Lors de l’AG élective de Lille des 13-14 avril, les 13 membres des collèges femmes et les 11 du collège hommes qui se représentaient ont été réélus, pour une entrante et trois entrants. Ce nouveau comité directeur se réunira pour la première fois le 16 mai sous la présidence renouvelée d’Arnaud Jean afin de se répartir dossiers et responsabilités statutaires.
Collège féminin (14 élues pour 14 candidates et 14 sièges) : Catherine BERRIT-SAUVAGE (Charente), Christine CLÉMENT (Charente, N*), Brigitte CLOCHET (Saône-et-Loire), Élisabeth DELAMOYE (Essonne), Florence DUFRAISE-LEVADOUX (Puy-de-Dôme), Marie-Christine FAVÉRIAL (Guadeloupe, médecin fédéral), Isabelle JACQUET (Nord), Christelle LACOSTAZ (Bouches-du-Rhône), Sandrine MANET (Gironde), Natacha MOUTON-LEVREAY (Pas-de-Calais), Michèle ROIG (Hérault), Danièle ROUX (Rhône), Myriam WAGNER (Vaucluse), Naoilou YAHAYA (Mayotte).
Collège masculin (14 élus pour 16 candidats et 14 sièges) : Loïc ANGOT (Isère), Jean-Louis BORGNI (Bouches-du-Rhône), Rémi CALLIGARI (Seine-et-Marne, N), Grégory CAMARA (Lot-et-Garonne), Lionel CHARIOT (Jura), Gilles COUTURE (Landes), Régis FOSSATI (Haute-Vienne), Jean-Pierre GALLOT (Loire-Atlantique), Emmanuel HALET (Ille-et-Vilaine), Patrick JANY (Tarn, N), Arnaud JEAN (Loiret), Bernard POUGET (Côtes-d’Armor, N), Patrice RODER (Hauts-de-Seine), Ludovic TRÉZIÈRES (Yvelines).
Collège hommes des associations à objet non sportif : Jean-Jacques PIK (Oise) ; il n’y avait pas de candidate pour le collège femmes.
*La lettre N indique les nouvelles et nouveaux élus.es.
Président de l’Ufolep depuis 2018, Arnaud Jean a été réélu avec près de 96% des voix à la tête d’un comité directeur caractérisé par une grande stabilité, et dont les orientations politiques ont été largement validées.
Une assemblée générale élective possède un parfum particulier, surtout lorsque pour la première fois les associations participent au scrutin en distanciel, parallèlement aux 91 comités représentés physiquement à Lille. D’abord pour élire les membres du comité directeur (avec un scrutin ouvert un mois à l’avance), puis pour avaliser ou non (sur la plage horaire 14 h-22 h), l’élu proposé pour en assumer la présidence.
Il n’y eut toutefois guère de surprises. Les 13 membres des collèges femme et les 11 du collège homme qui se représentaient ont été réélus, pour une entrante et trois entrants. Arnaud Jean a ensuite été très largement réélu président avec 95,99 % des voix. Rappelons qu’il avait succédé en 2018 à Philippe Machu à mi-mandature puis déjà réélu en 2021, lors d’une AG repoussée d’un an pour cause de Covid.
La déception vient de la faible participation des associations : les efforts d’information et de pédagogie déployés n’ont pas suffi, sans doute était-ce une démarche trop nouvelle pour elles. Mais le cap fixé n’en fait pas moins consensus, avec un rapport moral voté à 98,68 % et un rapport financier, un budget et des tarifs – inchangés – tout aussi massivement approuvés.
Citius, Altius, Fortius. Il est rare qu’un président de l’Ufolep structure son complément au rapport moral autour de la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». C’est pourtant ce qu’a fait Arnaud Jean, tout en se réclamant davantage d’Alice Milliat que de Pierre de Coubertin.
« Plus vite », c’est ce qui caractérise l’évolution récente de l’Ufolep, et plus précisément la célérité avec laquelle ses différents échelons sont désormais en capacité de relayer les orientions nationales. En témoigne la réactivité des comités et associations à se positionner sur le dispositif des 1000 emplois sociosportifs, à décliner l’évènement « Le sport au cœur des villages » (lire page 4) ou à déployer le programme maison UfoBaby.
