Sport en milieu rural, parole politique, formation, place des régions, projection vers le centenaire de l’Ufolep… L’AG 2025 de l’Ufolep sera dense !
C’est un beau défi pour la Saône-et-Loire d’organiser notre assemblée générale. Après Bar-le-Duc (Meuse) en 2018, le Creusot sera la deuxième plus petite ville1 à accueillir ce rendez-vous national, démontrant ainsi que, là où les bénévoles sont mobilisés, les professionnels rassemblés, les collectivités associées, le comité régional Ufolep en soutien, cette organisation est accessible à tout comité.
Ruralité. Ce choix fait aussi écho à notre stratégie fédérale d’investir davantage encore le milieu rural. Ces territoires eux-aussi sont prioritaires pour l’Ufolep : manque d’équipements sportifs, moindre diversité associative, population à la moyenne d’âge plus élevée, bénévoles en nombre réduit… Les problèmes de mobilité constituent également un frein pour accéder aux pratiques sportives. À cet égard, nous dresserons au Creusot le bilan de notre opération « Le sport au cœur des villages » et de ses 300 évènements, dont plusieurs organisés par la Saône-et-Loire. Et nous nous projetterons aussitôt vers l’édition 2025, car l’opération est amenée à être reconduite avec pour partenaire le Crédit Mutuel.
Parole, formation, région. En juillet dernier, le comité directeur national a initié, à la fois de façon accélérée et en profondeur, une réflexion sur trois sujets : la parole politique, la formation, la région. Le premier travail a permis de préciser mieux encore la place de l’Ufolep dans la société d’aujourd’hui et d’inscrire notre Projet Sportif Fédéral actualisé dans notre ambition et notre vision. Le deuxième travail a souligné l’enjeu d’une meilleure articulation entre formation fédérale et professionnelle. L’Ufolep doit aussi prendre toute sa place parmi l’ensemble des acteurs de ce secteur. La formation est ainsi l’un des trois piliers du nouveau projet de service et la réflexion lancée l’été dernier a débouché sur une prise en compte politique plus collective du dossier, avec une recomposition du bureau national et la réactivation d’une commission nationale formation. Enfin, le chantier engagé sur la place de la région – qui a donné lieu à un séminaire en janvier – méritera un long temps de débat. Nous échangerons sur de possibles évolutions statutaires et sur les compétences, le rôle et le modèle économique de nos comités régionaux
Transition. L’AG du Creusot intervient au cœur d’une saison de transition. La fin d’année civile 2024 a vu d’importants changements dans le pilotage de notre fédération : un comité directeur et un bureau national renouvelés – et épaulés par un nouveau DTN –, et des commissions nationales qui l’ont été également. Qu’il s’agisse des commissions transversales que sont les Finances, des Statuts et Règlements, des commissions disciplinaires ou des commissions sportives qui organisent plus de 60 activités, là aussi c’est tous les quatre ans une vraie transition. Et pour achever notre transition élective, nous accueillerons les présidentes et présidents de comités départementaux et régionaux fraîchement élus. En effet, plus des deux tiers de ces élections se tiennent entre mi-février et fin avril.
Outre-Mer. Comme de coutume, l’AG aura été précédée d’un temps de travail avec les comités ultramarins, afin de faire le point avec eux sur leur rayonnement et leur développement, tant dans l’Océan Indien que dans les Caraïbes et désormais en Polynésie. Nos regards seront aussi tournés vers Mayotte : cinq mois après les ravages de l’ouragan Chido, nous rendrons compte de la solidarité témoignée auprès de ce comité qui se relève en dépit de toutes les difficultés.
Centenaire. Enfin, nous lancerons ensemble le chantier de la célébration du centenaire de l’Ufolep : 2028, c’est demain ! Le comité de pilotage récemment créé partagera un projet tout juste ébauché mais dont l’AG de Tours 2028 sera l’un des temps forts. Une célébration qui sera autant une projection vers l’avenir qu’un regard dans le rétroviseur.
Deux jours d’assemblée générale ne seront pas de trop pour aborder avec optimisme et ambition ces enjeux tous aussi importants les uns que les autres.
Arnaud Jean, président de l’Ufolep
(1) 20 500 habitants, 34 000 avec l’agglomération.
PSF : feuille de route confirmée. Le Projet sportif fédéral 2024-2028 de l’Ufolep réaffirme les 7 priorités fédérales du précédent : égalité et intégrité, vie associative, multisport, vie sportive, territoires prioritaires, recherche et développement, santé. Une continuité marquée du sceau de l’adaptabilité et qui n’empêche pas la nouveauté. À chacune des étapes de sa construction, ce projet s’est appuyé sur laconcertation, avec la volonté de respecter les spécificités de chaque territoire et de ses acteurs, grâce à des outils permettant à toutes et tous d’y contribuer. La déclinaison des 7 priorités fédérales s’accompagnera par ailleurs de formations politiques, de conférences et de tables rondes.
Les « activités innovantes » figurent en bonne place dans le répertoire des fiches multisports téléchargeables sur www.ufolep.org. Petit aperçu.
Chase tag. Le « chase tag » (« chasser » et « tagguer »), c’est le bon vieux « chat » des cours d’école, revisité façon parcours d’obstacles. D’un simple jeu avec son fils, un Anglais a fait un sport doté d’un championnat professionnel où se distinguent les adeptes du parkour. Glissades, sauts, feintes, acrobaties, le chase tag met en valeur vitesse et sens de l’esquive. L’espace délimité est de 12 x 12 m mais peut être adapté, et la durée d’une manche de 20 secondes. Le matériel : des modulables de gymnastique ou tout autre élément sur lequel on ne risque pas de se blesser.
