À Mouthe (Doubs), réputé le village le plus froid de France, depuis trente ans on peut se réchauffer à l’Association gymnique. Notamment depuis que Justine et Aurore, deux jeunes mamans arrivées de Rhône-Alpes, ont réveillé la section gym artistique, qui coexiste avec du fitness adulte et de la kinésiologie-relaxation. Hébergée le mercredi dans le gymnase du collège, elle compte 20 licenciés, dont leurs filles.
Pour permettre à Évangéline, Naomie, Edenne et leurs copines de goûter au sel de la compétition, les deux mamans-entraîneures ont engagé cette année deux équipes à l’Ufolep. « Adolescente, j’ai eu la joie de partager un titre de championne de France et je souhaitais que les filles puissent connaître cette ambiance », explique Aurore Dumas. Sauf que ça n’est pas simple en Bourgogne-Franche-Comté, avec seulement deux autres clubs Ufolep, excentrés de surcroit à l’autre bout de la région : « Nous avons donc été rattachées au championnat départemental de la Drôme, là où j’ai concouru autrefois en Ufolep. Une vraie expédition, compliquée encore par le blocage des routes par les agriculteurs en colère ! Mais c’était quand même bien qu’elles vivent ça. » Elles, et aussi Enak et Teddy, les deux garçons du club, qui par la force des choses étaient engagés en individuel. Ph.B.
Près de Thiers (Puy-de-Dôme), la Gymnastique et Trampoline Montagne Thiernoise fédère une centaine de licenciés au cœur d’un territoire très rural.
La Montférie est un modeste hameau situé entre Thiers et Noirétable, dans le Puy-de-Dôme. C’est pourtant là, derrière les murs d’une grange réhabilitée, que bat le cœur de la Gymnastique et Trampoline Montagne Thiernoise. « Le club est né d’une scission avec La Thiernoise Gym, à Thiers, quand en 2001 celle-ci a pris le virage du haut niveau, explique Anne-Marie Émaille, trésorière, responsable technique et entraîneure bénévole. Nous avons d’abord été accueillis dans la salle des fêtes de Saint-Rémy-sur-Durolle, avec pour contrainte de devoir démonter fréquemment le matériel. C’est pourquoi nous avons saisi en 2010 l’offre faite par la communauté de communes de la Montagne Thiernoise d’une salle dédiée, sur un territoire où nous sommes l’une des rares activités sportives proposées aux jeunes filles. »
Près d’un quart de la centaine de licenciés sont toutefois des garçons pratiquant le trampoline. Une dizaine de filles en sont aussi des adeptes, en seconde activité. « La plupart de nos gymnastes ont entre 6 et 14 ans car, à partir du lycée tous sont internes, que ce soit côté Puy-de-Dôme ou côté Loire. C’est pourquoi le vendredi soir est réservé aux plus âgés », précise Anne-Marie.
À Ia Montagne Thiernoise, « tout le monde fait de la compétition, dans une très bonne ambiance car sans pression du résultat ». Et comme les relations sont excellentes avec les nouveaux dirigeants de la Thiernoise Gym, devenu entre-temps un club 100 % Ufolep, Anne-Marie et ses gymnastes les plus grandes sont de temps en temps accueillies à Thiers, dans une salle incomparablement plus vaste que la leur. « C’est bien utile avant les compétitions, pour se repérer sur le praticable. »
S’il était possible de pousser les murs de l’ancienne grange de La Montférie, la Gymnastique et Trampoline Montagne Thiernoise pourrait certainement réunir davantage de licenciés. Mais Anne-Marie est déjà sur le pont trois fois par semaine, dont le mercredi après-midi jusqu’à 19h. Plus les compétitions le week-end, et ses multiples casquettes1. « Mais c’est avant tout de la passion, et du plaisir ! »
Ainsi va la gymnastique à La Montférie, petit embranchement sur la D 42, à trois kilomètres du bourg de Viscomtat. Ph.B.
(1) Formatrice d’officiels, élue départementale Ufolep, membre de la commission technique régionale Auvergne-Limousin de gymnastique et de la commission nationale, avec la responsabilité d’un secteur qui va de l’Auvergne à la Normandie et la Bretagne.
À 10 km au sud de Toulouse, Le Portet Gym réunit 430 adhérents de tout âge dans ses sections loisirs et compétition, explique son jeune président, Guillaume Bellin.
