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Accueillir le handicap dans les associations Ufolep

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Fédération du sport pour tous, attentive aux publics les plus éloignés de la pratique, l’Ufolep compte plus de 3 000 personnes handicapées dans ses rangs. Elles pourraient cependant être plus nombreuses. Comment mieux les accueillir ?

Le handicap arrive parfois par hasard dans la vie d’un club. Ce fut le cas à la Compagnie des Archers de Saint-Étienne-de-Chigny, en Indre-et-Loire : « À la création du club, se souvient son président Jérôme Gibeaud, nous n’avions pas de gymnase et c’est l’institut médico-éducatif du village voisin qui nous a hébergés. Nous avons alors proposé tout naturellement aux jeunes une initiation au tir à l’arc. Aujourd’hui, nous possédons notre propre gymnase, tout en conservant un lien fort avec l’IME : des jeunes de 15-18 ans viennent tirer chaque mercredi avec leur éducatrice. »

Mais, le plus souvent, le handicap entre dans l’ADN d’un club pour des raisons personnelles. Yoann Ferreira, cofondateur de Parkour 59, explique : « Les parents de l’un d’entre nous avaient de gros problèmes de santé. Dès le départ, nous avions donc le désir d’ouvrir l’activité à un public dépendant. Depuis l’obtention de mon diplôme d’animateur sportif d’activités physiques pour tous, nous accueillons des déficients mentaux jeunes et adultes pour des séances de franchissement d’obstacles. »

Véronique Delaune, responsable pédagogique de l’Aqua Baby Club d’Évreux, qui accueille des bébés nageurs (et des plus grands) pour des séances ludiques, nourrit elle aussi « une sensibilité particulière » à l’égard du handicap : « Accueillir des enfants handicapés s’est fait d’autant plus naturellement que nous avons pour philosophie de respecter le rythme et les capacités de chaque enfant. »

Même souci de la part de Jean-Paul Berthomé, animateur bénévole à l’Amicale laïque de Haute-Goulaine, et des membres de la section de course à pied. Eux ont lancé un appel aux dons pour acheter une joëlette, ce fauteuil roulant monoroue conduit par cinq personnes : « Cela a permis à trois jeunes handicapés de notre entourage de participer avec nous à des courses de masse telles que les Foulées du tram ou le Marathon de Nantes. »

Adapter l’activité

Expliquer les consignes autrement, plus lentement, rapprocher la cible au tir à l’arc, placer le panneau de basket-ball plus bas, etc. Quantité de solutions permettent une situation, ou d’adapter un jeu. « Tant pis si le geste n’est pas toujours très académique !, sourit Dominique Garcia, délégué de l’Ufolep de Haute-Vienne, qui organise des journées à thème pour ses partenaires du sport adapté. On mesure la réussite de la séance autrement : en regardant l’enthousiasme des pratiquants, leur fierté. L’émotionnel et l’affectif sont omniprésents dans ces séances qui bousculent parfois nos repères. »

De son côté, Olivier Rabin, délégué Ufolep du Finistère, se déplace dans des foyers pour adultes polyhandicapés ou déficients mentaux pour leur faire découvrir la boccia (jeu de boules où on utilise une gouttière pour les lancer), le torball (adapté aux non-voyants, avec son grelot intégré au ballon), la sarbacane ou d’autres activités innovantes et ludiques comme le kinball, le poul-ball ou le cardiogoal : « On s’exonère des règles habituelles et on utilise ces jeux pour développer les habiletés. On promeut la mise en réussite, même avec un objectif très modeste : faire une passe à un copain peut être source d’une immense fierté, qui va nourrir la confiance en soi. »

Il suffit parfois d’adapter les attentes aux capacités de la personne, comme le font Véronique Delaune et les animateurs de l’ABC Évreux pour les cas de forme légère d’autisme : « On accepte que l’enfant ne respecte pas tout à fait la consigne ou s’échappe un instant dans sa bulle, tandis que les autres se mettent deux par deux. »

Même dans une activité pouvant être considérée à risque, comme le parkour, l’adaptation est possible, souligne Yoann Ferreira : « On adopte un rythme plus lent pour les séances, en signalant ce qui est dangereux et en expliquant que chuter fait partie du processus d’apprentissage. Cela se passe d’autant mieux que les éducateurs du foyer ont sélectionné au préalable les sept ou huit "candidats" capables d’avoir peur, ce qui est indispensable pour éviter de se mettre en danger sans en avoir conscience. Ces pratiquants possèdent souvent une énergie qui décuple leurs capacités physiques ! »

Sport pour tous

En matière d’accueil des personnes en situation de handicap, le Patronage laïque d’Oullins possède une expérience de quinze années. Deux éducateurs homme et femme, formés aux activités adaptées, accueillent treize groupes de déficients mentaux et autistes, ainsi qu’un groupe d’enfants autistes de 8-12 ans. Au total, 120 personnes, soit 10 % des adhérents du club, viennent chaque semaine pratiquer trampoline, kinball, ultimate, basket-ball, boule lyonnaise, tchoukball, etc. « Deux fois par an, nous organisons aussi des rencontres qui réunissent toutes les structures partenaires, en mobilisant nos animateurs et en faisant appel à des élèves de terminale du lycée professionnel voisin en formation dans l’aide à la personne », complète Pierre Halbardier, responsable de la section handicap du PLO.

De son côté, le comité Ufolep de Haute-Vienne a profité de l’arrivée dans ses rangs d’un animateur formé au sport adapté. « Nous avions pris conscience que, centrés sur les activités quotidiennes et les clubs à gérer, nous oubliions certains publics. Et même si nous avons peu de sollicitations venant de pratiquants handicapés, nous avons jugé important d’y répondre, et de les inscrire dans la durée », affirme le délégué départemental, Dominique Garcia.

C’est à la suite d’une sollicitation du comité du sport adapté pour des groupes de déficients mentaux adultes que le comité a décidé d’innover : « Nous nous sommes lancés dans des journées d’activité dans la nature : marche nordique, slackline (où l’on progresse en équilibre sur une sangle tendue entre deux arbres), stand up paddle, course d’orientation… Et je répète souvent aux éducateurs : "Ne vous mettez pas de barrières ! Les pratiquants handicapés en ont déjà assez dans leur vie".»

Gommer les différences

Justement, ces barrières, le sport permet parfois de les faire disparaître. « Dans le parkour, on saute, on bouge, on grimpe, on se déplace comme on le sent, ce qui gomme les différences », observe Yoann Feirrera.

Il arrive aussi que ceux qu’on n’attend pas se débrouillent mieux que d’autres. Véronique Delaune l’a vécu avec certains bébés nageurs handicapés : « L’apesanteur amoindrit le handicap moteur. Un tout-petit qui marche mal se déplace mieux dans l’eau que sur terre : il y retrouve une liberté de mouvement. Je me souviens d’un petit garçon de deux ans qui marchait mal. Un jour, il s’est tracté en haut du toboggan et en est redescendu sur le ventre, tête la première dans l’eau, sous l’œil ébahi de ses parents. Il se débrouillait mieux que bien des enfants valides qui, assis en haut de l’échelle, redoutent parfois l’étape de l’immersion. »

Et si nous laissions définitivement nos préjugés au vestiaire ?

Anne Lamy


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