Plusieurs règles peuvent s’appliquer. Premier cas, si le poursuiveur parvient à toucher son adversaire, il reste sur le terrain et devient la cible. En cas d’échec, il est remplacé par un autre poursuiveur. Les face-à-face s’enchaînent et l’équipe ayant récolté le plus de points (« s’évader » en vaut 1, la capture aucun) l’emporte. Deuxième cas, on enchaîne deux face-à-face de 20 secondes en inversant les rôles du chat et de la souris. Celui qui touche son adversaire avec la main dans le temps le plus court récolte un point pour son équipe.
Dodgeball. Version sportive de la balle au prisonnier, le dodgeball a été codifié aux États-Unis. Il oppose deux équipes mixtes de 6 joueurs et joueuses. Le matériel consiste en 3 à 6 ballons et autant de plots, des chasubles et 2 cerceaux pour désigner le début de la file d’attente des « prisons ».
Comme à la « balle au priso », le but est d’éliminer les adversaires en les touchant ou en « gobant » la balle qui vous vise. Le dodgeball se pratique sur un terrain de 17 m de long sur 9 de large, avec une zone neutre au milieu, sur 2 mi-temps de 15 minutes. Le dodgeball permet de travailler le temps de réaction, la vitesse et l’observation de l’espace puisqu’il faut prendre de l’information et se déplacer en permanence.
Double dutch. Très populaire aux États-Unis depuis les années 1970 parmi les jeunes des quartiers populaires, ce saut à la corde mâtiné de danse hip hop tire son nom d’une histoire séculaire. « Double néerlandais » est synonyme de « charabia » et fait référence au langage des immigrés néerlandais du 18e siècle, qui en ont alors introduit la pratique... Depuis 1990, une fédération régit en France ce sport qui n’exige que deux cordes (longues de 3,50 m en compétition officielle) que font tourner les deux partenaires qui vous permettent de sauter. Le but est de réaliser des figures (freestyle) ou de sauter le plus de fois possibles au-dessus des cordes.
Feetbool. Le feetbool est un jeu de boules joué avec les pieds. Imaginé par le vendéen Phlippe Guesdon lors d’une partie de pétanque avec ses enfants, il s’est développé dans l’Ouest et une fédération a vu le jour en 2020. L’activité nécessite 8 ballons de deux couleurs différentes et un ballon cible blanc et s’adapte à tous les terrains. En compétition, celui-ci mesure 20 mètres sur 8 avec deux zones de dégagement à chaque extrémité. Le but du feetbool est d’approcher ses ballons au plus près du ballon cible. Le feetbool se pratique en solo (chaque joueur disposant de 4 ballons), en duo ou trio. Le jeu se déroule en deux manches gagnantes de 20 points, en un temps imparti de 12 ou 15 mn par manche (à défaut, l’équipe possédant le plus de points à l’arrêt du jeu l’emporte).
Foobaskill. Le foobaskill a été imaginé en 2015 par trois enseignants suisses en combinant football et basket, le terme « skill » signifiant « habilité » en anglais. Une moitié de terrain est réservée au foot, l’autre au basket. La multiplicité des façons de marquer des points pour son équipe facilite l’implication de chacun.
Cette pratique mixte oppose deux équipes de 4 ou 5 joueurs sur deux mi-temps de 5 mn et nécessite un ballon particulier, deux mini-buts de foot (ou des plots) posés sur des caissons et un panneau de basket. Précision : les deux buts de foot sont placés près l’un de l’autre dans le même camp, la ligne médiane marquant le passage du foot au basket. En première mi-temps, une équipe défend le panier de basket et attaque les buts de foot, et inversement. Puis on échange les rôles.
Goubak. Sport sans contact inventé par un professeur d’EPS espagnol, le goobak oppose deux équipes de 5 joueurs et se joue avec un ballon à la forme originale, entre frisbee et ballon rond. Délimité avec des bandes ou des plots, le terrain est circulaire et divisé en trois zones comme des parts de gâteau, avec au centre une zone de but triangulaire délimitée par trois montants lestés à la base. Pour marquer des points, le ballon doit passer à travers deux montants et être récupéré par un coéquipier ou une coéquipière avant qu’il ne touche le sol ou ne soit intercepté par l’adversaire. La zone plus ou moins éloignée dans laquelle se trouve le réceptionneur détermine le nombre de points marqués. Avec trois angles différents pour marquer, la vitesse de déplacement, le sens du démarquage et les brusques changements de direction font la différence.
Speedball. Avec sa balle reliée par une corde à un mât de 1,70 de hauteur, le speedball rappelle le jokari. Ce jeu de raquette né comme un jeu de plage est ludique et accessible. Le but est de se renvoyer la balle tour à tour en inversant le sens de rotation à chaque frappe. Il peut se jouer en solo en réalisant le plus de frappes en un temps donné en enchaînant quatre mouvement différents (main droite puis main gauche seule, puis à deux mains revers et coup droit), mais aussi en relais par équipes mixtes de 4 joueurs et joueuses, ou bien à deux ou à quatre, en simple et en double comme au tennis.
