Cette discipline inventée par des coursiers américains réunit en France 250 adeptes et est pratiquée dans deux associations Ufolep. Présentation avec Léa Ruffat, présidente du Toulouse Bike Polo.
Dans les années 2000, un étudiant toulousain ramène d’un séjour universitaire en Angleterre la pratique du hardcourt bike polo, née à l’aube du XXIe siècle sur les parkings de Seattle dans la communauté des coursiers à vélo : une façon ludique pour ceux-ci de prouver leur dextérité au guidon de leurs fixies à pignon fixe. Et attention à ne pas confondre ce sport très nerveux avec le polo-vélo, introduit en France dans les années 1920 et qui se pratiquait sur herbe1, à l’instar de son modèle aristocratique à cheval.
La version urbaine moderne se dispute sur un terrain de 20 x 40 m délimité par des bordures – comme au hockey – et oppose deux équipes de trois joueurs lors de parties de 12 mn, sans remplaçant. « C’est ainsi que nous le pratiquons au Toulouse Bike Polo, association créée en 2010 et affiliée à l’Ufolep depuis deux saisons. Nous sommes 24 licenciés, dont 4 femmes, âgés de 16 à 57 ans », précise sa présidente, Léa Ruffat, 40 ans, venue à la discipline un peu par hasard.
Des vélos adaptés
« Un jour, un ami m’a demandé de compléter une équipe où il manquait une féminine sur un tournoi mixte. Je circulais alors à vélo de façon utilitaire, mais c’est tout » explique celle qui, peu après, a quitté son poste administratif dans le médico-social pour intégrer une ressourcerie proposant du matériel vélo. « J’ai ensuite suivi une formation de mécanique puis travaillé cinq ans dans un atelier de réparation des deux-roues. »
C’est donc en experte que Léa conseille les nouvelles recrues. « On commence généralement avec ce qu’on a sous la main. L’idée, c’est un vélo simple, compact et rigide, sans fourche suspendue. Il n’y a qu’un seul frein, car l’autre main tient le maillet. Plus pratique, la roue libre a supplanté le pignon fixe, mais il n’y a toujours qu’une seule vitesse, avec un petit ratio : on mouline pour être réactif. »
Côté maillet, fini les temps héroïques des bâtons de ski bricolés en ajoutant des bouts de tuyau en PVC : désormais, quelques fabricants européens, fondés par des joueurs de bike-polo, se partagent ce petit marché et développent le matériel.
Une pratique structurée
S’il n’est pas rattaché à une fédération sportive agréée, le bike polo est néanmoins une pratique structurée en ligues régionales, avec des rendez-vous réguliers sous forme de tournois. « Nous appartenons à la Ligue du Soleil avec les clubs de Perpignan et Montpellier, qui ont déjà organisé des championnats d’Europe et du monde, avec celui de Bordeaux et celui de Salies-du-Salat, avec qui nous sommes très liés car il n’est qu’à trois quart d’heure de voiture, sur la route de Pyrénées », explique Léa.
La couverture hexagonale est complétée par une Ligue du « Crachin » (Nantes, Caen, Tours, Paris), une Ligue Alpine (Grenoble, Lyon, Genève, Annecy) et une Ligue du Nord à laquelle appartient le club de Lille, également affilié à l’Ufolep. Les clubs communiquent entre eux via Telegram et, chaque mois, l’un d’eux organise à tour de rôle un tournoi sur un week-end. Le TBP organise par exemple régulièrement des tournois de la Ligue du Soleil, plus le Tolosa Open en octobre, qui réunit des joueurs et joueuses de toute la France et d’Europe.
Un jeu plus fluide
Après des débuts en « mode pirate et débrouille » – un passage obligé pour quasiment toutes les associations proposant cette discipline mal identifiée –, le Toulouse Polo Bike a obtenu en 2012 de la ville de Toulouse la mise à disposition d’un terrain dédié dans un quartier prioritaire. Cerise sur le gâteau, celui-ci dispose de bordures fixes – pas besoin de tout réinstaller à chaque fois –, d’un éclairage et de locaux d’accueil. Un confort qui a aidé le club à repartir après la coupure du Covid.
