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UfoStreet, variations autour du ballon rond

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Des structures et des équipes gonflées à bloc, des ateliers sportifs et citoyens : retour sur la finale régionale Bourgogne-Franche Comté de l’Ufostreet League organisée le 18 avril à Mâcon (Saône-et-Loire).

Venues de toute la région, les équipes ont toutes débarqué sur le coup de dix heures dans un ballet de minibus et un crépitement de graviers. Des fourmis dans les jambes, les jeunes, âgés de 11 à 14 ans et issus de quartiers politique de la ville (QPV) ou de « zones de revitalisation rurale » (ZRR), s’égaient dès l’ouverture des portières déroulantes pour découvrir l’environnement dans lequel ils s’apprêtent à évoluer : le skate-park, où les attendent des trottinettes ; la pelouse, où les tentes dressées côtoient divers équipements sportifs ; et plus loin des boudins rouges qui forment les arènes des terrains de foot et de basket, installées par le comité hôte de Saône-et-Loire.

Les consignes viennent répondre à leur curiosité : tous prendront part à 9 activités, dont deux ateliers sur la laïcité et la sensibilisation aux premiers secours, et d’autres sportifs, dont trois autour du football : du pana (duels en un contre un dans un mini-enclos), du freestyle et un match en 5 x 5. Jusqu’à 16 heures, la journée s’organisera ainsi par cycles, 20 minutes par activité, avec deux matchs de foot et de pana. Les points acquis déterminent le classement, avant une finale entre les deux premières sous la forme d’un ultime match de foot faisant le plein de spectateurs.

Douze équipes. Parmi les douze équipes1, toutes passées par des étapes départementales, figurent à la fois des néophytes à ce niveau, comme le pôle animation de la mairie d’Auxerre (Yonne), et les tenants du titre de l’édition 2022 : la Maison des jeunes et de la culture (MJC) des Clairs-Soleils, du nom d’un quartier de Besançon (Doubs). Mais l’équipe a été totalement renouvelée, sans les champions de l’an passé : « Ils ont déjà vécu une édition de l’UfoStreet, or l’idée est de permettre à tous nos jeunes de sortir du quartier et de vivre cet évènement qui se distingue de la pure compétition », explique leur encadrant, Nohim Riad.

La motivation des 7 jeunes sélectionnés parmi les 40 inscrits au centre de loisir n’en est pas moins grande, nourrie de l’espoir de participer à la grande finale à Paris et entretenue par les photos affichées sur les murs de leur centre de loisir. « Outre la priorité était donnée à de nouveaux joueurs, l’autre portait sur l’esprit de compétition, ce pourquoi nous avons organisé un mini UfoStreet en interne. Nous avions aussi pour autres critères l’inscription dans un club de football et le bon comportement », précise Nohim.

Freestyle, secourisme, panna et trottinette. Le sort a voulu que la MJC Clairs-Soleils débute par l’atelier de foot freestyle, animé par le champion de France 2018 de la discipline, Jonathan Paul. Mais les conseils les plus avisés ne suffisent pas toujours : « décrocher » le ballon du sol, pour le propulser en l’air avant de le contrôler à la réception, est un geste d’artiste qui exige beaucoup de concentration et ne s’apprend pas dans les écoles de football. Au bout du pied des sept doubistes, tantôt le ballon est un boulet, tantôt une sphère remplie d’hélium : un coup trop à droite ou trop à gauche, trop haut ou trop bas…

Les néophytes auxerrois ne fanfaronnent pas non plus devant le QCM de l’atelier sur les premiers secours : que faire si mon camarade s’étouffe ? comment bien exercer le massage cardiaque ? quel numéro composer en cas d’urgence ? quel comportement adopter face à une hémorragie ? Mais, quelques intuitions aidant, Kenny et les siens récolent un 10 sur 10 : « On a un peu une âme de justicier », commente-t-il non sans fierté.

S’en suit pour les deux équipes des exercices à plus haute intensité, parcours de vitesse en trottinette et musculation style workout, avant une confrontation en pana-foot qui commence un duel entre Alexandre l’Auxerrois et Jalil le Bisontin, lequel ajoute au but marqué la technicité d’un petit pont. Score final, 5-1 pour les Clairs-Soleils : « C’est la pana-de », ironise Kenny.

Breaking. L’après-midi les attendent encore le « basket précision » et ce qu’ils e n’envisageaient pas forcément comme une discipline sportive bien qu’elle figure désormais au programme olympique : le breaking, ou breakdance. « Ouh la, mais je ne sais pas danser » entend-on dans les rangs. Mais, la sono aidant, tous s’efforcent de bonne grâce d’effectuer les mouvements en rythme et à l’unisson. « Finalement, c’était plutôt facile à suivre », constate Jalil.

Bilan. In fine, que garderont-ils de la journée ? « Une pratique d’équipe et le sens de la cohésion, estime Nohim, l’encadrant des Clairs-Soleils. Contrairement à une compétition de football classique où la présence des parents ajoute souvent à l’enjeu et à la tension, ici ils jouent entre copains, dans une ambiance conviviale. Ça change la donne, avec en plus la notion de voyage, la découverte d’activités nouvelles et ces ateliers citoyens qui donnent à réfléchir. Et les voir tous heureux et sympas, faire des tours en trottinette ou s’intéresser aux gestes qui sauvent, vient démentir le cliché des "racailles" des quartiers. »  

 

Balthazar Tramond

(1) Avec, outre celles citées dans l’article : Besançon-Montrapon (Doubs), Espace la Pépinière-La Charité-sur-Loire (Nièvre), Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), Mâcon quartier des Saugeraies, Cap Sud Mâcon, Centres de loisirs éducatifs en Mâconais et dispositif « Viens » commun à plusieurs communes de périphérie (Saône-et-Loire), Association Déclic du quartier des Grésilles à Dijon (Côte-d’Or, absente), Terre d’Émeraude Orgelet (les vainqueurs) et la Maison commune de Lons-le-Saunier (Jura).

 

« J’avoue j’étais un peu stressé »

« Il ne faut rien lâcher, même quand ça pique aux mollets. Mais, c’était amusant, instructif, et puis voyager en groupe c’est quelque chose. Ça forge l’esprit d’équipe et ça fait des souvenirs. » Kenny, 14 ans, Auxerre.

« C’était amusant, mais parfois physique, surtout le parcours de workout. Moi qui pensais qu’on allait juste jouer au football, j’ai découvert beaucoup d’activités. Un peu surpris, mais dans le bon sens du terme. » Rayan 13 ans, Clairs-Soleils.

« J’avoue j’étais un peu stressé sur la route : on appréhende toujours un peu et on veut gagner la coupe. On s’est bien échauffé pour les matchs de foot, mais pour le premier on n’était pas réveillés, on ne savait pas où se placer sur ce petit terrain nouveau pour nous : déstabilisés, en manque de repères. Du coup on a pris 4-0. Mais le dernier, on l’a gagné 8-0 ! » Alexis, Auxerre.


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