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« Je ne cours pas, je vole ! », ou l’ambivalence du sport

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Usain Bolt, Rafael Nadal, Laure Manaudou, Hailé Gebrselassie… Élodie Menant convoque sa dream team sur la scène du Théâtre du Rond-Point pour faire écho aux tourments d’une coureuse de 800 m.

Dès le premier tableau, figés dans leur geste on les reconnaît aussitôt, qui à son maillot, son bandeau, son short ou son justaucorps : Laure la nageuse, Rafa le tennisman, Usain le sprinter, Hailé le coureur de fond… Il y a aussi Rita la gymnaste russe, et au milieu Julie Linard, espoir français du 800 mètres.

C’est son histoire et ses drames intimes que raconte la pièce d’Élodie Menant, qui interprète elle-même la mère de la jeune championne et Laure Manaudou. Elle y a mis beaucoup d’elle-même, à commencer par ces crises d’asthme contre lesquelles, poussée par son père, elle luttait en courant pour trouver un nouveau souffle.

Pour Julie, parfois dans l’effort tout devient léger : « Je ne cours pas, je vole ! » confie-t-elle tandis que sa dream team la porte aux nues, telle une meneuse de revue soulevée par ses boys. Mais souvent la souffrance est au rendez-vous : celle des entrainements répétitifs, des blessures et de l’échec, lorsqu’on échoue au pied du podium.

En écho à ses doutes, chaque champion et championne pioche dans ses souvenirs pour témoigner de l’ambivalence du sport. La gloire de la victoire, l’adrénaline de la compétition et les endorphines de l’effort ne sont qu’une des deux faces de la médaille. L’autre est sombre et douloureuse.

Le propos pourrait sembler convenu, mais il prend corps dans la mise en scène chorégraphiée, bondissante et pleine d’inventivité de Johanna Boyer. Les comédiens, qui changent de personnage à une allure effrénée, sont tous épatants et les interventions d’un duo de commentateurs élève encore le rythme en entretenant le suspense de la course de leur bagout de camelots. Peut-être Élodie Menant adresse-t-elle là quelques piques à son père, Marc, qui n’était pas le plus sobre des commentateurs sportifs. Au passage, la machinerie médiatique et le barnum des Jeux olympiques en prennent aussi pour leur grade.

S’il y avait une faiblesse, ce serait dans le personnage du frère, atteint d’un souffle au cœur qu’aggravent les émotions vécues en suivant les exploits de sa sœur. Alors qu’à certains moments on rit franchement, cela ajoute un pathos qui, sur la fin, alourdit l’ensemble et parasite un peu l’argument de la pièce. On n’en sort pas moins de celle-ci à la fois plein d’énergie et riche de questionnements.

 

Philippe Brenot

 « Je ne cours pas, je vole ! », une pièce d’Élodie Menant, mise en scène Johanna Boyé, avec Vanessa Cailhol (Julien Linard), Olivier Dote Doevi (Usain Bolt), Alex Mandron ou Slimane Kacioui (Haile Gebrselassie), Yona Noiret (Rita), Laurent Paolini (Rafael Nadal) et l’autrice elle-même. 1 h 20. Jusqu’au 31 décembre au Théâtre du Rond-Point puis en tournée dans toute la France. Un spectacle parrainé par l’Ufolep.


www.theatredurondpoint.fr
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