Parallèlement, la qualité du jeu a progressé. « Au début, indique Léa, les règles étaient encore floues et c’était assez musclé, avec beaucoup de contacts entre joueurs. Ces règles ont évolué afin de rendre le jeu plus fluide, plus "propre", en un mot plus agréable. Côté score, cela peut donner du 3-0, du 5-2. Sinon, les postes – attaquant, défenseur et gardien – sont tournants selon les phases de jeu. Nous testons aussi de nouveaux formats, en ajoutant un remplaçant et en allongeant la durée de jeu à 20 mn. »
« En France, poursuit Léa Ruffat, les adeptes du bike polo forment une communauté assez soudée où règne l’entraide. Nous sommes 250 pratiquants et pratiquants, et dans ce sport mixte on se connaît presque toutes et tous. Les nouveaux sont également accueillis avec bienveillance. Nous les faisons débuter sur les tournois de la Ligue du Soleil, sans enjeu, en essayant de composer des équipes réunissant un joueur débutant, un autre de niveau intermédiaire et un troisième plus expérimenté. L’idée, c’est de les accompagner. Parce que s’ils progressent et prennent du plaisir à disputer ces compétitions, ils auront envie de s’impliquer et de rester au club ! »
Avec une telle mentalité, pourquoi le bike polo ne trouverait-il pas sa place à l’Ufolep ? Et s’il est probable qu’il demeure un sport de niche, le peloton des cyclistes du quotidien représente toutefois un vrai potentiel de développement. Philippe Brenot
(1) La Fédération sportive du travail (FST), proche du Parti communiste, organise en 1928 un premier championnat de Paris qui rassemble des clubs ouvriers de banlieue. Dans les années 1930, l’Union vélocipédique de France, « fédération bourgeoise », développe aussi le polo-vélo, dont la popularité décline à la fin des années 1950. (Wikipédia)
Les avantages de l’affiliation. « Le Toulouse Bike Polo s’est affilié à l’Ufolep à la demande de la Ville de Toulouse, qui depuis 2022 conditionne l’accès aux infrastructures à l’adhésion à une fédération agréée. En l’absence de fédération de bike polo, il nous était plus naturel de se tourner vers une fédération multisport comme l’Ufolep », explique Léa Ruffat.
« À la base, nous percevions cette affiliation comme une contrainte, mais à l’expérience je me suis rendu compte que c’était un atout au regard des services que cela offre. Nous avons accès à des outils numériques pour gérer nos adhérents et à des ressources pour "manager" le club. Nous avons aussi un interlocuteur en la personne du délégué départemental, François Duché. Notre adhésion nous a aussi apporté davantage de visibilité. Elle nous a notamment permis de participer en juin dernier au Forum des associations sur la place du Capitole, où nous avons fait deux recrues. Nous espérons pouvoir y faire cette année une petite démo, comme nous le faisons par ailleurs de façon ponctuelle en différents lieux afin d’attirer de nouveaux licenciés. »
Fin janvier, un garçon a participé au championnat du Puy-de-Dôme avec une équipe féminine. Une expérience que la CNS gym prolongera en marge des finales nationales, début juin à Bordeaux.
Florence Dufraise-Levadoux, vous êtes élue nationale et membre de la commission nationale gymnastique. Dans quel contexte Ethan Romo, 21 ans, a-t-il participé les 25 et 26 janvier à un championnat du Puy-de-Dôme de gymnastique avec une équipe de votre club de Cournon ?
Le rêve de concourir avec une équipe féminine, qu’Ethan avait exprimé dans une vidéo postée sur TikTok, rejoignait notre souhait d’expérimenter la mixité des agrès dans notre secteur géographique : le « groupe 4 », qui va de la Bretagne à l’Auvergne en passant par les Pays-de-la-Loire et la région Centre. Nous avons donc contacté Ethan. Étudiant en géographie et aménagement du territoire à Montpelier, il s’entraîne depuis des années dans un club FFG. Mais bien qu’ayant pratiqué en masculin, il préfère l’ambiance de la gymnastique féminine. Nous lui avons proposé de le licencier au club et de tourner avec notre équipe niveau 2 lors du championnat du Puy-de-Dôme, coorganisé avec l’Ufolep de la Loire à Boën-sur-Lignon. Ethan a pratiqué comme les autres les quatre agrès féminins : sol avec accompagnement musical, poutre, saut de cheval et barres asymétriques. Comme c’était une expérimentation, ses notes n’ont pas compté pour l’équipe. En revanche, il a été classé en individuel.
Comment cela s’est-il passé ?
Très bien ! Les filles avaient déjà vu ses vidéos et tout le monde était très à l’aise. C’était tout à fait naturel.