Spikeball. Le spikeball (ou roundnet, « filet circulaire », pour éviter de confondre l’activité et la marque commerciale), consiste à faire rebondir un petit ballon (30 cm de circonférence) sur un petit trampoline. Les joueurs se placent de part et d’autre de celui-ci, le but étant de mettre en difficulté l’équipe adverse. Le roundnet se jouant en effet à deux contre deux ou trois contre trois. Un point est marqué lorsque la balle touche le sol, que l’équipe adverse échoue à la retourner dans le filet après les trois touches de balle autorisées, ou que la balle rebondit deux fois sur le filet. Un match se dispute en deux manches gagnantes de 11, 15 ou 21 points.
Et aussi. D’autres « activités innovantes » figurent au répertoire Ufolep, telles le bumball (sport d’équipe avec un ballon et des chasubles munis de scratchs), le scratchball (où ce sont les gants qui sont auto-agrippants), le disc-golf (jeu d’adresse avec un frisbee), le homeball (opposition de football dans une cage-filet percée d’ouvertures) ou le corn hall (où l’on vise des trous percés dans une planche avec des sachets de sable)… Celles-ci sont utilisées pour les animations multisports et les caravanes d’été et complètent à l’occasion les ateliers du Playa Tour ou d’un UfoStreet, où le foot-panna (avec ses deux joueurs réunis dans un cercle) peut aussi être considéré comme une « activité innovante ».
Variante du tennis populaire chez les seniors en Amérique du Nord, le pickleball est arrivé dès 2018 à l’Ufolep de Loire-Atlantique1, puis en 2020 au Patronage laïque du Bergot, à Brest.
« J’ignorais tout du pickleball avant que Jean-Paul Bagot, un habitant du quartier qui vit la moitié du temps au Québec, vienne présenter l’activité avec un filet, du scotch, des raquettes et des balles, explique Ludovic Le Provost, directeur du Patronage laïque du Bergot, à Brest (Finistère). Pas de chance, c’était à la veille du confinement de mars 2020 ! Mais nous avons lancé l’activité à la rentrée suivante.
À la différence du padel, autre variante du tennis sur un espace réduit, le pickleball n’exige aucun investissement. Le terrain correspond à celui de badminton, donc les tracés existent déjà dans les gymnases : il suffit juste de déplacer une ligne. Ex-pratiquant de tennis, je me suis personnellement investi avec d’autres bénévoles dans l’animation de cette activité qui séduit autant les enfants que les adultes ou les seniors. Elle est particulièrement appréciée des joueurs et joueuses de tennis ayant pris de l’âge car ils retrouvent les mêmes sensations en tapant la balle.
Notre créneau du mardi soir au gymnase de Bellevue réunit une quinzaine d’adultes et une dizaine d’enfants. Du pur loisir, c’est d’ailleurs la limite : nous aimerions que l’activité essaime auprès d’autres patronages et clubs Ufolep afin de monter des tournois ou un petit championnat. Je sais qu’il existe un club au Conquet et un autre à Lanildut, en nord-Finistère : une association de retraités qui s’est lancée la saison dernière…
La fédération de tennis, qui aujourd’hui met de gros moyens pour développer l’activité sous son égide, n’était pas intéressée au départ. De toute façon, nous nous sommes naturellement tournés vers l’Ufolep, où étaient déjà affiliées d’autres sections du patronage. Même si, parallèlement, nous avons adhéré à l’association Pickleball France. La plupart des pratiquants viennent avant tout se détendre et prendre du plaisir, avec la possibilité de pratiquer le badminton sur le même créneau de gymnase : on met en place les deux types de terrain et chacun peut tourner entre les deux disciplines, ou n’en pratiquer qu’une.
Pour résumer, le pickleball est un sport qui atténue les différences d’âge et de niveau. La balle ne va pas trop vite, la prise en main est simple, les règles aussi, on s’amuse tout de suite, c’est vraiment très agréable ! »
(1) En Jeu n°40, mars 2020.
En démonstration aux Jeux olympiques 1920 et 1928, pour l’Ufolep le korfbal n’était bien « innovant » pour ses caractéristiques de sport collectif mixte sans contact, opposant deux équipes de quatre filles et quatre garçons autour de paniers placés à 3,50 m de haut. D’où les efforts engagés dans les années 1980 pour implanter en France cette discipline populaire en Belgique et aux Pays-Bas. Hélas, l’élan est peu à peu retombé... Qu’en sera-t-il alors du baskin, lui aussi inspiré du basket, et qui réussit la gageure de faire jouer ensemble personnes dites valides et en situation de handicap ?
L’activité, qui concerne à ce jour 18 associations Ufolep et 412 licenciés, est à la croisée des chemins. « La discipline a vu le jour dans un institut spécialisé près de Nantes et a été développée par l’association Orea, explique la directrice Ufolep de Loire-Atlantique, Élodie Gouriou. D’abord affiliée au Sport adapté, elle s’est tournée vers l’Ufolep pour avoir des licences identiques, qu’il y ait un handicap ou non. L’activité nous a séduit pour son approche sportive et son caractère inclusif et humain. Mais sa dynamique est en train de changer : on est passé d’une pratique purement loisir à une activité compétitive, avec un championnat régional Ufolep et la volonté d’organiser des tournois nationaux. Nous-mêmes avons organisé en juillet 2024 un tournoi européen. Cela implique une nouvelle approche, avec des entraînements qui visent l’amélioration de la performance, un travail sur la technique et la stratégie de jeu, sans perdre pour autant la vocation inclusive d’origine. D’où un certain décalage entre des associations déjà engagées dans cette optique compétitive et celles qui restent avant tout dans la sensibilisation au handicap. On voit aussi arriver des clubs de basket non Ufolep qui souhaitent créer une section baskin. »
En concertation avec l’association BaskIn France, tous les participants doivent être licenciés à l’Ufolep et les nouveaux clubs ont une année pour s’affilier dans leur département. « Nous avons réussi à impulser une dynamique régionale en Pays-de-la-Loire, avec quatre clubs en Loire-Atlantique, deux en Vendée, un en Maine-et-Loire et la perspective d’en créer un dans la Sarthe, se félicite Élodie Gouriou. Et ça bouge en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes… » Alors, le baskin fera-t-il définitivement oublier l’échec du korfbal ? Ph.B.
