« Aujourd’hui j’ai 81 ans, je ne marche plus, j’ai perdu l’usage de la parole, j’ai des difficultés pour avaler et ma respiration sera bientôt atteinte. La dernière vague est en approche mais je ne vais pas lâcher maintenant, je vais raconter mon histoire. » Ainsi s’ouvrent des mémoires tapés avec deux doigts et enrichis des propres articles de Charles Biétry et de témoignages de confrères qui lui doivent souvent en partie leur carrière.
Après avoir rêvé jusqu’au Bataillon de Joinville d’une carrière de gardien de but, Charles Biétry fut le jeune journaliste de l’AFP qui annonça au monde entier la mort tragique des sportifs israéliens pris en otage lors des Jeux olympiques de Munich 1972. Mais il restera surtout celui qui, à partir de 1984, révolutionna à Canal + le traitement du sport à la télé en diffusant, entre autres, la Ligue 1 de football et le basket NBA : une révolution qui résidait aussi dans l’art de la mise en scène et la qualité du commentaire. Par la suite, Charles Biétry fut PDG d’Eurosport, président du Paris-Saint-Germain, et exerça diverses responsabilités à TF1, France Télévisions, L’Équipe TV et BeIn Sport.
Sans jamais s’apitoyer sur son sort, Charles Biétry use de la métaphore de la vague pour suggérer l’inexorable avancée de la maladie et introduire les chapitres racontant les coulisses d’un demi-siècle de spectacle sportif. Un grand pro, jusqu’à la fin. Ph.B.
« En 1967, j’avais 9 ans et j’habitais à Verdun-sur-Garonne, au cœur de l’Ovalie, le pays du rugby, ce sport merveilleusement complexe et plein d’amour », confie le scénariste de bande dessinée Jean Louis Tripp en exergue des Vents ovales, trilogie co-écrite avec sa cadette Aude Mermilliod. Le rugby n’est toutefois que l’arrière-plan d’un récit dont les deux premiers tomes ont pour trame l’émancipation de deux jeunes femmes dans une société encore corsetée par les conventions et les rapports de classe. Le troisième volume, lui, se focalisera sur l’écho rencontré par Mai 68 dans cette France rurale, symbolisé par l’occupation du stade d’un des villages rivaux au centre de cette tendre chronique. À noter : le tome 1 a obtenu le prix Bibliotèca du meilleur ouvrage de rugby.
Les volontaires des Jeux olympiques et paralympiques de Paris avaient déjà souvent une solide expérience d’engagement associatif dans le monde sportif et beaucoup étaient diplômés de l’enseignement supérieur, avec une mobilisation très forte des Franciliens. C’est ce qui ressort de l’enquête Injep publiée mi-janvier. Si la répartition par âge est assez proche de celle de la population française et la parité femmes/hommes respectée, les plus jeunes sont surreprésentés parmi les volontaires ayant participé aux seuls JO (35 % de 20-29 ans), tandis que les plus de 60 ans le sont (38 %) parmi ceux ayant cumulé Jeux olympiques et paralympiques. 97 % des volontaires se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur expérience et 70 % souhaitaient se (ré)engager dans une association sportive dans l’année.
Côté public, sept personnes de 15 ans et plus sur dix ont regardé au moins une compétition des Jeux olympiques, quel que soit le support (télé, ordinateur, tablette, smartphone), la proportion étant de six sur dix pour les Paralympiques. Les hommes, les plus diplômés, les 15-24 ans et les 70 ans et plus ont été les plus nombreux à suivre les Jeux de façon très régulière, tout comme les pratiquants d’une activité sportive ou les habitués des compétitions télévisées. Pour autant, près de trois personnes sur dix ne suivant habituellement aucun grand évènement sportif ont regardé régulièrement ou chaque jour les Jeux de Paris 2024. Ceci de manière plus intensive pour les JO, même si près de la moitié des personnes les ayant suivis très attentivement ont maintenu cette attention soutenue pour les Paralympiques : seul un « féru » des JO sur dix n’a pas du tout suivi ces derniers.