« Plus haut » résume la façon dont la fédération a promptement redressé la barre après une épidémie de Covid qui a particulièrement impacté les « affinitaires multisports » et s’est traduite pour l’Ufolep par la perte sèche d’un tiers de ses licenciés. Or comme l’a souligné le directeur technique national Pierre Chevalier dans son rapport d’activité, au 1er avril l’Ufolep a déjà dépassé les 320 865 adhérents de la saison 2018-2019 et peut espérer atteindre la barre des 335 000 d’ici fin août. Plus haut, c’est aussi un budget annuel qui s’élève aujourd’hui à plus de 9 millions d’euros, nourri de nombreux partenariats et du fort engagement de l’Ufolep à des programmes gouvernementaux à vocation sociale ou d’insertion.
« Plus fort », c’est enfin l’affirmation d’un « discours politique » qui pourra être renforcé en accompagnant mieux encore « toutes celles et ceux qui portent la parole de l’Ufolep ». C’était l’objectif des rencontres fédérales d’octobre 2023, de pair avec celui de « travailler sur la chaîne qui passe du soutien à l’engagement et à la militance ».
Conventions. Arnaud Jean et Nicolas Randy, directeur des politiques sociales à l’Agence nationale des chèques-vacances (ANCV), ont paraphé une véritable convention triennale pour l’accompagnement de séjours pour des publics qui, depuis la collaboration initiée il y a dix ans, se sont élargis des jeunes des quartiers ou suivis par la Prévention judiciaire de la jeunesse aux femmes victimes de violences, aux enfants protégés et aux seniors. Deux autres conventions ont été signées. La première avec le Mouvement du Nid, qui extrait les personnes prises au piège des réseaux de prostitution : dans un premier temps, il s’agira de « sensibiliser nos réseaux respectifs » et de former les responsables Ufolep à cette problématique. Le deuxième est l’association France Volontaires, représentée par son président Guillaume Legaut, avec pour traduction immédiate l’accueil de 42 jeunes originaires de pays du Sud au sein des comités et des associations, dans le cadre d’un service civique de six mois incluant un temps spécifique pendant les Jeux olympiques.
Label FIER. Sandrine Fruchart, experte à la Fondation Inclusion pour un Environnement Respectueux (FIER), a officiellement remis à l’Ufolep le label décerné par cette structure issue des Gay Games Paris 2018. Ce label s’obtient au regard de l’engagement en faveur de l’inclusion et du respect des personnes LGBTI+.
Ateliers et partenaires. La fin d’après-midi du samedi fut consacrée à des ateliers tournants sur les Jeux olympiques et paralympiques (et plus précisément les évènements dans lesquels l’Ufolep est impliquée) et le projet sportif fédéral, auxquels s’y ajoutait la visite du village des partenaires. Celui-ci réunissait des équipementiers (Gymnova, Idema, Kassioppé, Diffusport), le syndicat d’employeurs associatifs Hexopée et le réseau d’achats groupés UNADERE, le Muséum national d’histoire naturelle et les Archives départementales du Nord. Trois stands présentaient également les dispositifs UfoStreeet, UfoBaby et le secourisme à l’Ufolep.
Prises de parole. L’ex-internationale de basket Johanna Gomis, adjointe déléguée au sport et à l’animation citoyenne à la maire de Lille Martine Aubry, a souhaité la bienvenue aux représentants de l’Ufolep en mettant en perspective l’échéance olympique, tandis que Tony Estanguet, patron du Cojop, et Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, avaient enregistré des messages vidéo où il fut évidemment question des Jeux olympiques et paralympiques et de la contribution de l’Ufolep à leur « héritage ». Le secrétaire général de l’Usep, Dominique Caron a rappelé « les liens naturels » et la « complémentarité », entre les deux composantes sportives de la Ligue de l’enseignement, tout en insistant sur la nécessité de préserver la « singularité » et « l’identité » de chacun : « Être autonome n’est pas être indépendant. Mais être autonome c’est avoir la possibilité de contribuer à un projet commun tout en préservant son histoire, ses objectifs propres, en développant plus précisément les nuances de la partition qui participeront à l’œuvre commune. » La présidente de la Ligue de l’enseignement Hélène Lacassagne lui a indirectement répondu en soulignant combien, face aux défis actuels, de l’injustice sociale à l’urgence climatique, la société française avait « besoin de la Ligue dans toute sa diversité » au service d’une « fabrique de citoyens » dont l’Ufolep est « un acteur essentiel ».
