Du sport pour tous au socio-sport

Ceux qui ont participé en avril 1993 au congrès Ufolep-Usep de Toulon (Var) se souviennent de deux choses : il avait plu sans discontinuer et une ferveur sans pareille avait accompagné les orientations politiques qui y furent décidées. En les réunissant sous le vocable de « socio-sport », ce congrès donne une impulsion nouvelle aux initiatives développées localement par plusieurs comités. Le socio-sport devient dès lors l’une des dimensions du « sport pour tous » promu par la fédération depuis sa création en 1928. L’Ufolep crée ensuite officiellement en 2011 au congrès de Boulazac (Dordogne) un secteur « sport société » destiné à structurer et étendre ces initiatives à travers des dispositifs nationaux.

Historiquement, on peut faire remonter le socio-sport aux débuts des années 1980. Au lendemain des émeutes urbaines de l’été 1981 dans le quartier des Minguettes à Lyon, et sur fond de hausse du chômage, on songe à utiliser le sport avec des visées sociales identifiées. Il s’agit notamment d’occuper les jeunes des banlieues, en développant chez eux des « valeurs citoyennes » et en favorisant leur socialisation. On parle encore de « sport pour tous », de « sport insertion » ou de « sport intégration ». Le terme de socio-sport n’émerge vraiment que dans les années 1990 et se diffuse à partir des années 2000, notamment dans les Staps (Sciences et techniques des activités physiques), pour désigner une forme d’expertise qui renvoie à une pratique. Le terme se retrouve désormais dans l’intitulé de thèses universitaires, ce qui lui confère une forme de légitimité. Ph.B.