Selon une enquête flash réalisée en novembre 2024 par l’Injep auprès de 45 fédérations sportives, le nombre de licences est en hausse de 5 % sur un an : une proportion supérieure à celle enregistrée depuis Athènes 2024 au lendemain des Jeux olympiques et paralympiques. Moins directement concernée par les exploits des athlètes français l’été dernier, l’Ufolep enregistre pour sa part une progression de 6,7 %. Le tennis de table (+ 23 %) a visiblement capitalisé sur les exploits des frères Lebrun, et le badminton (+ 19 %) sur les titres de Lucas Mazur et Charles Noakes en parabadminton. La FF handisport affiche par ailleurs une hausse de 11 %, notamment chez les filles et les femmes, possiblement en lien avec les performances d’Aurélie Aubert en boccia. Alors qu’en dépit des exploits de Léon Marchand la natation affiche une quasi-stagnation – probablement en raison de la saturation des piscines – l’escrime (+ 19 %), le tir à l’arc (+ 15 %) et le taekwondo (+ 13 %) sont les autres grandes gagnantes de Paris 2024. L’enjeu pour ces fédérations sera de faire perdurer cet engouement, la FF escrime ayant en effet reperdu une grande partie de ses nouveaux licenciés dès l’année suivante lors des précédentes olympiades.
L’Ufolep s'associe au « Carton rouge à Bercy » lancé par le monde olympique, en adressant une pénalité au Gouvernement qui souhaite réduire drastiquement (40 % !) le budget du sport.
En France, le mouvement sportif, c’est 3,5 millions de bénévoles, 360 000 associations et 36 000 communes mobilisés chaque jour pour permettre à plus de 20 millions de
Français.e.s de pratiquer le sport. Mais au-delà de ces chiffres impressionnants, le sport en France, c’est bien plus que de simples activités physiques :
Un lien social irremplaçable :
Les clubs sportifs sont au cœur de nos quartiers et de nos villages. Ils créent des espaces de solidarité, d’échange et d’appartenance dans chaque recoin de notre territoire.
Un pilier de la santé publique :
Grâce à la prévention de l’obésité, du diabète et des maladies cardiovasculaires, le sport réduit considérablement les dépenses de santé.
Un moteur pour la jeunesse :
Les éducateur.rice.s sportif.ve.s transmettent des valeurs fondamentales de respect, de discipline et de dépassement de soi. Ils et elles jouent un rôle clé dans une société où nos jeunes ont tant besoin de repères.
Un rayonnement national et international :
Grâce au sport, la France a brillé lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, un événement qui a rassemblé les Français.e.s et démontré la puissance de notre Nation. Sans les clubs et leurs bénévoles, ces succès n’auraient jamais vu le jour.
Une triple peine inacceptable
Aujourd’hui, pourtant, le sport français et ses acteurs.rice.s subissent une triple peine :
– Une baisse drastique du budget de l’État alloué au sport.
– Une diminution des subventions accordées par les collectivités locales.
– Le désengagement des sponsors qui s’éloignent faute de soutien structurel.
Pire encore, le gouvernement propose une réduction de plus de 40% du budget du sport, qui est déjà le plus faible de tous les ministères.
UN CRI D’ALARME !!
Cette décision est une injustice majeure :
– Couper 40% du budget, c’est sacrifier nos clubs, nos associations et l’accès au sport pour toutes et tous.
– C’est ignorer le rôle du sport dans la lutte contre les inégalités et les défis de santé publique.
– C’est mépriser les millions de bénévoles, d’éducateur.rice.s et de sportif.ve.s qui, chaque jour, œuvrent pour un avenir meilleur.
Le sport n’est pas une simple ligne comptable ni une variable d’ajustement budgétaire.
Le sport, c’est une société qui vit mieux, qui rassemble, et qui avance ensemble.
Un appel à la mobilisation
Nous lançons un carton rouge à Bercy. Nous appelons tous les acteur.rice.s du sport, les citoyen.ne.s et les élu.e.s à se mobiliser pour défendre ce qui fait battre le cœur de notre pays.
L’UFOLEP s’associe au Collectif de Défense des Loisirs Verts pour la 31ème édition des Journées des chemins.
Ce rassemblement vise à sensibiliser l’opinion publique concernant la disparition des chemins et à réhabiliter l’image des pratiquant.e.s de loisirs verts. Dans toutes les régions, les randonneur.euse.s pédestres, les vététistes, les cavalier.e.s, les pêcheur.euse.s, les chasseur.euse.s seront donc invité.e.s à agir pour rétablir des itinéraires qui disparaissent faute d’usage ou d’entretien.
