Dr Jean-Jacques Pik : « Nos associations font déjà du sport-santé ! »

Élu national et médecin garant du programme À Mon Rythme, le Dr Jean-Jacques Pik n’oublie pas le rôle des associations locales dans l’offre d’une activité physique et sportive régulière au plus grand nombre.

 

Jean-Jacques Pik, vous êtes membre depuis 1988 de la Commission médicale de l’Ufolep : quelles sont ses missions et quel a été son rôle dans le développement du sport-santé ?

La réflexion sur le sport-santé, dont sont issues les Ufo3S, n’a pas émané de la commission médicale, composée de médecins¹, mais de la direction technique de l’Ufolep et de sa prise en compte des questions de société. Nos missions étaient autres. Historiquement, nous avions la responsabilité des contrôles antidopage et des procédures d’appel jusqu’à ce qu’elle soit retirée aux fédérations après la création en 2006 de l’AFLD – même si l’Agence va très prochainement nous auditer pour réévaluer les politiques antidopage en notre sein. Nos missions principales sont la validation des doubles surclassements des catégories d’âge (que nous nous efforçons de valider dans les 24 h après une concertation à distance) et la réponse aux sollicitations des commissions nationales sur des points précis.

 

La commission médicale a néanmoins été consultée…

L’approche du sport-santé élaborée par le secteur sport société nous a été présentée en 2019, et soumise à notre expertise médicale. Nourrie d’éléments de physiologie et de sociologie, elle s’incarnait dans le programme À Mon Rythme. Là où le rationnel scientifique nous est apparu insuffisant, nous avons proposé des reformulations. J’ai ensuite été le médecin garant lors du dépôt du dossier de l’Ufolep auprès du Comité national olympique (CNOSF) et de son « Médico-sport-santé », un outil en ligne qui se veut le « Vidal du sport : il est pensé comme un outil pratique pour le médecin souhaitant prescrire de l’activité physique en prévention primaire (pour un patient jugé à risque) ou secondaire (pour une personne ayant déjà eu des ennuis de santé). Ceci pour l’orienter vers une fédération. Dans les faits, il n'est guère utilisé, mais il est important que ce document existe.

 

En quoi l’approche de l’Ufolep du sport-santé se distingue-t-elle de celle d’autres fédérations ?

Elle lui est plus naturelle que pour les fédérations unisport, dont l’ADN est la compétition et l’amélioration des gestes techniques. Le sport-santé va de soi quand on s’appuie sur la multi-activité et que l’on met au premier plan les préoccupations d’éducation, d’intégration et d’inclusion.

 

Y a-t-il aussi une filiation entre les activités de la forme proposées par de nombreuses associations et le sport-santé proprement dit ?

Oui, totalement. On n’a rien inventé ! Le sport-santé est un mot qui recouvre toutes les réalités des bienfaits de l’activité physique en général. C’est ce que je dis à ces associations : "Vous faites toutes du sport-santé !" Ce n’est pas parce qu’il existe aujourd’hui des structures identifiées comme les Ufo3S que les associations locales proposant des pratiques de loisir doivent considérer le sport-santé comme "un truc de professionnel". Quand elles organisent une randonnée pédestre dans leur village, elles font du sport-santé, en appui de la recommandation de l’OMS d’effectuer 150 minutes d’activité physique modérée par semaine. Veillons à ne pas créer artificiellement un fossé entre le programme À Mon Rythme, avec son rationnel physiologique, et la pratique quotidienne des associations locales. En outre, après une prise en charge de 3, 6 ou 12 mois, tout le bénéfice est vite perdu si l’on ne conserve pas une activité physique régulière. L’enjeu, c’est donc que ces personnes intègrent ensuite une association sportive qui leur convienne, dans leur village ou leur quartier.

(1) Jean-Jacques Pik, Jean-Claude Debergue et Marie-Christine Favérial, médecin fédéral.