Était-ce une première ?
Oui. Mais trois semaines plus tard, un autre garçon, Nathan, a pu participer à Mozac à un championnat départemental de moindre niveau avec l’équipe féminine de niveau 7 de son club de la Gymnastique Montagne Thiernoise : le seul qui soit à proximité de son village de Viscomtat, où il s’entraîne chaque semaine sur les agrès féminins. Son équipe a terminé 10e et lui 36e en individuel. Mais l’important pour Nathan était de pouvoir se mesurer à d’autres gymnastes, de montrer ses progrès et de vivre les émotions d’une compétition officielle avec ses coéquipières. Plus généralement, on rencontre deux types de cas : celui de garçons qui rejoignent un club uniquement féminin car il n’existe pas d’équipe masculine de gymnastique près de chez eux ; et celui de garçons qui souhaitent s’essayer sur les agrès féminins.
Et l’inverse ?
C’est plus rare, même si des filles s’essaient aussi aux agrès garçons lors des entraînements. Mais c’est plus compliqué pour elles, surtout au cheval d’arçon et aux anneaux qui sont des agrès de force1. La gym féminine est plus dansée et valorise la souplesse, la grâce. C’est justement ce que peuvent apprécier certains garçons.
Sur quoi cette expérience débouchera-t-elle ?
Pas forcément sur une généralisation de la possibilité pour un garçon de tourner sur tous les agrès féminins. Mais imaginons aussi un club mixte qui peine à compléter une équipe masculine : une fille ne pourrait-elle pas renforcer celle-ci au saut de cheval ou au sol ? Plus généralement, l’idée est de permettre de mélanger les équipes dans une discipline très codifiée. Cela intéressera peut-être une minorité de gymnastes, mais tant mieux si ils ou elles s’épanouissent ainsi. Pourquoi ne pourrions-nous pas laisser à chaque gymnaste le choix libre de son ou de ses agrès, indépendamment de son genre ? Cela relève du principe d’inclusion que défend l’Ufolep. Au-delà des préjugés, l’important est d’accepter les choix de chacun et de chacune.
Propos recueillis par Ph.B.
(1) Les autres agrès masculins sont la barre fixe (qui comportent des similitudes avec les barres asymétriques), les barres parallèles et le sol (mais sans musique).
Expérimenté début juin aux Nationaux. L’expérimentation menée en janvier se poursuivra lors des finales nationales des 8-9 juin à Bordeaux : 5 places seront réservées à des filles souhaitant matcher sur des agrès masculins et 5 places pour des garçons désireux d’évoluer sur des agrès féminins. Il n’y aura pas classement et les gymnastes filles et garçons déjà qualifiés en GAF et GAM1 ne seront pas admis. Les 5 premiers ou premières gymnastes à s’inscrire seront automatiquement sélectionné.e.s. Dans un second temps, une vidéo des mouvements leur sera demandée pour identifier leur niveau technique.
(1) Gymnastique artistique « fille » et « garçon ». Contact : cns.gym@ufolep.org
« Ma pratique du trail remonte à une douzaine d’années, raconte Alain Descorsier, 61 ans, enseignant retraité et ex-délégué Usep du secteur nord-ouest de La Réunion. Je venais d’être brutalement écarté de mes fonctions de conseiller technique régional pour la canne de combat et la pratique du trail m’a aidé à me reconstruire. Courir sur les sentiers permet de faire le vide, de prendre du recul et d’oublier les choses désagréables. Le trail a été pour moi une forme de thérapeutique. Et comme c’est addictif, le trail est devenu mon activité sportive principale. Je me suis alors fixé des objectifs sportifs : gagner dans ma catégorie d’âge la Mascareignes, la course de 70 km du Grand Raid, et aussi l’Ultra trail du Cap, en Afrique du Sud. Je l’ai fait, et désormais j’envisage moins ma pratique sous l’angle compétitif. » Cela offre aussi à Alain Descorsier davantage de temps pour s’investir dans le développement du trail à La Réunion et – en visio pour l’instant – dans le groupe de travail national, qu’il a intégré.
Depuis quinze ans, l’Ufolep permet à 400 personnes d’accompagner les concurrents de la Diagonale des fous sur leurs derniers kilomètres. Et s’apprête à lancer son propre trail.