L’UFOLEP s’investit dans cette opération dont les objectifs sont multiples à l’heure où la préservation de la planète est un enjeu majeur de notre société. En participant aux journées des chemins, les particuliers, associations, élu.e.s locaux, œuvreront à la promotion d’une attitude éco citoyenne, à la sensibilisation de l’opinion publique sur la nécessité d’entretenir les chemins sous peine de les voir disparaître, à la promotion d’un partage citoyen des chemins entre les différents usagers, à la levée des préjugés sur les pratiquant.e.s de loisirs verts motorisés dont le comportement est trop souvent décrié et à la défense de la liberté de circuler sur les chemins, quel que soit le moyen de locomotion.
Ce sont autant de défis qu’il faudra relever ensemble lors de cette manifestation !
Les Rencontres nationales Ufolep des Commissions nationales sportives (CNS) et Groupes de travail (GT) se sont déroulées les 11 et 12 janvier 2025, au CISP Ravel, à Paris.
Au-delà d’un rendez-vous « classique » dans le paysage Ufolep, il s’agit d’un évènement fédérateur, synonyme d’engagement associatif et de mobilisation de nos bénévoles référents pour nos activités fédérées qui prend tout son sens, en ce début de saison. Ce rassemblement s’inscrit à une fréquence de tous les 2 ans et mobilise plus de 150 participant.e.s issu.e.s des multiples familles d’activités Ufolep (gymniques, sports co, sports mécaniques, activités nautiques, sports de raquettes, de glisse, de précision, de modélisme, des arts martiaux, de plein air …).
Piloté par la Vie sportive Ufolep, Natacha Mouton Levreay, Vice-présidente Ufolep et Isabelle Jacquet, Secrétaire nationale Ufolep ont, dans un préambule politique, rappelé l’objectif principal de ce rendez-vous : accompagner au mieux nos 188 bénévoles engagé.e.s avec 60 femmes et 128 hommes dont 81 nouvelles candidatures qui sont venu.e.s étoffer nos équipes. Sans compter, généreusement, Ils et elles font vivre « Tous les sports autrement » à travers les 50 compétitions nationales qui rassemblent 17 000 participant.e.s et mobilisent 65 comités départementaux.
Après un état des lieux, des publics investis et adhérent.e.s de la fédération sur plusieurs années, présenté par Ludovic Trézières, DTN Ufolep, l’évènement de deux jours s’est donc structuré pour ce faire autour d’ateliers visant le renforcement des compétences des acteur.rice.s clés et l’atteinte des défis de la mandature 2024 – 2028 formalisé par le nouveau Projet Sportif Fédéral.
Ainsi se sont succédés des ateliers animés par les membres de la direction technique nationale associés aux élu.e.s de la Commissions Nationale Vie Sportive (CNVS) dans les domaines de l’engagement associatif, de la réglementation sportive, de l’honorabilité, de la communication, de la formation, des partenariats, de l’innovation et bien d’autres encore.
A la clé, de nombreuses discussions et échanges émanant de ce programme entre paires sur les bonnes pratiques des un.s et autres qu’il s’agisse d’animation de réseau, de valorisation et de reconnaissance des actions menées ou encore de recrutement d’adhérente.s, ou enfin d’organisation logistique et pragmatique sur les évènementiels Ufolep à tous les échelons.
2 jours qui furent l’occasion d’échanger, de partager et de travailler avec des acteur.rice.s ressources, les référent.e.s et les responsables d’activités, les élu.e.s et les techniciens de l’Equipe nationale. Au-delà des enjeux : d’accompagnement et d’outillage ce moment a été l’occasion de s’appuyer sur leurs ressentis et de les doter de tous les outils techniques facilitateurs de la mise en œuvre des projets terrains.
Lors d’une soirée conviviale a été organisé une remise des diplômes de reconnaissance pour celles et ceux qui s’engagent quotidiennement pour leurs clubs et nos licencié.es.
Dans la dynamique post olympique, toutes et tous s’attellent à la préparation et l’organisation des finales nationales 2025 qui débutent d’ores et déjà fin janvier avec le Championnat National Individuel GRS) les 25 et 26 janvier 2025 à Landerneau (29) suivi de près par le Championnat National Cyclo-Cross, qui sera quant à lui, à Wallers Arenberg (59) les 8 et 9 février.