Assurance. Ces propos prenaient tout leur sens à la lumière de la décision prise en décembre, lors d’une assemblée générale extraordinaire de l’Ufolep, de se tourner à partir de la saison 2024-2025, et pour quatre ans, vers une offre assurantielle autre que celle de l’APAC, l’assureur historique de la Ligue. Depuis, de très fortes réticences se sont exprimées au sein de celle-ci. Si le sujet fut davantage discuté en coulisses qu’en tribune, Didier Jacquelin, membre de la commission nationale modélisme, s’est toutefois inquiété de la « couverture » de son activité dans le cadre particulier d’échanges internationaux ou de détérioration de matériel personnel. Il fut rassuré sur ces points par Ludovic Trézières, élu national en charge de cet épineux dossier. Deux représentants du cabinet Marsh, auquel l’Ufolep est aujourd’hui lié, s’étaient préalablement exprimés devant l’assemblée. Enfin, l’assemblée a approuvé à 97,19 % la motion présentée par le comité de l’Eure-et-Loir soulignant que les licenciés Ufolep pratiquant des activités socioculturelles n’ont aucune raison de payer deux fois pour les risques inhérents au domaine sportif, ceux-ci étant entièrement couverts par le nouveau contrat.
Perspectives. Dans son discours de clôture, Arnaud Jean n’a pas non plus manqué d’évoquer « l’élément fort de la rentrée » que constituera « le changement d’assurance » et l’accompagnement nécessité par celui-ci auprès des associations. Il s’est ensuite félicité que le drapeau de l’Ufolep flotte désormais sur Saint-Pierre-et-Miquelon et que le projet sportif fédéral sera déployé en Polynésie française à partir de septembre. La rentrée verra aussi le renouvellement des commissions nationales sportives tandis qu’après les rencontres nationales vélo de février, « un plan vélo sera finalisé afin de prendre en compte nos différentes formes de pratique ». Le développement du multisport, des projets sociosportifs et du sport-santé et la poursuite du travail sur l’engagement feront aussi partie de la feuille de route des nouveaux élus nationaux, qui se retrouvent dès le 16 mai pour se répartir dossiers et responsabilités statutaires.
Les Jeux, et après. Arnaud Jean a conclu en évoquant Paris 2024 et l’héritage des Jeux, héritage auquel l’Ufolep entend « prendre une grande part », sans toutefois oublier l’essentiel : « Je sais que dans 100 jours, nous toutes et tous, passionnés de sport, seront devant nos télévisions ou smartphones (…). Mais je sais aussi que le dimanche 8 septembre au soir, à la clôture des Jeux paralympiques, chacun et chacun d’entre nous reprendra sa vie de bénévole, de professionnel, sans compter son temps, son énergie, au service de valeurs si puissant qu’elles nous dépassent et nous rendent si petits… mais aussi tellement importants. [Car] "Tous les sports autrement" n’est pas que notre slogan mais aussi un vrai projet de société. » En attendant, rendez-vous a été donné au Creusot (Saône-et-Loire) pour l’AG 2025. Ph.B.
Comment les trois grands monothéismes abordent-ils le sport ? Loin des polémiques relatives aux signes et prières des compétiteurs à l’occasion des matchs, le philosophe François L’Yvonnet questionner trois spécialistes de la religion juive, du christianisme et de l’Islam, avec pour entrée principale le rapport au corps. Le découpage en mini-chapitres réunissant une, deux ou trois questions facilite la lecture et permet de cibler une notion ou un thème précis. Dommage toutefois que si les références théologiques abondent, il ne soit quasiment jamais fait mention de faits sportifs pour éclairer la question. Ph.B.
Fidèle à leur vocation d’« éclairer le débat public », à l’occasion de Paris 2024 Les Cahiers français interrogent la place qu’occupe « le sport dans la société ». Comme toujours avec La revue de la Documentation française, les synthèses sont très carrées et signées d’auteurs faisant autorité en leur domaine : la directrice des sports du ministère Fabienne Bourdais brosse un tableau général de « La politique du sport et son organisation » ; le sociologue Gilles Vieille Marchiset ausculte « le sport, objet de santé publique » en pointant « des inégalités sociales persistantes » ; Jean-François Bourg traite de « l’économie du sport », Yvan Gastaud de « sport et intégration » et Béatrice Barbusse de « la place des femmes » dans celui-ci. Pas de fioritures non plus dans l’entretien au cordeau accordé avec Étienne Thobois, directeur général du Cojop de Paris 2024, qui déroule un discours forcément plus institutionnel en réponse à la question centrale : « Qu’attendre des Jeux olympiques ? » Mais le cœur du dossier est le « grand entretien » avec Georges Vigarello, directeur de recherche émérite à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui analyse avec une perspective historique « le sport comme miroir de notre société ». De quoi observer l’évolution des pratiques et le spectacle du sport avec la bonne distance, à commencer par les prochains Jeux olympiques.
