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Journées fédérales : recruter et fidéliser les bénévoles

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L’engagement bénévole était le fil rouge des 3es Journées fédérales, qui ont réuni du 20 au 22 octobre au Pradet (Var) 180 représentants des comités départementaux et des commissions nationales sportives, avec l’objectif de déboucher sur un plan d’action.

 

Sans bénévole pas d’association, et sans association pas de fédération : voilà pourquoi le recrutement des bénévoles était le fil rouge des 3es Journées fédérales de l’Ufolep. C’était aussi le thème de la conférence inaugurale du vendredi, avec un regard particulier sur les nouvelles tendances en matière d’engagement et de militantisme : un sujet très actuel en cette année de renouvellement des instances nationales et départementales de la fédération, comme l’a rappelé en ouverture le président de l’Ufolep, Arnaud Jean.

 

Mutation

 

Brigitte Clochet a ensuite précisé les termes du débat aux 180 élus départementaux et membres des commissions nationales sportives réunis au Pradet. L’élue nationale en charge de l’engagement a rappelé qu’à la différence d’un salarié lié par contrat à son employeur, le bénévole s’engage comme « citoyen et militant » dans « un projet choisi » qui fait sens pour lui et où il trouve un « épanouissement personnel ». Soulignant que 90% des associations Ufolep fonctionnent exclusivement grâce à leurs bénévoles, elle préfère parler de « mutation » que de « crise de l’engagement », au lendemain d’un épisode Covid qui a sérieusement bousculé le milieu sportif.

Citant l’enquête « La France bénévole en 20231 », celle qui préside l’association multisport La Vaillante d’Autun et est élue de Saône-et-Loire a observé que le recul du bénévolat lié à la pandémie était plus durable parmi les plus de 65 ans. Ceci alors qu’on assiste, tous secteurs associatifs confondus, à une reprise de celui-ci chez les 15-34 ans. Cette reprise s’accompagne toutefois d’une tendance au « nomadisme associatif » et à des engagements plus ponctuels, au détriment du bénévolat régulier. Or c’est l’engagement sur la durée qui mène à la prise de responsabilités, tandis que les tâches administratives et de gestion se complexifient : « La formation devient alors un levier, un facteur d’attraction pour les candidats à l’engagement », en ce qu’elle permet « la montée en compétence. »

Il y a aussi de multiples façons d’être bénévole à l’Ufolep, et il n’est pas rare d’en cumuler plusieurs : « On en connaît tous, des bénévoles qui encadrent le mercredi après-midi ou sont présent sur une manifestation le week-end et qui, le soir, prennent leur casquette de secrétaire et rédigent un compte-rendu ou envoient une convocation ! » Quant aux 300 jeunes volontaires ayant effectué l’an passé un service civique dans les associations et comités Ufolep, bien qu’ils soient indemnisés leur mission peut déboucher ensuite sur une implication militante entièrement désintéressée.

 

Bonnes pratiques

 

Trois des intervenants qui se sont exprimés ensuite représentaient des plateformes dédiées à la mise en contact de personnes prêtes à s’investir avec des associations en demande : Isabelle Persoz pour Tous Bénévoles (par message vidéo), Thimothée Domenach pour JeVeuxAider.gouv.fr et Philippe Mobbs pour Passerelles et compétences. Forts de leur expérience et des dernières études en date, ils ont battu en brèche l’idée selon laquelle le vivier de bénévoles tend irrémédiablement à se tarir. Les jeunes sont ainsi aujourd’hui plus nombreux à s’engager, même si c’est souvent de manière ponctuelle.

En revanche, les seniors, davantage engagés sur le long terme et à des postes de dirigeants, ne sont pas tous revenus après la rupture du Covid. Outre le contrecoup de la pandémie, « cette génération est celle à laquelle on demande de "combler tous les trous: s’occuper de leurs parents qui vieillissent, garder leurs petits-enfants, éventuellement travailler encore » a relevé la déléguée générale de Tous Bénévoles, Isabelle Persoz.

Il faut donc les soigner, ces bénévoles, et pour commencer bien les accueillir, favoriser le passage de témoin, et ne pas hésiter à introduire le principe de coprésidence et le partage des responsabilités…  Quatrième intervenant en sa qualité de président du comité scientifique de Sport et Citoyenneté, Colin Miège a énuméré les recommandations issues de travaux menés en Auvergne-Rhône-Alpes avec le soutien de la Fondation Groupama. D’abord, redéfinir si nécessaire le projet de l’association en prenant en compte les attentes des pratiquants et l’offre concurrente des prestataires privés. Ensuite, bien expliquer en quoi consiste l’engagement bénévole et donner confiance, « notamment aux femmes qui trop souvent doutent de leurs capacités à prendre des responsabilités ». Veiller aussi à accompagner les nouvelles recrues en désignant au besoin un référent « bénévoles » au sein de l’association. Enfin, valoriser les bénévoles à travers des récompenses symboliques. Colin Miège a également suggéré de s’inspirer des outils de gestion des ressources humaines du secteur privé, tout en les adaptant à l’associatif.

 

Réalités de terrain

 

S’il a semblé adhérer largement à ces bonnes pratiques, quand la parole lui fut donnée le public a en revanche questionné la capacité des plateformes numériques – « Tinder du bénévolat » – à répondre aux besoins immédiats de leurs associations ou comités. « Comment entrer dans une association sans en partager le projet ? » s’est interrogé Philippe Machu, président honoraire de l’Ufolep. « Et comment faire appel pour notre conseil d’administration à des personnes qui ne sont pas déjà impliquées dans une association ? », a surenchéri la présidente de l’Ufolep du Puy-de-Dôme, Françoise Casajus-Gil. Jean-Louis Borgni, élu national et membre d’une association de natation, il n’image pas non plus rencontrer sur ces plateformes les titulaires des diplômes sportifs indispensables à l’encadrement de son activité. « Nous allons chercher les personnes qui ne sont pas encore bénévoles », a expliqué en retour Thimothée Domenach pour JeVeuxAider.gouv.fr. « "Tous bénévoles !", le slogan est faux, a convenu Colin Miège. C’est pourquoi il faut cultiver le vivier de votre association, où se trouvent celles et ceux qui s’engageront à long terme, avec de surcroît une forte technicité. » D’ailleurs, 77% des bénévoles engagés dans une association sportive ont d’abord été simples adhérents de celle-ci.

Pour le président de l’Ufolep Jura, Raymond Bruneau, c’est aussi « une question d’argent : les gens ont du temps à donner mais hésitent parfois devant le coût financier », à commencer par les frais d’essence pour se déplacer.

 

Plan d’action

 

Les pistes esquissées en plénière ont ensuite été travaillées et précisées le samedi et le dimanche matin au sein des deux groupes réunissant, d’une part, les membres des commissions nationales sportives (avec une problématique centrée sur les associations) et, d’autre part, les élus des comités départementaux et régionaux (avec pour préoccupation principale le renouvellement de leurs instances). Ceci afin de déboucher sur un plan d’action permettant de mieux faire émerger et fructifier cette richesse humaine nommée bénévolat. Philippe Brenot

 

(1) Enquête réalisée d’avril à juin 2023 par l’Ifop auprès de 3340 bénévoles.


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