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Mobil’idées, penser vélo dans les Hautes-Alpes

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L’association promeut les mobilités actives en Hautes-Alpes, avec une ouverture vers le vélo comme moyen de déplacement et loisir et qui l’a conduite à s’affilier à l’Ufolep.

 

Romain Chabanel, vous êtes l’un des animateurs de l’association Mobil’idées, basée à Gap, qui défend « une mobilité de proximité et des déplacements doux » face au tout-voiture. N’est-ce pas une gageure dans les Hautes-Alpes ?

Il faut dépasser cet a priori : « zone de montagne » ne doit pas signifier « obligation d’utiliser systématiquement sa voiture personnelle seul ». Il y a des trains, même si l’accès aux vallées enclavées est ensuite plus compliqué, et aussi des bus, des cars, le covoiturage ou l’autostop. Nous encourageons l’intermodalité pour un déplacement à la fois plus écologique et plus économique. Pour cela, il faut accompagner les changements d’habitude, connaître et faire connaître l’offre de services existante, et soutenir le maintien et le développement de ces services.

 

Symboliquement, sur la page d’accueil du site du conseil départemental figure un onglet « routes » et non pas « transports »…

Nous ferons remonter votre remarque auprès du conseil départemental, avec qui nous travaillons depuis quatre ans, avec une réelle amélioration des alternatives au tout-voiture. Ensuite, il faut aussi oser l’afficher, politiquement c’est une vraie démarche !

 

Développer les mobilités douces n’est-il pas davantage du ressort de la préfecture ou des acteurs institutionnels que d’une association ?

Les transports sont plus précisément de la compétence de la région et des intercommunalités. Pour sa part, Mobil’idées se positionne comme promoteur des alternatives à la voiture, avec des outils pour former et faire réfléchir les citoyens, les élus et les techniciens. Nous formulons des propositions et faisons remonter les besoins exprimés par les habitants. Nous proposons également des formations à la mécanique de base pour entretenir et réparer son vélo ou bien le choisir. Un vélo fonctionnel et adapté à ses besoins, c’est la base.

 

Quels sont les freins à la pratique du vélo dans les Hautes-Alpes ?

Le frein principal, en zone de montagne plus encore qu’ailleurs, est le manque d’infrastructures dédiées, et ce sentiment de vulnérabilité et de gêne qui peut être dissuasif. Cela exige de faire de la place au vélo sur la voirie alors que ça n’était pas prévu au départ. Quant au dénivelé, l’essor du vélo à assistance électrique est une réponse adaptée. Les conditions climatiques sont en revanche favorables, avec peu de précipitations et de moins en moins de neige sur les routes… On observe aussi une prise de conscience générale, un souhait de ne plus être dépendant de la voiture, parfois renforcé par la hausse du prix de l’essence.

 

Votre ambition, c’est de développer l’usage quotidien du vélo ?

Oui, pour se rendre à son travail ou faire ses courses, en passant devant la boulangerie, l’épicerie, le primeurs… On ne fait pas le plein au supermarché tous les jours ! Les jeunes peuvent aussi se rendre au stade, en classe ou au centre de loisirs à vélo au lieu de s’y faire déposer par les parents. L’entrée sport loisir nous intéresse aussi : débuter par une pratique collective conviviale peut aider à ce que le vélo devienne ensuite un réflexe quotidien. C’est pourquoi nous travaillons avec les accueils collectifs de mineurs et que nous essayons depuis deux ans de faire émerger au sein de l’association un « club vélo » dans un esprit sport pour tous, avec l’idée que ces balades puissent avoir un effet stimulant.

 

C’est pourquoi Mobil’idées s’est rapproché de l’Ufolep ?

Nous en étions déjà proches à travers notre affiliation à l’Adelha, la Ligue de l’enseignement des Hautes-Alpes. Et nous partageons les valeurs de l’Ufolep : son éthique, sa démarche d’éducation populaire et sa façon d’envisager l’activité physique non comme une fin en soi mais aussi un moyen de favoriser le bien-être physique et psychique, de s’émanciper et de créer du lien social. Son caractère multisport permet aussi de ne pas se limiter à la pratique du vélo mais de s’ouvrir aussi aux autres modes de déplacement actifs ou d’autres activités. Nous sommes également intéressés par la participation aux évènementiels Ufolep comme l’UfoRaid ou la Rando VTT.

