X
Accueil  /  Actualités

Actualités

Journées fédérales : recruter et fidéliser les bénévoles

Fédéral_p21_photo_de_groupe_Journées_fédérales_2023.jpg

L’engagement bénévole était le fil rouge des 3es Journées fédérales, qui ont réuni du 20 au 22 octobre au Pradet (Var) 180 représentants des comités départementaux et des commissions nationales sportives, avec l’objectif de déboucher sur un plan d’action.

 

Sans bénévole pas d’association, et sans association pas de fédération : voilà pourquoi le recrutement des bénévoles était le fil rouge des 3es Journées fédérales de l’Ufolep. C’était aussi le thème de la conférence inaugurale du vendredi, avec un regard particulier sur les nouvelles tendances en matière d’engagement et de militantisme : un sujet très actuel en cette année de renouvellement des instances nationales et départementales de la fédération, comme l’a rappelé en ouverture le président de l’Ufolep, Arnaud Jean.

 

Mutation

 

Brigitte Clochet a ensuite précisé les termes du débat aux 180 élus départementaux et membres des commissions nationales sportives réunis au Pradet. L’élue nationale en charge de l’engagement a rappelé qu’à la différence d’un salarié lié par contrat à son employeur, le bénévole s’engage comme « citoyen et militant » dans « un projet choisi » qui fait sens pour lui et où il trouve un « épanouissement personnel ». Soulignant que 90% des associations Ufolep fonctionnent exclusivement grâce à leurs bénévoles, elle préfère parler de « mutation » que de « crise de l’engagement », au lendemain d’un épisode Covid qui a sérieusement bousculé le milieu sportif.

Citant l’enquête « La France bénévole en 20231 », celle qui préside l’association multisport La Vaillante d’Autun et est élue de Saône-et-Loire a observé que le recul du bénévolat lié à la pandémie était plus durable parmi les plus de 65 ans. Ceci alors qu’on assiste, tous secteurs associatifs confondus, à une reprise de celui-ci chez les 15-34 ans. Cette reprise s’accompagne toutefois d’une tendance au « nomadisme associatif » et à des engagements plus ponctuels, au détriment du bénévolat régulier. Or c’est l’engagement sur la durée qui mène à la prise de responsabilités, tandis que les tâches administratives et de gestion se complexifient : « La formation devient alors un levier, un facteur d’attraction pour les candidats à l’engagement », en ce qu’elle permet « la montée en compétence. »

Il y a aussi de multiples façons d’être bénévole à l’Ufolep, et il n’est pas rare d’en cumuler plusieurs : « On en connaît tous, des bénévoles qui encadrent le mercredi après-midi ou sont présent sur une manifestation le week-end et qui, le soir, prennent leur casquette de secrétaire et rédigent un compte-rendu ou envoient une convocation ! » Quant aux 300 jeunes volontaires ayant effectué l’an passé un service civique dans les associations et comités Ufolep, bien qu’ils soient indemnisés leur mission peut déboucher ensuite sur une implication militante entièrement désintéressée.

 

Bonnes pratiques

 

Trois des intervenants qui se sont exprimés ensuite représentaient des plateformes dédiées à la mise en contact de personnes prêtes à s’investir avec des associations en demande : Isabelle Persoz pour Tous Bénévoles (par message vidéo), Thimothée Domenach pour JeVeuxAider.gouv.fr et Philippe Mobbs pour Passerelles et compétences. Forts de leur expérience et des dernières études en date, ils ont battu en brèche l’idée selon laquelle le vivier de bénévoles tend irrémédiablement à se tarir. Les jeunes sont ainsi aujourd’hui plus nombreux à s’engager, même si c’est souvent de manière ponctuelle.

En revanche, les seniors, davantage engagés sur le long terme et à des postes de dirigeants, ne sont pas tous revenus après la rupture du Covid. Outre le contrecoup de la pandémie, « cette génération est celle à laquelle on demande de "combler tous les trous: s’occuper de leurs parents qui vieillissent, garder leurs petits-enfants, éventuellement travailler encore » a relevé la déléguée générale de Tous Bénévoles, Isabelle Persoz.