La façon de qualifier les activités atypiques ou méconnues que l’Ufolep propose à ses différents publics fait débat.
Quand à partir des années 1980 des activités « autres » sont venues étoffer les pratiques sportives de l’Ufolep, elles furent appelées « innovantes » en raison de leur nouveauté et surtout de la façon dont elles se distinguaient des disciplines traditionnelles ou s’affranchissaient de leurs codes. Dans le réseau Ufolep, ce vocable renvoie ainsi à des activités identifiées en tant que telles.
« Il apparaît toutefois plus pertinent aujourd’hui de qualifier ces activités d’"alternatives" en ce qu’elles s’attachent à offrir une option différente et souvent plus accessible aux sports classique, avec une dimension éducative et inclusive, suggère Pierre Landry Mercier, chargé de mission multisport à l’Ufolep. Ceci pour les distinguer de disciplines qui visent à créer du neuf grâce à des technologies modernes, comme le eSport ou les courses de drones". »,
« Une innovation constitue un changement profond du cadre de pratique, tandis qu’une nouveauté relève davantage d’une réforme ou d’une adaptation, observe par ailleurs Adil El Ouadehe, en charge du pôle sport société. Lorsqu’un nouveau sport apparaît, il s’inscrit souvent davantage dans le domaine de la diversité, sans modifier le rapport au sport, à l’espace ou au temps. »
Le DTN adjoint de l’Ufolep considère ainsi qu’en dépit de leur image vieillotte et de leur appellation même, « les jeux traditionnels offrent en réalité un terrain idéal pour conjuguer innovation et nouveauté, deux notions particulièrement recherchées par les acteurs de l’animation, du sport et du socio-sport ». Ceux-ci ne permettent-ils pas de « repenser nos cadres de pratique », d’offrir « une nouvelle expérience de la confrontation et du challenge » tout en « favorisant une approche ludique » ?
En attendant que l’académie tranche, on peut aussi identifier les disciplines à caractère éducatif, mixte, inclusif – et relativement confidentielles – qui font l’objet d’un code activité à l’Ufolep : baskin (18 associations déclarant la pratique en activité principale ou secondaire), boomerang (11), double dutch (15), flag (15), floorball (30), kinball (50), korfbal (13), pickleball (7), bike-polo (5), speedball (12), street hockey (7), tchoukball (61), walking football (4).
Tchoukball, kin-ball, floorball, et plus récemment goobak, chase tag, pickleball… L’Ufolep propose une grande variété d’activités dites « innovantes » qui bénéficient d’un code activité dédié ou enrichissent sa palette multisport. Mais quelle place occupent-elles réellement sur le terrain ? Et est-il possible d’asseoir sur celles-ci une pratique de club régulière ?
Quand on l’interroge sur les activités « innovantes », Simon Choisne cite spontanément le kin-ball, sport d’origine canadienne joué avec un ballon énorme et opposant trois équipes, ce qui induit des options tactiques sortant de la sempiternelle opposition binaire. « Le kin-ball permet de travailler la coopération et la communication entre partenaires et de mettre en jeu des personnes d’âge et de profil différents », ajoute le délégué Ufolep de la Sarthe.
Impulsion départementale en Sarthe
En 2009, sa prise de poste a justement coïncidé avec la volonté du comité de développer des « activités innovantes » qui, au fil des ans, le sont devenues un peu moins. « Oui, elles commencent à être connues dans notre réseau, mais restent nouvelles pour celles et ceux qui ne les ont jamais pratiquées et, en l’absence de toute médiatisation, nos publics n’en ont pas la moindre représentation. Ce sont aussi des activités qui ont du sens. Souvent imaginées par des pédagogues ou des enseignants, elles facilitent l’accès à la pratique des personnes qui ne faisaient pas ou plus de sport. »
En Sarthe, une dizaine de structures affiliées proposent ce type d’activités à un public enfant ou adulte. « Il s’agit de cycles de 6 à 7 séances ou d’interventions pendant les vacances scolaires auprès d’associations, de collectivités et de centres sociaux. Parallèlement, nous mettons à disposition du matériel auprès de structures qui animent leurs créneaux de façon autonome avec des éducateurs formés, comme le SOM Multisport du Mans, la Jeunesse sportive d’Allonnes, la communauté de communes Loué-Brûlon-Noyen, un foyer de jeunes travailleurs ou le Centre éducatif de jour Montjoie au Mans », détaille Simon Choisne.
