X
Accueil  /  Actualités  /  Mieux connaître les non pratiquants

Mieux connaître les non pratiquants

Initiative_p25_4.jpg

À l’occasion du récent colloque « sports et inégalités » organisé par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), cinq profils de non pratiquants ont été identifiés, afin de mieux cibler les politiques à leur intention.

 

Environ un quart de la population française n’a pas, ou peu d’activité physique. « En 2020, 11 % des personnes âgées de 15 déclarent n’avoir pratiqué aucune activité physique ou sportive au cours des douze derniers mois (hors confinement), pas même une activité récréative comme une balade en forêt, [et] 14 % sont considérées comme peu pratiquantes avec une séance d’APS par semaine ou moins » précisent Brice Lefèvre, enseignant-chercheur à l’université Lyon 1, et Valérie Raffin, chargée d’études, dans l’enquête réalisée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) auprès de 12 000 personnes.

Sans surprise, les non et peu pratiquants sont plus âgés que la moyenne, plus souvent des femmes, professionnellement précaires et moins diplômées : 80 % des non pratiquants et 59 % des peu pratiquants n’ont pas le bac, contre 47 % des pratiquants. Ils connaissent davantage de difficultés financières, jugent plus souvent leur état de santé mauvais ou très mauvais et sont plus nombreux à être en surpoids ou obèses (46 % des non-pratiquants et 38 % des peu pratiquants).

 

Cinq familles

Cela posé, qu’est-ce qui les dissuade d’avoir une activité physique ? Les chercheurs de l’Injep ont identifié cinq profils-types à partir de questions portant sur les principaux freins la pratique : les personnes qui ont une santé fragile (26 %), des difficultés de sociabilité (21 %), font face à un cumul de contraintes professionnelles, scolaires et familiales (20 %), montrent un désintérêt pour le sport (20 %), et enfin celles qui mettent en avant le coût et l’inadéquation de l’offre sportive (13 %).

Viennent donc d’abord les personnes qui font d’un problème de santé le frein majeur (68 %), et de façon secondaire un métier – qui est ou a été –physiquement dur (36 %). Près de la moitié sont en surpoids ou obèses et la grande majorité a plus de 50 ans.

Il y a ensuite ceux et celles qui éprouvent des problèmes de sociabilité, peur du regard des autres ou difficultés à être accepté par ceux-ci, ce à quoi s’ajoute parfois une mauvaise expérience de la pratique sportive. Ces personnes sont plutôt âgées (66 % ont 50 ans et plus) et inactives ou retraitées, ne vivent pas en couple et n’ont pas d’enfant à leur domicile. Une forte minorité (28 %) n’a pas travaillé au cours de sa vie, ce qui restreint leur réseau social.

Le troisième profil-type se caractérise par un cumul de contraintes professionnelles, scolaires ou familiales. Ces personnes citent aussi la dureté de leur métier (44 %), le coût de la pratique sportive (31 %) et le fait de ne pas arriver à se mettre au sport (34 %). Ce groupe rassemble majoritairement des 30-49 ans actifs qui, pour moitié, sont au moins titulaires du baccalauréat et exercent plus souvent une profession de cadre ou d’employé (42 %). Peu de problèmes de sociabilité puisque 74 % dont en couple, avec un ou plusieurs enfants (64 %). Plus souvent en bonne ou très bonne santé (65 %), ils déclarent au moins une pratique d’APS (78 %), même si c’est souvent moins d’une fois par semaine.
La quatrième famille est celle de ceux qui mettent en avant leur manque d’intérêt pour le sport (54 %), assorti d’une préférence pour d’autres activités (49 %) ou de difficultés à s’y mettre (42 %). Ils citent volontiers deux ou trois freins différents. Plus jeunes (18 % ont entre 15 et 29 ans) et vivant moins souvent en couple (50 %) que la moyenne, ils sont moins sous-diplômés, plus souvent à l’aise financièrement, et les cadres et les professions intellectuelles supérieures y sont davantage représentés. Enfin, la majorité s’estime en bonne ou très bonne santé.

La dernière famille réunit celles et ceux qui mentionnent comme principaux obstacles la cherté (48 %), la mauvaise adaptation des lieux (33 %) et l’offre sportive, soit qu’ils la jugent inadéquate (42 %), soit parce que les lieux sont trop éloignés (44 %). Un gros tiers explique aussi ne connaître personne avec qui pratiquer ou ne pas arriver à se mettre au sport. Pour les chercheurs de l’Injep, c’est « la plus complexe », la majorité de ces personnes plutôt plus jeunes, actives et en bonne santé déclarant au moins quatre freins. Avec parfois un brin de mauvaise foi ?

Tout l’intérêt de cette approche est d’établir des distinctions parmi la masse des non pratiquants sportifs. En prolongement de cette enquête, l’Injep annonce également la parution d’un ouvrage de référence et de publication de synthèse devant aider à mieux cibler les politiques de promotion de la pratique. Ph.B.


enveloppe Partager sur : partager sur Twitter partager sur Viadeo partager sur Facebook partager sur LinkedIn partager sur Scoopeo partager sur Digg partager sur Google partager sur Yahoo!

Afficher toute la rubrique