Il faut donc les soigner, ces bénévoles, et pour commencer bien les accueillir, favoriser le passage de témoin, et ne pas hésiter à introduire le principe de coprésidence et le partage des responsabilités…  Quatrième intervenant en sa qualité de président du comité scientifique de Sport et Citoyenneté, Colin Miège a énuméré les recommandations issues de travaux menés en Auvergne-Rhône-Alpes avec le soutien de la Fondation Groupama. D’abord, redéfinir si nécessaire le projet de l’association en prenant en compte les attentes des pratiquants et l’offre concurrente des prestataires privés. Ensuite, bien expliquer en quoi consiste l’engagement bénévole et donner confiance, « notamment aux femmes qui trop souvent doutent de leurs capacités à prendre des responsabilités ». Veiller aussi à accompagner les nouvelles recrues en désignant au besoin un référent « bénévoles » au sein de l’association. Enfin, valoriser les bénévoles à travers des récompenses symboliques. Colin Miège a également suggéré de s’inspirer des outils de gestion des ressources humaines du secteur privé, tout en les adaptant à l’associatif.

 

Réalités de terrain

 

S’il a semblé adhérer largement à ces bonnes pratiques, quand la parole lui fut donnée le public a en revanche questionné la capacité des plateformes numériques – « Tinder du bénévolat » – à répondre aux besoins immédiats de leurs associations ou comités. « Comment entrer dans une association sans en partager le projet ? » s’est interrogé Philippe Machu, président honoraire de l’Ufolep. « Et comment faire appel pour notre conseil d’administration à des personnes qui ne sont pas déjà impliquées dans une association ? », a surenchéri la présidente de l’Ufolep du Puy-de-Dôme, Françoise Casajus-Gil. Jean-Louis Borgni, élu national et membre d’une association de natation, il n’image pas non plus rencontrer sur ces plateformes les titulaires des diplômes sportifs indispensables à l’encadrement de son activité. « Nous allons chercher les personnes qui ne sont pas encore bénévoles », a expliqué en retour Thimothée Domenach pour JeVeuxAider.gouv.fr. « "Tous bénévoles !", le slogan est faux, a convenu Colin Miège. C’est pourquoi il faut cultiver le vivier de votre association, où se trouvent celles et ceux qui s’engageront à long terme, avec de surcroît une forte technicité. » D’ailleurs, 77% des bénévoles engagés dans une association sportive ont d’abord été simples adhérents de celle-ci.

Pour le président de l’Ufolep Jura, Raymond Bruneau, c’est aussi « une question d’argent : les gens ont du temps à donner mais hésitent parfois devant le coût financier », à commencer par les frais d’essence pour se déplacer.

 

Plan d’action

 

Les pistes esquissées en plénière ont ensuite été travaillées et précisées le samedi et le dimanche matin au sein des deux groupes réunissant, d’une part, les membres des commissions nationales sportives (avec une problématique centrée sur les associations) et, d’autre part, les élus des comités départementaux et régionaux (avec pour préoccupation principale le renouvellement de leurs instances). Ceci afin de déboucher sur un plan d’action permettant de mieux faire émerger et fructifier cette richesse humaine nommée bénévolat. Philippe Brenot

 

(1) Enquête réalisée d’avril à juin 2023 par l’Ifop auprès de 3340 bénévoles.



Sport rural : dans le Morvan, une bouffée d’Oxygène

Dossier_p17_Morvan_Oxygène.jpg

Sous-préfecture de la Nièvre et ex-fief électoral de François Mitterrand, Château-Chinon compte moins de 2000 habitants mais possède avec Morvan Oxygène une association qui en réunit plus de 300, tous âges confondus : il suffit de faire le ratio pour estimer la façon dont elle dynamise la vie sportive locale ! Principalement affiliée à l’Ufolep mais aussi aux fédérations d’athlétisme, de montagne et d’escalade, de course d’orientation et du sport adapté, Morvan Oxygène n’a cessé d’élargir l’éventail de ses activités et de son public après avoir pris, au début des années 2010, un virage loisir et éducatif, sans brider pour autant les compétiteurs licenciés. Cela s’est notamment traduit par la création d’une école multisport autour du VTT et du dispositif Kid Bike.

Le rayonnement Morvan Oxygène se mesure aussi à la diversité des évènementiels « maison » qui rythment l’année : Course nature du Bazois, Gravel, Trail et Rando « Expérience », « Zone 58 Halloween », « Dernier homme debout », « Vétathlon »… Sans oublier la brocante annuelle et le bain du 1er de l’an au lac de Pannecière : l’an passé, ils étaient 80 dans l’eau, et davantage encore pour les applaudir ! Ph.B.