Guillaume Bellin, Le Portet Gym se présente sur son site comme un club en pleine expansion…
Oui, parce que nous avons connu ces dernières années une croissance à deux chiffres de nos adhérents. Nous sommes 430, dont 370 licenciés Ufolep, contre 340 la saison passée et 270 il y a deux ans. Cela s’explique par la professionnalisation, avec désormais deux salariées à temps plein : Orly, responsable technique, et Laurie, autre entraîneure principale, toutes deux diplômées d’État et issues du club. À côté des entraîneurs bénévoles, deux autres sont salariés à temps partiel : Christelle et Gwendal, lequel s’occupe de la section masculine.
Cela a permis d’élargir la palette de vos pratiques…
C’est l’autre raison de notre expansion. À côté de la gymnastique artistique féminine et masculine et de l’éveil gymnique jusqu’à 5 ans, nous proposons de nouvelles activités : la « gym plus », orientée vers l’entretien physique ; du « sport adapté » pour les enfants en situation de handicap ; et une section loisir proposant un entraînement hebdomadaire pour des primo-gymnastes et des enfants pas intéressés par la compétition. La grande majorité de nos licenciés a entre 6 et 16 ans, avec une moyenne d’âge de 12 ans et 17 % de masculins, grâce notamment aux « baby », mais aussi au plus vieux gymnaste de la région : David, secrétaire du club, qui « matche » encore à 40 ans. Moi-même, à 37 ans je renforce une équipe, mais pas au niveau national. Je suis plutôt loisir que compétition !
Peut-on identifier d’autres facteurs ?
J’en vois deux. Tout d’abord, nous sommes probablement le club de gym le moins cher de la région, avec un tarif moyen annuel de 200 €, et ensuite l’atmosphère est familiale. Cet esprit convivial est entretenu par des galas et de petites compétitions en interne et s’incarne dans nos 20 mini-coaches, jeunes gymnastes qui passent un diplôme d’animation pour épauler les entraineurs.
J’ajouterai aussi que la gym est une activité à laquelle on pense facilement pour les plus jeunes : elle développe des capacités motrices utile ensuite dans d’autres sports et offre l’avantage d’être indifférente aux aléas de la météo. Nous les gardons ensuite au club parce qu’ils s’y sentent bien ! Last but not least, la mairie du Portet-sur-Garonne met à notre disposition une salle dédiée.
Vous avez aussi créé il y a deux ans une section « performance »…
Nous sommes partis du principe qu’un club attire aussi par l’excellence de ses meilleurs éléments. Sans prétendre au très haut niveau, nous voulons permettre aux jeunes filles et jeunes garçons qui en ont les capacités de viser la performance, avec des plages d’entraînement élargies. Nos pré-poussines (5-7 ans) et poussines (7-10 ans) concourent ainsi en FFGym. Les filles et garçons plus âgés restent engagés en Ufolep, car en FFGym le niveau est pour l’instant trop élevé.
À l’autre bout du spectre, quel est le public de la gym adulte ?
Ce sont des personnes motivées par l’entretien physique. La moyenne d’âge est de 45-50 ans, avec 40% d’hommes. Ces créneaux du midi et du soir sont accessibles aux actifs et on peut s’inscrire autant de fois par semaine, tant qu’il y a de la place. À son lancement, nous avions surtout des parents de gymnastes, mais le bouche-à-oreille aidant les profils se sont diversifiés. Là aussi, nous sommes bien moins chers qu’une salle de sport, pour un effectif maximum de 12 personnes bénéficiant des conseils personnalisés de coachs qui adaptent les exercices aux pathologies de chacun.
Comment la section adaptée est-elle née ?
Elle est née à l’initiative de Lucille, gymnaste de longue date au club et éducatrice dans un IME toulousain. Ces enfants atteints d’autisme assez lourd ou déficients mentaux sont pleinement intégrés au club. Ils participeront à notre gala de fin d’année et notre souhait serait qu’ils puissent participer aux compétitions Ufolep dans une catégorie dédiée.
Pour finir, quel est votre parcours de gymnaste et de dirigeant ?
Enfant, j’ai fait très peu de gym avant de préférer les sports d’extérieur. J’y suis revenu pour y inscrire trois de mes enfants : Poppy et Myla, 13 et 7 ans, toujours licenciées, et Gabriel, 11 ans, qui ne l’est plus. Je me suis impliqué dans le club et, il y a deux ans, le président m’a proposé de prendre sa suite. C’était un moment charnière, celui de l’embauche de notre première coach salariée. Passant d’un club de bénévoles aux faibles dépenses à un club employeur, il fallait trouver un nouveau ratio économique. Or je suis directeur des opérations dans une entreprise où je gère les services logistique, clients et infrastructures, à la croisée du management et du financier. Un autre genre de gymnastique ! Recueilli par Ph.B.