Si la légende de la Diagonale des fous s’est propagée depuis longtemps par-delà les océans, à La Réunion tout le monde connaît le Somin Grand Raid. « C’est en 2012 que l’association organisatrice s’est affiliée à l’Ufolep Réunion, par nécessité de placer les contrôles antidopage sous l’égide d’une fédération sportive agréée, rappelle le président départemental Gilles Elma. En contrepartie, nous avons proposé d’associer une randonnée "sportive et populaire" au Grand Raid, dont la Diagonale des fous n’est que la plus longue et la plus exigeante des courses qu’il réunit1. Ni compétition ni classement, mais une façon de participer "autrement", en accompagnant et en encourageant les derniers concurrents quand ils puisent au plus profond d’eux-mêmes pour terminer. »
La proposition de l’Ufolep est accueillie avec enthousiasme et l’association Grand Raid propose d’ouvrir les 20 derniers km à un millier de marcheurs. Ce sera finalement 400, « ce qui est largement suffisant ».
Parmi les candidats au Somin Grand Raid, on trouve à la fois des randonneurs locaux et des accompagnants de concurrents, voire aussi des coureurs qui n’ont pu s’inscrire ou ont abandonné l’année précédente au contrôle de La Possession et tiennent à finir le parcours, même si c’est l’année suivante et en marchant. « Qui ils soient, il faut voir leur joie d’entrer dans le stade de La Redoute, à Saint-Denis, puis de franchir la ligne d’arrivée. Eux aussi ont fait "leur" Grand Raid. Il y a aussi les fidèles, présents tous les ans, et bien sûr les bénévoles et les salariés du comité, mobilisés dans la bonne humeur générale », décrit Gilles Elma.
À l’image de la formule du Somin – emprunt au créole réunionnais –, l’Ufolep Réunion misait jusqu’à présent sur la randonnée, avec pour manifestation phare « Faites de la Randonnée » en novembre, qui permet à 500 personnes – licenciées ou non – de s’aventurer sur les pentes désolées du volcan du piton de la Fournaise. Mais l’engouement pour les courses nature a incité le comité à organiser le 14 septembre la première édition du « Trail autrement » avec le concours de l’association Canne en fleur. Initialement consacrée à la pratique de la canne de combat, celle-ci s’est en effet ouverte à la randonnée et au trail. « Ce sera un trail différent, sérieux mais pas trop, intégrant les principes du développement durable et de l’inclusion, explique Alain Descorsier, en charge de la discipline à l’Ufolep Réunion. L’objectif est de lancer une dynamique et de susciter la création d’associations principalement dédiées à l’activité. »
La Réunion pourrait ainsi montrer le « somin » à d’autres comités, d’Outre-Mer comme de « France hexagonale ». Ph.B.
(1) Outre la Diagonale des fous qui traverse l’île du sud-est au nord-ouest sur 170 km, de Saint-Pierre à Saint-Denis en passant par le Piton de la Fournaise et les cirques de Cilaos et de Mafate (170 km et 10 500 m de D+), il s’agit du Zembrocal (course à quatre de 151 km), du Trail de Bourbon (100 km), de la Mascareignes (73 km) et de la Métis (50 km).
Ils ont pour nom Voltarène, Profenid ou Apranax et ont été retrouvés dans les urines de la moitié des participants testés l’an passé sur le Festival des Templiers, à la demande des organisateurs. Ce chiffre, proche des données recueillies sur l’Utra-Trail du Mont-Blanc en 2023, traduit la banalisation d’une automédication visant à prévenir la douleur.
Or même s’ils ne sont pas interdits par les règlements antidopage – à la différence de la cortisone et de ses dérivés –, la prise de ces anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est « potentiellement dangereuse, surtout dans les conditions physiologiques très particulières des trails, en particulier ceux de longue durée et à fort dénivelé » alerte le Dr Jean-Jacques Pik, élu national et membre de la commission médicale de l’Ufolep. Jean-Jacques Pik préconise donc « une interruption, au moins douze heures avant le départ, d’un traitement prescrit dans des conditions standard1 », et « aucune prise en cours d’épreuve, ni dans les douze heures qui suivent l’arrivée ». Ce fervent adepte du running invite aussi tout compétiteur à se demander s’il est raisonnable de prendre le départ s’il éprouve « une douleur qui ne semble pas céder avec du paracétamol ». Tout en prenant en compte « la psychologie du sportif qui s’est préparé depuis des semaines à cette épreuve ». Ph.B.