D’autres activités se sont progressivement ajoutées aux deux activités initiales, le kin-ball et le tchoukball, autre jeu de ballon identifiable à son trampoline incliné en guise de but. Pour les animer, le délégué et les éducateurs qui épaulent désormais Simon – quatre équivalents temps plein – s’appuient sur les fiches pédagogiques éditées au niveau national. On y retrouve des sports collectifs (flag-rugby, ultimate, goubak…) et individuels (spikeball, indiaca…) ayant en commun leur caractère accessible et ludique.
« Ne pas être familier d’un sport et de ses règles place chacun au même niveau au départ. Selon le public, nous choisissons aussi une activité selon le thème et l’attitude qu’elle permet de travailler : le kin-ball, où chaque équipe doit faire corps pour porter le ballon, est particulièrement intéressant avec des décrocheurs scolaires ou au sein d’un établissement spécialisé », souligne Simon Choisne. Le comité en possède cinq kits, et autant de tchoukball. Ils sont mutualisés avec l’Usep, les deux activités faisant également partie de la panoplie éducative du sport scolaire.
Enrichir les cycles multisports en Loire-Atlantique
Plus à l’ouest, en Loire-Atlantique, « les activités innovantesenrichissent le programme multisport enfant proposé dans nos associations et nos écoles de sport, et aussi auprès des adultes, notamment au sein des amicales laïques : des créneaux multisports qui concernent 2 800 licenciés, dont 2 000 enfants », précise la directrice départementale de l’Ufolep, Élodie Gouriou. Parmi ces activités figurent le floorball (un dérivé du hockey), le pickleball (déclinaison douce du tennis), le kronum (mi-foot mi-hand) ou le poull ball (jeu de ballon sans contact). Certains des 40 éducateurs et éducatrices départementaux proposent aussi l’intercrosse, ou « crosses québécoises », une discipline introduite à l’Ufolep dès les années 1970-80 et retenue, sous l’appellation « crosse », au programme des Jeux olympiques 2028 à Los Angeles…
« Nos calendriers s’organisent en cycles de 4 séances. Nous nous efforçons de répondre aux souhaits des adhérents, mais nos éducateurs et éducatrices sont aussi force de proposition, en particulier pour les disciplines peu connues », explique Élodie Gouriou. Ces activités sont évidemment adaptées au public. « À titre d’exemple, nous ne proposerons pas du spikeball aux plus petits, qui ont tendance à sauter sur le petit filet où rebondit la balle comme s’il s’agissait d’un trampoline de gymnaste ! En revanche, ce jeu est parfait pour une animation grand public ou un plateau multisport réunissant plusieurs ateliers. »
Côté inclusion des personnes en situation de handicap, le comité de Loire-Atlantique utilise le baskin, émanation handi-valide du basket dont il accompagne le développement depuis plusieurs années (lire p.12). Et dans ses deux Maisons sport santé (Ufo3S), les ateliers équilibre sont volontiers complétés par du pickleball, jeu de raquette adapté aux seniors. Mais cela peut aussi être du floorball, « pas sur un format de match mais d’ateliers de conduite de palet, jusqu’au tir, afin de travailler conjointement la motricité, la maîtrise et l’adresse. » Ces activités sont aussi utilisées pour les animations de proximité dans les quartiers ou les créneaux animés pour les jeunes suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse.
Comme à l’Ufolep Sarthe, les fiches pédagogiques éditées au niveau national sont mises à profit. Elles sont utilisées en formation et diffusées auprès des éducateurs départementaux ainsi que des stagiaires préparant le BP Jeps1. « J’aimerais d’ailleurs qu’il y en ait plein d’autres ! », lance la directrice départementale. Chaque mois, les éducateurs et éducatrices départementaux sont également conviés à un temps de formation spécifique sur un cycle d’activité : « Nous faisons appel pour cela aux collègues expérimentés ou aux membres de clubs affiliés. Cela est ou a pu être le cas pour le kin-ball, le baskin, le pickleball ou le floorball. »
Des activités compétitives ?
En effet, si les « activités innovantes » sont principalement mobilisées de façon ponctuelle parmi le panel multisport de l’Ufolep, elles n’ont pas forcément vocation à rester cantonnées à la découverte. Des passionnés en font aussi une pratique régulière en club. Mais, très vite, se pose alors la question de la confrontation à d’autres équipes, indispensable pour entretenir la motivation et, au-delà, favoriser la pérennité de l’association…
Or, si ces clubs trouvent à l’Ufolep l’appui d’un réseau associatif, une offre assurantielle et les divers avantages de l’appartenance à une fédération agréée – un sésame qui facilite l’obtention de créneaux ou de subventions –, ils n’y rencontrent pas toujours des homologues auxquels se confronter. Affilié depuis une vingtaine d’années et fort d’une centaine de licenciés, le Nantes Floorball est ainsi parallèlement membre de l’association nationale qui organise le championnat où ses équipes sont engagées. « Leurs dirigeants ont voulu élargir la pratique au nord de l’agglomération afin de susciter la création d’autres associations, mais se sont heurtés au manque de créneaux en gymnase : les communes n’en libèrent pas facilement pour des activités confidentielles, d’autant plus que l’offre de sports collectifs traditionnels (hand, basket, volley) est conséquente », explique Élodie Gouriou. Il est d’ailleurs révélateur qu’à Nantes les activités « alternatives » – floorball, kinball, tchoukball, baskin – soient regroupées sur le même gymnase de la Ripossière.
