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Socio-sport : une méthode, une pédagogie, des dispositifs

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Qu’est-ce qui caractérise le socio-sport à l’Ufolep ? Quelle est son histoire ? Que représente-t-il aujourd’hui ? Revue de détail avec Adil El Ouadehe, directeur technique adjoint sport société.

Adil El Ouadehe, qu’est-ce que le socio-sport à l’Ufolep aujourd’hui ?

Le socio-sport Ufolep s’appuie sur une méthodologie, une pédagogie et des dispositifs. La méthodologie réunit tous les éléments qui permettent à un comité départemental ou régional de développer le socio-sport, notamment en termes de ressources humaines : profils d’organisation, stratégies de changement d’échelle, outils d’évaluation des actions menées et du modèle économique.

La pédagogie socio-sportive propre à l’Ufolep repose ensuite sur un socle caractérisé par le fait d’utiliser le sport comme outil, de choisir le multisport comme levier opérationnel, et de mettre en place des cercles de parole, en lien avec l’idéologie et les priorités politiques de la fédération. Ces espaces de dialogue et de transmission avec le public peuvent prendre différentes formes selon les projets et de l’environnement dans lequel on intervient : pied d’immeuble, centre social, milieu pénitentiaire, association sportive… Cette « verbalisation » peut se faire en amont ou en aval de la pratique sportive, voire pendant lorsque c’est la seule possibilité.

Et les dispositifs ?

Nos différents dispositifs correspondent à quatre grands axes d’intervention. Un, la réduction des inégalités d’accès à la pratique sportive. Deux, l’éducation par le sport. Trois, l’insertion sociale et professionnelle. Quatre, le travail militant et de stratégie d’influence. Pour chacun, l’approche opérationnelle, les indicateurs et les publics ciblés peuvent varier. En revanche, il est difficile de réunir plusieurs axes dans nos actions, sauf à en rester au niveau des intentions. Par exemple, les dispositifs UfoStreet (autour des sports urbains) et Toutes Sportives (dédié au public féminin) visent principalement à lever les freins d’accès à la pratique sportive. Les programmes À Mon Rythme (notre offre sport-santé, tournée vers la remobilisation physique des personnes sédentaires) et le travail sur la transition écologique et les recycleries sportives sont plutôt de l’éducation par le sport, tandis que le parcours coordonné a pour objectif l’insertion sociale et professionnelle. Enfin, la stratégie d’influence passe par les dispositifs « parole politique » et « société en mouvement ».

Combien de comités sont-ils aujourd’hui engagés dans la démarche socio-sport, et combien de personnes les actions socio-sport touchent-elles ?

Environ 90 comités sont engagés, et l’on peut estimer le nombre de personnes touchées à au moins 100 000, voire beaucoup plus, car les comités sont encore loin de toutes les comptabiliser via nos outils fédératifs. En juillet-août 2020, le seul comité de l’Essonne a ainsi distribué 57 000 titres individuels de participation dans le cadre de l’opération Quartiers d’été ! Et le Playa Tour touche 30 000 personnes chaque année, UfoStreet 10 000, les formations aux premiers secours (PSC1) dans les quartiers urbains et zones de revitalisations rurales un bon millier... Si les statistiques étaient représentatives du volume d’activité socio-sportif des comités, l’Ufolep comptabiliserait au moins deux fois plus d’adhérents !

Sur quels axes et quels dispositifs les nouveaux comités entrent-ils généralement dans la démarche socio-sport ?

L’accompagnement fédéral induit beaucoup de choses : plus il y a de ressources à disposition (pas seulement financières mais aussi des outils pédagogiques et de kits de matériel), plus il y aura de comités engagés sur un dispositif. Cela a aussi à voir avec l’appétence et le parcours personnel des acteurs locaux : Jean-Gilles Justin, ancien éducateur du Cercle Paul-Bert de Rennes et aujourd’hui directeur adjoint au comité régional Ufolep Bretagne, est par exemple très sensible à la question de l’insertion sociale et professionnelle ; de même, il est assez naturel que Mélanie Gentil, du Loiret, qui vient du football, ait souhaité développer Toutes Sportives et UfoStreet. Nous ne cherchons aucunement à brider cela dans la formation des éducateurs sportifs : nous les invitons au contraire à exprimer leur vision. Le plus simple est de commencer par la thématique qui correspond à sa sensibilité.