(1) Jean-Jacques Pik soulève aussi le cas particulier de l’Ibuprofene (Advil, Nurofen), en vente libre à 200 mg comme antalgique simple et non comme AINS alors qu’il en est très proche.
Vitrine de la discipline en France, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc est devenu une marque commerciale en rupture avec l’esprit nature et libertaire des origines.
« De la construction du mythe à l’incarnation d’un avatar de l’hypermodernité » : le sous-titre donné par le sociologue Olivier Bessy à son ouvrage 20 ans d’UTMB1 résume le regard critique que beaucoup portent sur « un évènement marchand qui se perd dans la surenchère ».
« Au départ, rappelle la journaliste Patricia Oudit2, l’UTMB, l’Utra-Trail du Mont-Blanc, c’est une course de 170 kilomètres créée en 2003 à Chamonix par Catherine et Michel Poletti. Aujourd’hui, il s’est mué en un groupe, achetant ou franchisant des compétitions, pour devenir le plus gros circuit de courses d’ultra-trail au monde : 51 évènements appelés World Series dans 28 pays annoncés en 2025, rassemblant 165 000 participants3. »
En 2003, ils étaient 633 pionniers au départ de l’UTMB, dont seulement 67 rallièrent l’arrivée. Deux ans plus tard ils étaient trois fois plus et le nombre de finishers multiplié par dix. La participation continuant à progresser de façon exponentielle, les organisateurs ont d’abord limité les inscriptions à 2 500 personnes pour éviter les bouchons sur les sentiers, puis lancé des courses parallèles. À la règle du « premier arrivé, premier servi » s’est également substitué un tirage au sort, puis aujourd’hui un système de qualification par points à glaner dans les épreuves labélisées UTMB partout dans le monde…
Le mastodonte né du mariage de la PME Poletti avec géant américain du triathlon Ironman n’hésite pas à racheter ou à étouffer les épreuves restées cantonnées à leur terroir d’origine. L’ogre UTMB a même voulu avaler les Templiers, autre évènement emblématique de l’utra-trail, qui réunit en octobre plus de 10 000 participants. Identifié aux Grands causses aveyronnais, le Festival des Templiers a lui-même évolué et quitté en 2009 la commune de Nant pour Millau, préfecture de l’Aveyron, plus apte à héberger la masse des participants.
Face à la « course au dossard » effrénée qui risque de dénaturer l’esprit des origines, ce sont toutefois les amateurs de trail qui ont la clé. Il leur suffit de cesser de se focaliser sur les épreuves les plus fameuses et d’aller à la découverte des organisations à taille humaine qui animent les territoires. Ph.B.
(1) Paru en août 2024 à compte d’auteur (19 €) : www.olivierbessy.com
(2) Le Monde du 17 novembre 2024.
(3) En 2025, 25 000 demandes, pour cinq fois moins de places, ont été enregistrées pour les trois courses principales : l’UTMB (176 km, 9 900m en D+), la Courmayeur-Champex-Chamonix (101 km ; 6050 D+) et l’Orsières-Champex-Chamonix (57 km, 3 500 D+).
Mis en place par la FFA en 2024, le Parcours prévention santé (PPS) consiste en de courtes vidéos en ligne (trois minutes en tout) censées responsabiliser le sportif face aux risques de santé liés aux courses hors stade et aux trails. Le PPS découle de la loi de 2022 visant à démocratiser la pratique du sport en France et se substitue, pour tout majeur, au certificat médical d’aptitude à la pratique. Cela concerne deux millions d’inscrits et 10 000 courses. Concrètement, tout participant.e doit se connecter sur une plateforme dédiée dans les trois mois précédant sa ou ses compétitions, afin d’obtenir une attestation avec un QR code.
Cette disposition a pour conséquence la non prise en compte des licences Ufolep (et FSGT1, FSCF1, FF Triathlon…) pour les manifestations « ouvertes » organisées ou autorisées par la FFA. Elle contrevient ainsi à la convention liant nos fédérations depuis 2006 et permettait à nos licenciés de participer aux courses FFA1 sans besoin d’effectuer d’autre démarche.
Le plus dommageable est que cette mesure n’encourage pas la pratique licenciée. De surcroît, un licencié Ufolep doit renouveler la démarche plusieurs fois par saison quand un licencié FFA ne doit l’effectuer qu’une seule fois. Toutefois l’Ufolep a bon espoir que cette disposition pénalisante soit adaptée après la phase de test qui s’achevait fin avril.