Dans la Sarthe, cet isolement a conduit Le Mans Union Kinball, créé en 2011 dans la foulée du développement de l’activité à l’Ufolep, à quitter la fédération trois ans plus tard. « Trop peu de clubs pratiquant ce type d’activité sur un même territoire, c’est le problème, reconnaît Simon Choisne. Nous essayons de répondre à cela en proposant des rencontres entre nos structures pratiquant le multisport. »
« Je suis lucide, confie de son côté Élodie Gouriou. Quand un sport difficilement cataloguable débarque, en l’absence de fédération référente l’Office municipal des sports de Nantes et les collectivités qui nous connaissent l’orientent vers l’Ufolep. Ce fut le cas du roller-derby, dont la FFRoller ne voulait pas, avant de récupérer l’activité et ses licenciés une fois la pratique plus structurée… C’est aussi ce qui s’est passé avec l’association de pickleball qui, en début de saison, ne s’est pas réaffiliée pour rejoindre la Fédération française de tennis, qui a intégré l’activité depuis janvier 2024. Mais ce n’est pas parce que nous n’organisons pas de championnat ni de tournoi que le pickleball, qui plaît beaucoup, va disparaître de notre panel multisport ! »
Néanmoins, la directrice départementale de Loire-Atlantique aimerait pouvoir proposer au Tchoukball Club Nantais, tout récemment affilié, un rendez-vous national autour de sa discipline. « Ailleurs en France, d’autres clubs de tchoukball sont affiliés à l’Ufolep2, alors pourquoi ne pas imaginer une rencontre nationale ? » Et si, in fine, la dynamique ainsi initiée faisait perdre à l’activité son qualificatif d’« innovante », personne ne s’en plaindrait vraiment. Philippe Brenot
(1) BP Jeps : Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (et son option ALS, activités de loisir sportif).
(2) Parmi les 61 associations déclarant l’activité, 6 s’en réclament dans leur nom : Tchoukball Club Comtois (Doubs), Tchoukball du bout du monde (Finistère), Tchoukball Nantais (Loire-Atlantique), Unis Vers Tchouk (Haute-Vienne), Palmi Tchoukball et Tchouk’Leu (La Réunion).
L’association créé il y a huit ans par Cyril et David Cabanac fédère cyclistes, vététistes, coureurs, triathlètes et jeunes pousses multisports.
Le maillot est à dominante bleu nuit, avec des bandes jaune et ciel entourant quatre lettres capitales : RSSN. RS pour Roquefort et Sarbazan, villages limitrophes situés à 20 km au nord de Mont-de-Marsan ; et SN pour les différents Sports Nature dans lesquels se répartissent les 115 licenciés, du cyclosport au running en passant par le VTT et le triathlon. Plus une école multisport accueillie dans un « cross-park » conçu sur mesure pour l’apprentissage des plus jeunes !
D’une discipline à l’autre. Désormais bien identifié dans les Landes et au-delà, cet élégant maillot est le fruit d’une dynamique initiée à l’origine par deux jumeaux : Cyril et David Cabanac, 47 ans, tous deux artisans peintres en bâtiment à Roquefort.
Dans leur jeunesse, ils ont pratiqué ensemble le vélo de route en compétition avant de bifurquer vers le football « pour le côté sport d’équipe ». La quarantaine approchant, ils se sont ensuite retrouvés sous les couleurs du club d’un village voisin où l’un pratiquait le vélo et l’autre le running. « Mais nous souhaitions élargir encore la palette et favoriser la porosité entre disciplines. Nous avons alors pensé que le mieux était de créer une association à notre idée », expliquent les deux frères.
Cette association, ils la créent en 2017 avec deux Sarbazanais, Renaud et Coline Lendani, père et fille. Et comme promis, les licenciés sont encouragés à passer d’une activité à l’autre, s’ils le souhaitent. « Moi-même, témoigne David, je fais du running et du cyclosport, un peu de VTT, et je participe aussi à des duathlons et à des triathlons en équipe. » Roquefort Sarbazan Sports Nature est aussi un club organisateur e proposera en 2025 « deux courses cyclistes sur route, un cyclo-cross et un trail ».
Encadrement bénévole. L’association est dirigée par un comité directeur de 6 membres et les différents créneaux sont animés de façon bénévole. Le mardi soir, David encadre ainsi les entraînements de course à pied avec Bruno, l’un des 40 pratiquants de l’activité, et le jeudi c’est Ingrid qui prend la relève.
Le jeudi également, d’autres préfèrent le VTT ou la séance de renforcement musculaire, prise en charge par Filipe, expert en préparation physique. Le week-end, place ensuite aux sorties vélo d’entraînement ou aux compétitions, où le groupe de 26 cyclosportifs s’est taillé une belle petite réputation à l’échelle de la région. Quant au groupe de 16 triathlètes, il progresse sous la férule d’Ingrid, avec rendez-vous à la piscine de Mont-de-Marsan pour la natation.
Un cross-park pour l’école multisport. Par ailleurs, le mercredi Cyril et David Cabanac ferment boutique un peu plus tôt que d’habitude : ce jour-là, de 16 h 30 à 18 h, ils animent une école multisport qui, pour sa deuxième année, réunit 42 enfants de 7 à 14 ans répartis en trois groupes de niveau. « Certains souhaiteraient que nous prenions des enfants plus jeunes mais, même sur cette tranche d’âge, nous n’avons pas les moyens de répondre à toutes les demandes », se désolent-ils.
