X
Accueil  /  Les infos  /  À l’Ufolep, la gymnastique autrement

À l’Ufolep, la gymnastique autrement

Dossier_p9_ouverture.jpg

Avec 50 000 adeptes, près d’un licencié Ufolep sur six est aujourd’hui un – ou plutôt une – gymnaste : un engouement qui s’explique par des compétitions accessibles à tous et privilégiant l’esprit d’équipe.

 

« Même dans un sport individuel, gardez toujours l’esprit d’équipe » : la devise figure en gros caractères sur la couverture du livret remis aux nouvelles associations – toujours plus nombreuses – lorsqu’elles rejoignent la grande famille de la gymnastique Ufolep. Y sont notamment explicités le découpage géographique en quatre grands pôles régionaux, l’offre de formation d’animateurs et de juges ou les différents niveaux de compétition. Ceux-ci correspondent à celui des gymnastes : 7 échelons chez les garçons et de 8 chez les filles. Il est également important de savoir que les compétitions se déroulent de janvier à juin, du départemental au national en passant par l’échelon régional, avec une variante pour la filière « jeunes » dédiée aux 7-14 ans, dont les finales ne sont pas nationales mais interrégionales. Considérant que la valeur n’attend pas le nombre des années, en gymnastique la compétition commence en effet dès l’âge de raison.

 

Compétition. « Les compétitions sont le ciment de la gymnastique Ufolep. C’est pourquoi, dans mon club de l’Avant-Garde de Houilles (Yvelines) et beaucoup d’autres, on y amène très vite les jeunes. La gymnastique est à la base un sport individuel, ou l’on se "challenge" soi-même et où il faut répondre présent le jour J, en enchaînant les éléments que l’on a auparavant travaillés » résume Sébastien Desmots, 42 ans, dont quinze au sein de la commission nationale, qu’il coanime avec Ludivine Freyssinet, du Gymnix Gradignan (Gironde). 

 

Équipes. À l’Ufolep, les compétitions se vivent toutefois en équipe, chaque gymnaste apportant des points en fonction de la difficulté des enchaînements réalisés. « Sur nos compétitions, souligne Sébastien Desmots, on ne se regarde pas en chiens de faïence : au contraire, on s’encourage les uns les autres et on échange entre gymnastes et entre entraîneurs. »

 

Brochure. La « brochure » est la Bible de l’activité : 158 pages qui précisent les règlements généraux et ceux concernant le jugement, ainsi que les catégories d’âge et les agrès propres à chaque sexe. Mais l’essentiel du document consiste en la déclinaison des programmes féminins et masculins, avec la décomposition de la note pour chaque agrès, figures dessinées à l’appui. Pas de cycle imposé pour l’actualisation du programme, alors que la Fédération française de gymnastique (FFGym) renouvelle le sien tous les quatre ans, au lendemain des Jeux olympiques. « Nous n’avons pas d’impératifs, nos effectifs sont à la hausse et il n’est pas question de briser cette dynamique. Mais il faut éviter la routine et ces derniers mois nous avons entamé les travaux d’actualisation, car le moment était venu d’évoluer un peu », explique Sébastien Desmots. Le nouveau programme sera prêt d’ici un an ou deux.

 

Encadrement. Certaines associations, notamment celles implantées dans les grandes agglomérations et possédant les plus gros effectifs, emploient des entraîneurs et entraîneures professionnels. Cependant, la plupart des clubs Ufolep fonctionnent seulement avec des entraîneurs bénévoles formés au club. C’est pourquoi il est possible de devenir aide-moniteur dès 14 ans. Si des stages de formation fédérale sont organisés, cela se fait aussi très souvent au sein du club, avec l’appui d’outils en ligne.

 

Juges. Impossible d’engager une équipe sans venir avec un juge : c’est la règle, sous réserve que celle-ci soit pénalisée, voire écartée de la compétition. C’est parfois une contrainte forte, et pour répondre au manque constaté par endroit l’âge plancher a été abaissé à 13 ans. « Les formations sont souvent organisées sur un week-end où ces jeunes vivent des moments sympas avec des gymnastes qu’ils sont ensuite heureux de retrouver sur les compétitions », raconte d’expérience Sébastien Desmots.Les 3 000 juges Ufolep sont bénévoles – même si certains clubs commencent à indemniser les déplacements – et ils doivent suivre un « recyclage » s’ils n’ont pas officié dans l’année : soit en présentiel, soit au moyen de tutoriels en ligne et de questionnaires à choix multiple.

 

Double affiliation. Difficile de préciser le nombre de clubs Ufolep affiliés en parallèle à la FFGym, mais cela reste une minorité. La politique affichée par la fédération délégataire n’y incite pas, celle-ci imposant de licencier tous les adhérents, avec toutefois une application plus ou moins stricte d’un territoire à l’autre.