Quels sont les publics cibles du socio-sport à l’Ufolep ?

Le fait de formaliser le concept de socio-sport a permis de dépasser le cliché des « jeunes de quartier qui font du futsal ». La réalité de la fédération et de son approche socio-sportive n’est pas celle-ci. Elle est beaucoup plus large. Intervenir sur la santé ou l’insertion professionnelle, c’est tout autre chose que d’animer un créneau d’activités de proximité. L’histoire de l’ufolep, c’est aussi celle d’une fédération qui couvre tout le territoire et s’adressant à tous les publics. Le socio-sport à l’Ufolep, cela va d’écoles de sport dans les quartiers et en milieu rural jusqu’à du sport-santé en Ehpad, en passant par le Playa Tour et les caravanes estivales départementales, les actions de formation sur plusieurs mois, etc. L’actuel déploiement des Ufo3S, Maisons sport santé société, s’appuie d’ailleurs sur cette diversité. Et nous ne nous limitons absolument pas aux zones urbaines sensibles : dans l’Yonne, le dispositif UfoStreet se décline essentiellement en milieu rural, et la Creuse est l’un des comités les plus engagés dans le socio-sport à travers ses nombreuses associations à objet non sportif. Et l’on peut aussi citer l’Aveyron, le Gers, l’Ariège…

Le socio-sport repose sur des financements et des partenariats nationaux et locaux : qui sont ces partenaires ?

Le ministère des Sports et l’ANS tout d’abord, qui restent nos premiers partenaires, et aussi les ministères de la Ville, de la Santé, de la Justice, et aujourd’hui de l’Intérieur pour un projet portant sur les migrants, et de la Mer pour un travail pédagogique sur la préservation des océans en lien avec le Playa Tour1. Nous allons également rencontrer le ministère de l’Emploi au sujet de notre parcours coordonné d’insertion professionnelle. Et puis il y a bien sûr l’Agence nationale du sport (ANS), l’Agence nationale des chèques-vacances (ANCV), Paris 2024… Des conventions sont signées avec tous ces partenaires, auxquels il faut en ajouter d’autres, comme la Mildeca, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et conduites addictives.

Comment ces partenariats sont-ils déclinés localement ?

Nous ajoutons toujours des éléments locaux à ces conventions pour qu’ils se traduisent immédiatement sur le terrain. L’accord-cadre avec le ministère de la Ville a ainsi permis l’engagement de nos comités dans les contrats de ville : 60 d’entre eux sont ainsi aujourd’hui positionnés. Idem pour la Prévention judiciaire de la jeunesse (PJJ), qui est un service du ministère de la Justice. 

Sur quelles bases le socio-sport Ufolep s’est-il développé ?

Henri Quatrefages, président du comité de l’Hérault et vice-président national sport société, le dit très bien : nous avons pu conceptualiser le socio-sport parce qu’il a toujours existé au sein de la fédération. Dès les années 1980, les comités pionniers des Bouches-du-Rhône et du Var utilisaient ce terme de socio-sport, auquel les comités les plus présents sur la réduction des inégalités d’accès au sport – comme la Gironde ou l’Hérault avec ses tournois de quartier – ont aussi donné une réalité de terrain. Au passage, cet axe de la réduction des inégalités d’accès est d’ailleurs celui qui offre le plus de passerelles avec le secteur sport éducation, le but étant la création d’associations en prolongement d’actions socio-sport.

Et concernant les autres axes ?

L’Ille-et-Vilaine et les comités bretons furent pionniers en matière d’éducation par le sport, avec des caravanes du sport soutenues localement par les services de l’État. Et la Somme a joué un rôle précurseur dans le domaine de l’insertion sociale et professionnelle avec ses premières formations-insertions. En remontant plus loin, du côté des références, les T-shirts blancs de l’UfoStreet rappellent les tenues immaculées des lendits Ufolep d’hier, avec le numéro du département d’origine inscrit dans le dos en guise d’écusson…

Propos recueillis par Philippe Brenot


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