Management innovant en Val-d’Oise

L’Ufolep 95 s’appuie sur l’association Ex-Aequo pour développer le sport société et moderniser sa gouvernance. Dialogue entre Valérie Lefevre, déléguée, et Jocelyne Loquien, co-présidente.

Valérie, en quoi ton expérience de 18 ans comme directrice de l’association Ex-Aquo, qui touche un large public et est aussi présente sur le sport société, t’est-elle utile en tant que déléguée départementale ?

V : Avec Ex-Aequo, j’ai appris que la dynamique de projet est incontournable pour être un acteur local reconnu et sollicité. Déléguée départementale depuis un an, je m’efforce d’être à la fois novatrice et à l’écoute du terrain. Je puise pour cela dans mon expérience de directrice d’association, une responsabilité que je conserve d’ailleurs à côté de mes nouvelles fonctions.

Jocelyne, tu étais la précédente déléguée départementale avant de prendre ta retraite et la co-présidence du comité. N’y a-t-il pas jamais eu de concurrence entre les deux structures ?

J : Non, mais un développement conjoint oui, après l’impulsion donnée par l’échelon national pour développer à partir de 2013 un secteur sport société. Le comité s’est alors appuyé sur le savoir-faire d’Ex-Aequo dans un domaine totalement neuf pour lui. Nommée à la même époque déléguée départementale après avoir 14 ans comme agente de développement, j’ai demandé à Valérie d’entrer au conseil d’administration de l’Ufolep Val-d’Oise. Nous avions entre temps développé des relations de confiance, et même d’amitié. Donc non, il n’y a jamais eu de concurrence ! Tout se faisait dans la transparence : nous décidions ensemble, au regard de l’intérêt des publics et de l’intérêt partagé de nos structures, laquelle porterait tel ou tel projet. Valérie a aussi été salariée de l’Ufolep de 2007 à 2008 dans la cadre des emplois « Soyez sport » et a aussi ponctuellement renforcé l’équipe lors de l’arrêt-maladie d’une collègue.

La co-présidente « sport société » du comité Ufolep, Pristille Couvercelle, est aussi co-présidente d’Ex-Aequo : quel est le sens de cette « double casquette » et de cette gouvernance partagée ?

J : Pristille était membre d’une autre association Ufolep, les Roller Eagles, et siégeait à l’Ufolep avant d’entrer au bureau d’Ex-Aequo, où elle a acquis une bonne connaissance du sport société et de ses dispositifs. Comme pour ma part je connais très bien notre réseau associatif et le volet sport éducation, il nous est apparu cohérent de nous répartir les dossiers. Ce système de co-présidence fonctionne très bien, même s’il reste à valider d’un point de vue juridique. J’en ai discuté récemment avec la Commission nationale des statuts et règlements.

L’équipe départementale compte aujourd’hui 8 personnes grâce au renfort de plusieurs jeunes alternants…

V : Cette organisation a été initiée dès 2020. Je trouve important d’accueillir des stagiaires, des apprentis : pour eux c’est un coup de pouce et cela permet de renforcer l’équipe, de travailler en binôme et de faire essaimer nos valeurs et notre vision du sport. Ces jeunes apportent aussi un autre point de vue, et c’est souvent parmi eux que se recrutent les futurs collègues : à Ex-Aequo, la quasi-totalité des salariés sont d’anciens stagiaires. Le comité a aussi noué avec Ex-Aequo un partenariat permettant de faire appel alternativement à des salariés des deux structures. Au quotidien, chacun a une mission, un projet principal, mais ce n’est pas strictement cloisonné. Cela permet de s’investir sur davantage de projets et de territoires. Aujourd’hui par exemple, j’étais à Villiers-le-Bel, dans l’est du département, où l’Ufolep est encore peu implantée. Nous y travaillons à l’ouverture d’une école de sport, un projet mené par une salariée départementale qui s’appuie sur l’expérience d’Ex-Aequo. Selon le projet, c’est un membre de l’équipe Ufolep ou d’Ex-Aequo, voire un de chaque, qui intervient.