Le ping-pong rebondit fort à Binas Omnisport

Dossier_p17_Binas_TT.jpg

Comment le tennis de table est arrivé dans un village de 650 habitants des confins du Loir-et-Cher, avant de renaître en Ufolep après le Covid.

Quand dans sa jeunesse il défendait en Val-de-Marne les couleurs de la VGA Saint-Maur, Jean-Jacques Ernoult était « un joueur de tennis de table de niveau correct ». Puis, la soixantaine venue, son activité d’entrepreneur lui laissant désormais quelques loisirs, il renoue avec sa passion de toujours en créant un club dans son village du sud de la Beauce, à une trentaine de kilomètres de l’agglomération orléanaise : « La commune m’a alors proposé de reprendre l’identité du Binas omnisport, autrefois dédié à la pratique du tennis sur le court du village, qui est aussi son seul équipement sportif. 500 € dormaient sur un compte, c’était toujours ça de pris, et à côté j’ai acheté quatre tables de ma poche. »

Le président-fondateur, qui s’y connaît en marketing et n’est pas inconnu dans le milieu, poste l’info sur Facebook et réunit vite une trentaine de compétiteurs. Binas Omnisport brille, grimpe au niveau régional et est salué par le site spécialisé Ping Pocket pour sa fulgurante progression. De nouveaux pratiquants aguerris affluent, parfois de loin. « Nous étions une soixantaine, ça devenait lourd à gérer, et le Covid est passé par là. Quand nous avons voulu reprendre, nos joueurs étaient déjà partis ailleurs. »

« De la compétition, mais plus cool »

Mais la passion est intacte et, en septembre 2022, Jean-Jacques Ernoult relance le club, en loisir cette fois. Il se contente d’entraîner une douzaine de jeunes et de débutants. Qui, bientôt, manifestent toutefois le désir de faire aussi un peu de compétition. « N’ayant guère envie de repartir dans un système trop contraignant, j’ai pensé à l’Ufolep, que j’avais découvert à travers nos voisins loirétains de Charsonville, club à double affiliation. »

Petit souci : il n’y a pas de club Ufolep de tennis de table en Loir-et-Cher. En revanche, le Loiret possède un championnat départemental, auquel Binas Omnisport est chaleureusement convié : « Cette année, nous sommes 18 clubs répartis en deux poules », précise-t-il. Sur la vingtaine de licenciés âgé de 9 à 77 ans, dont quatre femmes, quinze font de la compétition. Toutes les classes d’âge se succèdent ainsi le mercredi dans la salle des fêtes, du milieu d’après-midi jusqu’au soir, et un peu plus tard quand Binas Omnisport accueille un adversaire. De temps à autre, Jean-Jacques Ernoult se déplace aussi dans les communes voisines avec deux tables, afin de faire découvrir son sport avec la bénédiction des élus locaux, toujours dans l’idée de susciter des vocations.

Bien que le seul autre club du village soit celui des anciens, Binas Omnisport doit partager les lieux avec les danseurs country d’Ouzouer-le-Marché, qui les occupent le mardi et le jeudi soir. S’il faut décaler un match un autre jour, c’est donc plutôt le vendredi, sauf anniversaire ou mariage : la convention de mise à disposition gratuite prévoit en effet que la mairie reste prioritaire en cas de location payante.Celle-ci est toutefois arrangeante, tout comme la communauté de communes des Terres du Val de Loire qui, ça tombe bien, est à cheval sur le Loiret et le Loir-et-Cher. « Sa compétence sportive nous aide pas mal, côté subventions », glisse Jean-Jacques Ernoult.

Voilà donc comment le tennis de table s’est implanté à Binas, petit village des confins du Loir-et-Cher, et comment l’ancien compétiteur a découvert une pratique Ufolep autrefois fort décriée dans les rangs délégataires. « C’était vu comme "un truc de patronage", alors que j’y retrouve la même passion, mais en plus cool, avec moins de matchs et plus de souplesse côté réglementation. C’est mixte et on peut réunir dans une même équipe un adolescent et un septuagénaire. À Binas Omnisport, ça nous convient parfaitement. » Ph.B.