Né en 1978 à Épinal (Vosges), Nicolas Mathieu a obtenu le Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux. Il a signé depuis Connemara, dont le personnage principal est un ancien hockeyeur, et Le ciel ouvert (Actes Sud, 2024), récit amoureux nourri de textes initialement postés sur Instagram.
J’ai un souvenir précis du jour de la mort d’Ayrton Senna sur le circuit d’Imola. Nous étions en vacances en Sicile avec le comité d’entreprise de mon père et quelqu’un est arrivé au bord de la piscine en répétant : « Senna s’est tué, Senna s’est tué. »
Auparavant, je me souviens d’interminables dimanches passés à regarder des bolides tourner en rond à la télé, parce que la F1 était l’une des passions sportives de mon père. C’était d’un ennui considérable. Paradoxalement, aujourd’hui je suis ému par les sports mécaniques, depuis que j’ai vu les images du tour parfait réalisé en 1989 par Senna au grand prix de Monaco, dans un état de semi-conscience racontait-il. Cela m’a donné le frisson et a radicalement changé ma façon de voir le sport automobile.
Je me souviens de la finale du Mondial 1986 et ma joie de voir l’Argentine battre l’Allemagne et venger ainsi l’équipe de France, éliminée par ces mêmes allemands. Je sens encore la rumeur qui monte de la rue.
Je me souviens que mon père racontait que j’étais né le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde 1978 et qu’il discutait avec l’obstétricien de la rencontre que je l’avais empêché de voir.
Je me souviens qu’à l’école j’étais nul en sport et que l’endurance était un cauchemar. En revanche je m’étais inscrit au tennis parce que c’était la mode et qu’il y avait des cours près de chez moi. Mais ça me soûlait et j’aurais préféré regarder les fictions à la demande de « Samedi est à vous » sur TF1.
Plus petit, j’ai fait aussi de la gymnastique, embringué par mon père qui, comme mes oncles avait un passé de gymnaste. L’entraîneur était un vieil ivrogne en survêt’, c’est tout juste s’il n’avait pas la clope au bec… De la même façon, ma mère m’avait convaincu d’essayer le scoutisme, mais ça n’était pas non plus pour moi.
Je me souviens que je ne me suis guère épanouit dans le sport enfant et adolescent, peut-être parce que c’était un enjeu entre mon père très sportif et ma mère qui ne l’était pas du tout. Cela dit j’ai toujours été tourné vers l’eau et j’adorais nager.
Je me souviens qu’à Épinal plusieurs copains de lycée pratiquaient le hockey à assez haut niveau. Mais c’est tout dernièrement que j’ai commencé à aller voir des matchs. Ce sport est fascinant par sa vitesse et sa brutalité, et c’est tout un monde qui, de l’indigent à l’édile, cohabite dans la patinoire.
Aujourd’hui j’assiste aussi de temps en temps aux entraînements et aux matchs de handball de mon fils de dix ans. Je ne le pousse pas à la compétition, mais c’est assez extraordinaire de voir son petit garçon vivre cette aventure et ces émotions sur un terrain.
Cette association Ufolep des Alpes-de-Haute-Provence décline « tous les sports autrement » sur le mode intergénérationnel, avec en prime un volet culturel.
Mireille Savornin, vous présidez l’association Nature Culture Blanche : comment celle-ci a-t-elle vu le jour ?
Elle est née en 2013 d’un désaccord avec l’orientation très compétition du club de VTT où nous étions licenciés avec quelques amis. J’étais investie à l’Usep depuis notre arrivée en 1980 à Seyne-les-Alpes, en provenance de Marignane (Bouches-du-Rhône) : je connaissais donc l’Ufolep et son approche loisir et multisport, qui correspondait à notre projet1. Nous y avons ajouté un volet culturel avec des sorties au concert, au théâtre et au musée. Six au départ, nous sommes aujourd’hui 40, enfants et adultes compris, tous en phase avec une approche familiale des activités sportives. Des gens qui, par exemple, ne se retrouveraient pas dans les parcours très exigeants du club de randonnée local.
Quel est l’éventail des activités ?