Les installations ont de quoi faire envie : un vrai complexe sportif de pleine nature implanté dans un espace forestier de 1,7 ha, avec structure d’accueil. Le cross-park occupe un terrain cédé par la commune de Roquefort et a été réalisé avec les 100 000 € de l’appel à projet départemental dont l’association a été lauréate en 2019. Les enfants s’initient ainsi en toute sécurité au VTT, à la course à pied, à l’orientation, et expérimentent les disciplines combinées avec le tir à l’arc et au pistolet à billes. « À nous de trouver le bon dosage pour qu’ils souhaitent revenir et, plus âgés, poursuivent dans leurs pratiques. » Et contribuent ainsi à pérenniser le club ! Ph.B.
Vidéo : à la découverte du cross-park
Directeur de l’Ufolep Finistère, Olivier Rabin détaille les trois grands axes du partenariat entre son comité et la Ville de Brest : santé, animation locale et cohésion sociale.
« L’Ufolep Finistère est d’abord partenaire de la Ville de Brest à travers sa Maison sport santé et ses bientôt 5 antennes : en clinique, dans une maison de quartier et dans des patronages laïques municipaux, où le programme À Mon Rythme est déployé auprès de personnes en vulnérabilité sociale. Nous finalisons aussi une convention avec les services Promotion santé et Sport pour toucher plus largement ce public.
Parallèlement, l’Ufolep est associée au Festival des sports urbains, dit Urban Zone, dont la 4e édition s’est déroulée du 12 au 16 février aux Ateliers des Capucins, un ancien site de construction navale. L’Ufolep co-organise cet évènement d’ampleur (40 000 personnes l’an passé) qui intègre un UfoStreet.
Enfin, une Caravane des Sports et de la Citoyenneté sera lancée en avril.Ce projet relevant de la politique de la Ville a permis de financer une camionnette, du matériel et deux emplois à l’Ufolep. Il a émergé au lendemain des émeutes de juin 2023, lors desquelles les locaux de l’Ufolep Finistère ont été incendiés. Cette caravane visitera des villes comme Morlaix, Quimper ou Concarneau, ainsi que des villages ruraux, mais aussi et surtout les quartiers de Brest, en collaboration avec le service Sport et Quartiers, afin de mutualiser les moyens humains, matériels et de communication. La Ligue de l’enseignement interviendra parallèlement sur la vulgarisation numérique, les problématiques de harcèlement et la prévention des conduites violentes. »
À la tête de l’Association nationale des élus du sport, Patrick Appéré, adjoint au maire de Brest, a initié la campagne « entretenons la flamme de Paris 2024 » face à la réduction annoncée du budget de l’État. Il évoque également le partenariat entre la Ville de Brest et l’Ufolep Finistère.
Patrick Appéré, le Stade Brestois brille en Champions League et les handballeuses jouent les premiers rôles en France et en Europe. Quel impact cela a-t-il sur la politique sportive municipale ?
C’est de l’ordre du rayonnement pour la ville, et une fierté pour nos concitoyens. Cela donne aussi envie de faire du sport, d’autant plus que ces clubs incarnent l’esprit brestois : jouer collectif et « mouiller le maillot ». Mais le fait qu’ils disputent la Coupe d’Europe n’a rien changé au montant des subventions municipales. Concernant le Brest Bretagne Handball, j’insisterai plutôt sur l’importance qu’a eu la construction d’une Arena de 4 500 places qui permet d’aller chercher des partenaires privés.
Quelles sont les grandes lignes de votre politique sportive ?
Nommé adjoint au sport en 2008, ma première initiative a été demander à l’UFR Staps de Brest une étude afin d’identifier les attentes des publics et les freins à la pratique. Nous avons défini un premier axe autour de la cohésion sociale et du vivre-ensemble, et créé un service Sports dans les quartiers. Celui-ci mène des actions d’éducation par le sport et d’animation de l’espace public, avec un objectif d’inclusion et de mixité sociale et un travail sur l’accessibilité mené avec les clubs.
Un deuxième axe porte sur la santé et le rôle essentiel de l’activité physique dans les thérapies et en prévention primaire. À cette occasion nous avons notamment découvert que le service oncologie du CHU possédait une salle de sport pour les patients atteints de cancer. Nous avons réuni tout le monde et élaboré une convention Mairie-CHU-Métropole-fac de médecine et Staps pour coordonner nos actions et lancé un programme Bouger pour Guérir, qui se poursuit en partenariat avec l’Ufolep et les actions de sa Maison sport santé vers le grand public.
Enfin, au quotidien, nous menons des actions en direction des publics cibles que sont les jeunes, les familles ou les seniors.
L’Ufolep est présente à Brest à travers les sections sportives des patronages laïques. Plus largement, en quoi est-elle un partenaire pour la Ville ?
Elle l’est justement en matière de santé et de sport sur ordonnance. Forte de ses programmes nationaux, l’Ufolep a joué un rôle de trait d’union entre les personnels de santé et les clubs quand nous n’arrivions pas à trouver comment faire ensemble. Les médecins ont naturellement orienté leurs patients vers l’Ufolep, qui sait accueillir les personnes éloignées de la pratique sportive.
Quelle est la vocation de l’Association nationale des élus du sport, que vous présidez depuis 2021 ?
