany Huot-Marchand est victime en octobre 2022 d’une grave chute qui la laisse tétraplégique mais dont elle trouve la force de se relever : un parcours de vie également assombri de drames familiaux qu’elle relate avec sensibilité dans Avec toute mon âme (En Exergue, 21 €). Reconvertie dans le paracyclisme, elle vise à présent une participation aux Jeux de Los Angeles 2028.

Je me souviens des tours à vélo dans notre petit village de Nans (Doubs) avec mon frère, ma sœur et nos amis, et aussi dans la campagne, pour aller construire des cabanes dans les bois.

Je me souviens de la gym à l’école, avec les moyens du bord : balle au prisonnier, jeux divers et courses fractionnées dans la cour où, à chaque coup de sifflet du maître, l’un d’entre nous était éliminé. Déjà la compétition…

Je me souviens de mon éblouissement le jour où, avec ma sœur jumelle, nous avons découvert à 9 ans la patinoire de Belfort, amenées là par une maman qui, plus jeune, avait pratiqué le short-track. Et si la première fois nous n’étions pas forcément à l’aise sur la glace, c’était très excitant : le lieu, la glisse, la vitesse… Nous avons vite accroché et débuté la compétition en club.

Je me souviens de notre arrivée au pôle France de Font-Romeu, à 15 ans, ma sœur Manon et moi, après avoir passé le cap des sélections. Nous venions de passer une année d’internat à Belfort, mais là c’était à l’autre bout de la France.

Je me souviens des méthodes autoritaires de nos entraîneurs coréens et des injonctions à maigrir. Avec le recul, j’ai conscience que ça n’était pas tout à fait normal. Mais avec les autres filles nous nous disions : c’est leur culture, ils sont les meilleurs au monde, et s’il faut en passer par là pour être performantes, nous le ferons. Ensuite, avec un entraîneur français ça a été plus douloureux encore : du harcèlement, et la fierté d’autant plus grande d’avoir remporté ma première médaille individuelle, en argent, vice-championne d’Europe sur 1000 m, pendant cette période de mise à l’écart. Je me souviens aussi qu’en 2021, nous avons été championnes d’Europe et vice-championnes du monde en relais.

Je me souviens parfaitement de mon accident, le 9 décembre 2022, et au détail près de tout ce qui s’est passé ce jour-là, et même la veille.

Je me souviens de ma participation au marathon pour tous de Paris 2024.

Je me souviens du stage effectué fin mars à Hyères avec l’équipe de France de paracyclisme, et de ma première participation à une épreuve de coupe du monde, mi-mai en Italie : j’ai terminé 4e du contre-la-montre – sans vélo profilé – et 6e de la course en ligne, malgré une chute sur la fin. Sur le moment, j’ai ressenti la déception d’avoir perdu toute chance de podium, puis j’ai éprouvé une peur rétrospective car ma tête a durement tapé par terre, ce qui n’est pas bon du tout après mes lésions à la moëlle épinière et avec le matériel que j’ai dans les cervicales… Mais j’ai retrouvé l’adrénaline de la compétition et ça m’a confortée dans mon souhait de me lancer dans cette nouvelle aventure sportive, avec la participation aux Jeux paralympiques de Los Angeles en ligne de mire.

Je me souviens de mes traversées cyclistes des Pyrénées puis des Alpes, vécues comme des défis, avant les Andes cet été avec Tristan, mon compagnon.



Morceaux choisis : « Surtourisme en zone de la mort », par Reinhold Messner

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Parmi les spectateurs du documentaire « Kaizen », récit par le youtubeur Inoxtag de son ascension de l’Everest, combien connaissent Reinhold Messner ? Premier alpiniste à gravir les 14 sommets de plus de 8 000 m, le citoyen italien du Tyrol du Sud fut le pionnier des ascensions en solitaire et sans oxygène. Et c’est à travers ses livres que l’ex-député européen Vert (1999-2004) joue les influenceurs. Après Sauvons les montagnes (Glénat 2020), à 80 ans il passe en revue sa vie d’aventure en réaffirmant ses convictions dans Par vents contraires. De l’art de progresser dans l’adversité (Glénat, 358 pages, 23 €). Extrait.

