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Sport en prison : « Il faut dépasser les préjugés »

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Délégué Ufolep des Deux-Sèvres, Alexis Denis intervient depuis sept ans auprès de détenus de la maison d’arrêt de Niort.

Alexis Denis, pourquoi l’Ufolep intervient-elle à la prison de Niort ?

Tout est parti d’une intervention commune avec la Ligue de l’enseignement, dans le cadre de l’opération « Jouons la carte de la fraternité ». En discutant avec l’animatrice de la maison d’arrêt, je lui ai proposé d’animer des activités sportives. Une association intervenait déjà quotidiennement dans les murs, mais il n’existait de permissions sportives à l’extérieur. 

Comment ces séances se déroulent-elles ?

Une fois par mois, ma collègue Marie Thébault de la Ligue et moi-même emmenons 6 détenus pendant un après-midi, de 13 h 30 à 17 h. Ceux-ci sont déjà jugés, condamnés à de petites peines ou en attente de transfert. Le programme est communiqué deux à trois mois à l’avance, ce qui leur permet de s’inscrire. Pour y postuler, les détenus doivent avoir effectué la moitié de leur peine et avoir un bon comportement. Ensuite c’est la juge d’application des peines (Jap) qui accorde ou non la sortie, selon des critères que nous ne connaissons pas. Depuis cinq ans, l’animatrice du service probation-insertion (Spip) nous accompagne, et aussi un surveillant pénitentiaire depuis l’arrivée il y a six mois d’un nouveau directeur. Nous utilisons le minibus de l’Ufolep et les détenus ne sont pas menottés. C’est un trajet normal vers le lieu de pratique.

Quelles activités proposez-vous ?

De l’ultimate, de la marche nordique, du volley, du foot, des sports de raquette, de la course… Jamais de renforcement musculaire : nous sommes une fenêtre sur l’extérieur. De temps en temps, nous faisons aussi appel à des associations, affiliées ou non à l’Ufolep, pour montrer aux détenus que des clubs pourront les accueillir à leur sortie de prison. Des clubs de boxe chinoise, de tennis, de football américain... Mais il faut qu’ils aient un éducateur, disponible à ces horaires contraints. Enfin, une fois par an, nous proposons en plus une sortie sur une journée entière autour d’activités de pleine nature : dans le marais poitevin par exemple, mais sans jamais s’éloigner de plus de 30 km.

Depuis peu, vous intervenez aussi dans les murs…

Oui, dans le cadre d’un projet « Un mois, un sport olympique » lancé en janvier par le Spip, à la fois hors de la prison et à l’intérieur de celle-ci. En février c’était du volley, pratiqué à l’occasion de notre sortie mais aussi lors d’une intervention en prison ouvertes à tous les détenus volontaires, y compris ceux encore en attente de jugement. C’est le cas également des quatre formations aux premiers secours (PSC1) que nous encadrons chaque année.

Quel sens donnez-vous au fait d’intervenir en prison ?

À l’Ufolep Deux-Sèvres, nous sommes très engagés dans l’accessibilité du sport, avec par exemple des actions pour les gens du voyage, les demandeurs d’asile ou les femmes victimes de violence. Il était donc normal pour nous de s’adresser aussi aux détenus de la maison d’arrêt. Nous sommes persuadés que c’est la place et le rôle de l’Ufolep. Néanmoins nous communiquons peu sur ces actions car ce n’est pas toujours bien compris et ni considéré : il suffit de lire les commentaires sur les réseaux sociaux. Mais il faut dépasser ces préjugés et arrêter de croire que tous les détenus sont des grands voyous irrespectueux.

Propos recueillis par Balthazar Tramond

Sport pour tous, et en tout lieu

L’offre d’activités sportives de l’Ufolep est utile et précieuse en tout lieu de résidence, que celle-ci soit choisie ou contrainte. Or l’isolement, par définition, prive d’activité physique et de ses bénéfices pour la santé, le psychisme et le lien social. C’est pourquoi l’apport de nos animateurs sportifs est si important en prison. Les témoignages recueillis dans ce dossier convergent, qu’il s’agisse de ceux de l‘administration pénitentiaire, des éducateurs de l’Ufolep ou des détenus qu’ils encadrent et dont ils relaient aussi l’expression. Il n’y a donc aucune contradiction à ce que l’Ufolep, fédération sportive émancipatrice allant depuis toujours au-devant des publics éloignés de la pratique, contribue à améliorer la vie quotidienne des détenus et à favoriser leur réinsertion.

Arnaud Jean, président de l’Ufolep


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