Sport rural : caravane champêtre en Aveyron

Dossier_p16_encadré_Aveyron_volley_village_sympa_H.jpg

Depuis trois ans, la caravane estivale des sports pilotée par l’Ufolep Aveyron1 ne visite plus seulement les quartiers de Rodez, Villefranche-de-Rouergue ou Onet, mais aussi, pour moitié de sa vingtaine d’étapes, de petits villages où elle installe de 15 h à 19 h son mur d’escalade et ses différents ateliers. Des villages qui, souvent, comptent moins d’un millier habitants. « La configuration idéale est de débuter avec les enfants d’un centre de loisir, puis de retenir les parents qui viennent les chercher. Les anciens sont aussi les bienvenus, qui parfois ne lâchent plus le nouveau joujou qu’est pour eux la carabine du tir laser », sourit le délégué, Jérôme Czaplicki. Parmi les associations locales invitées à proposer conjointement des animations figurent d’ailleurs les clubs de belote ou de jeux de société. Ailleurs, un club Ufolep de volley plante un filet de « beach » et, versant sport-santé, un « contrôle technique » des capacités physiques est proposé par les éducateurs départementaux ou un partenaire local. « Cette caravane crée l’évènement et fait connaître l’Ufolep. Reste à franchir un pas supplémentaire : susciter la création d’associations ou de sections sportives. »

(1) Avec le concours financier du conseil départemental et des collectivités d’accueil.



« Animer les territoires d’Eure-et-Loir »

Dossier_p16_foot_à_7_Ufolep_28.jpg

En Eure-et-Loir, l’implication des associations va de pair avec les initiatives départementales, souligne Hervé Pelletier, président de l’Ufolep 28 et très impliqué dans sa commune de Voves.

Qu’est-ce que le sport rural, vu de l’Ufolep d’Eure-et-Loir ?

C’est avant tout un réseau associatif qui fait vivre collectivités et territoires, et grâce auquel les gens ne se sentent pas seuls. En dehors des agglomérations de Chartres, Dreux, et dans une moindre mesure Châteaudun et Nogent-le-Rotrou, nous avons tissé un réseau de petites associations qui n’avaient ni les moyens ni les infrastructures pour rejoindre une fédération délégataire, et ont trouvé à l’Ufolep une souplesse de fonctionnement et dans les règlements qui rendent la pratique plus accessible : cyclisme, tennis de table, pétanque, tir sportif, randonnée pédestre et marche nordique… Nous avons aussi créé à Saint-Denis-d’Authou, dans le Perche, et à Hanches, dans la vallée de l’Eure, deux parcours de marche nordique labélisés Ufolep qui sont très fréquentés, y compris par les touristes ! Il y a aussi et surtout le foot à 7, qui draine près d’un tiers de nos 3600 licenciés. À 7, il est plus facile de constituer des équipes. Nous n’exigeons pas non plus telle dimension de terrain, telle distance minimum pour la main courante ou tel nombre de douches dans le vestiaire : autant de normes parfois trop contraignantes pour les collectivités locales les plus modestes.

Et vu de votre village de Voves, 3600 habitants, fondu depuis 2016 dans la commune nouvelle des Villages vovéens ?

À Voves, nous avons du cyclisme et du foot à 7 Ufolep, plus notre association multisport nature1, née après l’intégration des marcheurs nordiques dans celle créée en 2005 pour animer un parcours de golf éducatif. La mairie, qui soutient le projet dès l’origine, continue d’assurer le gros de l’entretien des zones de jeu, ce qui représente plus de deux hectares… Ma fierté, c’est qu’une partie des adhérents pratique les deux activités.

Le comité départemental est également à l’origine d’animations estivales dans les villages…

C’est l’autre volet de notre engagement en milieu rural. Nous avons lancé ces animations en 2003 avec un directeur Jeunesse et Sports arrivé de région parisienne et qui constatait la même carence d’activités sportives pour les jeunes ruraux que pour ceux des quartiers. Ce dispositif s’est pérennisé a depuis été repris par le conseil départemental, qui a confié sa gestion à Profession Sport. Nous avons cessé d’en être partenaire cette année. À la place, nous avons lancé un UfoTour dont les deux premières étapes, à Toury en cœur de Beauce et à Arrou, dans le Perche, ont réuni 300 participants. Il s’agit d’activités sportives gratuites sur deux ou trois jours, gérées par le comité Ufolep avec l’appui des collectivités et le concours des associations locales. L’UfoTour s’appuie sur les installations gonflables acquises avec la dotation de l’Agence nationale du sport (ANS). Il a vocation à se déployer plus largement l’été et pendant les petites vacances.