(1) Concernant les épreuves Ufolep, le code du sport continue de prévaloir : acceptation du questionnaire de santé, d’une licence sportive mentionnant la discipline pratiquée (quelle que soit la fédération) ou d’un certificat médical de moins d’un an.
Partout, des associations Ufolep organisent des épreuves plus ou moins exigeantes. Quatre exemples départementaux.
En Charente, la 19e édition du Trail des Gorges du Chambon et du Montbronnais, organisée par l’Ufolep Team 16 Club Multisport, se déroule le 21 septembre, avec un ultra de 86 km et 2700 D+ ouvert à la participation en duo.
Dans le Jura, la 20e édition du Trail des reculées organisé par l’Amicale laïque lédonienne a réuni le 6 avril près de 2 000 concurrents, dont le président national de l’Ufolep. Avec en prime les animations du « village » installé dès le samedi dans le centre de Lons-le-Saulnier, dont un « troc-trail ».
Dans la Nièvre, Morvan Oxygène propose le 28 juin à Château-Chinon son premier Trifolium trail, avec des épreuves de jour et une de nuit et pour mots d’ordre « convivialité », « écoresponsabilité » et « économie », en référence à un coût d’inscription minimum.
Dans les Yvelines, l’hiver a vu se succéder le 8 décembre le premier Trail des Arpents (17 et 35 km en vallée) organisé en vallée de Chevreuse par Alternature 3R, puis le 9 février à Gambais la Trace des Loups (15 et 30 km) balisée par la Wolf Gamb Team, et le 16 mars le traditionnel Trail d’Auffargis (26 km 700D+ et 45 km 1200 D+) proposé par ASR Trail.
Le trail, abréviation francophone de l’anglais trail running (course sur sentier), trouve ses origines dans la tradition britannique des courses en montagne. Dans les années 1970, sa pratique se structure et se diffuse parallèlement à la vogue des courses sur route, compétitions à l’appui. En 1977 aux États-Unis, Gordy Ainsleigh vient ainsi à bout des 160 km de la mythique Western States Endurance Run.
Outre la distance, le dénivelé et la technicité des chemins entrent en compte dans la difficulté des parcours. Les organisateurs peuvent aussi imposer une barrière horaire et déclarer hors course les concurrents trop attardés. Le trail revendique par ailleurs sa proximité avec la nature et son souci de réduire le plus possible l’impact du passage des coureurs.
En France, bien que le trail soit éloigné de sa culture, la Fédération française d’athlétisme a obtenu en 2008 la délégation du ministère des Sports pour organiser la pratique et les compétitions, et classifié les courses selon leur difficulté : trail découverte (moins de 21 km), trail court (de 21 à 42 km), trail (plus de 42 km) et ultra trail (plus de 80 km). Les portions goudronnées ne doivent pas dépasser 25 % pour les deux premières distances et 15 % pour les plus longues. Toutefois, la majorité des pratiquants ne sont pas licenciés et de nombreuses associations organisatrices ne sont pas affiliées à la FFA, les compétitions les plus emblématiques relevant des entreprises privées.
Économiquement, le trail est aussi devenu un marché porteur : selon l’enquête menée en 2023 par l’Union Sport & Cycle, un utra-traileur dépense plus de 1 100 euros par an pour s’équiper. Dans le sillage de Kilian Jornet ou François d’Haene, les trailers les plus en vue bénéficient ainsi de contrats de sponsoring, avec pour marques phares Hoka, Millet ou Salomon.
Expérimenté en 2015 dans les Pyrénées-Atlantiques puis élargi à l’ensemble du réseau Ufolep, le dispositif Se’Coureur facilite les premiers secours en s’appuyant sur les concurrents titulaires du PSC1 ou possédant de compétences médicales. « En échange de leur disponibilité pour porter assistance à toute personne blessée ou en difficulté, l’inscription est gratuite. Mais le développement du dispositif a été freiné par l’absence de croisement numérique du listing des Se’Coureurs avec celui des engagés, ce qui alourdit la gestion, explique Stéphane Lalanne, qui anime l’équipe pédagogique nationale en charge du secourisme. L’EPN n’étant pas identifiée à la course à pied, la communication n’était pas non plus optimum et il sera sans doute plus facile pour le nouveau GT trail de communiquer en direct vers les clubs. »
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