On retrouve dans l’association et le comité le partage de fonctions et l’identification des élus à un domaine ou un dossier…

V : Cette répartition s’est précisée davantage encore à travers l’articulation des deux structures. Pour être efficace et réussir à impliquer les bénévoles, il est important que les domaines d’action ne soient pas trop larges. Tout le monde ne peut pas être partout.

J : Chaque élu suit un domaine ou un projet, en binôme ou trinôme avec des professionnels, de façon à être pleinement informé des actions menées et de pouvoir s’en faire le relais auprès des autres membres du comité.

Ce mode d’organisation se retrouve-t-il chez d’autres associations ?

V : Non, car elles sont généralement dans l’un ou l’autre champ, sport société ou sport éducation. Et l’idée n’est pas de dupliquer un quelconque modèle. Nous proposons en revanche aux associations d’élargir leur projet sportif dans une démarche de développement : s’ouvrir aux initiations Kid Bike ou du Savoir Rouler à Vélo pour une association cyclo, ou à des disciplines voisines pour un club de gymnastique. Mais toujours sur le mode du volontariat.

Quand une déléguée devient présidente, elle peut avoir du mal à distinguer son nouveau rôle d’élue de son activité professionnelle passée…

J : J’y réussis à peu près je crois… Avoir été élue dans d’autres associations m’y aide. De façon pratique, nous échangeons beaucoup par téléphone, messagerie ou visioconférence, entre élus ou avec Valérie. Et, tout en veillant à rester à ma place, ma propre expérience de déléguée permet parfois de mieux comprendre certaines choses.

V : Nous travaillons en duo depuis des années. C’est devenu naturel.

Et comment voyez-vous la suite des choses ?

J : Nous ne sommes qu’au début de la mise en œuvre du projet. La première évaluation aura lieu en fin de saison, après une année de fonctionnement. Nous avons déjà beaucoup progressé en matière de communication, domaine qui avait été un peu délaissé. L’Ufolep a recruté une apprentie et Ex-Aequo aussi, en plus d’une chargée de communication. Ces trois personnes travaillent ensemble pour les deux structures et, après la création d’une newsletter départementale et l’actualisation d’une page Facebook qui vit désormais au rythme de publications programmées, le prochain chantier sera la refonte de notre site internet. Côté sport société, l’un des projets majeurs est de développer une nouvelle Maison sport santé dans le Vexin, après celle créée avec Ex-Aequo sur Cergy-Pontoise.

Et pour le volet sport éducation ?

V : Après trois saisons où les contraintes sanitaires ont bridé tout développement associatif, l’objectif est d’accompagner les clubs qui le souhaitent dans le développement de nouvelles pratiques ou de disciplines voisines de la leur.

J : Nous avons lancé une enquête auprès des associations pour recueillir leurs attentes en termes de services. D’ici la fin de saison, un regroupement permettra de préciser celles-ci et de réfléchir à la façon d’y répondre. On peut aussi espérer que la meilleure identification de l’Ufolep à travers les actions sport société rejaillisse aussi sur la pratique associative traditionnelle.

Propos recueillis par Philippe Brenot

Un comité, une association

 L’Ufolep Val-d’Oise réunissait début mars 75 associations et 5 000 licenciés, avec en ligne de mire les 5977 adhérents de la saison 2018-2019. On trouve parmi eux 62 % de femmes et une majorité d’enfants (48 %) et de jeunes (15 %) à côté des adultes (37 %). L’éveil corporel est notamment l’une des principales activités après le vélo (VTT, cyclo-sport, cyclotourisme) et celles de la forme. Fondée en 2003 autour de la pratique loisir du handball, l’association Ex-Aequo a vite élargi son public et ses activités, tout en se professionnalisant : écoles de sport et pratique parents-enfants, créneaux seniors et féminins, multisport adulte, sport en entreprise, sport-insertion... « En 15 ans, nous sommes passés de 20 à 430 adhérents », expliquait sa directrice Valérie Lefèvre à la tribune de l’AG Ufolep 2019. Ex-Aequo accueille aussi une Maison Sport santé (Ufo3S) et décline les dispositifs nationaux UfoStreet et Parcours coordonné.