Et vos animations des city-stades ?

Cela s’appelait les « street games », avec du foot et du basket associés à du graff et du hip hop. Depuis, ces animations se sont fondues dans le dispositif national UfoStreet. Et n’oublions pas le Playa Tour, qui en juillet a vu défiler 2000 participants en trois jours autour du plan d’eau de Voves !

 

Vous intervenez aussi auprès des personnes âgées, en lien avec l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural)…

Cela nous permet de toucher à présent toutes les tranches d’âges puisque cela va des écoles de sport pour les 5-11 ans (avec quatre créneaux à Voves et Orgères-en-Beauce) jusqu’à ces activités physiques adaptées pour seniors isolés, afin de favoriser leur maintien à domicile. Les cinq créneaux initiés avant l’épidémie de Covid sont répartis sur l’ensemble du département en partenariat avec l’ADMR, qui mobilise et véhicule les personnes jusqu’au lieu de pratique. Eux aussi sont amenés à se développer si les financements annoncés pour 2024 sont au rendez-vous ! Recueilli par Ph.B.

(1) Avec respectivement une grosse quarantaine de licenciés pour le multisport nature, une cinquantaine pour le vélo et une douzaine pour le foot à 7.



Sport rural : en Creuse, le sillon de la multiactivité

Dossier_p15_Creuse_escrime_école_sport.jpg

Sur un territoire où la densité de population est de 21 h/km2, l’Ufolep développe son maillage en jouant la carte multisport, explique la directrice départementale, Véronique Michnowsky.

« Dans notre département très rural, la vie associative est d’autant plus développée que les villages sont isolés. Des comités des fêtes aux associations de parents, une myriade d'associations sont impliquées dans le sport et la culture. Il y a vingt ou trente ans, cette vie associative s'appuyait principalement sur les amicales laïques. Les complexités de gestion propres à leur statut ont entraîné leur déclin – il n'en reste que trois ou quatre –, mais au sein de l'Ufolep ce tissu associatif s'est maintenu sous la forme d’une multiactivité tout public. »

Volontarisme. « Nos bassins de population sont peu nombreux et modestes : Guéret, La Souterraine, Aubusson, et dans une moindre mesure Boussac, Bourganeuf et Auzances. Le reste, ce sont des villages de 200 à 500 habitants, et beaucoup d’autres qui atteignent à peine les 50. Mais les élus sont très actifs et le conseil départemental lutte contre cet isolement, en favorisant par exemple la pratique "petite enfance" ou en s’appuyant sur des clubs d'échecs ou de tricot pour proposer au public senior de l'activité physique adaptée tournée vers l’équilibre et la mémoire. »

Tous publics. « Autrefois essentiellement monodisciplinaires, tournées vers la compétition et très genrées – vélo pour les hommes, gym pour les femmes – nos associations ont élargi leur offre et leurs publics. Aujourd'hui, les clubs cyclistes sur route n'accueillent pas seulement des compétitrices : ils proposent aussi du VTT, créent des écoles de vélo, interviennent dans les écoles et les instituts médico-éducatifs (IME), ou bien encore s’ouvrent à la randonnée pédestre. »

Animateurs départementaux. « Il y a vingt ans, je fus la première salariée à temps plein de l'Ufolep, avec une double mission d’éducatrice sportive et d’agent de développement, mission qui s’est d’abord focalisée sur les regroupements d’assistantes maternelles (RAM) et les centres de loisirs. Aujourd'hui, je suis épaulée par une secrétaire et 7 éducateurs sportifs. Ils et elles interviennent auprès de 45 RAM, crèches et centres de loisirs, 9 écoles de sport, 2 associations multisports adultes, 10 structures accueillant des personnes en situation handicap, 2 collèges (à Guéret) et une maison sport santé. »

