Je me souviens du sport… Claude Askolovitch

Passé par plusieurs newsmagazines  et Le Journal du dimanche avant de présenter la revue de presse de la matinale de France Inter et de tenir chronique dans 28 minutes sur Arte, Claude Askolovitch, 59 ans, a aussi participé en 1987-1988 à l’aventure du quotidien Le Sport. Pas étonnant donc de le retrouver au générique de « L’Esprit sport », nouvelle émission animée le dimanche de 18 à 19h sur France Inter par la directrice des sports de Radio France en personne, Nathalie Iannetta.

 

Je me souviens avoir grimpé deux fois le mont Ventoux, la première fois en 1998. Je m’enquiquinais à l’université du Front National à Orange, j’ai loué un vélo et l’ai monté par Malaussène, erreur dont je me suis rendu compte à la descente. Alors deux ans plus tard j’ai fait le Ventoux « pour de vrai », par Bédoin. J’en suis fier, et pour moi vieillir c’est savoir que je ne le referais peut-être jamais. Quand j’étais môme, j’aimais aussi rentrer seul de notre maison de campagne en passant par la vallée de Chevreuse et la côte de Châteaufort. J’aime toujours partir très tôt à vélo le matin. Hélas je le fais moins qu’avant. Mais quand j’y suis c’est un bonheur.

Je me souviens que j’aime nager dans l’eau froide en comptant mes brasses : 100, 200, 300, mille, c’est obsessionnel et je ne peux m’en empêcher. Je m’arrête sur un chiffre rond ou symbolique : 800, le couronnement de Charlemagne, 2001 l’Odyssée de l’espace... C’est terrifiant, je vous l’accorde.

Je me souviens qu’au foot j’étais parfois moins mauvais que d’habitude, au stade de l’avenue de l’Amiral-Bruix, porte Dauphine. Mais le plus souvent c’était désespérant. Un cauchemar, une souffrance : celle de savoir ce que c’est que le football mais d’être empêtré par un corps qui ne suit pas. Alors que mon fils de 10 ans joue comme un dieu et que mon grand tripote la balle au five avec ses potes. C’est pourquoi le vélo m’a vengé, même si désormais j’ai parfois du mal à suivre mon ami Gilles, qui n’est pas gros et ne se lève pas à deux heures du matin et s’entraîne dans les Pyrénées.

Je me souviens avoir suivi à la radio la finale de la Coupe du Monde 1974, quand la RFA bat la Hollande : inimaginable, surtout quand on a une mère néerlandaise. Avoir vécu le match derrière un poste de radio fait aussi de ce souvenir un « éloigné mythique », finalement plus marquant que si j’avais vu et revu les images à la télé. C’est pourquoi je n’ai jamais pu le dépasser. En revanche, on m’a laissé regarder les finales de coupe d’Europe victorieuses de l’Ajax d’Amsterdam en 1971, 1972 et 1973. C’était comme si un peu de la gloire de Cruyff ruisselait sur moi, même si je m’identifiais plutôt à Neeskens, le porteur d’eau de l’autre Johan.

Je me souviens du poteau de Rensenbrink à la dernière minute du temps réglementaire, avant la prolongation fatale contre l’Argentine au Mundial 1978. En guise de consolation, j’ai couvert l’Euro 88 pour le quotidien Le Sport en suivant mon équipe, les Pays-Bas. Et pour une fois nous l’avons emporté, après avoir éliminé l’Allemagne : ce jour-là, j’avais fait un high-vive avec Rijkaard et un doigt d’honneur au public de Hambourg, j’en ai encore honte aujourd’hui. Je me souviens aussi avoir parlé reggae avec Gullit en interview. Mais j’étais surtout copain avec les remplaçants, Bosman et van’t Schip. Ça ne vous dit rien car ils ne jouaient pas.

Je me souviens du Red Star et de son gardien Christian Laudu, derrière le but duquel nous nous placions, assis sur l’herbe du stade Bauer de Saint-Ouen, car il n’y avait pas de tribune à cet endroit mais juste une levée de terre. Souvenir d’un Red Star-Ajaccio, probablement la saison 1970-1971 et 3-1 pour nous, je crois*. 

*3-0, 12^ème journée de Division 1, le 25 octobre 1970.