Entre activités sportives et culturelles et soutien à l’école publique, l’Amicale laïque de Basse-Goulaine, près de Nantes (Loire-Atlantique), a su perdurer au fil de ses 90 ans d’existence, explique son ex-président Didier Guillou au nom de sa direction collégiale.
Didier Guillou, que représentent les activités sportives au sein de l’Amicale laïque de Basse-Goulaine, qui a fêté ses 90 ans ?
Elles réunissent 350 adhérents sur 550, à travers cinq sections : gymnastique bien-être (200 pratiquants à travers ses multiples créneaux), volley-ball (avec ses équipes masculines, féminines et mixtes), école de sport, multisport adulte et multisport enfant. Tous sont licenciés Ufolep et les séances sont animées par des éducateurs départementaux, à l’exception du volley, exclusivement encadré par des bénévoles.
Il y a quelques années, l’amicale comptait deux sections de plus…
L’épidémie de Covid a entraîné la disparition de la gymnastique sportive enfant (8-12 ans), faute d’avoir retrouvé un éducateur sportif spécialiste de l’activité. Quant à la section badminton, qui pesait 140 licenciés, elle a pris une orientation plus compétitive en choisissant de rejoindre la FFBad pour permettre aux meilleurs joueurs de disputer des championnats nationaux. Les débats ont été animés, mais la séparation s’est faite en bonne intelligence. Nous avons décidé de ne pas maintenir une section loisir qui serait entrée en concurrence avec le nouveau club pour l’obtention de créneaux en gymnase.
Une amicale, ce sont aussi des sections culturelles…
Oui, à commencer par les Arts plastiques, poterie et modelage et Livres & Plaisirs, qui est une évolution de notre bibliothèque historique. Quand en 2001 le fonds a été cédé à la médiathèque municipale tout juste créée, les bénévoles qui l’animaient se sont tournés vers l’association Lire et Faire Lire. Ils ont développé des lectures auprès des enfants des écoles et de ceux gardés par des assistantes maternelles, et plus récemment des aînés de l’Ehpad. Des boîtes à livres ont également été implantées dans la ville. D’autres sections se sont créées depuis pour répondre aux besoins et aspirations des habitants : Com’1 Clic, qui vise à réduire la fracture numérique et a donné des idées à la municipalité, ou le Rep.Al.Lab, qui lutte contre l’obsolescence programmée avec un rendez-vous mensuel où les gens apprennent à réparer les pannes.
Toujours côté numérique, nous avons aussi développé pendant trois ans un partenariat avec Nature Goulaine Environnement autour d’un « nid connecté » qui permettait d’observer depuis son ordinateur la vie intime d’une famille de mésanges : une façon de sensibiliser les gens à la faune locale.
Enfin, une section Jeux a vu le jour pour répondre à un engouement particulièrement marqué chez les jeunes trentenaires.
L’idée, c’est de coller à la vie des Goulainais et aux évolutions de la société...
Exactement. C’est aussi pourquoi nous couplons nos assemblées générales à une conférence sur un thème actuel éclairé par un expert, comme récemment l’intelligence artificielle. Cependant, les évolutions de la société ne nous sont pas forcément favorables. Nous éprouvons des difficultés à recruter de nouveaux bénévoles et les adhérents se sentent davantage concernés par leur propre section que par la vie de l’amicale laïque dans son ensemble. Mais notre newsletter entretient le sentiment d’appartenance.
Ce qui reste déterminant, c’est votre proximité avec l’école publique…
Oui, et le dernier exemple est la création du dispositif Court’Échelle, quand après le Covid les enseignants ont vu croître le nombre de décrocheurs dans les classes. À leur demande, ces enfants sont pris en charge par un binôme de bénévoles. Au-delà de l’aide aux devoirs, il s’agit de leur donner une ouverture, des centres d’intérêt, et un cadre qui peut manquer dans leur environnement familial. La grande réussite, c’est que les enfants ne voient là rien de stigmatisant mais au contraire se battent pour venir !
Encore un village dans les années 1960, Basse-Goulaine est devenue une commune résidentielle de 9 500 habitants de la première couronne de Nantes. Qu’est-ce que cela a changé pour l’amicale ?
Sans remonter aussi loin, l’évolution sociologique se traduit par une moindre implication des parents d’élèves, qui étaient notre principal vivier de bénévoles. Notre école a longtemps été la première du département en nombre d’élèves, et la Fête des écoles était capitale dans le fonctionnement de l’amicale. Imaginez 4 000 à 5 000 personnes sur la journée, avec défilé de chars dans les rues et un millier de convives au repas du soir ! Cela reste un temps fort mais n’a plus la même ampleur. Et c’est l’association de parents d’élèves, qui n’est plus affiliée à la FCPE mais autonome, qui va en récupérer l’organisation de la fête.
Et quels rapports entretenez-vous avec la mairie ?
Elle nous met à disposition des locaux, et depuis le Covid se montre attentive au tissu associatif. Depuis deux ou trois ans, toutes les subventions que nous sollicitons nous sont accordées. Cependant nous n’avons pas la même sensibilité : certains élus municipaux sont par exemple impliqués auprès de l’Ogec, l’Organisme de gestion de l’enseignement catholique. Il arrive aussi que certaines de nos idées soient récupérées pour les développer par ailleurs. Mais c’est la preuve qu’à 90 ans révolus, l’amicale laïque de Basse-Goulaine reste en phase avec son temps ! Propos recueillis par Philippe Brenot
1934-2024 : permanence et innovations
Maintenir les « liens de camaraderie » contractés sur les bancs de l’école communale, poursuivre son « influence moralisatrice » en la considérant comme « une seconde famille » : tel était l’objectif assigné en 1934 par ses fondateurs à « l’Amicale des anciens élèves des écoles communales de Basse-Goulaine ». Son président, l’instituteur Louis Edelin, devient l’année suivante le premier maire républicain de Basse-Goulaine, détrônant le maire-châtelain, le marquis Amaury de Bérulle (il le restera jusqu’en 1971). Affiliée à la Ligue de l’enseignement, l’ALBG se revendique de l’éducation populaire et crée une cantine scolaire.
Après-guerre, le combat laïque est prolongé par un concours de belote, des bals et une fête de Noël. À partir des années 1950, la kermesse coorganisée avec les amicales de Saint-Julien-de-Concelles et Thouaré attire même des vedettes de la chanson !
À partir des années 1970, la commune connaît aune expansion rapide qui profite à la vie associative locale. L’école publique dépasse l’école privée et au sein de l’amicale les sections sportives et de loisir se multiplient. C’est aussi la grande époque du ciné-club. L’année 1982voit la création d’une bibliothèque associative dont le fonds sera cédé en 2001 à la médiathèque municipale1.
À partir de 1984, l’amicale organise régulièrement des soirées spectacle, parallèlement à des conférences, rallyes et sorties éducatives, tout en assurant la promotion de l’école laïque par ses prises de position et un loto qui – encore aujourd’hui – aide au financement des séjours scolaires. Elle prend en charge la fête des écoles publiques, qui s’achève rituellement par une soirée dansante au gymnase Henri-Michel, du nom de l’ancien meneur de jeu du FC Nantes.
Les 14 et 15 septembre 2024, le copieux programme des festivités du 90e anniversaire a reflété cette diversité d’actions et d’activités, avec notamment un concert « Back to The Police » donné par un tribute band. Juste ce qu’il faut de nostalgie.
(1) Baptisée du nom du poète René-Guy Cadou (1920-1951), qui fut instituteur à Basse-Goulaine.