Professionnels et bénévoles. « À partir de l’activité auprès de laquelle il intervient – par exemple de la zumba pour une asso de gymnastique –, notre éducateur sportif va aussi faire découvrir le step, le swiss ball ou le pound (lire page 22). Il proposera ensuite de sortir prendre l’air pour essayer la marche nordique, et peut-être aussi le tir à l’arc… Cette "extension du domaine sportif" pourra déboucher sur une pratique enfant ou plus masculine, en cassant les codes genrés de l'activité. L’idée est de former ensuite des bénévoles qui puissent prendre le relais, sachant que nous apportons parallèlement une aide au suivi statutaire, à la gestion et à la formalisation des demandes de subventions. Là aussi, nous les amenons vers des formations : rôle du dirigeant, gestion de fonds... Nos éducateurs donnent aussi un coup de main pour les petits évènementiels qui permettent à l’association de se faire connaître. Le schéma où le professionnel reste animer un cours ou un entraînement et où des bénévoles se chargent des autres vaut autant pour les activités de la forme que le tennis de table, le cyclisme ou la moto. »

Maillage territorial. « Nous réunissons environ 5500 pratiquants parmi 140 associations : précisément 2500 licenciés et 3000 titulaires d’Ufopass pour le public des structures qui n'ont pas le statut de club sportif. Parmi elles figurent beaucoup de collectivités, comme lorsqu’une association de parents d'élèves est à l’origine d’une école de sport où intervient un éducateur départemental : nous conventionnons alors avec la mairie. Ces statistiques sont la traduction d’un maillage territorial resserré, sans "zones blanches". On peut également citer ces deux autres chiffres très parlants : nos 7 éducateurs sportifs effectuent plus de 150 000 km par an pour dispenser 7 000 heures d’encadrement. » Ph.B.

Les événementiels impriment la marque Ufolep

« Nos éducateurs sportifs consacrent une partie de leur temps à des évènementiels montés avec les collectivités pour attirer de nouveaux publics : par exemple une animation UfoStreet, avec un enjeu d’insertion et l’objectif sous-jacent de rapprocher ce public non fédéré de nos associations ; ou bien une action menée avec l’une d’elles. Nous avons aussi pour principe d’accueillir chaque année un évènement national, vitrine de notre identité multisport : le Playa Tour en 2019, le National de pétanque l'an passé, le Super Trophée de France de motocross cette année, et un UfoNature en avril prochain à Guéret, avec l’ambition de réunir 2000 à 3000 personnes. Cela permet de faire connaître les différentes facettes de l’Ufolep à ceux qui, en interne comme en externe, nous connaissent à travers l’activité qui les concerne, et de mobiliser les bénévoles au-delà de leur sport de prédilection. »



« Le sport rural, c’est du vivre ensemble »

Dossier_portrait_Roch_Chéraud_maire_St_Viaud_44.jpg

Élu de Saint-Viaud (Loire-Atlantique), Roch Chéraud co-anime le groupe « sport » de l’Association des maires ruraux de France.

 

Roch Chéraud, votre commune de Saint-Viaud est située à 17 km de Saint-Nazaire et 40 km de Nantes et compte 2800 habitants. En quoi est-elle représentative du sport en milieu rural ?

Nous ne sommes probablement pas l’exemple le plus représentatif. Après l’implantation dans les années 1980 d’une filiale de Framatome, la taxe professionnelle nous a permis de financer des équipements sportifs à faire pâlir une ville de 10 000 habitants : patinodrome, city-stades, piste de skate, gymnase, deux salles municipales, un terrain en herbe avec tribunes… Je prendrai donc l’exemple de nos voisins de Corsept, seulement dotés d’une salle polyvalente accueillant indifféremment activités sportives et réjouissances locales, et du terrain de foot que, dans l’Ouest, toute commune digne de ce nom se devait de posséder… La "salle po" incarne un sport rural synonyme de vivre ensemble et de lien social. S’y ajoute par ici l’héritage des patronages, avec des dirigeants qui, en raison de leur engagement, ont été invités à intégrer les conseils municipaux, où ils ont ensuite fait émerger les dossiers pour que des équipements sportifs puissent être financés par la collectivité.

Y-a-t-il toutefois une problématique propre aux communes enclavées et à la population âgée ?

Oui : le sport-santé ! Conserver les aînés en bonne santé est un enjeu crucial, renforcé par la désertification médicale. L’activité physique est la meilleure prévention, et nul besoin de beaucoup d’argent ni d’équipements coûteux : on peut créer un parcours santé en faisant appel aux bricoleurs ! Il suffit aussi de se retrouver à deux ou trois pour marcher, pédaler ou courir ensemble.

