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L’Ufolep Mayotte, dix ans à faire société

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Créée en 2012, après la départementalisation de l’île, l’Ufolep Mayotte fédère 27 associations et près de 2000 licenciés, dont 1500 jeunes. Elle poursuit son développement en dépit d’un contexte social tendu, explique sa présidente, Naoilou Yahaya.

Comment l’Ufolep Mayotte est-elle structurée ?

Le comité s’appuie sur une équipe de 8 salariés, répartis sur trois pôles : formation (la responsable et une formatrice), administration (la déléguée départementale et une assistante) et éducation par le sport (un éducateur et trois animateurs). Cette équipe est complétée par 5 jeunes en parcours emploi compétences, qui interviennent auprès de la Maison sport santé société (Ufo3S) inaugurée début septembre dans un quartier politique de la ville de Mamoudzou, la préfecture. Et en complément nous employons aussi des animateurs pendant les périodes de vacances.

Qui sont vos publics et vos partenaires ?

Il faut tout d’abord avoir en tête que le modèle de la licence payante ne peut être reproduit tel quel à Mayotte, où l’habitude est que les clubs prennent en charge les licences. Ce fut pour nous une difficulté au début, et il est compliqué de changer ce modèle, surtout pour pratiquer du sport loisir ! Aussi, une fois l’association dûment affiliée, nous voyons ensuite selon le public concerné comment financer les licences, dont le coût est intégré dans les demandes de subventions auprès de nos différents partenaires : Agence nationale du sport, de la Cohésion des territoires, Direction régionale académique à la jeunesse et aux sports (Drajes), Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte, Conseil Départemental et Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances. À titre d’exemple, la Sécurité sociale soutient nos actions auprès des femmes et des seniors.

Les jeunes sont votre principal public. Dans quel cadre ?

Nous animons des écoles de sport à la pause méridienne dans les établissements scolaires du primaire. Nous organisons aussi dans l’ensemble des communes les très populaires courses de pneus qui nous ont permis de nous faire connaître. Avec le Covid, nous avons dû les adapter en les organisant sur des circuits fermés, mais il était inimaginable qu’elles n’aient pas lieu ! Nous proposons aussi des accueils de jour de mineurs (ACM) et des colonies apprenantes pour les 5-13 ans, et des séjours avec hébergements pour les plus grands.

Combien d’associations fédérez-vous ?

Vingt-sept à ce jour. Parmi elles figurent des associations de femmes qui ont élargi leur palette aux activités de la forme dans le cadre du dispositif Toutes sportives, avec un succès grandissant du fitness et de la zumba parmi la jeune génération ! Deux associations s’adressent plus spécifiquement aux seniors, auxquels nous consacrons également une grande journée de sensibilisation annuelle à l’échelle de toute l’île. Nous développons aussi notre réseau d’associations sportives classiques, notamment dans les activités de nature. Parmi elles, on peut citer Ami raid rando à Mamoudzou ou un club de trail où le dépassement de soi coexiste avec le sport loisir : certains licenciés participent ainsi à la mythique et très exigeante Diagonale des Fous à La Réunion, mais l’association propose aussi lors de ses organisations des marches de 8 à 12 km tournées vers le un public féminin. Certains de ces clubs sont à double affiliation, comme Dzoumogné handball ou Zazatsara athlétisme de Chiconi. Enfin, des communes s’affilient via le dispositif C3S.

Dès sa création, le comité s’est aussi positionné sur la formation professionnelle…

C’est notre colonne vertébrale et la base de notre financement. À Mayotte, les moins de 25 ans représentent les deux tiers de la population et il y a une demande criante de gens formés pour l’encadrement. Nous formons depuis six ans au Certificat de qualification professionnelle (CQP), option activités physiques pour tous, avec désormais 3 à 4 promotions de 16 jeunes par an. Et aucun ne nos diplômés n’est au chômage aujourd’hui. C’est presque un problème, car ils trouvent des conditions salariales plus intéressantes à l’Education nationale pour les animations périscolaires que dans nos associations par exemple. Mais à côté de la formation professionnelle, nous avons aussi 4 personnes qui forment aux premiers secours (PSC1) et aux gestes qui sauvent pour les petits. Il y a enfin la formation fédérale, indispensable pour savoir comment gérer une association, avec un accompagnement sur la durée. Car pour prétendre à des financements, il faut être très carré dans sa gestion.

Les tensions provoquées par l’afflux de clandestins venus des Comores et de Madagascar sont-elles une entrave à vos activités ?

L’insécurité est un problème majeur. Dans certaines zones, nous sollicitons la présence de la police municipale afin que des groupes de jeunes hommes extérieurs ne viennent pas perturber nos activités. Ils n’ont pas de moyens de subsistance et leur précarité se traduit par de la violence. En raison de cette insécurité, nous ne sommes pas libres d’intervenir partout, et surtout obligés d’arrêter nos activités à 17h30 au plus tard, avant de ne pas se trouver sur la route quand la nuit tombe. Or il y a évidemment une forte demande pour les activités sur le créneau 18h-20 h. Cela entrave tout particulièrement le développement de notre Ufo3S, ouverte tout début septembre. Nous allons voir comment nous organiser, d’autant plus que le projet de création de deux autres Ufo3S est bien avancé : l’une à Dembeni, au centre de l’île, où nous avons désormais notre siège, dans la Maison des jeunes et de la culture actuellement en construction. Et aussi une au nord à Dzoumogné, adossée à notre association de handball, où là aussi nous pouvons bénéficier d’un partenariat pour le lieu. Nous y déclinerons les programmes À mon rythme et Toutes sportives, avec notamment pour souci la prévention et la lutte contre l’obésité, qui est un problème de plus préoccupant.

Quelles sont vos autres perspectives à moyen terme ?

Plus que jamais, développer la formation, car les besoins sont immenses. C’est aussi valorisant de permettre à des gens de trouver du travail, et souvent ceux-ci restent ensuite à l’Ufolep comme bénévoles. Sinon, à partir de janvier 2022, nous allons développer des interventions ponctuelles sur les territoires les plus éloignés, au sud et au nord de l’île, sous la forme d’ateliers multisports délocalisés sur la journée.

Propos recueillis par Philippe Brenot


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