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Réchauffement climatique : les sports mécaniques veulent éviter le régime sec

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Parce qu’humidifier la piste est indispensable, motocross et sport auto sur terre sont directement concernés par les interdictions d’arrosage.

En août dernier, le National Ufolep de kart-cross d’Ainay-le-Château (Allier) a eu chaud, vraiment très chaud. « Le décret préfectoral interdisant tout arrosage est tombé le lendemain, sans quoi nous aurions dû tout annuler, se souvient Daniel Héaulme, responsable de la CNS auto. Sans arroser, sur une piste de terre les concurrents sont aussitôt plongés dans un brouillard impénétrable. Et comme il y a plusieurs courses, cela représente un volume d’eau considérable : 50 000 à 60 000 litres pour un week-end sec, voire plus. »

C’est pourquoi, afin de ne pas pomper l’eau des rivières et des canaux, ce qui est interdit, ni se brancher sur des vannes comme l’autorisent toutefois certaines municipalités, la plupart des circuits sont dotés d’une réserve creusée ou d’un étang. C’est le cas à Minzac (Dordogne), lieu d’accueil du National 2023, mais pas à Enne, pressenti pour celui de 2024 dans un département des Pyrénées-Orientales qui, cet hiver, était déjà en situation de sécheresse. « On en vient à espérer la pluie, qui nous a sauvé la mise l’an passé pour le National de poursuite sur terre à Guémené-Penfao (Loire-Atlantique), où comme ailleurs en France la canicule sévissait peu avant ! » rappelle Daniel Héaulme.

La FFM en quête de solutions. Le problème se pose de la même façon en motocross, pour l’Ufolep comme pour la Fédération française de motocyclisme. « Il n’y a pas de réponse toute faite, et cela rejoint la question environnementale, très prégnante, observe Vincent Chaumet-Riffaud, directeur général de la FFM. Nous allons vers des saisons de plus en plus sèches et les ressources en eau sont devenues une préoccupation majeure pour nous. » La FFM a ainsi créé en mars un groupe dédié qui, avec pour mot d’ordre la « sobriété » et principaux axes de travail « les équipements, les sols et la saisonnalité ».

Côté équipements, certains clubs ont anticipé en matière de récupération des eaux de pluie. Ceux qui disposaient de citernes ainsi abondées (et non pas en puisant dans les nappes phréatiques) se sont ainsi préservés l’an passé des interdictions d’arrosage. Les épreuves de moto-cross – à l’image du Super Trophée de France Ufolep, organisé cette année du 11 au 13 août à Crozant (Creuse) – sont en effet particulièrement gourmandes en eau. Une question de sécurité : trop de poussière crée des brouillards visuels qui sont sources de danger, pour les pilotes et pour les spectateurs. Coller la poussière au sol rend la piste plus roulable.

Lorsqu’il existe du bâti sur les circuits, certains clubs, en particulier dans le sud de la France, le mettent à profit pour récupérer les eaux pluviales : une bonne pratique que la FFM souhaite élargir à l’ensemble de ses clubs en les aidant financièrement à se doter du matériel nécessaire. « Mais notre réflexion est plus globale et porte aussi sur la nature des sols, explique Vincent Chaumet-Riffaud. Mélanger des copeaux de bois à la terre permet de conserver davantage d’humidité en surface. Une autre solution, qui celle-ci ne nécessite pas d’eau, consiste à modifier la texture de la piste avec l’ajout de sable, comme en Belgique et aux Pays-Bas. »

L’hiver plutôt que l’été. Troisième axe de réflexion, la saisonnalité des épreuves, afin de « de commencer plus tôt dans la saison et de moins rouler sur lors des périodes sèches et critiques ». L’an passé, la FFM a ainsi vu une trentaine de ses évènements interdits par les préfectures au titre de la sécheresse lorsque les organisateurs ne disposaient pas d’une réserve d’eau non issue de pompage. « Même si le gros de nos manifestations est concentré entre mars et juin puis septembre-octobre, moins en juillet-août, une des options consiste à rouler davantage l’hiver, précise Vincent Chaumet-Riffaud. Mais cette année certains départements, comme les Pyrénées-Orientales, étaient déjà en déficit hydrique ! » D’ailleurs, que l’été soit sec ou arrosé, l’interdiction de pratique est de rigueur de juin à septembre en Provence-Alpes-Côte-d’Azur en raison des risques d’incendies.

En tout cas, à la FFM on en est persuadé : « Il faut s’adapter au changement climatique pour permettre à l’activité de perdurer. » Ph.B.


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