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Je me souviens du sport, par Myriam Alizon

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Journaliste à L’Équipe et L’Équipe Mag pendant une quinzaine d’années, Myriam Alizon a pris un peu de recul au lendemain des Jeux olympiques de Tokyo. Établie dans la Nièvre, elle a lancé le magazine À Fond ! à la rentrée 2022 dans l’idée de raconter le sport aux enfants de 4 à 11 ans.

Je me souviens avec bonheur et nostalgie de mes quinze années de gymnastique. Je mesure le temps qui passe aux douleurs articulaires causées par mes tentatives de retrouver quelques sensations de ma jeunesse. Deux ou trois fois par semaine, avec mes copines, on grimpait le vieil escalier en bois d’un lycée parisien pour deux heures de gym « sauvage ». Dans notre petit club de quartier, il n’y avait ni jugement, ni compétition, ni justaucorps. Les saltos étaient vrillés et tendus, les pointes de pied pas tout à fait mais on s’en moquait. On ne recherchait pas la perfection.

Je me souviens du sport à la radio car je n’avais pas la télévision. Sur un petit transistor, le samedi soir, j’écoutais le multiplex, seule dans ma chambre, et je retranscrivais les scores sur mon album Panini. Mes parents ne comprenaient pas.

Je me souviens d’une rédaction de cinquième où il fallait se glisser dans la peau d’un journaliste et interroger une personnalité. Dans ma classe, cinq avaient choisi Louis de Funès, trois Patrick Bruel, et une Sergueï Bubka. C’était moi. Je me souviens, vingt ans plus tard, prendre le train pour Clermont-Ferrand, envoyée par L’Équipe, pour rencontrer Renaud Lavillenie.

Je me souviens de mes journées passées à Roland-Garros, où la cousine de ma meilleure amie tenait un stand à côté de celui des Enfants de la Terre. Les mercredis et le week-end, elle nous donnait des billets pour les courts annexes. On connaissait toutes les astuces pour entrer sur le Central, le Lenglen ou le numéro 1. Je me souviens du jour où elle nous a dit : « Vous feriez bien d’aller voir les juniors filles plutôt que de courir après Mark Philipoussis (qui jouait pourtant un improbable double mixte avec Martina Hingis). Trouvez le court où joue Amélie Mauresmo, elle a des lunettes noires, c’est la prochaine star du circuit. » Ce n’était pas faux.

Je me souviens d’un dimanche soir d’hiver, les yeux rivés sur ma chaîne hi-fi double lecteur CD qui avait remplacé mon transistor. J’espérais peut-être que les images du match décisif de Coupe Davis entre Fabrice Santoro et Nicklas Kulti en sortent. Je ne les ai jamais vues mais je me souviens que ce soir-là, sous ma couette, je m’étais dit : « Journaliste, ça doit être drôlement sympa comme métier. »

Je me souviens de mon premier vrai reportage aux Jeux olympiques de Pékin. Je me souviens du silence dans le Nid d’Oiseau avant le départ du 100 mètres. Moins de dix secondes plus tard, Usain Bolt battait le record du monde avec un lacet défait. Je me souviens m’être dit : « Je fais vraiment un beau métier. »


À Fond !
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