Les Feux follets de Venansault, près de La Roche-sur-Yon, sont affiliés à la fois à l’Ufolep et à la FSCF (Fédération sportive et culturelle de France). Une rareté liée à l’arrivée en Vendée en 2015 de Sylvie Julien depuis sa Picardie natale.
« Comme j’avais pratiqué la gymnastique jusqu’à 13 ans, au baccalauréat j’ai pris cette discipline en EPS en candidate libre. Après avoir jugé mon évolution, les examinateurs m’ont alors proposé de revenir entraîner à La Vaillante de Saint-Quentin (Aisne), un club Ufolep-FFGym !
Un an après mon arrivée en Vendée pour prendre un nouveau poste d’agent administratif en établissement scolaire, j’ai trouvé ce club familial où j’entraîne bénévolement tous les soirs du lundi au jeudi, plus les compétitions. Historiquement, le club était uniquement FSCF, mais les dirigeants souhaitaient s’ouvrir à d’autres horizons. Je leur ai parlé de l’Ufolep, que je connaissais bien pour avoir été aussi formatrice de juges et d’animateurs, et même membre de la Commission nationale...
Le programme de la FSCF diffère sensiblement : il s’agit d’imposés alors qu’en Ufolep chacun compose le sien. Ce sont aussi des équipes de douze, avec une chorégraphie d’ensemble qui compte comme un cinquième agrès. Chacun peut aussi s’inscrire aux Nationaux, alors qu’en Ufolep il faut passer par des qualifications. Autre différence : à la FSCF les évolutions se font sur des pistes individuelles, et non sur un praticable.
Sur 200 gymnastes, 150 sont à la FSCF et 50 à l’Ufolep, où nous sommes notamment limités par le nombre de juges : en Ufolep, pour l’instant seules quatre mamans sont formées. » Ph.B.
À 32 ans, Simon Briand préside depuis déjà sept années son club de la grande couronne de Nantes.
« Avec ses 450 licenciés, l’Association Gymnique La Paquelais Vigneux-de-Bretagne est le premier club de notre commune, située près de Nantes. La moitié de nos adhérents pratique le fitness et l’autre la gymnastique artistique, qui commence avec la gym enfant, puis l’éveil, et se poursuit en compétition pour 140 gymnastes engagés du niveau 8 au niveau 3 Ufolep, dont 15 garçons.
À titre personnel, même si j’avais vaguement essayé la gym enfant, je suis vraiment venu au club à 16 ans, dans le sillage de ma sœur aînée, Clotilde, que j’allais voir en compétition avec mes parents et qui venait d’entrer au bureau de l’association. Elle nous en parlait beaucoup, ça m’a intéressé et je suis devenu animateur. J’ai passé mon brevet fédéral (BFA1) et suis entré à mon tour au bureau quand ma sœur en est partie.
Pendant mes études de logistique, je revenais chaque week-end pour entraîner. Puis, à 25 ans, on m’a chaleureusement proposé la présidence du club. Sans doute étais-je un peu jeune pour assumer cette responsabilité, mais j’ai acquis des compétences nouvelles et ça m’a beaucoup apporté sur le plan personnel. » Ph.B.
Eliabel Barse, 48 ans, préside près de Bordeaux le club auquel elle est fidèle depuis 1981.
« Le Gymnix a été créé en 1980 et son nom importé du Québec par son fondateur, Jean-Louis Georgeot, mécanicien reconverti prof de gym qui avait connu à Montréal dans un club de ce nom. 1980, c’est aussi l’année des Jeux olympiques de Moscou, où derrière ma télé j’avais été subjuguée par les gymnastes. Et comme la salle se trouvait à 300 mètres de la maison…
J’ai toujours été fidèle au Gymnix, sauf trois saisons où j’ai rejoint le club partenaire de Villenave-d’Ornon, plus axé compétition. Et si j’ai "matché" en FFGym, je me suis toujours davantage reconnue dans le côté équipe valorisé en Ufolep. J’ai ensuite arrêté à 22 ans, parce que mes copines partaient, et dans la foulée je suis montée à Paris pour raison professionnelles. Mais j’ai repris une licence dès que j’ai été de retour sur Bordeaux comme prof d’EPS : j’avais 26 ans et, avec deux autres "vieilles", pendant une année nous avons fait équipe avec des "gamines" de 16 ans. Puis, à 40 ans, j’ai à nouveau replongé pour aider des jeunettes.
