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Marie Barsacq, quel héritage pour les Jeux de Paris 2024 ?

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Directrice Impact et Héritage de Paris 2024, Marie Barsacq incarne les ambitions sociales et de développement de la pratique du comité d’organisation (Cojo). Celles-ci passent notamment par le déploiement de volontaires en service civique, sur la base d’une expérimentation menée avec l’Ufolep.

Marie Barsacq, vous êtes directrice Impact et Héritage du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024. À quoi ces deux mots font-ils précisément référence ?

Impact et héritage sont deux mots qui vont très bien ensemble... L’héritage fait référence à la dynamique que nous voulons insuffler en profitant de l’élan donné par l’organisation des Jeux olympiques. Au-delà des deux semaines de compétition, il s’agit de profiter de l’événement pour renforcer durablement la pratique physique et sportive de la population et favoriser l’éducation, le vivre ensemble et l’inclusion sociale. Mais le mot héritage renvoie au lointain, alors que celui de Paris 2024 se construit dès aujourd’hui. C’est pourquoi nous lui avons associé celui d’impact, pour signifier que la dynamique est lancée. L’impact, c’est mesurer le changement en cours et souligner que le sport c’est bien plus que des médailles.

Ce mot « impact » renvoie aussi à l’appel à projets du même nom…

Oui. Nous avons jugé pertinent de nommer ainsi notre appel à projets relevant de l’économie sociale et solidaire.

Si l’on considère que l’héritage des JO, ce ne sont pas seulement des infrastructures mais aussi le fait d’amener davantage de Français à une pratique physique régulière, les confinements et les restrictions de pratique de ces deux dernières années ne l’ont-ils pas ruiné par avance ?

Nous ne voyons pas les choses ainsi… En entravant l’activité physique, la crise sanitaire a fait prendre conscience de la nécessité d’être actif, d’autant plus que la Covid a plus durement frappé les personnes sédentaires. Déjà sujettes aux maladies chroniques, elles sont devenues personnes à risques pendant l’épidémie. Il faut utiliser cette prise de conscience pour générer un sursaut et inviter chacun à mettre plus d’activité physique et sportive dans son quotidien. C’est pourquoi Paris 2024 développe une stratégie articulée de « bouger plus » à l’école (notamment à travers le dispostif "30 minutes d'activité physique quotidienne"), sur son lieu de travail, dans l’espace public, dans la ville… Nous avons travaillé avec les médecins pour établir et relayer ces constats de l’inactivité d’une grande partie de la population française, et notamment les enfants. Oui, la Covid a accru la sédentarité et les inégalités sociales, car les deux vont de pair : c’est dans les quartiers populaires qu’on bouge le moins et que la Covid a fait le plus de mal. C’est donc vers eux que nous menons prioritairement nos actions.

Bien que repoussés d’un an, les JO de Tokyo se sont déroulés en l’absence de visiteurs étrangers et sans public en raison de la crise sanitaire. Avez-vous envisagé l’éventualité de Jeux de Paris disputés devant des tribunes vides et sans mobilisation populaire ?

Honnêtement, nous ne l’envisageons pas du tout, et au regard des données dont nous disposons il n’y a pas de raison que Paris 2024 se déroule dans le même contexte que Tokyo 2020. Le vaccin a permis une reprise des activités sportives dans des conditions normales partout dans le monde. Nous sommes donc raisonnablement confiants, ce qui nous permet d’imaginer une grande fête populaire avec une célébration dans la ville ouverte à tous, loin d’une manifestation sous cloche réservée aux seuls athlètes.

De janvier à juin 2021, vous avez mené une expérimentation avec l’Ufolep en confiant à 100 jeunes en service civique des missions portant notamment sur la promotion des nouvelles disciplines figurant au programme de Paris 2024. Quel bilan en tirez-vous ?

