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Je me souviens du sport… Élodie Menant

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La comédienne Élodie Menant est l’auteure de Je ne cours pas, je vole !, pièce créée l’an passé à Avignon et présentée jusqu’au 31 décembre au Théâtre du Rond-Point. On y partage doutes et espoirs d’une championne de 800 m qui, engagée aux Jeux olympiques, convoque par moment ses idoles Usain Bolt, Rafael Nadal, Haile Gebresselasie et Laure Manaudou, jouée par Élodie Menant elle-même.

Je me souviens de la danse classique, qui m’a accompagnée toute ma jeunesse. J’étais alors dans ma bulle, en apesanteur, connectée à tout mon corps. C’était mon moment à moi, chaque mercredi du côté d’Alma-Marceau, au cours de Solange Golovine. En même temps, j’étais très garçon manqué et je me bagarrais dans la cour de mon école du 15e arrondissement avec mes copains pour qu’ils m’acceptent dans leurs parties de football. J’adorais aussi le rugby et je me souviens du jour où, à 8 ans peut-être, je me suis étendue de tout mon long pour marquer un essai du bout du bras. J’étais si fière de prouver que la fille que j’étais pouvait être aussi forte que les garçons.

Je me souviens qu’enfant j’étais une grande allergique et asthmatique, jusqu’à être hospitalisée lors des crises les plus fortes. Puis, à l’adolescence, mon père1, qui lui faisait ses 11 km quotidiens, m’a dit qu’il fallait que je me mette aussi à courir pour lutter contre mon asthme, ce qu’aucun médecin n’avait jamais préconisé. J’ai commencé à courir autour du lac du bois de Boulogne, sans Ventoline, en allongeant peu à peu la distance. Ma respiration sifflait quand je courrais, cela m’angoissait et je tentais de me maîtriser par le mental. Aujourd’hui je n’ai plus rien, et je continue de courir plusieurs fois par semaine.

Je me souviens d’une sortie à vélo, un été en vacances aux Arcs, en Savoie. Mon père me disait : « Tu peux poser le pied à terre, mais surtout tu ne marches pas à côté de ton vélo, tu verras comme tu seras fière de toi ! ». Mais c’était trop dur. Une fois arrivée au sommet, je pleurais en me demandant quel était l’intérêt de se surpasser.

Je me souviens de Marie-José Pérec, avec qui j’ai eu la chance d’être en contact durant toute sa carrière, grâce à ma mère qui travaillait chez Reebok et accompagnait sur les grandes compétitions les athlètes sponsorisés par la marque : Venus Williams, Shaquille O’Neal, Laure Manaudou... Marie-José, je l’ai vue courir quelques fois dans un stade mais le souvenir le plus fort est celui des Jeux olympiques suivis avec ma sœur sur la télé du salon de ma grand-mère, en Normandie : le stress avant la course, puis l’exultation quand elle gagnait. Je me souviens aussi de l’ambiance incroyable au stade Charléty ou à Roland-Garros, où nous allions assister à des finales avec ma mère. Ce sont ces émotions qui m’ont donné envie d’écrire sur le sport.

Je crois aussi que, sans être une championne, avec l’asthme j’ai un peu touché ce qu’est le fait d’aller plus loin que là où le corps semble nous limiter, en acceptant la douleur et la souffrance. Quand on réussit à se transcender, le bonheur est décuplé. C’est en partie ce que je souhaitais traiter dans mon spectacle. Sur scène, le comédien est aussi fragile que le champion : une réaction inattendue dans la salle peut lui faire perdre le fil, tout comme un infime changement dans la routine du sportif de haut niveau peut troubler sa concentration et lui faire rater sa course. Je vois là un pont entre le sport et le théâtre.

(1) Marc Menant, fut dans les années 1970 commentateur sportif avant de vivre et diverses aventures audiovisuelles.


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