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Le sport-santé Ufolep, entre social et médical

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L’Ufolep s’affiche aujourd’hui comme un acteur majeur du sport-santé, avec un réseau de 55 « Maisons sport santé société ». Tournées vers la prévention, elles prolongent la vocation socio-sportive de la fédération.

Depuis la première vague d’inaugurations, au début de l’année 2020, chaque mois ou presque une nouvelle « Maison sport santé société » Ufolep, ou « Ufo3S » ouvre ses portes, principalement dans les quartiers politique de la ville (QPV) et les zones rurales de revitalisation (ZRR). Leur rôle : accueillir des personnes éloignées de la pratique, inactives et parfois en surpoids ou avec des soucis de santé, et les engager dans des programmes de remobilisation pouvant aller de trois mois à un an. Ce réseau, qui compte à ce jour 55 Ufo3S, s’est déployé parallèlement à celui des « Maisons sport santé » (M2S) conjointement initié par les ministères des Sports et de la Santé. L’un et l’autre ne sont d’ailleurs pas hermétiques puisque 31 des 55 Ufo3S possèdent également le label ministériel.

De l’éducation physique aux activités de la forme

Si les Ufo3S positionnent aujourd’hui la fédération comme un acteur majeur du sport-santé, celui-ci n’est toutefois pas une « idée neuve » à l’Ufolep. Dès sa création en 1928, il est présent en filigrane dans ce nom qui se réclame de l’« éducation physique ». Il l’est également de façon implicite dans les préoccupations sanitaires qui accompagnent le grand élan des loisirs sportifs du Front populaire, auquel contribue activement l’Ufolep. Un élan régénérateur où l’on peut distinguer les échos de la « méthode naturelle » prônée par Georges Hébert au lendemain de la guerre de 14-18. En remontant plus loin encore, le tropisme cocardier des sociétés de gymnastique fédérées dès la fin du XIXe par la Ligue de l’enseignement allait de pair avec des préoccupations hygiénistes. Ainsi l’Ufolep a-t-elle toujours défendu une pratique « équilibrée » et une « saine » compétition, refusant par avance tout excès susceptible de nuire à l’intégrité physique des pratiquants.

Cette dimension est particulièrement présente dans les activités de la « forme », un temps identifiées comme « activités physiques d’entretien » : des activités qui n’ont fait que se développer en s’élargissant à de nouvelles pratiques : yoga, tai chi chuan, activités aquatiques d’entretien et autres.

Initiatives locales

Dès les années 2000, des initiatives relevant du domaine de la santé s’étaient déjà développées localement. À la suite de séances initiées dès 2007 au sein d’une amicale laïque de Limoges, un petit réseau d’associations Rondisport a vu le jour en Haute-Vienne, Corrèze et Dordogne à l’initiative d’un chirurgien limougeaud spécialisé dans les ablations de l’estomac pour les personnes souffrant d’obésité morbide. Il s’agissait de proposer aux patients de pratiquer une activité physique adaptée leur permettant d’arriver dans les meilleures conditions avant l’opération, puis de conserver les bénéfices de celle-ci. En raison de leur spécificité, certaines associations ont fini par s’éloigner de l’Ufolep, mais d’autres continuent de s’y épanouir, en Creuse et dans l’Indre.

L’Ufolep a également joué son rôle de « fédération laboratoire » dans les Deux-Sèvres en développant à partir de janvier 2015 une offre d’activité physique adaptée pour des patients souffrant de maladies chroniques (diabète, problèmes cardiovasculaires, insuffisance respiratoire) et suivis par les médecins généralistes et les infirmières du réseau Asalée (acronyme d’Action de santé libérale en équipe). Les groupes constitués en plusieurs lieux ont pu ensuite donner naissance à des pratiques associatives régulières. C’est le cas au sein de l’association Ufolep Gâtisport, installée à Parthenay mais qui rayonne sur plusieurs communes et a pour originalité de proposer à la fois de la découverte sportive pour les 6-9 ans et du sport santé pour les seniors. Et si l’Ufolep et Asalée ne sont plus associées dans les Deux-Sèvres, d’autres partenariats ont vu le jour ailleurs, comme en Ariège autour de l’Ufo3S de Pamiers.

Comités pionniers et réseau national

Plusieurs comités Ufolep ont également joué un rôle pionnier, comme l’Oise, le Pas-de-Calais. « Les premiers contacts entre le comité Ufolep et les pôles de prévention du diabète ou de l’obésité qui existaient alors dans l’Oise remontent à 2005-2006, avec la mise en place d’animations sportives pour des patients des hôpitaux de Creil-Senlis et Beauvais, comme prestataire de service, explique le Dr Jean-Jacques Pik, élu départemental et médecin hospitalier. Cela a permis au comité de se forger une expérience d’animation qui a ensuite permis de développement de créneaux "Seniors soyez sport" auprès de diverses associations et de clubs du 3e âge, puis de prendre le virage des Ufo3S, créées à la rentrée 202 à Beauvais et Pont-Sainte-Maxence. » De son côté, le comité du Pas-de-Calais a investi ce domaine à partir de 2013 à la suite de sollicitation d’associations de patients, avec lesquelles il a construit une offre de pratique adaptées qui rayonne aujourd’hui sur tout le département.