Très positif. Nous sommes ravis d’avoir pu nous appuyer sur le savoir-faire de l’Ufolep pour encadrer de jeunes volontaires en service civique. Cette expérimentation en tous points réussie rend aujourd’hui possible l’ambition de mobiliser chaque année, d’ici 2024, 10 000 volontaires sur des missions de service civique dans le champ du sport, sous l’intitulé Génération 2024. L’expérimentation menée avec ces 100 volontaires accueillis dans le réseau Ufolep a montré tout l’intérêt que les jeunes trouvent dans le service civique. Ceux-ci se sont également montré les meilleurs ambassadeurs qui soient pour promouvoir des disciplines précisément choisies pour séduire les jeunes : breaking, skateboard, escalade… Nous faisons à présent la promotion du service civique auprès du mouvement sportif et des collectivités labélisées Terres de Jeux, afin qu’elles s’en saisissent et proposent à leur tour des missions d’intérêt général. Pour faire résonner les Jeux et la promotion des activités physiques et sportives sur leur territoire, tout en permettant à ces jeunes de « mettre le pied à l’étrier ».

Ces missions seront plus larges que la promotion des nouvelles disciplines olympiques…

Bien sûr, puisque ces jeunes pourront être recrutés par des collectivités territoriales, des acteurs du mouvement sportif (clubs, comités, ligues, fédérations) ou des établissements scolaires. Pour les uns, il s’agira de créer des ponts entre les écoles ou les collèges et les clubs, et pour d’autres de proposer de la pratique physique gratuite dans l’espace public. Évidemment, ce ne sont pas les jeunes qui vont encadrer cette pratique, ni intervenir dans les écoles auprès des enseignants. Mais ils vont faire le lien entre les acteurs et mettre en place ces actions qui ciblent tout particulièrement les publics éloignés de la pratique, les seniors et les personnes en situation de handicap. Ces missions sont en ligne sur le site de l’Agence nationale du service civique et sur celui de Génération 2024, porté par Paris 2024.

Les 100 premiers « ambassadeurs » Paris 2024 étaient principalement des décrocheurs scolaires issus des territoires prioritaires, auxquels on proposait en parallèle des parcours de formation. Ces 10 000 volontaires par an auront-ils le même profil ?

Cela dépendra du souhait et des stratégies des structures qui les accueilleront. À Paris 2024, nous étions attachés au fait qu’au-delà d’accomplir une mission d’intérêt général, ces jeunes puissent développer leurs compétences et aller vers l’emploi. Nous défendons cette conception auprès des collectivités territoriales dans le cadre des financements de notre fonds de dotation. Et nous leur expliquons qu’en se rapprochant de l’Ufolep, ils auront la possibilité de proposer à ces jeunes des formations associées qui élargiront leurs perspectives d’insertion professionnelle.

Quel est ce fonds de dotation ?

C’est un fonds alimenté par Paris 2024 pour financer des projets d’innovation sociale par le sport (santé et bien-être, éducation et citoyenneté, inclusion, solidarité et égalité, environnement). Plusieurs types d’acteurs peuvent en bénéficier : les fédérations olympique et paralympique (directement concernées par les JO), les agences de l’État, les collectivités hôtes, les collectivités locales et les acteurs associatifs, sportifs ou non. En lien avec cet objectif d’innovation sociale par le sport, nous obligeons d’ailleurs les acteurs à travailler les uns avec les autres. C’est là que l’Ufolep devient un partenaire potentiel pour accompagner ces jeunes et leur donner un bagage de formation. Ce fonds de dotation reviendra tous les ans et l’axe visant à accompagner des structures de la société civile se concrétise par l’appel à projets Impact 2024. Lancé en partenariat avec l’Agence nationale du sport, les comités olympique et paralympique, la Ville de Paris et le département de Seine-Saint-Denis, il était doté l’an passé de 4,9 millions d’euros. Les lauréats 2021 sont désormais connus et la prochaine échéance pour y participer est au printemps prochain.

Il est inhabituel qu’un comité d’organisation des Jeux olympiques collabore avec une fédération multisport non concernée par le haut niveau. Cette collaboration pourrait-elle se déployer sur d’autres champs ?

Le fonds de dotation est justement là pour ça, en offrant des opportunités aux acteurs qui développent le sport au quotidien et répondent aux défis de société que sont la lutte contre la sédentarité, le vivre-ensemble, l’éducation et l’inclusion sociale et professionnelle. Autant de domaines sur lesquels l’Ufolep est présente, ce qui permet de penser que nous travaillerons très probablement de nouveau ensemble d’ici 2024.

Propos recueillis par Philippe Brenot


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