Un bilan plus que positif et des perspectives prometteuses en ce début de mandature avec ce premier rassemblement Ufolep 2025 !
Plus d’infos sur www.ufolep.org
Les Rencontres nationales Ufolep des Commissions nationales sportives (CNS) et Groupes de travail (GT) se dérouleront les 11 et 12 janvier 2025, au CISP Ravel, à Paris.
Il s’agit d’une rendez-vous classique dans le paysage Ufolep, inscrit à une fréquence de tous les 2 ans qui mobilise et rassemble plus de 150 participant.e.s issu.e.s des multiples familles d’activités Ufolep (gymniques, sports co, sports mécaniques, activités nautiques, sports de raquettes, de glisse, de précision, de modélisme, des arts martiaux, de plein air …).
Piloté par la Vie sportive Ufolep, l’évènement prévoit deux jours d’échanges, de partages et de travail où vont se succéder des ateliers animés par les membres de la direction technique nationale associés aux élu.e.s de la Commissions nationale Vie sportive dans les domaines de l’engagement associatif, de la réglementation sportive, de l’honorabilité, de la communication, de la formation, des partenariats, de l’innovation et bien d’autres encore.
Il s’agit d’un évènement fédérateur, synonyme d’engagement associatif et de mobilisation qui prend tout son sens, en ce début de saison. Les objectifs sont d’accompagner au mieux les bénévoles engagé.e.s dans leurs missions, de garantir l’accueil de nombreux nouveaux licencié.e.s motivé.e.s et séduit.e.s par l’euphorie des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ; un aspect plus que positif post évènement qui s’inscrit dans l’Héritage de Paris 2024 et enfin de lancer les premiers nationaux sportifs 2025 comme avec le Championnat National Individuel GRS qui se déroulera à Landerneau (29) les 25 et 26 janvier 2025 et le Championnat National Cyclo-Cross quant à lui à Wallers Arenberg (59) les 8 et 9 février.
Les plans d’actions des CNS et GTs et leur mise en œuvre seront également au cœur des travaux dans une démarche fédérative et sportive, notamment avec les plateformes UFO’sport et UFO’rmation. Le lien sera également fait avec les dispositifs éducatifs multisports tant en vélo avec le Savoir Rouler à Vélo, le Kid Bike ou la mise en mouvement des plus jeunes avec Ufo Baby.
Le rendez-vous est pris !
Plus d’infos sur www.ufolep.org
Le dernier numéro de la revue Ufolep Enjeu vient de paraître avec son dossier spécial sur l’Héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Infrastructures, image de la France, sport pour toutes et tous, place du handicap dans la société : que restera-t-il sur la durée de Paris 2024 ? La « parenthèse enchantée » des Jeux olympiques et paralympiques se poursuivra t’elle par une impulsion attendue pour la pratique physique et sportive du plus grand nombre, dangereusement fragilisée par les restrictions budgétaires annoncées. Toutes les réponses dans le dossier !
A découvrir toutes les informations relatives à la construction du Projet Sportif fédéral, dont les fondements restent inchangés pour les quatre ans à venir et qui a fait parti des sujets phares de la 4e édition des Journées fédérales qui se sont tenues au Pradet du 18 au 20 octobre dernier.
A noter, l’interview de Marie-Amélie Le Fur, qui en tant que Présidente du Comité paralympique et sportif français veut capitaliser sur la ferveur populaire pour développer la pratique des personnes en situation de handicap, elle revient sur l’impact sociétal des Jeux paralympiques.
Au sommaire de ce 64e numéro vous trouverez également la rubrique actualités avec les présentations de Gil AVEROUS, nouveau ministre des Sports, de Ludovic TREZIERES, nouveau Directeur technique national de l’Ufolep et un point sur les 2 heures de sport hebdomadaires finalement maintenues uniquement pour les collèges en REP et REP +.
A l’occasion de ce numéro de décembre, l’Ufolep des Hautes-Alpes est mise à l’honneur à travers la 4e édition du challenge Francis-Auzet, une épreuve sportive emblématique baptisée du nom d’un militant Ufolep historique. L’épreuve fait le lien entre l’activité ski traditionnelle et la récente initiative « quartiers d’été ».
De même focus sur la Haute-Vienne qui via son association Unis Vers Tchouk rapproche habitant.e.s d’un quartier de Limoges et ruraux à travers une pratique sportive commune le tchoukball et un projet arboricole.