L’essoufflement de certains clubs peut toutefois pénaliser la pratique…

Il arrive en effet que des clubs disparaissent après le désengagement des dirigeants. Les responsabilités associatives effraient aussi certains. À Saint-Viaud, un groupe de copains voulait faire de la course à pied sans se lancer dans la création d’une association. Ils ont finalement créé une section au sein d’une association Ufolep atypique, dédiée à l’organisation de manifestations caritatives en mémoire d’un champion cycliste prématurément décédé1 : ce genre d’arrangement n’est pas rare. La fusion offre une autre solution, comme pour notre club de basket avec celui de la commune voisine. D’ex-citadins viennent aussi frapper à ma porte en exprimant le souhait de pratiquer telle ou telle discipline. Ce à quoi je réponds : prenez-vous en main, la mairie vous aidera en fonction de ses moyens !

À partir de quelle taille une commune rurale a-t-elle les moyens d’une politique sportive ? Et qu’est-ce qui est du ressort de l’intercommunalité ?

Il n’y a pas de limite, même s’il sera difficile à une commune de 50 habitants d’encourager un sport collectif. D’où l’intérêt de l’intercommunalité. La nôtre réunit 6 communes et 30 000 habitants, avec pour ville phare Saint Brévin-les-pins. Nous avons lancé un projet sportif de territoire pour optimiser nos moyens et rationnaliser les créneaux sportifs. Si nos cinq clubs de foot s’essoufflent, ne faut-il pas envisager des fusions, comme ce fut le cas avec succès pour les clubs d’athlétisme de Paimboeuf et Saint-Brévin ? Les petites communes ont tout intérêt à se rapprocher de leur intercommunalité pour rédiger des projets sportifs de territoire qui, de surcroît, pourront être aidés financièrement par le département.

Les collectivités doivent-elles aussi parfois se substituer aux associations pour développer le sport-santé ?

En ce qui nous concerne, une association rayonne sur tout le pays de Retz à partir d’une maison sport santé agréée : le Poulp’, c’est son nom, intervient aussi en Ehpad et favorise le maintien à domicile. Et, à Saint-Viaud, l’association Vital Gym contribue à conserver en activité physique les personnes d’un certain âge. J’ajouterai que les quelques professionnels de santé présents sur nos territoires sont très attentifs à la prévention et à la mise en place de ce genre de dynamiques locales.

Et comment regarde-t-on les Jeux de Paris 2024 depuis les communes rurales ?

Personnellement, je vois cela comme une grande opportunité d’encourager localement la pratique. C’est pourquoi j’ai motivé mes collègues afin que les 6 communes de notre intercommunalité soient labélisées Terre de Jeux. En juin, nous organisons la Journée olympique avec les enfants des écoles, et nous avons édité un livre sur le sport en sud-estuaire de la Loire. Recueilli par PhB.

(1) L’association F.A.B.R.I.C.E, émanation du fan club de Fabrice Salanson, mort d’un infarctus en 2003.



Sport rural : synergie avec l’Usep dans le Gers

Dossier_minibus_Gers.jpg

« Disciplines phares du sport gersois, rugby, football, basket et pétanque sont majoritairement pratiquées en "fédération", explique le délégué Ufolep-Usep, Simon Duran. Nos éducateurs départementaux sont en revanche très présents dans les centres de loisirs et les écoles, voire les collèges, pour y faire découvrir d’autres disciplines, avec cette année une forte coloration olympique et paralympique : escrime, tir à l’arc, badminton, basket-fauteuil, boccia... Ce choix reflète une synergie Ufolep-Usep favorisée par le partage de mon temps entre de nos deux fédérations. Nos trois apprentis BP Jeps1 ont aussi des missions partagées, ainsi que les deux éducateurs départementaux, qui toutefois restent principalement Ufolep. Par exemple, une intervention en temps scolaire avec l’Usep pourra se prolonger après la sonnerie en Ufolep.

Cette synergie se retrouve dans la promotion du Savoir Rouler à Vélo. Nous utilisons un matériel commun dans les écoles et les centres de loisirs et nous sollicitons toujours l’appui des éducateurs de nos clubs cyclistes, comme tout récemment à Condom. Pour ces interventions, nous utilisons un minibus que nous mettons également à disposition de nos associations, rurales ou non, pour leur déplacement sur des rassemblements régionaux ou nationaux. » Ph.B.