 

L’un des plus célèbres marchands de voyages organisés vers les huit mille, le guide tyrolien Lukas Furtenbach, conteste haut et fort la distinction que j’opère entre aventure et tourisme. Il sait pourtant pertinemment que sans les infrastructures de l’Everest (voie équipée, camps préparés, stocks de bouteilles d'oxygène, assistance médicale, guides sherpas), ses clients n’arriveraient jamais à bout de cette cime prestigieuse. Leurs ascensions en file indienne n'ont rien de commun avec l'exploit de Hillary et Tenzing, les deux pionniers. Et elles sont évidemment plus sûres et plus rapides que les expéditions que j’ai pu vivre, où chacun était responsable de soi. (…)

Aujourd'hui, en alpinisme, l'important n'est pas le sommet mais la façon d’y arriver. Le but n’est plus, depuis longtemps, d'être le premier à « conquérir » une montagne. Cet état d'esprit colonialiste a cédé la place à l’alpinisme de difficulté. Pour ma part, je me suis efforcé de le pratiquer avec les moyens les plus élémentaires possible sans bouteilles d’oxygène ni appareils radio. Le sommet n’était que le point où l’on fait demi-tour. (…)

Là-haut, entre la vie et la mort, rien n'est mesurable et tout est anarchie. L’alpinisme, apparu il y a deux cents ans, est le symptôme d'une société décadente. Il est inutile et n’a d'importance qu'à nos yeux.

De même que les effets du réchauffement planétaire et du changement climatique se font sentir plus tôt en montagne qu’en plaine, certains schémas de comportement éclatent au grand jour en haute altitude.

Sur des camps de base qui hébergent des centaines de personnes, l’entre-soi règne et l’esprit d’équipe ne peut se développer. En 2023, au K2, des dizaines de touristes ont contourné un porteur balti à l’agonie. On observe le même type de comportement en ville : quand on se côtoie par millions, on ne se connaît pas et on ne veille pas les uns sur les autres. Nous vivons dans un monde de plus en plus stérile, et le Covid n'a pas arrangé les choses.

En montagne comme dans l’ensemble de notre société, l’égoïsme grandit, l’empathie diminue. Ce déclin de la solidarité a éclaté aux yeux de tous au K2.

Entendons-nous bien : autrefois aussi, la concurrence existait en montagne ! Dans les années 1960 et 1970, l’envie de réussir les voies les plus difficiles avant les autres chatouillait plus d'un alpiniste. Mais lorsqu'un accident survenait, tous ceux qui se trouvaient dans les parages interrompaient leur ascension, s’unissaient et tentaient de ramener en bas le grimpeur blessé ou affaibli, tous ensemble et en mobilisant tous leurs moyens. Cette règle tacite s’est vérifiée des milliers de fois. La quasi-totalité des alpinistes de haut niveau agissaient de la sorte, y compris lorsque les opérations de secours étaient difficiles ou dangereuses. Depuis, même l’alpinisme a perdu son innocence. Les voyages organisés vers la zone de la mort sont bien sécurisés, mais l’entraide est devenue une valeur rare.

J’ai toujours avancé en compagnie de la peur. J’ai connu beaucoup de frayeurs et quelques expériences de mort imminente. Si nous, les explorateurs de limites, n’avions peur de rien, nous ne serions plus là pour en parler. La peur nous dit : tu iras jusque-là, pas plus loin. J’ai accumulé des trésors d'expérience. Avant une course, l’un des éléments les plus importants à mes yeux est de peser le pour et le contre. Je dois choisir une montagne et sur cette montagne, une ligne qui correspond à mes capacités.

Notre limite est celle de nos possibles. Il faut donc tenir compte de la peur, qui ne doit pas nous paralyser. Sur les sommets de 8 000 mètres, j’ai échoué treize fois. À chaque fois j’ai dû recommencer, m’entraîner, trouver de nouveaux financements, et j’ai beaucoup appris. Les échecs sont une bien meilleure école que la réussite.

Malgré les risques (qu'on ne peut éliminer totalement), je me suis toujours mis en route avec le sentiment que j’allais revenir sain et sauf. (…) J'ai commis des erreurs ; j'ai perdu mon frère, sacrifié sept de mes orteils, souffert d'une fracture du talon droit et sans doute négligé des amitiés, mais j’ai toujours trouvé de nouveaux objectifs à atteindre. Aujourd'hui, je me sens tenu de transmettre aux prochaines générations l'héritage de l'alpinisme traditionnel. © GLÉNAT


Par vents contraires. De l’art de progresser dans l’adversité, Glénat, 358 pages, 23 €.

