Les frères Henkin sont deux photographes amateurs russes des années 1930 dont l’œuvre a été récemment exhumée, notamment dans un ouvrage paru aux éditions Noir sur Blanc. Le sport était l’un de leurs sujets favoris.
Le passé qui ressurgit sous la forme de milliers de négatifs, découverts par hasard dans les années 1990 dans l’appartement où vécurent les frères Yakov et Evgeny Henkin, à Saint-Pétersbourg. Dans le viseur du Leica du cadet, né en 1903, la vie à Léningrad sous l’emprise stalinienne ; dans celui de l’aîné, né en 1900, Berlin à l’heure de la montée du nazisme. Scènes de rue, manifestations publiques, portraits, moments intimes, sports et loisirs. Mais aucune légende.
Les deux frères connaîtront une fin tragique. De retour d’Allemagne, Evgueny, l’ingénieur devenu musicien, est exécuté en 1938 lors des purges staliniennes. Yakov, l’amateur de sport aux divers métiers, s’engage dans l’Armée rouge peu après l’entrée en guerre de la Russie et meurt sur le front en 1941.
Nul message, nulle propagande dans ces archives privées où les petites joies du quotidien s’accommodent des portraits géants du dictateur moustachu comme des saluts et oripeaux nazis. La vie, malgré les bruits de bottes. Et cela n’en est que plus émouvant.