L’ANDES est un lieu de débat, de partage d’expériences et d’échange de bonnes pratiques entre élus du sport, et une interlocutrice pour les fédérations sportives. Notre vocation est de trouver les « complicités » entre le mouvement sportif et les acteurs qui financent le sport, en notamment sur les équipements structurants et l’emploi dans le sport. C’est ce qui nous préoccupe aujourd’hui.
Pourquoi ?
Les équipements structurants reposent sur des financements croisés : ville, conseil départemental et région, et éventuellement l’État. Le report de la dette de celui-ci sur les collectivités va inévitablement peser sur la construction et la rénovation de ces équipements. L’autre sujet de préoccupation concerne les emplois aidés, devenus indispensables pour encadrer les activités et initier des actions. Trop souvent, les clubs doivent se séparer de ces jeunes quand cessent ces subventions. Tout s’arrête brusquement, alors qu’on présente le sport comme la solution à tous les problèmes : santé, obésité, cohésion dans les quartiers, insertion sociale… Les emplois jeunes, d’une durée de cinq ans, donnaient davantage de temps pour trouver des solutions. On a aussi vu les difficultés des clubs au lendemain des Jeux olympiques et paralympiques : outre le manque de créneaux, ils n’avaient pas les moyens humains de répondre à la demande et des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes sont restés à la porte. Un cauchemar, alors qu’un euro investi dans le sport en fait économiser treize aux finances publiques !
Au Salon des maires, l’ANDES a défendu le principe de 1 % du budget national consacré au sport. Puis elle a lancé en janvier la campagne « Ensemble, entretenons la flamme de Paris 2024 », auquel a fait écho le « Carton rouge à Bercy » du Mouvement sportif…
La part du budget consacrée au sport est aujourd’hui de 0,18 % et ce chiffre de 1 % est un totem indexé sur la part accordée à nos amis de la Culture. Il est assorti de la date de 2030, avec l’idée d’un cheminement. Il s’agissait d’alerter sur la réalité du financement du sport par l’État. Ce n’est pas nous qui creusons la dette ! Les maires et les parlementaires présents au Salon ont très bien reçu notre interpellation et beaucoup d’élus ont accroché le badge revendicatif au revers de leur veste. Ensuite, quand Bercy a joué ce coup fourré avec un amendement gouvernemental de dernière minute au Sénat, introduisant une restriction supplémentaire de 34 millions, nous avons publié notre tribune. Elle a contribué à une mobilisation qui a réuni l’ensemble du Mouvement sportif, des centaines de champions, les collectivités territoriales et le monde économique. On verra comment tout cela se terminera1, mais au moins avons-nous jeté les bases d’une prise de conscience.
Si la réduction du financement du sport par l’État est confirmée au niveau annoncé, quel impact cela aura-t-il sur votre politique sportive municipale ?
À Brest, nous avons en projet la construction d’un stade et d’un gymnase à 15 millions. Ces équipements qui seront en partie utilisés par les scolaires exigent des financements croisés avec la région (en charge des lycées) et le département (collèges). Si demain ces collectivités sont ponctionnées par l’État, ces projets pourraient être remis en cause. Concernant ensuite les subventions accordées aux clubs et associations, en Finistère et en Bretagne les collectivités s’efforceront de maintenir les budgets sportifs. Préserver les moyens de fonctionnement, et un peu d’évènementiel.
Concernant les évènementiels, il existe un projet de convention entre l’ANDES et l’Ufolep autour du Playa Tour…
L’idée est de faciliter la mise en contact des comités Ufolep et des communes intéressées par l’accueil de cette tournée d’envergure nationale. Au-delà, une convention permet toujours de mieux se connaître et d’avancer ensemble !
Pour finir, quels rapport l’ANDES entretient-elle avec l’Associations des maires de France et celle des maires ruraux (AMRF) ?
Ces structures sont généralistes quand nous sommes spécialisés. Nous partageons nos analyses, comme je le fais au sein de l’Agence nationale du sport avec David Lazarus, co-président du groupe de travail sport de l’AMF. Avec un souci commun, développer le sport et la pratique physique.
Propos recueillis par Philippe Brenot
(1) Le coup de rabot supplémentaire de 34,3 millions d’euros que le gouvernement Bayrou voulait appliquer au sport ne figurait plus dans la loi de finances finalement adoptée par l’Assemblée nationale début février.
Après une vingtaine d’ouvrages consacrés aux héros du Tour de France, Jean-Paul Vespini s’est intéressé à un cycliste surtout connu pour sa saga des Rougon-Macquart et son fameux J’accuse. Zola à bicyclette dévoile une facette méconnue de l’auteur de Germinal. Tout en entrelaçant le récit de cette passion vélocipédique et celui des dix dernières années de la vie d’Émile Zola – qui meurt le 29 septembre 1902 à l’âge de 62 ans, asphyxié par la cheminée de sa maison de Médan (Yvelines) –, Jean-Paul Vespini restitue cette fin de siècle où les têtes couronnées, les écrivains et les artistes s’entichent d’une « petite reine » à l’industrie naissante et encore hors de prix pour les classes laborieuses. En revanche, les préoccupations sanitaires sont déjà présentes et, pour le robuste Zola, pédaler est aussi un remède contre l’embonpoint et les palpitations. Jean-Paul Vespini termine par cette information touchante : deux jours avant sa mort, la dernière prose du plus célèbre écrivain de son temps est une courte lettre où il demande qu’« à partir du numéro du lundi 30 septembre » son exemplaire quotidien du Vélo soit adressé à son domicile parisien. Ph.B.
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