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Réfugiés: Mohammed, l’âme d’un coach

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Repéré lors de séances avec des demandeurs d’asile, Mohammed, originaire d’Irak, est actuellement éducateur sportif à l’Ufolep Gers, en service civique. 

C’est une histoire de rencontres. La première, c’est quand Albert Khachatryan, 26 ans, croise dans une rue d’Auch une éducatrice du Centre d’accueil de demandeurs d’asile où il a été hébergé à son arrivée d’Arménie. Il lui raconte comment il est devenu éducateur sportif et formateur aux premiers secours (PSC1) à l’Ufolep. Or les salariés du Cada ont besoin d’être formés : quel plus beau symbole que ce soit un ancien réfugié qui encadre la formation !

« De fil en aiguille, nous leur avons proposer d’animer des activités sportives », résume le délégué départemental, Simon Duran. Depuis l’an dernier, l’Ufolep Gers propose ainsi un rendez-vous hebdomadaire de multisport mixte. Des réfugiés souvent originaires de la Corne de l’Afrique (Érythrée, Éthiopie, Somalie), du Moyen-Orient (Syrie, Irak) ou d’Asie du Sud-Est (Bangladesh, Afghanistan, Pakistan, Inde) s’initient ainsi au tchoukball, au kinball ou au speedminton. « Ils voudraient aussi nous faire découvrir des sports qu’ils connaissent, comme le cricket ou le volley-ball. »

À ce premier créneau s’en est ajouté un deuxième, féminin et orienté sport santé, sur la base du dispositif Toutes Sportives. Animé par une éducatrice mutualisée avec le Comité départemental olympique et sportif (Cdos), il réunit des femmes hébergées au Cada et d’autres, accompagnées par la maison départementale Enfance et famille et le Centre d’information sur les droits des femmes (CIDFF). Mixte ou féminine, chaque séance attire une dizaine de personnes.

Le seconde rencontre, c’est quand Albert remarque un jeune irakien parmi les plus assidus du créneau mixte. « Il montrait une vraie appétence pour l’animation, toujours le premier à aider. Aussi, après qu’il a obtenu son statut, nous lui avons proposé un service civique de 9 mois portant sur l’animation sportive pour les réfugiés. »

Ce service civique entamé le 1er décembre a permis à Mohammed d’être mieux accompagné sur l’apprentissage du français – il le parle à présent très bien, l’écrit restant plus difficile – et de passer le Certificat de qualification professionnel d’animateur de loisir sportif (CQP ALS) et le brevet d’animateur professionnel (Bafa), dans le cadre d’une formation partenariale régionale avec la Fédération Léo-Lagrange inspirée du « parcours coordonné ».

« Mohammed est très pro, dans la sécurité comme dans l’accompagnement des personnes, et il a une vraie complicité avec Albert. Quand ils animent une séance, ils incarnent aussi deux parcours d’intégration réussis », souligne Simon Duran. Sa mission est aussi en partie mutualisée avec l’association Sportis (Sport international solidaire), qui anime des séjours pour jeunes migrants en lien avec l’Agence nationale des chèques-vacances (ANCV). « Mohammed fait le lien entre l’Ufolep, Sportis et les jeunes ciblés pour les inciter à participer, explique Simon Duran. Il aime le vélo et met en place des sorties VTT sur ces séjours, ce qui exige tout un travail de repérage. Et là il travaille sur une journée à la mer pour les résidents du Cada, en s’inspirant d’une sortie à la station de ski de Peyragudes. » Ce qui est aussi une façon de poursuivre son acculturation. Ph.B.

 

« En Irak, je jouais au foot et au volley »

« J’ai 25 ans et je viens de Mossoul1, mais je n’aime pas parler des raisons qui m’ont poussé à partir. Je suis venu en France avec mon frère et ma belle-sœur, qui vivent à Auch et m’hébergent depuis que j’ai quitté le Cada. Mais le reste de ma famille vit toujours en Irak. Là-bas, j’ai joué au foot jusqu’à l’âge 14 ans, puis de 16 à 18 ans j’ai fait du volley. Ce sont presque les deux seuls sports, il n’y a pas du tout la même variété qu’en France, où j’en ai découvert beaucoup d’autres avec l’Ufolep, et puis les gens pratiquent beaucoup moins. J’aimerais reprendre le volley, mais il n’y a pas de club dans le Gers. Alors je joue au foot à Pessan, un village près d’Auch.

» J’ai le sentiment d’avoir eu de la chance. Les gens ont été très gentils avec moi. Durant ma formation aussi, je me sentais bien, et j’ai rencontré beaucoup de personnes différentes. J’aime la France et j’aimerais rester dans le Gers. Ou aller à Montauban, où des familles irakiennes sont installées.

» Sinon, j’aime le sport, mais je ne suis pas sûr de vouloir en faire mon métier. Mon souhait, ce serait d’obtenir un CAP de coiffure. » Recueilli par Mahé MORLAIX

 (1) À l’été 2014, la deuxième ville d’Irak est prise par l’État islamique, dont elle devient la « capitale » jusqu’à sa reconquête par les forces irakiennes à l’issue de combats qui la détruisent, en particulier la vieille ville et son riche patrimoine.


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