De janvier à mars, ce sont des sorties ski de fond et raquettes, et le reste de l’année du vélo-VTT et beaucoup de randonnée. Plus du trail, de la course d’orientation… Nous avons rendez-vous tous les mercredis, et le samedi de façon moins régulière. Plus le créneau handball du mardi soir : c’est un sport que j’ai découvert à l’Usep et pratiqué en club, tout comme la collègue qui anime les séances avec moi. Nous envisageons aussi d’ajouter un créneau yoga.
Est-ce toujours facile de faire cohabiter enfants et adultes ?
C’est notre marque de fabrique : la pratique est intergénérationnelle et nous accueillons les enfants dès 6 ans. Bien sûr, au hand c’est parfois compliqué, mais ça fonctionne et chacun se fait plaisir. Idem pour les sorties vélo : en composant plusieurs groupes, on y arrive très bien. Les adultes se font un plaisir de pédaler avec la jeune génération, et par ici les enfants sont plutôt dégourdis. Comme Aponi2, 5 ans, notre benjamine ! Parfois aussi les activités Usep et Ufolep se confondent, comme pour la sortie ski en famille de fin de saison.
Dans votre calendrier figure la participation au challenge Francis Auzet…
Francis était une figure locale, ex-rugbyman, journaliste sportif et conseiller pédagogique de circonscription investi à l’Usep et à l’Ufolep, où il avait commencé le rugby. En hommage à son action, nous avons créé un challenge à son nom. Il se déroule en octobre à Digne, dans le quartier politique de la Ville de la cité du Pigeonnier, avec la participation de clubs Ufolep de tout le département.
Et cela vous intéresserait-il de décliner à Seyne l’évènement « Le sport au cœur des villages », dans le cadre de la Grande Cause nationale ?
Bien sûr ! Peut-être en le couplant avec une animation déjà existante, pour mieux motiver ou remotiver les troupes !
Propos recueillis par Ph.B.
(1) À la fois membre des comités départementaux Ufolep et Usep, Mireille Savornin, 68 ans, préside aussi l’association Thalweg 04, affiliée à la Fédération française de course d’orientation (FFCO) et s’occupe à Seyne d’un dépôt-vente associatif affilié à la Ligue de l’enseignement.
(2) Prénom féminin amérindien qui signifie « papillon ».
L’éducatrice sportive du comité Ufolep va au-devant des publics éloignés de la pratique pour préparer le terrain à des créneaux pérennes.
C’était la grande innovation de la rentrée 2021 à l’Ufolep Vosges : un camion rempli de matériel, piloté par une éducatrice en activités adaptées allant animer des séances dans les quartiers et les villages des intercommunalités d’Épinal, Saint-Dié et Remiremont. L’objectif : aller à la rencontre des personnes les plus fragilisées socialement et les plus éloignées de la pratique sportive. Outre les trois EPCI concernés, l’initiative était soutenue par le conseil départemental, les services de la Jeunesse et des Sports et les bailleurs sociaux.
Trois ans plus tard, l’action se déploie sur 9 des 11 EPCI du département et dans 15 à 20 communes différentes.
Sections pérennes
Mais l’ambition était aussi de préparer le terrain à des créneaux pérennes, après l’impulsion donnée par les 10 séances hebdomadaires proposées sur deux mois et demi. Une section multisport a ainsi vu le jour en septembre 2022 à Fraize, suivie à la rentrée dernière par celle d’Éloyes. Animées toutes deux par Amandine, l’éducatrice départementale déjà au volant du Mouv’Truck, elles comptent respectivement une vingtaine et une douzaine de licenciés : principalement des femmes de plus de 60 ans, même si à Fraize les hommes représentent un tiers de l’effectif.
Une nouvelle section pourrait aussi être créée à la rentrée à Xertigny, où les séances proposées de février à avril ont réuni une bonne vingtaine de personnes. Soit deux villages situés en zone rurale et une commune – Éloyes – située à la limite de la zone urbaine de Remiremont.
La tentative d’installer un créneau du mardi soir à Épinal, la préfecture, s’est en revanche soldée par un échec. « Il n’y avait personne : cet horaire tardif était peu adapté et l’environnement du gymnase a pu achever de dissuader notre public cible, explique Victor Demange, délégué départemental Ufolep et initiateur du projet1. Des offres concurrentes existent également en milieu urbain, ce qui n’est pas le cas en zone rurale. » Début 2022, un créneau a toutefois été créé dans un quartier prioritaire de Remiremont. Il l’a été au sein d’une association de la Fédération française Sport pour tous déjà implantée localement. « Si l’objectif est de susciter la création de sections Ufolep, le but n’est pas de se concurrencer entre acteurs partageant le même objectif », précise Victor Demange.