Enfin et non des moindres, la rubrique Je me souviens avec Franck Seguin, rédac-chef photo à L’Équipe, dont l’ouvrage Regards de sport parus chez Ramsay, retrace sa carrière à travers les grands évènements ou reportages au long cours.
Le lien pour consulter la revue 🔗👉 https://www.calameo.com/ufolep/read/006348401618def13a149
Bonne lecture !
Le dernier numéro de la revue Quel sport ? et le livre d’entretien avec le politologue Paul Ariès Huit milliards pour un podium tranchent avec l’unanimisme ambiant autour du sport et des Jeux olympiques.
« Le sport, ça sert à détourner les gens des problèmes importants. En un mot, c’est une diversion. » Tirée d’une revue Quel Corps ? de 1978, cette citation de Vladimir Jankélévitch figure en exergue de la dernière livraison de son héritière Quel Sport ?, qui prolonge la réflexion de l’école critique initiée par Jean-Marie Brohm dans l’effervescence post-Mai 68. Celui-ci figure d’ailleurs au sommaire de ce numéro consacré à L’emprise d’un opium d’État. La bassecour des Jeux de Paris 2024. Il y explique que « Le sport reste un facteur de mise au pas » et que « Plus on avance dans la mondialisation, plus le capitalisme et le sport fusionnent ».
Que l’on adhère ou non à cette grille de lecture fortement imprégnée de marxisme, il faut reconnaître aux contributeurs de Quel Sport ? un certain sens de la formule. Au chapitre « société du spectacle olympique et mascarade médiatique », Jan Mathias Bystrouky pointe ainsi le « patchwork multiculturel doublé d’un peplum postmoderne » de ce « happening de masse ». Côté « culte des champions », Sarah Duplant moque le Club France, « haut lieu de la soumission idolâtre », et s’amuse de « la cyclothimie du supporter », de l’euphorie à la déprime. Roman Leconte dénonce pour sa part « le pilonnage propagandiste », « l’alignement sur l’idéologie de la "culture sportive" » et « le catéchisme macroniste de la "nation sportive" ». Quant à Hannibal Tempo, il se désole d’une « dépolitisation au pas cadencé » et voit dans « la cohésion nationale contre les "grincheux"» la « stigmatisation de l’esprit critique ».
Au-delà de leur virulence un peu trop systématique, ces articles-pamphlets donnent toutefois matière à réfléchir : libre à chacun d’opiner du chef ou de faire non de la tête. Tout en sachant que les auteurs ne tolèrent aucun entre-deux, synonyme de compromission…
Les acteurs de l’Ufolep, engagés au sein d’une fédération intégrée au Mouvement sportif tout en se revendiquant de l’éducation populaire, pourront parfois se sentir visés. En prise avec les réalités de terrain, ils sauront prendre ce qu’ils veulent de ce manifeste critique qui a le mérite de faire émerger un îlot discordant dans un océan d’unanimité.
Tout en affirmant sa large identité de vue avec le courant critique du sport, Paul Ariès délivre dans Huit milliards pour un podium une vision plus nuancée et se revendique « l’héritier d’une très longue histoire qui (…) ne se réduit pas à la sociologie caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle ». « Le refus du Sport moderne [l’auteur tient à la majuscule] naît spontanément, explique-t-il, dès ses préliminaires, au XIXe siècle ».
En « vieux militant », Paul Ariès constate au passage que « cette critique est devenue marginale », voire « inaudible ». Il rappelle aussi qu’autrefois elle « ne campait pas uniquement sur le versant négatif » et « eut longtemps avec l’éducation physique une alternative à proposer ». Cette même éducation physique encapsulée dans le sigle Ufolep…
Paul Ariès y ajoute une analyse nourrie par la « crise écologique » : à ses yeux, « le Sport fait partie du problème, et non pas de la solution. Je refuse sa conception de la vie fondée sur la compétition. Je refuse sa conception du corps reposant sur l’hubris. Je refuse tout ce qui renforce la technicisation du corps. Je refuse la sportivisation de l’existence. » Cet « objecteur de croissance » pense néanmoins que « le Sport peut-être une propédeutique à une rupture civilisationnelle », au regard du double enjeu de « l’égalité » et de « l’écologie ». Sans prédire toutefois de quel côté penchera la balance. Philippe Brenot
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