Présidente du club, j’entraîne aussi deux fois par semaine, bénévolement. L’autre principe, c’est que passé l’initiation pour les 4-6 ans, tout le monde fait de la compétition : c’est l’ADN du club. L’émulation aide à progresser et rejoint la volonté des entraîneures de faire bien les choses. C’est possible en Ufolep, où chacun peut concourir à son niveau. Nous ne sommes affiliés à aucune autre fédération, par conviction : nous n’avons pas l’ambition du haut niveau.
Côté installations, nous partageons une salle municipale équipée avec un autre club Ufolep : le Patronage laïque de Gradignan, orienté loisir et avec beaucoup de tout-petits dans ses rangs. Nous sommes complémentaires, chacun avec son identité.
Nos 160 licenciés sont principalement des filles entre 8 et 15 ans, et chaque année nous devons refuser plusieurs dizaines de jeunes : c’est toujours un crève-cœur de devoir adresser ces e-mails aux parents... Nous avons aussi une équipe de six garçons âgés de plus 18 ans et venus à la gym sur le tard : des copains ou petits copains de nos entraîneures, issus parfois de sports collectifs comme le rugby ! Et la nouveauté de l’année, c’est une section gym adulte (fitness et agrès) pour les mamans de nos gymnastes.
Parmi nos 28 entraîneurs, il y a deux garçons, Jérôme et Alban, et aussi mes deux filles, Loan et Anaïs, 20 ans et 12 ans. Elles entrainent les enfants de mes anciennes protégées ! Dès 11 ans, nos gymnastes sont invitées à entraîner les petites de 4-5 ans, qui viennent les voir et les encourager en compétition, et qu’elles prennent tout naturellement comme modèles. »
Gaël Caron, 47 ans, entraîne depuis trente ans au sein de ce club de l’agglomération de Montpellier.
« Nous avons débuté dans les années 1970 comme section de la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC), avant que le club ne se constitue en association en 2004 avec quatre entraîneurs salariés, dont moi, qui en avais été licencié dès l’âge de 5 ans. En parallèle, j’ai pratiqué le volley-ball jusqu’au niveau cadet national, mais j’étais trop petit ! Côté études, j’ai fait Staps (licence éducation et motricité et maîtrise en management du sport) puis obtenu un DESS en administration territoriale, pour devenir ensuite commercial chez Casal Sport. Puis, à la création du club, j’ai été sollicité pour entrainer : c’était mon destin !
Nous sommes passés de 200 licenciés il y a vingt ans à 1200 aujourd’hui, dont un millier en gymnastique artistique, avec parmi eux 200 garçons, ce qui est une belle proportion ! Les autres pratiquent la GRS (en loisir et en compétition avec l’Ufolep), l’aérobic (à la FFGgym) ou la gym senior et la salle est occupée sans discontinuer de 9h à 21h, du lundi au samedi : une belle salle spécialisée livrée en février 2023, aboutissement d’un projet datant du siècle dernier !
Sur ces 1000 licenciés en gymnastique artistique, environ 200 licenciés font de la compétition : 19 équipes filles et 9 de garçons en Ufolep, et 4 équipes filles et 4 de garçons en FFGym, où l’on retrouve les gymnastes recherchant un niveau plus élevé. Parmi eux figurent des élèves d’une école et d’un collège de Montpellier qui bénéficient d’horaires aménagés pour s’entraîner le lundi et le jeudi. Nous étrennons aussi un partenariat labélisé Génération 2024 qui permet à 12 garçons et 12 filles d’écoles de la Métropole, déjà licenciés du club, de s’y entraînent le jeudi après-midi.
Avant le Covid, nous étions 800 licenciés, et sitôt après l’épidémie nous sommes montés à 950 ! La raison ? Nous avons su garder le contact avec les enfants et leurs parents, et proposé une pratique en extérieur dès que cela a été possible. La clé du succès est aussi de proposer une éducation gymnique de rigueur et de qualité, dans une ambiance joyeuse et familiale. »
La saison dernière, le trampoline réunissait à l’Ufolep 1 618 licencié.s, dont 37 % de garçons, pour une moyenne d’âge de 14 ans, et la discipline permet parfois d’introduire plus de mixité dans les associations. « Au début, le National de trampoline était accueilli dans le même grand gymnase que celui de gymnastique, se souvient Anne-Marie-Émaille, responsable d’un club du Puy-de-Dôme où les deux activités coexistent1. Mais pour les trampolinistes il était difficile de se concentrer dans le brouhaha, ou pour les organisateurs de trouver une salle dédiée à proximité. Aussi, depuis plusieurs années le National de trampoline se déroule ailleurs, et à une autre date. » Sauf en 2026 à Clermont-Ferrand, où les deux activités seront à nouveau réunies !