Les deux sections de Fraize et Éloyes sont rattachées au comité, avec l’espoir qu’elles se transforment en jour en association autonomes. Difficile également d’élargir le public de celles-ci au-delà des retraités, même si le souhait était aussi de toucher les adultes plus jeunes. « L’expérience a montré que les 25-60 ans que nous touchons avec le Mouv’Truck s’inscrivent moins dans la durée. Peut-être en raison du coût de la licence, même s’il est fort raisonnable – 101 € pour une quarantaine de séances à l’année –, mais pas seulement », observe le délégué.
Une piste de réflexion pour ce laboratoire du sport pour tous qu’est, à sa façon, le comité Ufolep des Vosges. Ph.B.
(1) Voir En Jeu n°50, mars 2022.
Les traileurs de Morvan Oxygène communiquent avec un humour grinçant pour que les chemins cessent d’être des dépotoirs.
Profiter de sa pratique de la course à pied pour ramasser les déchets éparpillés sur les chemins n’est pas une initiative révolutionnaire. Depuis 2016, il existe même un terme pour cela : le « plogging », contraction du verbe suédois signifiant « ramasser » (plocka upp) et du très international « jogging ». Cette écocitoyenneté du quotidien peut aussi se prolonger à travers des actions collectives qui donnent de la visibilité à la démarche.
Visite présidentielle
Ni André Colin – qui ramasse en solitaire quand il court ou promène son chien – ni les membres de l’association Morvan Oxygène – qui l’épaulent dans des opérations planifiées – ne sont donc des pionniers en la matière. En revanche, la façon dont ils relaient leur démarche pourra peut-être en inspirer d’autres.
Tout est parti de la petite animation imaginée en octobre pour la visite rendue par le président de l’Ufolep, Arnaud Jean, à cette très dynamique association multisport basée à Château-Chinon (Nièvre). « L’été dernier, touristes et promeneurs avaient souillé comme jamais les abords du Calvaire, le belvédère depuis lequel on peut admirer la ville et ses environs. D’où l’idée d’y organiser un ramassage de déchets » explique André Colin, qui avec la vingtaine de bénévoles mobilisés ce jour-là a rempli une remorque de 50 kilos de déchets en tout genre.
Afin que l’action ne soit pas sans lendemain, les traileurs de Morvan Oxygène ont laissé une trace sous la forme d’une plaque en bois pyrogravée : une façon de sensibiliser les promeneurs qui en toute négligence abandonnent canettes, emballages divers, mouchoirs en papier et autres peaux de banane. « Souvent, les gens n’y font même pas attention. Ils se dédouanent en pensant que c’est biodégradable, sans imaginer la durée du processus de dégradation. C’est même à se demander si, jetant leur kleenex, certains n’ont pas l’impression de planter un arbre ! »
André Colin a le sens de la formule. Entrepreneur en menuiserie PVC, il s’y entend aussi en matière de communication. Ainsi, la démarche de Morvan Oxygène se décline-t-elle sous la dénomination « Run éco actif », complétée par la mention « Tous acteurs du changement ». Elle est également relayée par une page Facebook et un logo intégrant la devise explicite « Nous, on nettoie la nature ».
Le Noël champêtre de la famille Débile
André Colin sait toutefois qu’« on ne touche pas les gens en leur faisant la leçon ou la morale ». C’est pourquoi il use de l’humour dans les messages tout en dérision postés au gré de ses trouvailles, lesquelles vont de la trop classique canette de boisson énergisante au plus exotique emballage de brosse à WC. Quant au four au micro-onde abandonné au détour d’un chemin, il lui a donné matière à broder sur l’hypothétique « repas de Noël champêtre de Monsieur et Madame Débile », qui s’attendaient probablement à trouver une prise électrique au milieu de la forêt… « Il ne faut pas prendre les gens frontalement, c’est contreproductif. En revanche, si on les fait sourire de leur comportement, on peut espérer qu’ils s’interrogent un peu sur celui-ci et, la fois suivante, retiennent leur geste avant de balancer leurs déchets. »
Au printemps, la première opération de la saison s’est déroulée début avril à la base nautique de l’étang de Baye. D’autres seront organisées, en plus du « picorage » de tous les jours. La démarche vaut aussi pour les sections sœurs que sont la marche, mais aussi l’escalade, tant les abords des falaises sont souvent balisés des restes de pique-nique de pratiquants irrespectueux de sites dont ils sont pourtant les premiers utilisateurs. Et pour que chaque discipline puisse communiquer à travers sa propre identité, des panneaux personnalisés « marche » et « grimpe éco active » ont ainsi été réalisés.