Sport rural : voies cyclables, l’autre fracture ville-campagne

Dossier_p14_encadré_vélo.jpg

« J’irai bien à vélo, mais les voitures ne font pas attention » : sous ce titre-citation, Le Monde du 19 août pointait le manque de voies cyclables à la campagne, où le vélo a longtemps été davantage considéré comme un loisir que comme un moyen de se déplacer au quotidien. Si voies protégées et véloroutes fléchées de vert ont fleuri ces dernières années, elles se prêtent surtout à la découverte touristique. Pour se rendre à la gare ou à son lieu de travail, c’est une autre histoire !

« C’est un vrai problème, reconnaît Roch Chéraud, élu de l’Association des maires ruraux de France, qui en plus de son mandat de maire de Saint-Viaud Loire-Atlantique) assume la compétence mobilité au sein de sa communauté de communes. Nous discutons justement de la création d’une voie verte. Mais c’est compliqué : si, il y a 50 ans, le vélo était très utilisé par les ruraux pour se déplacer, la voiture a désormais pris une telle place ! Nos concitoyens ont beau demander des parcours sécurisés, on ne peut pas faire des chaussées douces partout, ni des pistes cyclables, qui par ailleurs reviennent cher du mètre linéaire et seront demain plus difficiles à implanter avec le principe de zéro artificialisation nette. Il faudrait un grand plan de pistes cyclables financé à l’échelle nationale ! » Ph.B.



Sport rural : l’Ufolep, enracinée dans les territoires

Dossier_p13_UfoNature_SJ_Estissac_2019.jpg

Au regard de la domiciliation de ses 320 000 licenciés et adhérents, l’Ufolep est présente dans deux communes sur trois.

Bien que la force de son implantation soit diverse d’une région ou d’un département à l’autre, l’Ufolep est l’une des fédérations les mieux représentées dans les villages, les bourgs et les petites villes : l’héritage d’un réseau tissé sous la IIIe République, en lien avec l’engagement citoyen et laïque de la Ligue de l’enseignement. Sa double vocation loisir et santé explique également l’enracinement de ses 7 120 associations sur des territoires parfois trop peu densément peuplés pour accueillir des clubs tournés vers l’excellence et la compétition. À travers ses 320 000 licenciés et adhérents, elle est ainsi présente dans environ les deux tiers des 34 945 communes françaises recensées au 1er janvier 2023.

Au-devant des publics. L’Ufolep a également fait preuve de sa capacité à aller au-devant des publics à travers des évènementiels qui visitent villes et campagnes : le Playa Tour, qui fait volontiers étape sur les plans d’eau ruraux, ou le dispositif UfoStreet, qui ne se cantonne pas aux quartiers « politique de la ville » (QPV) mais s’adresse aussi aux jeunes des « zones de revitalisation rurale » (ZRR), comme en Eure-et-Loir. Déployé l’an passé à Autun (Saône-et-Loire) et Guérigny (Nièvre), l’UfoNature est pour sa part résolument champêtre et associe le temps d’un week-end cross-country et activités de plein air : randonnée pédestre, VTT, etc.

Sport-santé. Le bien-être et la santé sont aujourd’hui un autre axe de cette présence forte de l’Ufolep en milieu rural. Historiquement identifiées comme activités physiques d’entretiens, celles dites aujourd’hui « de la forme » ont depuis rajeuni leur image et se sont diversifiées. Dans le même temps, les équipes départementales se sont étoffées d’éducateurs et d’éducatrices formés aux activités physiques adaptées. Les Maisons sport santé (Ufo3S) ont également vocation à se développer en milieu rural, en s’appuyant sur l’expérience de celle de Marcigny, en Saône-et-Loire. Autre initiative : le « Moove Truck » des Vosges qui va au-devant des publics les plus éloignés de la pratique, culturellement et géographiquement.

Équipements mobiles. Enfin, dans le cadre du plan gouvernemental des « 5000 équipements » sportifs de proximité, l’Ufolep a proposé le déploiement d’équipements mobiles que plusieurs comités ont acquis en bénéficiant de subventions de l’Agence nationale du sport. Ils les utilisent pour créer l’évènement en zone rurale, comme l’été dernier en Tarn-et-Garonne. Ph.B.



Page(s):  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  16  17  18  19  20  21  22  23  24  25  26  27  28  29  30  31  32  33