 

Numérique. À l’Ufolep, gymnastique rime avec informatique. Parce que celle-ci facilite la gestion de cette activité très technique et que c’est le métier de Sébastien Desmots, créateur de nombreux outils. Cela va « du simple tableau Excell avec macros pour les formations de juges au logiciel de compétition actuel, en passant par le système d’engagement en ligne, un site dédié pour les clubs, le portail de la commission nationale et le partage en ligne des documents ». Moralité : « Il y a quinze ans, tout se faisait au crayon et par courrier ; aujourd’hui tout est informatisé, zéro papier ! »

Masculins. Avec un garçon pour neuf filles, la part des gymnastes masculins a continué à baisser ces dernières années, et la reprise en valeur absolue de l’après-Covid ne modifiera pas la tendance. « Là où l’effectif masculin n’est pas suffisant, les clubs choisissent parfois de licencier les garçons dans d’autres fédérations, pour qu’ils se frottent à davantage de concurrence », constate Sébastien Desmots. « Je me suis engagé dans la formation de juges masculins pour préserver les compétitions masculines, explique également Simon Briand, président du club de Vigneux-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Cela m’a incité à participer aux visioconférences du groupe de travail national en charge du sujet, où sont aussi abordés le contenu du programme masculin et la façon d’attirer davantage de gymnastes hommes. Deux freins ont été identifiés : d’une part, les clubs manquent de moyens techniques et de matériel, car une partie des agrès (barre fixe, barres parallèles, cheval d’arçons, anneaux) sont spécifiques ; d’autre part, les entraîneurs hommes ne sont pas assez nombreux et leurs homologues femmes parfois moins à l’aise pour faire travailler des agrès qui ne sont pas les leurs. »

 

Mixité. Constituer des équipes mixtes permettrait-il d’intégrer les garçons ? « L’idée est ancienne mais demeure à l’état de projet, car nous n’avons pas trouvé la formule idoine, et puis le calendrier est déjà très dense », explique Sébastien Desmots. Différentes formules ont toutefois été testées : faire matcher filles et garçons chacun de leur côté en compilant les résultats ; réunir des équipes de quatre filles et deux garçons engagés dans leurs agrès respectifs ; ou encore des formules plus festives. « Mais les expériences tentées hors du cadre compétitif n’ont pas fait recette : les gymnastes ont besoin de l’aiguillon de la compétition, c’est une question de culture. »

 

Transmission. Plus encore que d’autres disciplines, la gymnastique est une passion qui se transmet de génération en génération. Cela vaut d’ailleurs dans les deux sens car nombre de parents – de mamans – s’engagent comme juges pour permettre à leur progéniture de concourir. Le fait pour un ou une gymnaste d’être très vite sollicité pour entraîner contribue aussi à l’attachement envers son association.

 

Médiatisation. Même si la gymnastique Ufolep est accueillante et conviviale, cela suffit-il à expliquer le spectaculaire gain de licenciés enregistré ces dernières années ? Quels sont alors les autres facteurs ? « La gymnastique est de plus en plus médiatisée, notamment le circuit universitaire américain, analyse Sébastien Desmots. Les jeunes regardent beaucoup de vidéos montrant des enchaînements sympas, avec beaucoup d’ambiance : c’est du show et cela suscite des vocations. L’équipe de France est également valorisée depuis qu’elle obtient quelques résultats. » Si les hommes, déjà absents à Tokyo en 2021, ont encore échoué à se qualifier pour Paris 2024, en octobre les féminines ont en effet décroché le bronze aux Mondiaux 2023. Quand on se rappelle le formidable engouement suscité auprès des petites filles par la médaille d’or olympique obtenue à Sydney 2004 par Émilie Le Pennec aux barres asymétriques, on imagine le retentissement qu’aurait une telle performance de la part de Mélanie de Jesus dos Santos, que ce soit à ces barres asymétriques, au sol, à la poutre ou au saut de cheval, autant de disciplines où excelle la quadruple championne d’Europe… Si la fédération délégataire serait la première à bénéficier des retombées de cette exposition médiatique, l’Ufolep en tirerait aussi quelques fruits.

 

Zones blanches. Si la gymnastique Ufolep est florissante, il n’en est pas moins compliqué de la développer en l’absence d’un tissu associatif préexistant. Venue de le Fédération sportive et culturelle de France (FSCF), la Jeanne d’Arc de Charleville-Mézières n’est ainsi restée qu’une saison à l’Ufolep Ardennes. « L’absence de compétition dans le département et la région Grand Est a beaucoup joué », regrette la déléguée, Lauriane Léonard. En revanche, la greffe a pris pour l’Avenir Gym-Côte d’Azur de Nice, arrivé en 2022 tout en restant affilié à la FFGym pour ses compétiteurs les plus motivés (voir EJ n°55, mars 2023). Si l’Avenir Gym reste à ce jour l’unique club Ufolep des Alpes-Maritimes, ses licenciés prennent plaisir à se mesurer aux voisins des Bouches-du-Rhône ou des autres comités de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.


enveloppe Partager sur : partager sur Twitter partager sur Viadeo partager sur Facebook partager sur LinkedIn partager sur Scoopeo partager sur Digg partager sur Google partager sur Yahoo!

Afficher toute la rubrique