"L’entraîneur et l’enfant", de l’emprise aux abus sexuels

Garçon ou fille, un sportif sur sept serait victime d’une forme de violence sexuelle avant ses 18 ans, selon les résultats d’une étude menée aux Pays-Bas et en Belgique et publiée en 2015. Une étude considérée comme la plus large et la plus crédible réalisée à ce jour par Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac, qui complète aujourd’hui par un livre son film documentaire sur les Violences sexuelles dans le sport, diffusé l’an passé sur Arte.

Pour le journaliste d’investigation, dont le sport n’est pas le domaine de prédilection, ce phénomène n’est pas un problème individuel mais systémique, lié aux rapports entre L’entraîneur et l’enfant. Sans minorer les abus verticaux (exercés par d’autres membres d’une équipe ou d’un club, comme les viols dont fut victime en 1991 la lanceuse de marteau Catherine Moyon de Baecque de la part d’athlètes masculins de l’équipe de France), il pointe les abus commis par des encadrant disposant d’une forme d’autorité sur les jeunes sportifs. Une autorité morale, physique, sociale ou économique, quand une jeune pousse douée dans un sport ambitionne de faire de sa passion son métier et que ses proches se projettent dans sa future carrière.

Des chercheurs ont identifié quatre étapes dans cette emprise : « cibler la victime vulnérable », « créer une intimité », « isoler et contrôler » et « inverser la culpabilité ». Quatre étapes souvent présentes dans les témoignages réunis par Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac dans son enquête, qui fait référence aux affaires qui ont récemment ébranlé le sport français mais conduit également le lecteur en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Ph.B.

L’entraîneur et l’enfant. Les abus sexuels dans le sport, Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac, Seuil, 336 pages, 19 €.