La présence d’un nombre croissant de comités actifs sur le terrain du sport-santé a alors convaincu l’Ufolep et son secteur sport société de construire une offre d’activités physiques adaptées : ce sera le programme À Mon Rythme, développé au sein de Maisons sport santé société, ou Ufo3S pour bien les associer à l’Ufolep. « Après les premières initiatives de sport sur ordonnance lancées par le Dr Alexandre Feltz à Strasbourg, puis le vote en 2016 du dispositif de prescription médicale d’activité physique, il fallait répondre de manière structurée à l’enjeu de société sur la santé et la lutte contre la sédentarité », résume Chloé Malet, chargée de mission « À Mon Rythme et Ufo3S ». Le sport-santé devient une priorité, création d’un groupe de travail à la clé.

Ce ne sera pas pour développer spécifiquement le « sport sur ordonnance », qui « ne correspondait pas à notre identité et aux réalités de notre réseau, explique Chloé Malet. Le public de nos actions sport-santé est rarement adressé par les médecins. Il s’agit avant tout d’adultes et de seniors inactifs qui viennent par le bien-être, en corrélation avec l’explosion des activités de la forme à l’Ufolep. »

D’où le choix de positionner l’Ufolep sur la prévention et non sur le curatif. Et si les publics féminin et senior sont majoritaires, dorénavant des actions et créneaux s’adressent aussi aux jeunes. De manière générale, il s’agit de publics sédentaires et inactifs qui ont souvent aussi des problèmes de poids et de santé, souffrent parfois d’isolement social et à qui l’activité physique, vue à travers le prisme du sport de compétition, semble inaccessible.

Un réseau proche des réalités territoriales

Mais pourquoi passer par des « Maisons sport santé société » ? « Parce que notre public-cible réside dans des espaces vides de lieux proposant des pratiques adaptées », explique Chloé Malet. C’est aussi parce que l’Ufolep était partenaire de l’Agence nationale à la cohésion des territoires1 dans le cadre de la politique de la Ville qu’elle a répondu à l’appel à projet santé dont celles-ci sont issues : « Nous en avons fait un tremplin pour permettre à nos comités et associations de changer d’échelle, en ouvrant des espaces où orienter ces personnes éloignées de toute pratique vers des programmes adaptés et gratuits. »

Les Ufo3S s’adaptent aux réalités des territoires. Par endroit, le comité Ufolep accueille celle-ci dans ses propres locaux ou s’appuie sur une association affiliée ayant accès à un espace de pratique. Ailleurs, c’est un centre social ou une maison de quartier. Cette dimension sociale est ainsi très affirmée dans les Ufo3S installées dans les quartiers d’Avignon (Vaucluse), de Beaucaire (Gard) ou de Besançon (Doubs).

Autre exemple encore : à Toulouse (Haute-Garonne), elle est hébergée par un club où la pratique des activités nautiques va de pair avec une approche sociale incluant l’accueil des réfugiés2. Et, dans le Nord, dans une logique de proximité avec son public, elle a investi un tiers-lieu qui accueille aussi les Restos du cœur et propose accès informatique, aide aux devoirs et activités manuelles). Le lieu d’information peut également être distinct du lieu de pratique.

Quant au nombre de créneaux, il très variable : trois par semaine dans l’Ufo3S de Pamiers en Ariège, mais une quarantaine en Val-d’Oise, sur six lieux différents. Enfin, côté matériel, chaque nouvelle Ufo3S reçoit un kit multisport et fitness : medecine balls, swiss balls, poids, élastiques, tapis, raquettes ballons, filets. Certains comités les dotent de matériel supplémentaire (vélos et ergocycles, rameur) et d’autres sollicitent l’accès à des salles déjà équipées. Philippe Brenot

(1) ANCT, alors identifiée comme le CGET, Commissariat général à l’égalité des territoires.

(2) Le Collectif de Valeurs, d’Insertion, de Formation, de Sport et de Santé (CVIFS), principalement dédié à la pratique du canoë-kayak.

 

Un réseau développé avec le concours de nombreux partenaires

Le déploiement des Maisons sport santé société de l’Ufolep s’appuie sur des partenariats et des collaborations avec :

  •         les acteurs de la politique de la Ville, à travers des aides octroyées par l’intermédiaire des préfets et de contrats de ville ;
  •         les Agences régionales de santé, autre partenaire financier selon les territoires ;
  •         les régions développant des stratégies sport-santé-bien-être (dont les services informent et orientent le public) ;
  •         les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), antennes locales de la CNAM ;
  •         les centres sociaux, les Caisses d’allocations familiales (CAF, à travers des financements et des outils d’information pour le public) ;
  •         l’Onaps, Observatoire national des activités physiques et sportives, source d’information et de diffusion de guides et d’outils d’évaluation (même si la Commission médicale Ufolep et laboratoire Sherpa de l’université d’Artois ont aussi développé le leur) ;
  •         la plateforme numérique Goove créée par Jean-Paul Souza, qui propose un accès par comité permettant de stocker et gérer les données de santé des bénéficiaires.

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