Socio-sport : l’Ufolep très bien référencée

Qu’est-ce que le « socio-sport » et qui en sont les acteurs ? Une rapide recherche sur internet en fournit une bonne idée : dix premières références où l’Ufolep n’est jamais loin.

« Le socio-sport s’adresse à des publics éloignés de la pratique sportive, qui n’y viendraient pas d’eux-mêmes et qu’il faut aller chercher. Le sport y est au service du social, pas l’inverse. » Voilà ce qu’on peut lire en tapant « socio-sport » dans le plus commun des moteurs de recherche : la définition ouvre l’interview accordée en février 2019 au site internet de l’Ufolep par Camille Collet, auteure d’une thèse sur « l’espace des socio-sports rennais ». « Dans le socio-sport, les effets se mesurent à long terme : on ne gagne pas un championnat, on ne remporte pas une coupe. On raisonne en attendus sociaux », complétait un peu plus loin celle qui était alors élue nationale Ufolep et demeure coordinatrice socio-sport au Cercle Paul-Bert de Rennes.

Dans son étude, Camille Collet identifie six catégories d’acteurs du socio-sport. Premièrement, les clubs sportifs traditionnels, lorsqu’ils se réclament du socio-sport au regard de leur action socialisatrice. Deuxièmement, les maisons de quartier, qui investissent désormais le champ des activités physiques au côté des activités socio-culturelles. Troisièmement, les fédérations et clubs associant pratique traditionnelle et actions spécifiques vers les publics les plus éloignés de celle-ci, à l’image de l’Ufolep. Quatrièmement, la filière sportive territoriale, en l’occurrence la Ville de Rennes dans le périmètre d’étude défini. Cinquièmement, les associations d’insertion par le sport, et sixièmement les structures spécialisées (instituts médico-éducatifs, résidences pour personnes handicapées, Ehpad, etc.), qui mobilisent le sport parmi d’autres outils.

La deuxième référence proposée par Google renvoie à la Fédération française Sports pour tous et à ses programmes à « dimension éducative et sociale renforcée », identifiés au public des 6-11 ans, des adolescentes et des « personnes sous main de justice ». Dans la présentation de ses actions, la FFSPT préfère toutefois le terme de « sport socio-éducatif », qu’on peut juger plus neutre.

L’enjeu de la formation

La troisième entrée éclaire l’enjeu déterminant de la formation des intervenants du socio-sport. « Vous hésitez entre sport et travail social ? Le métier d’éducateur socio-sportif est fait pour vous : ce professionnel accompagne en effet des publics vulnérables », explique Le Média Social, qui précise : « Si en général l’éducateur sportif se contente d'encadrer une activité sportive, il devient "éducateur socio-sportif" quand il exerce son métier dans une association, un établissement ou un service social ou médico-social dont le projet est d'accueillir et d'accompagner des publics en difficulté. Son rôle est alors de favoriser le développement individuel et social des personnes accompagnées ainsi que leur adaptation à leur milieu de vie, en utilisant le sport comme support dans le champ du handicap, de la santé mentale, de l'aide sociale à l'enfance, de la réinsertion sociale… »

Si l’on peut entrer dans la carrière par l’animation, Le Média Social souligne que « sont plus souvent attendus des diplômes préparant à une fonction sportive avec une dimension sociale ». Et de citer notamment le Diplôme d'État de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (Dejeps), options « animation socio-éducative ou culturelle » ou « activités physiques et sportives adaptées ». L’article donne l’exemple du jeune rugbyman Alexandre Pujo Aizpuru qui, après « une première année décevante en Staps », a préparé un Brevet professionnel jeunesse éducation populaire et sport (BP Jeps) en alternance au sein de l’association toulousaine Rebonds. Une association dont il a ensuite rejoint l’équipe d’éducateurs et qui, soit doit en passant, est affiliée à l’Ufolep...

La quatrième référence ramène aussi à l’Ufolep et à son comité du Gard, qui a conçu son propre module de formation à l’intention des bénévoles et professionnels du sport et de l’animation souhaitant « utiliser l’outil sportif autrement » : « Comment transmettre des valeurs par le sport ? Comment évaluer l’impact sportif éducatif et social de mes séances ? Comment accompagner le public dans son parcours de vie ? » sont les questions cruciales auxquelles cette formation se propose de répondre.

À l’international aussi

Au cinquième rang du référencement vient l’ONG Play International, également affiliée à l’Ufolep, avec une présentation de son kit de 10 sessions socio-sportives pour les 8-12 ans, « conçues pour favoriser le développement des compétences psychosociales autour des concepts de respect, d’entraide, de communication et d’esprit d’équipe ». Les contenus sont en anglais (« Challenge yourself », « No matter who », « Make the rules », « Together better », etc.), l’association œuvrant principalement à l’étranger, dans les pays en guerre et auprès des personnes réfugiées.

La sixième entrée, hors sujet, est celle d’un site de traduction, et la septième ramène de nouveau à la formation : le Campus Sport Bretagne de Dinard y vante son BP Jeps « activités physiques pour tous et animation sociale », proposé en alternance sur 15 mois. « Cette formation novatrice a été créée en 2013 et les 21 stagiaires ont quasiment tous trouvé rapidement un emploi. » À bon entendeur…

Les huitième et neuvième entrées proposent tout simplement la thèse de Camille Collet en téléchargement : www.tel.archives-ouvertes.fr ou www.theses.fr. Enfin, la dixième référence met à l’honneur le comité Ufolep de Savoie, où le socio-sport a une forte coloration sport-santé.

De ce vagabondage sur internet on pourra donc tirer cet enseignement : l’Ufolep est probablement la fédération qui s’est le plus approprié le concept de « socio-sport » et le décline de la manière la plus volontariste sur le terrain. Ne manque plus que la notice Wikipédia en guise de confirmation.

Philippe Brenot