Certes, il arrive que ceux-ci soient vandalisés. Mais les membres de Morvan Oxygène peuvent au moins de consoler en considérant que leur matériau biodégradable ne polluera pas les sols ou la nappe phréatique de particules microplastiques. Ph.B.
Jeune diplômé en Staps, Jérôme Rousseau a créé à Nanterre (92) l’association Novosports, qui réunit «handi» et «valides » dans des adaptations du basket, du foot et du volley. Yann Doyelle est l’un des coachs bénévoles.
Jérôme. « J’ai 27 ans et dans mon parcours de vie j’ai toujours eu une relation étroite avec le sport. Dès l’enfance j’étais fan de football, et dès l’école primaire j’ai été encouragé par mes enseignants de la Fondation Poidatz – à Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne) – à pratiquer des activités sportives adaptées, de la sarbacane au tennis de table. J’ai ensuite étudié au lycée Toulouse-Lautrec de Vaucresson (Hauts-de-Seine), qui réunit des personnes en situation de handicap avec d’autres qui ne le sont pas. Mon bac en poche, comme j’étais intéressé par l’animation – j’ai passé mon Bafa – et l’organisation d’évènements sportifs, je me suis orienté vers un DUT en animation sociale. J’ai effectué mon stage de 2e année à Montréal, dans une structure, le Centre d’intégration à la vie active, qui proposait des activités sportives et culturelles : un concept que j’ai beaucoup aimé. Puis je suis entré en licence professionnelle Staps d’éducateur socio-sportif et j’ai obtenu mon mastère management du sport il y a deux ans. Entre-temps, Novosports était née. »
Yann. « J’ai connu Novosports par deux amis qui participaient aux entraînements de l’association. Cela m’a plus, j’y suis resté. Aujourd’hui en 2ème année de master activité physique adaptée et santé (Apas) à l’université de Nanterre, j’encadre la pratique du baskin, que j’ai découverte à travers des articles avant de rencontrer l’équipe de Baskin France et de suivre une formation pour devenir entraîneur. Le fait de coacher des profils très variés oblige à trouver le challenge adapté à chacun, à tester de nouvelles choses ou de nouvelles techniques. Et en match, tout en respectant la lettre et l’esprit des règles, nous utilisons des stratégies bien particulières en fonction des joueurs et de nos adversaires ! »
Créée par des étudiants de l’Université de Nanterre (Hauts-de-Seine), l’association Novosports associe joueurs debout et en fauteuil dans des pratiques adaptées du basket, du football et du volley.
Jérôme Rousseau, qu’est-ce qui vous a conduit à créer l’association Novosport ?
J’ai fait des études en Staps à Nanterre, filière management du sport, et je suis en situation de handicap. Or à l’université il y avait du matériel sportif et d’autres étudiants porteurs d’un handicap, mais pas de pratique partagée. C’est ainsi que nous avons commencé à organiser à la fac des activités régulières pour un public mixte. Puis, pendant le Covid nous avons été accompagnés sur la dimension entrepreneuriale, ce qui m’a incité à fonder Novosport en janvier 2021. À la fin de mon mastère, je me suis attelé bénévolement à structurer l’association et trouver des financements, ce qui m’a permis de démissionner de la présidence pour en devenir il y a bientôt deux ans directeur général salarié. Aujourd’hui, Novosports ce sont 37 pratiquants licenciés et 14 membres bénévoles impliqués, dont 4 siégeant au bureau de l’association, plus 2 salariés : moi-même et un alternant chef de projet.
Quelles sont vos activités ?
Nous proposons aujourd’hui trois créneaux hebdomadaires en gymnase à Nanterre (Hauts-de-Seine), Paris 19e et Gonesse (Val-d’Oise). Nous sommes affiliés à l’Ufolep depuis la rentrée dernière, parce que nous en partageons les valeurs et que nous sommes le premier club d’Île-de-France qui propose la pratique du baskin – ou baskIN – dans un objectif de compétition. Or cette adaptation du basket permettant d’associer dans une même équipe des personnes porteuses de différents handicaps et des valides est développée à l’Ufolep, en particulier en Loire-Atlantique.