 

Combien de licenciés Ufolep comptez-vous ?

Une douzaine à ce jour, à savoir les personnes motrices dans cette démarche. Ensuite, pour les sorties, nous proposons pour l’instant des assurances à la journée. Mais nous en sommes aux prémices, nous explorons les possibilités. Au-delà de l’activité sportive elle-même, nous souhaitons intégrer dans ce « club » les temps de formation, comme les vélo-écoles et les ateliers de réparation, mais aussi les échanges de pratiques, comme le choix d’un vélo adapté à ses besoins ou la préparation d’une sortie et de l’itinéraire.

 

Mobil’idées compte quatre salariés : quelles sont leurs missions ?

Nous raisonnons en effet en termes de missions, avec par exemple une mission de conseil en mobilité et travaille essentiellement sur les grands itinéraires cyclables qui traversent les Hautes-Alpes, en lien avec les départements et régions voisins : La Durance à vélo et la portion de l’axe Grenoble-Marseille qui nous concerne. Coordination des collectivités locales, promotion touristique et communication… Une autre mission de ce salarié est aussi d’accompagner les entreprises souhaitant développer des services aux salariés autour de la mobilité.

 

Et les autres salariés ?

Ils se répartissent des missions autour du « Pôle ressource des mobilités douces » : recyclerie de vélo et ateliers participatifs de réparation, location à prix libre de matériel dédié au voyage à vélo, accès à des pièces détachées d’occasion, accompagnement de prescripteurs dans leur projet vélos, animations grand public sur des événements locaux, etc. Notre local-atelier est ouvert 22 heures par semaine et animé conjointement par des salariés et des bénévoles : c’est le lieu et l’activité vitrine de l’association.

Nous travaillons aussi sur un réseau d’acteurs du réemploi des vélos : collectivités et déchetteries, ressourceries, ateliers… Cela permet à la fois de constituer un stock de pièces détachées pour remonter des vélos que nous vendons à bas prix, dans un esprit « vélo pour tous », et de proposer des ateliers de formation aux bases de la mécanique vélo.

Il faut ajouter à cela l’animation de notre « école du vélo et de la mobilité », et des actions auprès du public jeune à travers des interventions dans les établissements scolaires et les accueils collectifs de mineurs, et parfois auprès de publics spécifiques comme les personnes en situation de handicap. Cela va de la réparation de vélo à la pratique sécuritaire du vélo.

Enfin, une commission s’efforce également de développer la pratique auprès du public féminin, avec des ateliers mécaniques en mixité choisie par exemple, afin d’éviter l’écueil du regard masculin et la tentation de « faire à la place de ».

 

Combien de personne Mobil’idées touche-t-elle ?

Nous avons 450 adhérents « volontaires », avec un fort taux de renouvellement car certains viennent bénéficier ponctuellement d’un service. Mais ils reviennent parfois ensuite. S’y ajoutent 2 000 bénéficiaires directs de nos actions, et le grand public attiré par nos évènementiels, avec comme manifestation phare le « Festiv’Idées » : trois jours d’animations autour du vélo et des mobilités organisés sur Gap. La 10e édition, fin mai, était aussi la dernière, car nous souhaitons renouveler la formule, et peut-être changer de lieu. C’est l’un des projets de la nouvelle saison.

 

L’association Mobil’idées est née en 2007 à Gap (Hautes-Alpes) de l’initiative de trentenaires à la fibre écolo pour encourager le covoiturage (notamment pour se rendre sur les domaines skiables) et par extension la pratique du vélo et les mobilités douces. « Nous avons par exemple été sollicités par les services de l’État pour initierle déploiement du Savoir Rouler à Vélo dans le département, en faisant connaître le dispositif, puis en identifiant les acteurs susceptibles d’y participer, afin de coordonner leurs actions. Nous venons en soutien des collectivités et établissements en faisant appel localement à des personnes habilitées grâce au maillage du territoire établi », précise Romain Chabane.

On précisera aussi qu’avec 141 220 habitants (chiffres 2019) et une densité de 25 hab./km2, les Hautes-Alpes, dont le territoire est entièrement situé en zone de montage, sont le 3e département le moins peuplé de France après la Lozère et la Creuse, et que pour modestes qu’elles soient les agglomérations de Gap (41 229 habitants) et Briançon (17 300) en représentent plus des deux cinquièmes. https://www.mobilidees.org/


www.mobilidees.org
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