Cirque pour tous en Dordogne

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Près de Périgueux, Cirk’us Studio est une école de cirque au statut associatif qui propose des spectacles de fin d’année.

 

Dans un ancien entrepôt de Marsac-sur-l’Isle transformé en salle de spectacle, l’ambiance est aussi aérienne qu’un trapèze suspendu. Ici, l’association Duo Diverse, fondée en 2009 par Dorian Blais, 37 ans, et sa compagne Laura, fait du cirque une activité grand public à travers son école, baptisée Cirk’us Studio. « Notre objectif est d’ouvrir les portes au plus grand nombre », insiste Dorian.

Formé à la rigueur de la gymnastique artistique dès l’âge de 4 ans, celui-ci a tutoyé le haut niveau en section sport-études avant de bifurquer vers les arts du cirque. Diplômé de l’Académie Fratellini de Paris en 2011, il participe l’année suivante avec sa compagne d’origine anglaise aux animations accompagnant le passage de la flamme olympique lors de l’ouverture des JO de Londres 2012. « Ce moment a cristallisé mon souhait de lier l’artistique au sportif. C’est pour cela que nous nous sentons si bien à l’Ufolep, rejointe il y a deux ans après avoir été préalablement affiliés à la Ligue de l’enseignement », explique-t-il. Aujourd’hui, l’association emploie cinq salariés, accueille 450 adhérents et s’appuie sur une armée de bénévoles qui contribuent à faire du cirque un terrain de jeu accessible à tous.  

Tous publics. L’éventail des pratiques va du « baby cirque » (dès 15 mois) aux créneaux fréquentés par les seniors (la doyenne à 74 ans), en passant par les adolescents et les jeunes adultes. Le « tout-cirque » permet aux débutants de toucher à tout : acrobaties, jonglerie, équilibre et aérien. Puis, après deux ans, chacun peut se spécialiser, avec deux à trois entraînements hebdomadaires. Du mardi au samedi, les cours proposent plusieurs niveaux, avec des séances de 45 minutes pour les plus jeunes et de 1 h 30 pour les autres. À la mi-journée, des créneaux tournés vers le renforcement musculaire s’adressent également au personnel des entreprises locales : proche de Périgueux, Marsac, 3 150 habitants, accueille en effet presque autant d’emplois.

Chez les seniors, l’approche est à la fois douce et stimulante : jonglerie pour les réflexes, rouleau américain pour l’équilibre, et même initiation à l’aérien. « Il n’y a pas d’âge pour apprendre, seulement des précautions à prendre », souligne Dorian. Chaque encadrant est formé à la sécurité des mouvements et à la gestion des chutes. « Il ne s’agit pas de les laisser expérimenter seuls leurs premières acrobaties ! »

Tous en scène. Pour les jeunes les plus motivés, certains ont poursuivi dans des écoles prestigieuses : deux à Montréal, deux à Londres, plus un autre qui s’entraîne en parallèle à l’école de cirque de Paris. Et tous les licenciés ont l’occasion de se produire en public lors des spectacles de fin d’année. Début juin, les adultes sont ainsi montés sur scène pour trois soirées cabaret à prix modéré (de 6 à 12 € l’entrée) au gymnase municipal. Mais l’apogée de la saison reste le "Cirkus Festival" de début juillet : une journée en plein air où les enfants présentent trois spectacles gratuits. L’an passé, la première édition avait attiré 2 500 spectateurs !

Et parce que la magie du cirque rayonne particulièrement chez les enfants, Cirk’us Studio Duo propose aussi des initiations scolaires d’une durée de 10 à 15 heures, conclues par des mini-spectacles dans les cours de récréation, à l’école mais aussi au collège. « Ce n’est pas la performance qui nous guide, conclut Dorian, mais la progression de chacun, à son rythme, dans la joie et néanmoins avec exigence. » Tous les sports autrement, et les arts du cirque aussi. Antoine Richet

 

Près de mille circassiens à l’Ufolep. Le code « arts du cirque » réunit à l’Ufolep 958 licenciés et 72 associations très divers : écoles de cirque, amicales laïques, centres sociaux, associations de comités départementaux… En Dordogne, elles sont ainsi quatre à déclarer l’activité : Duo Diverse à Marsac-sur-l’Isle, l’école de cirque de Boulazac (au sud-est de Périgueux), l’amicale laïque du Montignacois et le foyer laïque de Saint-Léon-sur-L’Isle.



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