La vocation de Novosports est de faire pratiquer ensemble personnes valides, en fauteuil manuel et en fauteuil électrique : n’est-ce pas trop compliqué ?
Une précision tout d’abord : quand on pense handicap, on pense immédiatement handicap moteur en oubliant souvent les personnes en situation de handicap sensitif ou mental, que nous prenons aussi en compte à Novosports. Ensuite, le plus compliqué est de trouver le « juste milieu », à savoir faire que l’activité plaise à chacun, en acceptant les règles et en y trouvant sa place. Cela exige de proposer du « spécifique » à chaque individu, c’est-à-dire un vrai « challenge », ni trop difficile ni trop facile. C’est justement ce qu’ont réussi les concepteurs du baskin avec une ingénierie très fine qui passe par des ballons et des paniers adaptés à chacun, un temps plus long pour shooter, etc. Chaque joueur ou joueuse peut ainsi exister dans l’équipe.
Vous pratiquez aussi des adaptations du football et du volley : c’est vous que les avez mises au point ?
C’est le fruit de toute une équipe associant des enseignants en activités physiques adaptées. Par exemple, le volley inclusif se joue avec un gros ballon de fitness qu’il ne faut pas faire passer au-dessous mais sous le filet, le point étant marqué lorsque la balle sort du terrain de jeu sans que l’équipe adverse puisse l’empêcher. Au football, où la balle est un peu plus grosse qu’un ballon réglementaire, les règles permettent de se faire des passes entre personnes valides et en fauteur manuel ou électrique, avec au bout un tir au but.
C’est important que ce soient des sports d’équipe ?
Oui, très important. Pour la dimension collective et parce que dans un sport individuel il est plus c’est plus difficile de compenser afin qu’il y ait vraiment « match ». Il faut jouer sur la distance, le nombre de points, mais nous n’avons pas encore trouvé cet équilibre… En tennis ou tennis de table, on peut imaginer une confrontation par équipes où chaque personne en rencontrerait une dans la même situation qu’elle, mais plus difficilement opposer une personne valide à une autre porteuse de handicap, même en adaptant la taille du terrain par exemple.
Qui anime les séances ?
Des enseignants en activités physiques adaptées, comme notre créneau du lundi 18h-20h à Nanterre-Université et celui de volley inclusif – le lundi soir aussi –, qui l’est par notre alternant chef de projet. Idem pour le baskin c’est à Paris 19e C’est aussi le cas à Gonesse, dans le complexe sportif de l’entreprise Manutan, où ce ne sont pas des activités partagées : nous accueillons des jeunes de trois institutions spécialisées mais qui n’ont pas forcément accès à la pratique sportive au sein de celles-ci.
Pourquoi ces sites ?
Nanterre parce que c’est notre berceau. Paris parce qu’il y a beaucoup de demande et que la mairie nous a octroyé ce créneau. Et Gonesse parce qu’une enseignante à l’université de Nanterre intéressée par notre démarche nous a trouvé cette opportunité.
Organisez-vous des matchs contre d’autres équipes ?
C’est la prochaine étape ! C’est déjà possible pour le baskin, même si nous n’avons pas encore trouvé d’adversaire en région parisienne. Pour le football et le volley, c’est encore un projet : il faudrait d’autres associations comme la nôtre à proximité… Mais nous organisons les 1er et 2 juin à Nanterre-Université la première Coupe de France de volley inclusion, avec des étudiants venus des campus de Brest, de Montpellier, etc.
Comment vous financez-vous ?
À côté des adhésions, qui représentent une faible part de notre budget, nous effectuons des prestations rémunérées visant à sensibiliser au handicap auprès d’établissements scolaires (écoles, collèges, universités) et d’entreprises. Nous menons également des projets soutenus par des fonds européens.
Vous comptez aujourd’hui 37 adhérents, répartis sur trois sites : pourriez-vous être plus nombreux ?
Oui, parce qu’il y a de la demande. Mais le public en situation de handicap est plus difficile, par manque d’information et parce qu’il lui est plus difficile de se déplacer. La mobilité est un enjeu déterminant pour pratiquer une activité sportive, et plus encore en région parisienne.
Propos recueillis par Ph.B.
(1) Novosports a accueilli le 16 mars l’assemblée générale annuelle de Baskin France, association partenaire l’Ufolep à travers une convention.
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