De son côté, le cheerleading est apparu à l’Ufolep sous la forme de nouvelle section de clubs de gymnastique. Cependant, cette discipline collective issue des exhibitions gymniques proposées en marge des matches de football américain s’est ensuite davantage développée au sein d’associations indépendantes. En 2022-2023, celle-ci réunissait 527 licencié.s, dont 6 % de garçons jouant alors les « porteurs ».
Pas vraiment de passerelles non plus avec le dispositif UfoBaby de découverte des activités motrices de six mois à trois ans, et moins encore avec le twirling bâton : chaque activité possède son identité propre. Idem pour la gymnastique rythmique et sportive (GRS), même si des clubs proposent les deux disciplines.
(1) Sa fille Prescilla anime l’activité au niveau national.
« Cette année, toutes ces gymnastes peuvent appartenir à une même équipe ! Nous autorisons pour la saison 2023-2024 le port du shorty ou du legging, sans application de pénalité telle que "tenue incorrecte" ou "tenue de gymnastique non uniforme pour l’équipe" », expliquait Ludivine Frayssinet, sociétaire du Gymnix Gradignan et co-animatrice de la commission nationale, dans un post Facebook publié le 8 février. L’info était assortie de précisions, « pour la sécurité de la gymnaste et la clarté du jugement » : couleur unie, par défaut noire, ou de préférence de la couleur du justaucorps ; pas de strass ni de nom (exceptée la marque du fournisseur) ; le vêtement doit être moulant (pas de short descendant ni de "cycliste"). S’il était utile de le préciser, le « justaucorps académique » reste évidemment autorisé !
Une même équipe peut donc présenter une combinaison de tenues différentes, avec toutefois une exigence d’homogénéité esthétique : même shorty/legging ou même justaucorps si plusieurs gymnastes choisissent cette tenue. Pour les garçons, aucun changement : léotard pour le haut (c’est le nom de ce « marcel » moulant) et short ou sokol (pantalon) pour le bas.
« Cette évolution répond à celle de la société : y a-t-il forcément besoin qu’une jeune fille montre ses jambes, ses fesses ? interroge Sébastien Desmots. À l’entraînement, il est déjà fréquent de porter un shorty. Et il faut savoir qu’en compétition, les filles s’appliquent sur la peau une colle afin que le justaucorps ne leur remonte pas dans les fesses pendant leur prestation. »
Il arrive également qu’une jeune fille ait ses règles le jour d’une compétition. Certes, elle pouvait déjà demander une dérogation pour se présenter en shorty, mais le « chef de plateau » pouvait refuser sa requête ou les juges pénaliser son équipe d’un retrait de points. En outre, la démarche restait stigmatisante, car chacun savait pourquoi cette jeune fille l’effectuait. « C’est pourquoi, forts d’une expérimentation de plusieurs années en Île-de-France, nous avons fait évoluer nos règlements, en conformité avec la vocation Ufolep de faciliter l’accès de toutes et tous aux activités sportives, et en respectant la pudeur de certaines, insiste Sébastien Desmots. L’essentiel est que l’on distingue bien la ligne de jambes, car en gymnastique celles-ci doivent être tendues et le mouvement propre. Pas question d’accepter les pantalons de jogging, bien évidemment ! »
Si les plus attachés à une certaine tradition gymnique ont fait part de leurs réserves, gageons qu’elles disparaîtront vite. Ph.B.
En 2022-2023, la gymnastique artistique Ufolep réunissait 48 797 licencié.es, dont 90 % de féminines, avec une moyenne d’âge de 13 ans. Ce chiffre sera largement dépassé en fin de saison puisqu’on en recensait déjà plus de 51 000 en janvier. Si avant l’épidémie de Covid et le confinement les effectifs avaient déjà atteint la barre des 45 000, depuis septembre 2021 la progression est très rapide, alors même que beaucoup de clubs refusent du monde et que le nombre d’associations – un peu plus de 500 – est stable. Sur le long terme, la progression est tout aussi impressionnante, puisqu’on comptait « seulement » 20 272 licencié.es en 1980 et 35 000 en 2010.
De son côté, la FFGym revendiquait l’an passé 159 520 licencié.es en gymnastique artistique, avec un rapport féminines-masculins similaire. Celle-ci réunit au total 330 933 licencié.es en ajoutant les disciplines associées : gymnastique rythmique, trampoline, tumbling, aérobic, gymnastique acrobatique, TeamGym et parkour.
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